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tion publique et dans l'admission du public à souscrire aux publications projetées.

Pour réaliser la première, on chargea le vice-président de prier le Préfet de solliciter, en sa qualité de président né de la commission, les subventions, et M. Harbaville fut également chargé de rédiger le prospectus destiné à provoquer des souscriptions à la Statistique monumentale du département du Pas-de-Calais, dénomination définitive donnée par le comité à l'album. Ajoutons, de suite, que si un certain nombre de nos compatriotes s'empressa de souscrire, on ne put, malgré la puissante recommandation du Préfet et de l'abbé Fréchon, alors représentant du peuple ('), obtenir d'autre encouragement qu'une souscription à vingt exemplaires par le Ministre de l'intérieur.

Le besoin, pour le pouvoir, de l'appui des hommes d'ordre, continuait à se faire sentir; le Conseil académique du département confia de nouveau à M. Harbaville, le 17 décembre 1851, le mandat modeste, mais dont il se réputait honoré par l'intérêt qu'il portait à l'instruction primaire, de délégué pour la surveillance des écoles publiques d'Arras; mandat, qui lui fut continué, en 1854, en 1858, en 1861... jusqu'au moment, où sa santé ne lui permit plus de l'accepter, par l'impuissance de le remplir.

Nous avons eu l'occasion, plusieurs fois, de rendre hommage à l'activité du président de l'Académie; elle se

(1) Qu'on nous permette de rappeler que sa mort prématurée fut un deuil public et d'exprimer le désir que les matériaux par lui réunis pour servir à l'histoire de nos Evèques soient utilisés par l'un de ses savants collègues (l'abbé A. Clovis Bolard).

surpassait encore elle-même, en l'année 1851-52, comme l'atteste l'insertion dans le volume XXVI de nos Mémoires, de trois réponses, variées de formes et de tons, aux discours de réception de trois nouveaux membres, de conditions et de spécialités diverses.

Il saluait, dans M. l'abbé Proyart, le lauréat couronné deux fois par l'Académie et dispensé d'énumérer ses droits. Il ne peut néanmoins le féliciter de son goût prédominant pour l'histoire, sans un retour empreint de tristesse, sur les faits contemporains: « L'histoire nous montre combien peu l'exemple du passé exerce d'influence sur les âges suivants et combien peu les nations sont disposées à profiter des leçons sévères de l'expérience... Il semble que le présent ne soit qu'une nouvelle mise en scène du passé, avec d'autres décors et d'autres acteurs, mais toujours avec le mème cortége de passions...» La sérénité reparait sur le front de l'orateur, en revenant à l'objet de ses préférences: «L'histoire locale a des droits tout particuliers à notre affection, en nous présentant de nobles modèles dans le passé glorieux de nos provinces, en nous révélant des détails intimes sur la contrée qui nous vit naître... »

Devançant dès-lors, comme le récipiendaire lui-même, le veu que nous formulions, en répondant au discours de M. Paris: « Il serait désirable, ajoutait-il, que quelqu'homme courageux entreprit l'histoire de l'ancien Conseil d'Artois. Celui-là, certes, acquérerait des droits à la reconnaissance publique, qui remettrait en lumière tant d'actes de justice intègre, tant de noms recommandables.... >>

Dans la même séance, à M. Delalleau faisant honneur

à la révolution importante qui s'était opérée dans la société.... de l'unité qui fait la force et la gloire de la nation française,» le savant historien répondait que cette unité ne devait point être attribuée aux crises modernes seulement; «< qu'elle s'était établie lentement à travers bien des obstacles. Entre les essais prématurés de Charlemagne et les institutions monarchiques de Louis XIV, préparées par les deux terribles précurseurs qui lui applanirent les voies, il ne fallait point omettre PhilippeAuguste, instituant les bailliages royaux; St-Louis, préludant par ses établissements à l'unité de législation; ni Philippe-le-Bel rétablissant les États-Généraux du royaume. L'unité nationale fut complétée, par l'Assemblée nationale, mais en sacrifiant l'existence provinciale; et par Napoléon, en établissant, dans ses codes, qui furent son plus bel ouvrage, l'unité de législation... Il est regrettable que l'ensemble de son œuvre ait abouti à une centralisation exagérée.... »

« Ce serait une autre exagération de tenir, d'une manière trop absolue, à l'unité des doctrines littéraires, mais on ne peut que partager entièrement l'avis de M. le Recteur, sur la mission conservatrice que les sociétés savantes sont appelées à remplir, en appliquant surtout leurs efforts à signaler les écarts des novateurs... »

Lors de la réception du docteur Lestocquoy, le président reconnut, sans peine et sans détour, son incompétence pour apprécier le sujet choisi pour thème du discours, qui était une Étude sur les maladies épidémiques.

Négligeant l'occasion de faire de l'érudition, en remontant au mal des ardents qui sévit au XIIe siècle, sur le nord de la France; en mentionnant la peste noire qui

enleva, au XIVe siècle, la moitié du genre humain, pour arriver aux invasions récentes du cholera asiatique; M. Harbaville préfère présenter, d'après l'annaliste Meyer, le tableau d'une grande cité, désolée par la peste, au moyen-âge, alors qu'il n'y avait encore, ni lazarets, ni police sanitaire, ni moyens hygiéniques rationels. »

Cette page historique montre la contagion, après avoir sévi exclusivement sur les indigents, frappant indistinctement à toutes les portes, nivelant toutes les conditions et imposant la terrible loi de l'égalité, devant la mort.

La peste, disait à ce sujet l'historien de Tournay, (') visitait, au moyen-âge, nos villes presque tous les vingtcinq ans. La cause en est toute simple: les rues étaient étroites et tortueuses, couvertes de boues et d'immondices... L'air circulait avec peine dans ces rues bordées de maisons très resserrées.... La police ne prenait aucune précaution sanitaire, ne prescrivait aucune mesure de salubrité.... » (*)

Le retour si fréquent des épidémies, dans notre siècle de lumière et d'hygiène, est un phénomène, ce semble, digne d'ailleurs d'être étudié.

Deux légendes, insérées dans le même volume, sont une preuve surabondante de la fécondité de l'écrivain.

(1) Poutrain.

(2) M. Harbaville cite, dans un supplément manuscrit, ce fragment d'un discours du P. Franciscain, Mathieu Delvallée, sur les vraies causes du mal, peut-être : « Le fléau était un châtiment de Dieu pour l'énormité des péchés et des transgressions du peuple. Il fallait donc s'amender, entrer en vie nouvelle, seul moyen d'appaiser l'ire du Très-Haut et de faire cesser la peste.... >>

Dans la première, les communiers d'Arques, on met sous les yeux du lecteur un nouvel exemple de l'ingratitude trop fréquente des communautés d'habitants envers les abbayes qui leur avaient concédé des droits et des usages, et, par contraste, de la mansuétude avec laquelle celles-ci oubliaient les injures reçues.

La seconde légende, sous ce titre : Un dévouement, retrace, d'une manière touchante, le trait d'héroïque fidélité d'un vassal de Fernand, comte de Flandre, réclamant, comme la plus précieuse faveur, l'autorisation de servir son seigneur abandonné de tous, et accomplissant ce sacrifice de sa liberté et de sa vie, dans cette grosse tour du Louvre, dont, grâce à la passion de notre époque pour l'archéologie, on vient de retrouver les fondations premières.

Nous quittons l'Académie pour nous transporter à l'assemblée générale de la commission départementale qui se tint, le 28 juillet 1851, sous la présidence du Préfet. M. Combe-Sieyes se montra animé des sentiments les plus sympathiques, se félicita de ses rapports avec tant de personnes honorables réunies, sans aucun mobile de politique, et promit de plaider, auprès du Conseil général, la cause de la société, car il avait reconnu l'importance de ses travaux. Il citait, pour preuves, la savante introduction de M. Harbaville, les recherches consciencieuses de MM. de Linas et Parenty, qui étaient, à ses yeux, une garantie certaine pour l'avenir et terminait son allocution en affirmant que son dévouement ne ferait point défaut à la Commission. A cette séance, M. Harbaville fut réélu vice-président, par acclamation. Le président, en s'associant à cet acte, applaudissait à

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