Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

les contreforts tourelles des angles; tandis que les autres faces, intérieure et extérieure, sont dans le même style, non ornementé... » Sous le mérite de cette leçon d'art architectural donnée en passant, le rapporteur conclut à l'adoption du contre-projet de la commission des bâtiments sur ce point, malgré le surcroît de dépenses qu'il occasionnera, de peur qu'une résistance, probablement inutile, ne fasse ajourner indéfiniment des travaux indispensables; le Conseil municipal partagea l'avis de sa commission.

Nous retrouvons quelque trace de l'émotion manitestée alors par le rapporteur, lorsqu'il eut à se prononcer, au nom de la même commission, le 14 février 1850, sur une proposition de l'architecte, tendant à la démolition et à la reconstruction du pavillon Vinocq, comme menaçant ruine. La commission se rendit sur les lieux, s'assura qu'il n'existait aucune altération grave et considérant que ce pavillon était un précieux et rare specimen de l'architecture de la renaissance, qui se recommande par la beauté de l'ordonnance et la richesse de l'ornementation; que sa restauration, quoique ceuvre délicate, peut être effectuée dans les meilleures conditions artistiques; qu'après avoir obéi aux exigences des bâtiments civils qui ont si profondément altéré le projet adopté, et consenti à élever à grands frais un pavillon parallèle à celui de la rue Vinocq; démolir ce pavillon, qui a servi de type, serait un non sens inqualifiable. Par suite, rejet de la proposition, à l'unanimité.

Nous passons sous silence les rapports (13 février 1860) sur la largeur à donner à la rue Vinocq; (14 février 1861 sur la forme et les dimensions de l'escalier

de service; sur le mode à suivre pour la restauration des façades et de la toiture; sur les moyens de parvenir à l'isolement projeté de l'Hôtel-de-Ville, travail pratique et technique. Mais nous devons mentionner les plans et devis soumis au Conseil, pour le rétablissement de l'ancien porche en saillie.

La commission s'étant convaincue qu'il n'existait aucun dessin authentique de l'ancien porche; qu'on ne pouvait penser à en établir un à grands frais, pour faire seulement de la fantaisie artistique, proposa au Conseil qui y acquiesca, de s'en tenir au rétablissement de la porte, dans le style et caractère d'architecture du XVI siècle.

Un dernier rapport (février 1862) est une nouvelle réponse à un nouvel avis de la commission des bâtiments civils sur les plans adoptés le 14 février 1861. Les critiques portaient sur la construction de l'escalier de service, sur les lucarnes du grand comble, sur les fenêtrespignons du pavillon. Le rapporteur admet les modifications proposées pour l'escalier, mais réfute les deux autres griefs.

Première objection: On concevrait deux rangs de lucarnes du grand comble pouvant faire admettre la possibilité d'un double grenier, ce qui motiverait deux rangs de fenêtres; mais le troisième rang est inutile.

Réponse: On oublie que les combles de plusieurs hôtels-de-ville, tels qu'Oudenarde et Louvain ont trois rangs de lucarues, et Bruxelles cinq. D'ailleurs, ces lucarnes, admises comme décoration, ne sont pas des fenêtres, bien que quelques-unes puissent s'ouvrir pour éclairer le grenier.

Seconde objection: Les fenêtres-pignons du pavillon renaissance sont, dit-on, lourdes, surchargées d'ornements, etc.

Réponse: Ces pignons ont des volutes pour bases et sont percées d'une ouverture à trois baies séparées par deux colonnettes quadrangulaires. La baie du milieu, plus élevée, se termine par un arc outrepassé, réminiscence du style mauresque, surmonté d'un fronton en application, tenant lieu d'archivolte. Les bases latérales sont rectangulaires; les pinacles attendent le travail du sculpteur. Il parait rigoureux de juger une œuvre de cette espèce avant les retailles qui dégagent chaque détail d'architecture et lui enlèvent une sorte de lourdeur.

Le reproche d'ornementation excessive doit tomber devant cette simple observation: Les édifices civils de la Belgique, qui offrent de nombreux spécimen en ce genre, en fournissent de beaucoup plus ornés. C'est une variété infinie dans la forme des rampans, dans la configuration des ouvertures et dans les détails architectoniques.

Par ces motifs, en ce qui concerne les lucarnes et les pignons, la commission fut d'avis qu'il n'y avait pas lieu de s'arrêter aux observations de la commission des bâtiments.

Cependant la restauration se poursuivait, et pouvait être appréciée dans son ensemble et admirée dans ses détails, à mesure que l'Hôtel-de-Ville se dégageait du massif des habitations dont il était entouré.

M. Harbaville souffrait, d'ailleurs, en voyant le noble bâtiment, à la restauration duquel il avait tant travaillé, resserré entre les rues Vinocq et de la Braderie, des Maisiaux, de la Larderie, etc.

De là, sa proposition au Conseil municipal de remplacer le nom de ces deux rues, par ceux :

« 1° d'Adam de la Halle, prince des trouvères artésiens, né vers 1230, mort à Naples, en 1286.

2o De François Bauduin, célèbre jurisconsulte, né en 1520 et mort à Paris en 1573. »

Nous ignorons si ce vou a été accueilli et réalisé; mais ce que nous ne savons que trop, c'est que, depuis longtemps déjà, la maladie, dont notre collègue essuyait, avec tant de courage, les trop fréquents accès, lui interdisait tout travail prolongé. Cette privation était, seule, par elle-même, pour lui, une douleur ajoutée à ses cuisantes douleurs.

Il se résignait sans doute aux sacrifices qui lui étaient imposés; mais le sacrifice lui était pénible. Après avoir donné sa démission de la vice-présidence de la commission départementale, il cessa d'assister aux séances de l'Académie. La dernière fois qu'il nous fut permis de le visiter, nous le trouvâmes calme, mais triste; il saisit la circonstance, pour nous charger d'exprimer à ses collègues ses regrets de ne plus se réunir à eux; son désir et şon espérance de profiter d'un intervalle de calme, pour nous communiquer l'un de ses travaux inédits. Cet espoir ne s'est pas réalisé; le mal s'est subitement aggravé; en quelques heures, M. Harbaville a été enlevé ('), à sa famille, à la cité, dont tant de fois il avait defendu les intérêts, aux sociétés savantes dont il était l'un des membres les plus distingués.

Vous nous avez confié le soin pieux d'exposer quel fut l'emploi de cette vie si pleine, si féconde; nous re

(1) Le 15 ianvier 1866, après avoir été muni des Sacrements de 'Église.

grettons vivement d'être resté au-dessous de cette honorable tâche; mais nous partageons l'espoir qu'une plume plus savante suppléera à notre insuffisance. D'ailleurs, ses écrits lui survivront et continueront à être consultés par les érudits. Les murs de notre Hôtel-de-Ville protesteraient, au besoin, contre l'oubli de ses services, de la part de ses concitoyens. « Sa mémoire vivra également parmi nous; car qui de nous pourrait oublier le constant empressement de notre collègue à mettre, à la disposition de tous, les trésors de sa vaste et solide érudition; à aider de ses lumières, chacun de ceux qui venaient interroger sa mémoire si sûre, son jugement si ferme, surˇ les questions les plus ardues de l'histoire et de l'archéologie?

Nul de nous, non plus, ne saurait oublier cette urbanité dans les relations, cette aménité dans les formes, cette modestie unie à la supériorité, qui ne se démentirent jamais. Enfin, l'on nous reprocherait, avee raison, de ne pas rappeler, ici, hautement, que la science et les talents n'étaient chez M. Harbaville, que l'ornement de l'homme de bien, et que c'est encore, et surtout à ce dernier titre, qu'il laisse à sa famille, comme le plus précieux des héritages, un nom honoré de l'estime publique.» ()

(1) Extrait de notre discours sur la tombe de M. Harbaville.

« ZurückWeiter »