Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

du Gros-Fouteau, la Saulée de la Longuinière, la Masure de Mers, le Port de Gravelines, les Maisons dans les dunes, le Chemin du Belloy, mais mieux vaut rappeler les séries entières, rapportées de Ste-Catherine, de St-Nicolas, d'Anzin, de St-Laurent, d'Achiccurt, de Feuchy, du Tréport, de Chailly, de Marlotte, de Barbison, de St-Germain, de Meudon, de Dunkerque, de Gravelines et de Sin. Tout est réussi, les toiles sur lesquelles le maître a travaillé pendant un mois, sans que la moindre fatigue s'y trahisse, les fonds de boîte enlevés en quelques heures, avec cette maëstria, cette soudaineté primesautière et cette séduisante fraicheur qui souvent les font préférer aux œuvres complètement terminées.

Certaines compositions sont dignes de ces études, témoin le Coucher de soleil et l'Effet du matin, indiqués au Catalogue sous les nos 1 et 2. Le Paysage à la Madeleine, de M. Camus; ceux de MM. Pamart et Brissy, la Prière du matin, la Prière du soir (1). Le Chasseur au marais, et plusieurs autres encore, car on ne peut tout citer.

Dans les Études de nu, on est surtout frappé par le délicieux torse, grand comme nature, de l'Enfant au Pa

(1) Nous avons déjà donné (page 39), l'appréciation que le critique du Propagateur avait faite de ces deux tableaux figurant à l'exposition de Lille. Voici ce qu'à l'occasion de ces mêmes toiles on trouve dans la Presse, no du 30 août 1866.

« M. Dutilleux n'est jamais arrivé dans la région de la renommée à » la place qu'il méritait. Il était simple et bon, il ne rêvait que son > art et ne pensait qu'à lui. Ce n'est pas ainsi que l'on franchit les > aspérités de la vie, mais il a fait des pages que Corot ne désavouerait pas si on les signait de son nom; l'avenir lui rendra justice. Il était trop modeste, beau défaut de nos jours. »

pillon, et par deux femmes de dimension réduite. L'une, Bacchante couchée derrière un rideau d'arbres; vue de dos, cette figure est d'une richesse de tons et d'une exécution si grasse, que l'on pourrait l'attribuer au meilleur temps de l'école flamande. L'autre, Nymphe debout, vue de face et relevant sa chevelure, plus fine, moins éclatante, se rapproche de l'école italienne, et vaut surtout par le style et par la correction.

Des portraits, nous signalerons ceux de MM. Robaut, Filleau, Le Gentil de Frémicourt, Lantoine-Blondel, Bouchez, Dourlens, Camus, Ledieu, Gosse de Gorre, Pierre Dutilleux, Brissy; de Mesdames Thésée Hallo, Lantoine-Blondel, Dewilde et Deusy.

Le portrait de Mme Dewilde, octogénaire au moment où elle a posé, en bonnet de linge, couverte d'un vieux cachemire rayé, et le journal à la main, est au moins aussi fort, et beaucoup plus réel, que le fameux vieillard de Doncre, possédé par M. Pamart. Quant à l'élégant portrait de Madame Deusy, exécuté dans une harmonie tout à la fois grise et argentée d'un charme infini, son succès fut tel à l'exposition posthume du maître, qu'en parler devient inutile. Ne demandez aux prestigieux pastels de Latour, à la brosse enchantée de Chaplin, rien de plus ravissant el de mieux réussi.

Avant ce portrait si chatoyant et si flatteur pourtant, qui réunissait tant de suffrages, certaines personnes qui sentent plutôt qu'elles ne voient, et qui, d'instinct, négligeant ce qui plait généralement, sont touchées par ce presqu'insaissisable on ne c'est quoi, qui échappe à beaucoup, plaçaient deux têtes enlevées dans la première séance, et rehaussées de quelques touches dans la seconde.

L'une, celle de M. Pierre Dutilleux, l'autre, celle d'une jeune fille blonde, à la carnation pâle, les épaules à demi voilées d'une chemise blanche, le tout sur un fond blanc (no 208 du Catalogue).

D'une vérité saisissante, la tête de M. Joseph Dutilleux ne rentre dans le faire d'aucun maitre, elle vit, elle respire, on dirait l'original reproduit par un miroir.

D'une transparence qui laisse deviner partout la toile et permet souvent de la voir, la tête de jeune fille est tellement fraiche, tellement naïve et souriante, tellement virginale, qu'on la croirait peinte par un ange. Nous ne connaissons d'analogue que le portrait de cette pêche appelée « l'infante Marguerite » et que l'on doit à Velasquez.

Volontiers nous comparerions le portrait de Madame Deusy, à ces fleurs magnifiquement épanouies qu'a développées une culture intelligente qui dit son dernier mot ; et ceux de M. Pierre Dutilleux et de la blonde enfant, à ces boutons subitement éclos, sous les baisers de l'aurore, humides encore de la rosée du matin, ayant moins d'éclat, mais exhalant plus de parfum.

Un portrait qu'il ne faut pas oublier, est le dernier auquel Dutilleux ait mis la main, celui de Madame Prévost; bien qu'inachevé, il offre des beautés si transcendantes, que M. Colin l'appelle le chant de Cygne de son maitre (1).

(1) Dutilleux a fait de lui sept portraits: cinq à l'huile, un à la plume, un au fusain, avec ces mots polɩ geautov, c'est à cette dernière image (maintenant aux mains de M. Thésée Hallo) que nous donnons la préférence. L'extrème mobilité de sa physionomie a établi entre ces

XVIII.

Après avoir vu l'œuvre de Dutilleux, il serait difficile de dire s'il était moins peintre de figures que paysagiste; mais il faut reconnaître que par suite de la passion que lui inspirait la nature, c'est surtout au paysage qu'il s'est adonné.

Cette passion se traduit amoureusement dans l'une de ses lettres à M. Colin; elle est trop merveilleuse au point de vue de la forme et du fond, elle rend trop délicatement le sentiment intime de son auteur, pour que nous ne la reproduisions point en entier.

« Deux mots encore, vous plait-il ? Vous connaissez » l'adage Trop parler nuit, ne pourrait-on pas dire à » plus juste titre : trop penser nuit. Toujours est-il que » creuser son cerveau est un triste métier qui porte à la » mélancolie. Mélancolie, nom ignoré des anciens, dit-on, » c'est possible, mais chose à coup sûr connue depuis » le commencement du monde, des hommes qui n'ont

point voulu suivre les routes battues, ni se laisser » traîner à la remorque comme le reste de la gent mou» tonnière. Je vous dis ceci à propos d'une singulière » tristesse, qui me prit le soir d'un de ces beaux jours » d'automne, où je fis une dernière étude d'après nature. Suprême adieu peut-être, me disais-je, (à mon âge, il

sept têtes des différences aussi sensibles que celles présentées par ses diverses photographies, dont les plus ressemblantes sont sans contredit, la grande épreuve faite par M. Grandguillaume, dans laquelle est si parfaitement rendu le regard songeur, profond et velouté de Dutilleux; et l'épreuve due à M. Antony Thouret.

» est permis de penser à mourir, mais pas au vôtre), » aux arbres, aux champs, à l'air imprégné de vapeurs, » à ce je ne sais quoi de frais, de suave et d'indéfinis» sable qu'exhale tout ce qui vous entoure; et plongé » dans une espèce de rêve doux et poignant tout à la » fois, impuissant à rendre la millième partie de ce que » j'éprouvais, je me faisais cette question: Qu'est-ce donc » que l'art, d'abord; et après, qu'est-ce donc que la pein» ture, et enfin, qu'est-ce donc que la peinture de pay»sage? et je dois dire que tout ce que j'ai lu, vu, en» tendu ou écouté sur ce sujet, me paraissait bien mai» gre et bien peu substantiel.

>> La voix des maîtres pendant ce temps me disait » avec emphase, qui: mais l'ordonnance, mais le dessin, >> et le rapport des lignes; qui, mais la couleur, mais >> l'harmonie! et la chûte d'une feuille jaunie douce» ment emportée par le vent, et les cris d'une voletée » de moineaux derrière un buisson, me faisaient pren» dre en pitié et les maîtres et leurs leçons. De la ligne, » de la forme, de la couleur, sans doute je vous l'ac» corde, ce sont là des moyens pour arriver au but, » soit! mais à la condition que tout cela soit tellement » perdu, dissimulé, noyé, que comme devant ma bonne » nature, je n'aie pas à m'en inquiéter, à m'en soucier.

[ocr errors]

>> Me voici devant un grand étang; au fond, un rideau » de grands peupliers presque dépouillés; prés de moi quelques saules, un bout de terrain, un peu d'herbe, » et je suis dans l'extase. Le ciel est clair, profond, la >> lumière, ruisselle, anime tout, je fais moi-même partie >> de cet ensemble, tout cela me pénètre, et j'entre dans » tout cela, nous ne faisons plus qu'un.

« ZurückWeiter »