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rer la vengeance pleine, entière, qui lui est due? La vengeance est à moi, dit-il (1). Elle ne peut être qu'à lui, parce qu'il n'y a que lui qui puisse en connaître l'étendue, et en infliger la totalité. Sur la terre il ne l'exerce pas; il la réserve au jour où il nous aura amenés à ses pieds pour nous juger, et plus elle aura été différée, plus elle sera terrible. C'est alors, nous dit-il d'une voix menaçante, c'est lorsque j'aurai repris l'exercice de ma justice, que j'aiguiserai mon glaive comme la foudre, et que j'assouvirai contre mes ennemis la plénitude de ma vengeance (2).

Nous redoutons les tribunaux humains; et que sont leurs jugements auprès de celui de Dieu ? Figurez-vous d'une part un criminel conduit devant le magistrat qui l'interroge, et de l'autre, le pécheur comparaissant devant Dieu, qui prononce son arrêt. Quelle différence de terreur dans les deux ! Vous verrez l'un, conservant encore de l'espérance, chercher à faire illusion à son juge, vouloir surprendre son équité, implorer sa pitié, tâcher de fléchir sa justice; et l'autre, dans le silence de la confusion et dans l'horreur du désespoir, contempler l'inévitable éternité de supplices où il va être plongé. Que peut-il en effet répondre au Juge suprême qui demande le compte de ses actions? Mais que dis-je ? il ne nous le demandera pas, il nous le présentera lui-même tout fait. Nous en lirons tous les articles écrits dans le livre des justices; le tableau fidèle de notre vie sera remis en entier sous nos yeux. La main céleste, déroulant tous les plis de notre conscience, nous en fera découvrir, pour la première fois peut-être, les diverses sinuosités. Nous verrons avec effroi la multitude de nos péchés s'offrir tous ensemble à nos regards, non plus sous les fausses couleurs dont le monde cherche à les parer, et

(1) Mea est ultio, et ego retribuam in tempore. Deut. xxx, 35. Rom. x11, 19. Hebr. x, 30.

(2) Si acuero ut fulgur gladium meum et arripuerit judicium manus mea; reddam ultionem hostibus meis. Deut. xxx11, 41.

dont nous les embellissions à nos yeux, mais tels qu'ils sont, et dans toute leur difformité. Notre conscience, que nous étions parvenus à pervertir, dont nous avions fait notre complice, et qui, séduite d'abord par nous, entretenait à son tour notre illusion, rendue désormais à sa rectitude primitive, s'élèvera contre nous. Nous refusâmes dans le temps d'écouter ses avis salutaires ; nous entendrons malgré nous ses terribles reproches. Ses remords, que nous étouffâmes, commenceront notre supplice. Si sa voix nous effrayait tant, quand elle nous accusait seulement à notre propre tribunal, de quelle terreur ne nous pénètrera-t-elle pas, quand elle déposera contre nous au tribunal de Dieu ? Tel sera donc dans ce redoutable jugement l'excès de honte et de malheur de celui qui sera trouvé coupable, qu'il sera forcé de se condamner lui-même. L'épouvantable arrêt que prononcera le Juge suprême ne sera que la confirmation de celui qu'aura déjà porté la raison du pécheur.

Il est enfin rendu, cet arrêt que la miséricorde avait tenu si longtemps suspendu sur la tête du pécheur, et que ses crimes ont enfin arraché à la justice. Ce n'est plus la confusion qui le pénètre, c'est le désespoir, avec toutes ses horreurs, qui s'empare de lui. Le temps de la grâce est passé, les siècles de la colère commencent. Ils commencent, hélas ! et jamais ils ne finiront. L'éternité, voilà la mesure de ses tourments. Il voit déjà sous ses pas les flammes qui le brûleront sans relâche, et, ce qui est plus affreux, qui ne le consumeront jamais.

L'homme a reçu son jugement. Le juste recueille sa récompense, le pécheur subit son supplice. Tout n'estt-il pas consommé ? La justice suprême a-t-elle encore quelque chose à exiger? l'éternelle félicité, quelque chose à désirer? le comble du malheur, quelque chose à redouter? Pourquoi ce second jugement que JésusChrist promet aux saints, et dont il menace les coupables, est-ce pour lui-même, est-ce pour les réprouvés qu'il rassemble cet appareil imposant? C'est, et pour lui-même et pour eux. Pour lui, afin de faire éclater

sa gloire, de justifier sa justice, de venger sa doctrine, de faire révérer jusqu'à ses humiliations; pour les saints, afin de manifester leurs vertus; pour les damnés, afin de combler leur confusion. Les circonstances du dernier jugement vont nous montrer ces vues de notre Dieu parfaitement réalisées.

Le temps a terminé son cours; la dernière des heures va sonner; l'univers touche à son terme; la parole qui le fit sortir du néant va l'y replonger. Un ange vient lui annoncer qu'il ne lui reste plus à exister que quelques instants: il vole au travers du ciel criant d'une voix forte aux peuples étonnés : Tremblez devant le Seigneur et rendez-lui gloire; l'heure de son jugement est arrivée (1). Il embouche la trompette fatale, qui, selon les oracles des prophètes, doit précéder immédiatement la consommation du mystère de Dieu (2). A ce son, qui retentit jusque dans les entrailles de la terre, se réveillent tous ceux qui, depuis l'origine du monde, s'endormirent du sommeil de la mort; toutes les générations, entassées depuis tant de siècles les unes sur les autres, se redressent et reviennent sur la terre qu'elles occupèrent. Du sein de la mer, des autres profonds, de toutes les parties du monde, Dieu a ramassé leurs membres épars: leurs âmes s'étonnent de se trouver de nouveau unies aux corps qu'elles ont animés. Tous les hommes qui existèrent jamais, rassemblés dans un même lieu, se regardent avec étonnement, attendant en silence ce qui va arriver. C'est le Fils de l'homme qu'ils voient se présenter couvert de gloire et de majesté, porté sur une nuée lumineuse, environné de la multitude de ses anges. Il vient, revêtu de la puissance que son Père lui a confiée, juger tous ces mortels pâles et tremblants à ses pieds.

(1) Vidi angelum volantem per medium cœli..... dicens voce magna: Timete Dominum et date ei honorem, quia venit hora judicii ejus. Apoc. XIV, 6, 7.

(2) Cum cœperit tuba canere, consummabitur mysterium Dei; sicut evangelizavit per servos suos Prophetas. Apoc. x, 7.

tuba

A son aspect les cieux s'enfuient et disparaissent avec les astres dont ils brillaient; la terre s'écroule sous ses habitants consternés; les éléments se dissolvent. De tout ce que Dieu créa, il n'a conservé que les humains pour recevoir ses arrêts, et ses ministres pour les exécuter.

Le voilà donc enfin ce dominateur suprême rendu à toute sa splendeur, qu'il avait si longtemps laissé obscurcir; voilà tous ces hommes qui l'avaient ignoré, méconnu, persécuté, outragé, forcés de l'adorer. Le peuple qui a été le sien, qui a refusé de continuer de l'être, levant, comme l'annonçait le Prophète, les yeux sur celui qu'il immola (1), reconnaît en lui son Messie revêtu d'une gloire bien supérieure à celle dans laquelle il l'attendait, achevant d'accomplir les oracles, et possédant l'héritage des nations, promis pour lui à David son père (2). Ils le contemplent avec effroi sur leurs têtes, les peuples infidèles qui, dans leurs extravagantes superstitions, lui substituèrent de vaines idoles ; ils cherchent inutilement les absurdes divinités auxquelles ils prodiguèrent leur encens; ils sont confondus de honte de s'être prostitués à un culte aussi insensé qu'impie, qui insultait la raison, outrageait la nature, dégradait l'humanité. Les voilà aussi, courbant devant Dieu leurs têtes superbes qu'ils élevaient contre lui avee une insolente arrogance, ces hommes audacieux qui avaient secoué le joug de la religion. L'athée regarde avec terreur celui à qui il osa contester l'existence; le déiste qui nia la Providence, admire en frémissant la consommation de son grand ouvrage; les incrédules de toutes les classes viennent avec désespoir servir au triomphe de la religion, dont ils révoquaient en doute la réalité. Ils tombent aussi aux pieds de ce Dieu qu'ils ne cessèrent d'offenser par leurs crimes, et d'outrager par leurs blasphèmes, tous ces libertins d'esprit et de mœurs, pour

(1) Aspicient ad me quem confixerunt. Zach. xII, 10.

(2) Dominus dixit ad me: Filius meus es tu, ego hodie genui te. Postula a me, et dabo tibi gentes hæreditatem tuam. Psal. u, 7, 8.

qui la foi, la piété, la religion furent des sujets de dérision; dans la douleur d'un repentir désormais stérile, ils s'offrent à ses éternelles vengeances, et lui font, par leur humiliation, à la face de l'univers, une solennelle réparation de leurs extravagantes impiétés. Voilà donc quel est l'événement de ce grand jour, de ce jour tel que depuis le commencement il n'y en eut jamais de pareil, de ce jour après lequel il n'y en aura plus aucun (1). Tout orgueil des hommes est humilié, toute hauteur est abattue: Dieu seul est exalté (2); et sur les débris de toute autre grandeur anéantie, la sienne s'élève dans toute sa majesté.

Ce n'est pas seulement sa gloire méconnue que JésusChrist vient faire admirer; il veut faire révérer et adorer jusqu'à ses humiliations. Le signe du Fils de l'homme, sa croix, autrefois le scandale des Juifs, et la folie des Gentils, devenue la terreur des uns et des autres, apparaît resplendissante au plus haut des airs (3). C'est maintenant qu'est accompli ce que disait l'Apôtre : le scandale de la croix est anéanti (4); il n'y a d'heureux que ceux qui ont porté et chéri la croix. Ainsi, lorsque Dieu déployait sa puissance contre l'Égypte en faveur . d'Israel, tout ce qui n'était pas marqué du sang de l'Agneau était frappé de sa colère. Ainsi, dans le jour où il développera avec bien plus de force sa toute-puissance pour les justes et contre les pécheurs, tout ce qui ne portera pas le signe du véritable Agneau pascal, sera livré à ses implacables vengeances. Pécheurs, vous voyez la croix sur les autels comune sur le trône de la miséricorde, vous inviter à mettre en elle votre confiance;

(1) Dies tenebrarum et caliginis.... similis ei non fuit a principio, et post eum non erit. Joel. 11, 2.

(2) Oculi sublimes hominis humiliati sunt, et incurvabitur altitudo virorum; exaltabitur autem Dominus solus in die illa. Isa. 11, 11.

(3) Tunc parebit signum Filii hominis in cœlo, et tunc plangent omnes tribus terræ. Matth. xxiv, 30.

(4) Ergo evacuatum est scandalum crucis. Gal. v

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II.

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