Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

à ses espérances, et qu'au sentiment douloureux de ses tourments, il joindra le regret désespérant de ses pertes.

Cette prophétie du Sauveur a un sens plus étendu encore; et nous pouvons avec fondement nous appliquer à nous-mêmes sa menace. Nous avons été mis par notre baptême à la place des Juifs. C'est nous qui sommes maintenant, au lieu d'eux les enfants du royaume. Devenus ce qu'ils étaient, craignons de devenir à notre tour ce qu'ils sont. Craignons de laisser comme eux passer en d'autres mains cet héritage, que leur faute a fait sortir des leurs. Nous les suivrons dans leurs ténèbres extérieures, si nous les suivons dans leur infidélité. Nous partagerons leurs grincements de dents, si nous partageons leur aveuglement. Substitués à leurs récompenses, nous serons associés à leur châtiment, si, après le terrible exemple de la vengeance exercée sur eux, nous sommes assez insensés pour les imiter.

Jésus dit ensuite au centenier: Allez, et qu'il vous soit fait selon que vous avez cru. Et à l'heure même le serviteur fut guéri. En accordant au centenier sa demande, JésusChrist nous apprend que la foi qui anime nos prières est la mesure de leur efficacité. Ses paroles sont la réponse qu'il fera à toutes nos demandes.

Si nous le supplions avec la confiance ferme et ardente du centenier, il nous est accordé selon ce que nous avons cru. Si nos prières émanent d'une foi faible et chancelante, il ne nous est encore fait que selon que nous avons cru. Nous nous plaignons souvent que nos vœux ne sont pas exaucés. L'apôtre S. Jacques nous en donne la raison. Vous demandez, dit-il, et vous n'obtenez pas, parce que vous demandez mal (1). L'un des principaux vices de nos prières est qu'elles ne reçoivent pas de notre foi l'impulsion qui les fait monter jusqu'au trône de l'Éternel. Demandez, nous dit le même Apôtre,

(1) Petitis, et non accipitis, eo quod male petatis. Jac iv, 3.

avec foi, sans défiance, sans hésitation. La prière qui procède d'une foi hésitante, ressemble au flot incertain qui, après avoir été poussé de côté et d'autre, vain jouet des vents, retombe sur lui-même, et se brise sans effet (1). Lors donc que nous voyons nos prières ne pas atteindre leur effet, cherchons le remède dans nous-mêmes; ranimons notre foi; et comptant sur la parole sacrée qui ne peut jamais tromper, soyons assurés de recevoir tout ce que nous demanderons dans l'oraison, en croyant (2).

ÉVANGILE

DU QUATRIÈME DIMANCHE APRÈS L'ÉPIPHANIE.

Jésus-Christ apaise une tempête élevée pendant son sommeil.

JÉSUS-CHRIST monta dans une barque, et ses disciples le suivirent. Et voilà qu'une violente tempête s'éleva sur la mer, en sorte que le navire était couvert par les vagues. Cependant Jésus dormait. Alors ses disciples s'approchèrent de lui, et l'éveillèrent en lui disant : Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. Jésus leur dit : Pourquoi êtes-vous effrayés, hommes de peu de foi? Et se levant aussitôt il commanda aux vents et à la mer; et il se fit un grand calme. Alors tous furent saisis d'étonnement, et ils disaient : Quel est cet homme à qui les vents et la mer obéissent? ( Matth. vIII, 23-27.)

EXPLICATION.

Dans le miracle que le Sauveur opère ici, les SS. Pè

(1) Postulet autem in fide nihil hæsitans : qui enim hæsitat, similis est fluctai maris, qui a ventò movetur et circumfertur. Jac. 1, 6. (2) Et omnia quæcumque petieritis in oratione credentes, accipietis. Matth. xx1, 22,

res découvrent deux allégories relatives, l'une à l'âme fidèle, l'autre à l'Eglise de Jésus-Christ. Nous y voyons les dangers auxquels nous sommes exposés sur cette mer du monde, où nous naviguons, et auxquels nous ne pouvons échapper sans le secours de la grâce divine. Nous y voyons aussi les orages dont l'Eglise n'a cessé et ne cessera d'être agitée, et parmi lesquels l'assistance de Jésus-Christ toujours présent, la conserve et la conduit. Entrons dans ce double sens moral, et cherchons les instructions que notre divin Maître a voulu nous y don

ner.

Jésus monta dans une barque, et ses disciples le suivirent. Et voilà qu'une violente tempête s'éleva sur la mer, en sorte que le navire était couvert par les vagues. Les apôtres avaient suivi leur divin Maître. Ils étaient avec lui; ils exécucutaient ses ordres; et c'est alors qu'ils sont assaillis d'une violente tempête. Si leur obéissance à JésusChrist, si sa présence, ne purent les garantir de ce grand danger; à quels affreux orages s'exposent donc ceux qui font le voyage de la vie sans lui? Les tempêtes doivent être, et bien plus fréquentes, quand on n'est pas sous sa direction pour les éviter, et bien plus funestes, quand on ne l'a pas avec soi pour les calmer. Il sera le jouet éternel de toutes ses passions, celui qui n'emploie pas, pour les contenir, le moyen puissant, et le seul efficace, de la religion. Il ne pourra pas, il ne voudra pas même résister à leur impulsion. Il sera comme le navire battu de tous les vents, n'ayant ni un terme fixe, ni une route certaine, continuellement ballotté, jeté successivement de tous côtés, heurtant tantôt contre un écueil, tantôt contre un autre, jusqu'à ce qu'enfin arrivé à son dernier choc, il se brise, et s'enfonce dans l'abîme.

Dans cette comparaison si juste entre le vaisseau livré à la violence des flots, et l'âme qui s'abandonne à la fougue de ses penchants, il y a une différence essentielle. Celui qui sur mer éprouve une tempête, connaît toute l'étendue de son danger: il désire avec ardeur de s'en retirer; il fait tous ses efforts pour ne pas y succomber.

Bien plus malheureux que lui, l'homme que ses passions emportent, ne sent pas le péril affreux où elles le mettent. D'autant plus à plaindre qu'il ne se plaint pas luimême, il se complaît dans l'état où il se trouve. L'agitation qu'il éprouve lui est agréable. Il ne désire point de rendre le calme à son âme. Les écueils qu'il voit devant lui, où il est toujours près de se briser, lui semblent un port ouvert pour le recevoir; et dans sa déplorable illusion, loin de s'efforcer de sortir de sa périlleuse situation, il travaille lui-même à assurer et à accélérer son naufrage.

Ce ne sont pas seulement ceux qui s'éloignent de Jésus-Christ qui essuient les tempêtes de l'âme. Ils les éprouvent aussi, comme les apôtres, ceux qui traversent avec lui la mer du monde, et qui, attachés à lui, ne quittent pas sa compagnie. Ames fidèles, qui avez le bonheur de le posséder, ne vous étonnez pas si, malgré sa présence, vous ressentez des orages intérieurs ; si vous êtes assaillies de tentations violentes, n'a-t-il pas voulu lui-même être tenté? Croyez-vous être plus privilégiées que lui? La sainteté la plus éminente ne détruit point les passions, mais les réprime; n'empêche point les tentations, mais les surmonte. Votre piété même vous expose à de plus vives attaques de l'ennemi du salut. Il ne combat pas ceux qui sont à lui. Il n'a pas besoin d'attirer dans ses filets les infortunés qu'il y tient déjà. C'est contre ceux qui sont à Jésus-Christ, qu'il multiplie ses efforts. Ne vous effrayez pas non plus, tant que vous possédez Jésus, de voir les orages s'élever. Leur véritable danger serait de s'en laisser décourager. C'est lui qui les permet, non pour vous perdre, vous lui feriez injure d'en concevoir la pensée, mais pour vous éprouver. Il vous place dans le danger pour vous donner le mérite d'en triompher. Il vous y assistera pour vous en fournir les moyens. Dans ces moments critiques, redoublez d'ardeur, comme des mariniers actifs et courageux. Pliez toutes vos voiles. Recueillez-vous intérieurement, afin de donner moins de prise aux vents impétueux des passions.

ses,

Jetez, sans hésitation, sans regret, dans la mer du mon. de, toutes les superfluités mondaines dont vous êtes chargées, et qui ne font que vous appesantir et retarder votre marche. Ne conservez que les provisions précieunécessaires pour atteindre votre terme. Que les flots écumants et impurs couvrent la surface du vaisseau ; ils ne le submergeront point, si vous leur fermez exactement toutes les entrées de l'intérieur. Et sûres que vos efforts seront secondés par la grâce, ayez la ferme confiance de voir bientôt la sérénité succéder à l'orage, et le calme à la tempête.

Cependant Jésus dormait. Le sommeil du Sauveur dans l'âme fidèle peut être de deux espèces, et provenir de deux causes différentes. Quelquefois le juste n'y a aucune part: c'est Jésus-Christ lui-même qui veut s'endormir. Il reste sans mouvement, sans action; il ne fait plus sentir à l'âme ses douces influences; il l'abandonne pour un temps à elle-même, il la laisse livrée aux privations, aux sécheresses, aux ennuis, aux langueurs que ferait éprouver son absence. Ce n'étaient point les Apôtres qui avaient endormi Jésus-Christ sur leur navire. Mais il y a un autre sommeil de Jésus, que l'âme ellemême s'attire. Ce sont des négligences qu'elle se permet, des distractions auxquelles elles se laisse entraîner, des attachements étrangers qui prennent sur elle trop d'empire. Toutes les fautes ne font pas perdre la présence de Jésus-Christ, mais elles en diminuent l'effet : toutes ne détruisent pas sa grâce, mais toutes l'atténuent. Les péchés graves le crucifient dans nous : les offenses légères l'y mettent dans un état de sommeil. O vous, qui éprouvez en vous cet état de Jésus-Christ, quelle qu'en soit la cause, hâtez-vous de le faire cesser. Tout sommeil de Jésus n'est pas un tort, mais est un malheur. C'est pendant son sommeil que les orages s'élèvent, que les passions se réveillent, que l'ennemi, qui ne dort jamais, renouvelle avec plus d'activité ses dangereuses attaques. Trop faible pour nous vaincre quand nous sommes assistés du secours divin, il attend pour nous combattre

« ZurückWeiter »