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les manœuvres ? C'est cette funeste insubordination qui a peuplé toutes les hérésies. Quand les chefs de ces sectes révoltées, brisant le joug de la subordination, eurent livré la doctrine sainte à la variation des opinions parti-culières, les esprits indociles, juges de leur croyance, citèrent à leur tribunal les oracles de l'Eglise, élevèrent la prétention téméraire de les réformer, et osèrent mettre leurs vaines idées au-dessus des principes, que la foi de tous les siècles et de toutes les Eglises chrétiennes avait confirmés. Ainsi, abandonnant la barque heureuse de Pierre, la seule qui conduise au port, ils se jetèrent inconsidérément dans une multitude de frêles nacelles, où les appelaient des voix mensongères, et qui les menèrent à un prompt naufrage.

O vous, que l'avantage de votre naissance a placés dans le vaisseau où réside Jésus-Christ, et qui avez eu le bonheur de commencer avec lui votre navigation, tremblez de perdre le plus inestimable des biens. Attachez-vous fortement, soumettez-vous entièrement à l'autorité infaillible à laquelle il a confié le gouvernement de son navire. Elle seule connaît imperturbablement, et le port où elle vous mène, et la route qui y conduit, et les écueils dont elle est semée, et les moyens de les éviter. Et ne doit-il pas vous être bien doux d'être assurés de parvenir au terme de vos vœux, sans être chargés de chercher la route où vous pourriez vous égarer? Ne devez-vous pas regarder comme un bienfait de Dieu, de ce qu'en vous ordonnant la foi, il vous la présente toute formée et absolument certaine, en vous épargnant des discussions épineuses, dont souvent vous ne seriez pas capables?

N'espérez pas cependant faire cet important voyage sans essuyer des orages. L'arrivée est assurée; mais la traversée est pénible. Lorsque Jésus-Christ lança sur la mer du monde le navire chargé des destinées de son Eglise et des trésors de sa grâce, il l'envoya braver tous les ouragans déchaînés. Il prévit que des tempêtes de tout genre viendraient l'assaillir, qu'il serait continuel

lement ballotté par les vents, sans en être renversé ; inondé par les flots sans en être submergé; heurté sur des écueils sans en être entr'ouvert. Jésus-Christ est toujours dans ce vaisseau; mais quelquefois il y dort: il paraît en avoir abandonné la conduite. L'Eglise existait à peine, et déjà les persécutions s'acharnaient à la détruire: bientôt les hérésies travaillèrent à la corrompre, ensuite les schismes s'efforcèrent de la diviser. Eprouva-t-elle quelques moments de repos, les vices, les scandales de ses enfants vinrent porter dans son sein de nouvelles douleurs.

Nous rappelons tous les maux que dans le cours des siècles l'Eglise a successivement soufferts. Et nous étions donc destinés au siècle le plus malheureux qui devait les réunir tous. L'incrédulité, ce monstre de nos jours, inconnu à nos pères, a appelé à son secours l'hérésie et le schisme. Elle s'en est servie pour porter à l'Eglise les premiers coups. Elle les a employés à l'ébranler, espérant pouvoir ensuite plus facilement la renverser. Alors se sont élevées des persécutions plus atroces que celles des Néron et des Domitien. Les fureurs de l'impiété ont surpassé celles du paganisme. Les ministres de la religion, objet direct de sa rage, ont été impitoyablement, les uns dépouillés, bannis, forcés d'aller mendier l'asile et la subsistance dans des terres étrangères, où elle les poursuivait encore pour leur arracher les secours de la charité hospitalière ; les autres massacrés en tas dans les prisons où sa prévoyante barbarie les avait ramassés. D'autres encore, par un raffinement de cruauté, réservés à une mort plus lente, ont été entassés au fond de navires malsains, où l'infection, la misère, le défaut d'aliments ont été leurs bourreaux. Au milieu de ces horreurs, l'incrédulité, toute dégoûtante du sang de ces victimes, donnait aux peuples épouvantés, pour détourner leurs yeux du spectacle de ces crimes, le signal de la plus infâme corruption. Sur les autels où Jésus-Christ avait été si longtemps adoré, elle plaçait des prostituées. Dieu dort donc en ce moment, et les inimaginables

et ren

succès qu'il a laissé prendre à l'impiété, sont l'effet du sommeil où il est plongé. Il en ressortira, n'en doutons pas; et l'instant de son réveil sera celui où le calme renaîtra. Son premier regard fera taire les vents, trer les flots dans le niveau des mers. Son Eglise reparaîtra, au sortir des tempêtes, brillante et épurée. Nous en avons pour garant sa parole sacrée ; mais nous n'en devons pas moins trembler pour nous. Ce que Dieu a garanti à l'Eglise universelle, il ne l'a point promis aux Eglises particulières. Jetons des regards de douleur sur cette Eglise jadis si brillante de l'Orient, qui la première reçut la foi, qui la répandit sur toute la terre, qui la conserva si longtemps pure et entière. Qu'en a-t-elle fait maintenant? à quel point l'a-t-elle laissé dégénérer et dégrader? Cette Eglise d'Afrique, si célèbre dans les premiers temps du christianisme, à la fin du cinquième siècle n'existait déjà plus. Et n'en avons-nous pas sous les yeux un exemple plus récent et plus voisin encore? Cette île fameuse, appelée si longtemps la terre des saints, quel triste naufrage n'a-t-elle pas fait dans la foi? Combien son malheur, en tout temps si déplorable, doit dans ces derniers temps nous être plus sensible! Tandis que la France, jusque-là catholique, et prétendant l'être encore, persécutait avec fureur les pasteurs catholiques, l'Angleterre, livrée depuis deux siècles au schisme et à l'hérésie, les accueillait avec humanité, et se faisait le modèle du monde par sa générosité, comme elle en est le soutien par sa puissance. Quel spectacle touchant, quel admirable exemple a donné aux autres nations cette nation hospitalière, quand on l'a vue tout entière, clergé et laïques, roi et sujets, grands et petits, accourir au devant des confesseurs d'une religion qui n'était pas la sienne; s'empresser de les accueillir, de soulager leurs douleurs, de subvenir à leurs besoins, d'adoucir leurs maux! Daigne celui qui seul a dans sa main le digne prix de tant de bienfaits, lui en accorder les récompenses les plus abondantes, et surtout celle qui est la plus précieuse et la plus désirable. Puissent les aumônes de

ce peuple bienfaisant monter, comme celles de Corneille, jusqu'au trône céleste, en faire descendre de même sur lui le don inestimable de la foi!

En invoquant pour nos bienfaiteurs la miséricorde divine, implorons-la aussi pour nous-mêmes. Disons-lui avec les Apôtres, et avec une crainte ranimée par la confiance: Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. Jetez un regard de bonté sur ce royaume où vous fûtes si religieusement adoré, sur ce trône où siégea S. Louis; sur ce peuple où votre œil discerne encore tant de fidèles serviteurs; et surtout sur cette Eglise, pendant tant de siècles si pure dans sa foi. Rendez l'Eglise gallicane à l'Eglise universelle, rendez à l'Eglise gallicane elle-même tout ce que lui a fait perdre la rage de vos ennemis : ses prêtres bannis, ses autels abattus, vos temples renversés, son culte aboli, sa splendeur éclipsée. Et tous les peuples de la terre, maintenant étonnés, et peut-être scandalisés de l'affreux progrès des persécuteurs de votre loi, s'écrieront dans leur admiration Quelle est cette puissance suprême, à qui les vents et la mer obéissent?

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Parabole de la semence du bon grain et de l'ivraię.

En ce temps-là Jésus proposa au peuple une autre parabole, en disant : Le royaume des cieux est semblable à un homme qni avait semé du bon grain dans son champ; mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint, sema l'ivraie parmi le froment, et se retira. Or quand l'herbe fut poussée et montée en épis, l'ivraie parut aussi. Alors les serviteurs du père de famille vinrent lui dire : Seigneur, n'avez-vous pas semé

du bon grain dans votre champ? d'où vient donc qu'il y a de l'ivraie ? Il leur répondit: C'est l'ennemi qui a fait cela. Ses serviteurs lui répartirent: Voulez-vous que nous allions la cueillir? Non, dit-il, de peur qu'en

cueillant l'ivraie, vous ne déraciniez avec elle le froment. Laissez croître l'un et l'autre jusqu'à la moisson, et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Recueillez d'abord l'ivraie, liez-la en gerbes pour la brûler, et amassez le froment dans mon grenier. (S. Matth. chap. XIII, vers. 24-30.)

EXPLICATION.

Jésus-Christ, à la prière de ses apôtres, a daigné donner l'explication de cette parabole. Unissons-nous aux Apôtres, pour le supplier de nous faire parfaitement comprendre les importantes vérités qu'elle renferme, et surtout de pénétrer nos cœurs des instructions salutaires et abondantes qu'elle contient.

Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé du bon grain dans son champ. Jésus-Christ nous apprend dans la suite de l'Evangile, que cet homme est lui-même, son champ le monde, le bon grain les justes. Dieu ne sème dans son champ que du bon grain, c'està-dire, qu'il n'a rien créé qui ne fût juste et droit. Les désordres qui existent ne sont pas son ouvrage : ils y ont été surajoutés et apportés par des mains étrangères. Il répugnerait à sa sagesse, à sa sainteté, à sa miséricorde, à sa justice même, de créer le mal. Parmi les œuvres de ses mains, il en est que nous appelons des maux; mais c'est la faiblesse de notre foi, jointe à notre présomption, qui nous en fait juger ainsi. Ignorant le but pour lequel Dieu les a faites, nous prétendons cependant les juger d'après les lumières de notre raison. Disons même plus : c'est presque toujours notre faute qui en fait des maux. Elles ne sont telles que parce que nous n'en faisons pas l'usage auquel la Providence les a destinées. Si nous savions supporter avec patience, avec résignation, les privations, les pertes, les souffrances, les douleurs, les

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