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le frapper de ses anathèmes? A l'Eglise seule appartient le pouvoir d'exclure de ses assemblées les errants et les pécheurs; et elle a dicté sur cette matière des règles qui unissent à une charitable modération une justice exacte, et dont il n'est permis à qui que ce soit de s'écarter.

il ap

Nous devons encore au pécheur, de travailler autant qu'il est en nous à sa conversion. Il en existe deux le moyens : le premier, le principal, le plus efficace, plus exempt d'inconvénients, c'est notre exemple. Donnons-lui l'horreur de ses vices par le spectacle de nos vertus ; et qu'en voyant ce que nous sommes, prenne à rougir de ce qu'il est. L'autre moyen est de donner aux pécheurs de salutaires avis, de sages exhortations. Mais celui-là, plus direct encore que le premier, doit être employé avec plus de prudence. L'indiscrétion que l'on mettrait dans son exercice pourrait le rendre plus préjudiciable qu'utile. Il faut commencer par distinguer ceux à qui l'autorité dont ils sont revêtus impose l'obligation de faire aux pécheurs des remontrances religieuses, de ceux qui n'ont d'autre mission que celle de la charité. Les premiers sont les seuls tenus, à titre de justice, aux avertissements salutaires, et ils peuvent y mettre plus de force et de véhémence, selon le genre et la mesure de leur autorité. Mais, et les uns en obéissant à la justice, et les autres en satisfaisant à la charité, doivent avoir devant les yeux cette considération essentielle leur objet unique dans les avis qu'ils donnent aux pécheurs, étant et ne pouvant être que son avantage et son retour à une meilleure vie, ils doivent s'abstenir avec grand soin de tout ce qui pourrait les éloigner de ce but. Ils doivent craindre de le rebuter par des exhortations déplacées et hors de saison, de l'aigrir par des discours durs, amers, fâcheux, violents. Ils doivent épier et saisir les moments favorables aux inspirations de la grâce, proportionner leurs discours, leur ton, leurs manières aux dispositions connues du sujet, à l'ascendant qu'ils ont sur son esprit, et à toutes les cir

circonstances qui peuvent en faciliter le succès; et il faut observer qu'en général c'est la douceur qui fait la force de la prédication évangélique, et que même les reproches, les discours sévères, les corrections quelquefois utiles au pécheur, et quelquefois nécessaires à la libération de sa propre conscience, doivent être toujours accompagnés du langage et de l'esprit de charité qui en préparent et qui peuvent seuls en assurer l'effet (1).

Mais si la charité que nous devons au prochain nous prescrit de nous rapprocher de lui toutes les fois que nous pouvons lui être utiles, la charité que nous devons à nous-mêmes de préférence, nous ordonne de nous éloigner de ceux dont la société nous serait nuisible. Le précepte et l'exception émanent du même principe: c'est la même vertu que nous pratiquons lorsque nous nous unissons à nos frères, et lorsque nous nous en séparons. Un proverbe vulgaire que l'Esprit-Saint a daigné consacrer, dit que l'on devient semblable aux insensés que l'on fréquente (2). Gardez-vous, dit le grand Apôtre, de vous laisser séduire : les mauvais discours sont la corruption des bonnes mœurs (3); et l'expérience de tous les temps et de tous les lieux ne suffit-elle pas pour nous apprendre que le commerce des pécheurs est un des plus séduisants attraits au péché, et une des armes les plus redoutables du démon? Il est difficile de se maintenir longtemps en santé, en respirant souvent un air pestilentiel. La société habituelle des méchants produit deux grands maux : le danger pour soi-même, le scandale pour le public. Ainsi, quelque agréable, quelque avantageux que puisse être leur commerce, on doit absolument se l'interdire dans trois cas: lorsqu'on ne peut

(1) Fratres, et si præoccupatus fuerit homo in aliquo delicto, vos qui spirituales estis, hujusmodi instruite in spiritu lenitatis, considerans te ipsum, ne et tu tenteris. Ad Gal. vi. I.

(2) Amicus stultorum similis efficietur. Prov. x, 20.

(3) Nolite seduci: corrumpant mores bonos colloquia mala. ad Corinth. xv, 33.

pas les servir, lorsqu'on peut craindre leur séduction, lorsqu'on pourrait scandaliser par des liaisons suspectes.

Mais cet éloignement des pécheurs, que prescrit la prudence, admet des exceptions et des modifications. En premier lieu, il est soumis à la loi d'un ordre supérieur, qui prescrit l'observation des devoirs d'état, et qui unit intimement ceux qui ont entre eux des liaisons nécessaires formées par la nature ou par la loi. Que l'épouse ne se croie pas autorisée à rompre avec son époux, le fils avec le père, le frère avec le frère, l'inférieur avec le supérieur, à raison des péchés auxquels ils les voient adonnés. Leur devoir est, non de s'en séparer, mais de les supporter; non de fuir le mauvais exemple, mais de s'en garantir. Ainsi, ceux que leur état astreint à secourir les malades dans la contagion, doivent constamment rester au milieu d'eux. Les précautions qui préservent du mauvais air, leur sont recommandées; l'éloignement leur est interdit. En second lieu, la fuite des pécheurs ne doit pas faire cesser envers eux les égards, les prévenances, les honnêtetés qui sont en usage dans la société, et que l'Apôtre met au rang des devoirs de la charité (1): elle restreint seulement ces civilités à ce qu'exige la bienséance. En troisième lieu, le devoir de se retirer d'eux, ne dispense pas des offices de charité qui leur sont dus, soit de ceux de l'ordre temporel dont ils peuvent avoir besoin, soit de ceux de l'ordre spirituel qui leur sont malheureusement trop nécessaires. La mesure de sagesse est de se tenir à une distance telle qu'on ne soit pas atteint de leur contagion, mais qu'on puisse aisément se rapprocher d'eux pour les servir. Ce n'est pas la rupture, c'est la réserve que la religion recommande.

Ces principes sur la conduite à tenir envers les pécheurs, sont nécessairement très-généraux et même vagues; mais il est impossible de tracer des règles précises sur une matière qui dépend de circonstances si mul

(1) Caritate fraternitatis invicem diligentes: honore invicem prævenientes. Ad Rom. x11, 10.

tipliées et si variables. C'est à un zèle éclairé à en faire l'application, et à les adopter aux conjectures dans lesquelles il peut se trouver.

Et au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Recueillez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la brúler; mais amassez le froment dans mon grenier. Le temps de la moisson, Jésus-Christ nous l'apprend, est la consommation du siècle. Là finit la patience divine; là l'infinie miséricorde a posé son terme; là s'ouvre le règne de la justice, règne éternel et immuable. Il commence par la séparation que font les ministres de cette justice suprême, les anges figurés par les moissonneurs du bon grain et de l'ivraie, des justes et des pécheurs, jusquelà mêlés et confondus. Naissance, richesses, puissance, force, talents, science, génie, tout ce qu'aveugles mortels nous considérons, nous révérons, nous chérissons, nous recherchons, tout a disparu, tout a péri. Il ne reste plus entre les hommes qu'une distinction: la vertu ou le vice, et elle règle la différence de leur sort pour l'éternité. L'ivraie est entassée en bottes pour être brûlée; les méchants sont amoncelés dans un feu qui les dévorera sans cesse, sans les consumer jamais. Le froment est recueilli dans le grenier du père de famille; les bons sont portés dans le sein de Dieu, pour y jouir d'un bonheur sans cesse renouvelé et jamais fini alternative épouvantable à la fois et consolante, qui devrait faire le sujet de nos éternelles méditations. De quel côté serai-je placé dans cette terrible séparation? Que deviendrai-je dans cette catastrophe de l'univers? Une éternité de la plus grande félicité, d'une félicité au-dessus de ce que la raison humaine peut concevoir; une éternité de tourments qui excèdent tout ce que l'imagination peut se figurer: voilà les deux destinations entre lesquelles, tant que je suis sur la terre, je reste suspendu. Il m'est encore possible d'éviter l'une; le temps m'est accordé pour mériter l'autre. Ah! qu'à chaque action que je me prépare à faire, cette pensée profonde et salutaire vienne se présenter à mon esprit! Pourrai-je avoir l'affreuse

intrépidité de commettre un péché quand j'envisagerai ses suites, quand je contemplerai et les biens dont il me prive, et les malheurs auxquels il me livre?

ÉVANGILE

DU SIXIÈME DIMANCHE APRÈS L'EPIPHANIE.

Parabole du grain de sénevé et du levain.

Jésus proposa au peuple une parabole, et dit : Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu'un homme prend et sème dans un champ. Ce grain est, à la vérité, la plus petite de toutes les semences; mais quand il s'est élevé, c'est le plus grand de tous les légumes, et il devient un arbre en sorte que les oiseaux du ciel viennent se reposer sur ses branches. Il leur dit encore cette autre parabole : Le royaume des cieux est semblable au levain qu'une femme prend et met dans trois mesures de farine, jusqu'à ce que le tout soit levé. Jésus dit au peuple toutes ces choses en paraboles, et il ne leur parlait pas sans paraboles, afin que fût accomplie cette parole du Prophète : J'ouvrirai ma bouche pour proférer des paroles, et je ferai sortir de mon cœur des choses cachées depuis le commencement du monde. (Matth. xIII, 31-35.)

EXPLICATION.

Jésus proposa au peuple une parabole, et dit : Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé, qu'un homme prend et sème dans son champ. Ce grain est, à la vérité, la plus petite de toutes les semences; mais quand il s'est élevé, c'est le plus grand de tous les légumes, et il devient un arbre: en sorte que les oiseaux du ciel viennent se reposer sur ses branches. Jésus-Christ, dans le cours de sa

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