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tirons de son service, quand nous nous mettons au servic de son ennemi.

Les trois réponses de Jésus-Christ aux trois tentations du séducteur, font naître une réflexion importante. Elles sont toutes tirées de la sainte Ecriture. Et nous apprenons de là combien la parole de Dieu est utile pour résister aux tentations. Elle est tout à la fois notre instruction, notre encouragement, notre soutien et notre force. Etudions donc constamment la divine Ecriture; pénétrons-nous de ses saintes maximes; rendons-nousles familières par la lecture et par la méditation. Et armés de ce glaive spirituel (nous venons d'entendre S. Paul l'appeler ainsi), nous triompherons sûrement de notre ennemi et nous repousserons ses attaques.

Alors le diable le laissa, et aussitôt les anges s'approcherent de lui, et le servirent. Dieu ne permet pas que la tentation soit continuelle; après la victoire, il accorde le repos : le démon vaincu s'enfuit, et nous laisse jouir de notre triomphe. Gardons-nous de croire cependant que notre tranquillité doive être constante. S. Luc nous apprend que Jésus-Christ ne fut abandonné par le démon que pour un temps (1). Comme notre cruel ennemi ne se retire que pour méditer de nouvelles attaques, nous devons de notre côté profiter du calme où il nous laisse, pour nous préparer à de nouvelles résistances. Mais dans l'intervalle de ces combats, combien est douce la consolation de l'âme qui a pleinement triomphé! C'est à ce moment que les anges s'approchent de Jésus-Christ, et viennent lui servir à manger. C'est alors l'âme fidèle se nourrit avec une religieuse confiance du pain des anges, vient y chercher tout à la fois, et le prix de sa victoire, et la force pour en remporter de nouvelles. Tous les vains plaisirs, tous les frivoles avantages que lui promettait souvent bien illusoirement la tentation, peuvent-ils entrer en comparaison avec les

que

ad

(1) Et consummati omni tentatione, diabolus recessit ab illo usque tempas. Luc. IV, 13.

délices que lui procure ce pain sacré, et surtout avec celles que lui assure sa fidélité?

ÉVANGILE

DU DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME.

Transfiguration de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et les mena à l'écart sur une haute montagne, et il fut transfiguré devant eux. Son visage devint resplendissant comme le soleil, et ses habits blancs comme la neige. En même temps ils virent paraître Moïse et Elie s'entretenant avec lui. Pierre prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, nous sommes bien ici; dressons-y, s'il vous plaît, trois tentes: une pour vous, une pour Moïse, et une pour Elie. Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit, et en même temps sortit de la nuée une voix, disant : C'est là mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection; écoutez-le. A ces paroles les disciples tombèrent le visage contre terre et furent saisis d'une grande frayeur. Mais Jésus s'approchant, les toucha, et leur dit: Levez-vous, et ne craignez point. Alors levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus seul. Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur fit cette défense: Ne parlez à personne de ce que vous venez de voir, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. (Matth. xvII, 1, 9.)

EXPLICATION.

Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et les mena à l'écart sur une haute montagne, où il fut transfiguré devant eux. Son visage devint resplendissant comme

le soleil, et ses habits blancs comme la neige. On regarde communément la transfiguration de Notre-Seigneur comme un miracle et comme un des plus éclatants qu'il ait opérés; mais en y réfléchissant avec attention, cette opinion ne paraîtra pas fondée. Plus le divin Sauveur se montre avec splendeur et majesté, plus il se rapproche de son naturel. Il ne suspend pas les lois de la nature; il leur rend au contraire un libre cours, quand il laisse échapper des rayons de sa gloire. C'est pour lui en quelque sorte un plus grand effort de puissance de cacher sa grandeur que de la manifester. Le véritable miracle était l'état habituel auquel il se réduisait. Il ne faut que des yeux pour le reconnaître sur le Thabor, il faut de la foi pour le reconnaître dans le reste de sa vie. Sa transfiguration satisfait la raison; son état ordinaire la confond. Où cesse son éclat, là commence le prodige et le mystère.

Si dans le cours de sa vie, Jésus-Christ a privé son corps de la gloire qui lui eût été naturelle, c'est son amour pour nous qui l'a engagé à ce sacrifice; c'est afin de souffrir et de mourir pour notre salut, qu'il s'y est déterminé. Si les princes du siècle, dit S. Paul, l'avaient connu, jamais ils n'auraient crucifié le roi de gloire (1). Si, sortant une seule fois de cet état d'humiliation auquel il s'était condamné, il a apparu quelques moments aux yeux de ses plus chers disciples dans la splendeur qui lui appartient, c'est encore pour nous qu'il a suspendu ses décrets. Il voulait, en fortifiant la foi de ses Apôtres, établir plus fortement la nôtre, qui est fondée sur la leur. Il voulait les prémunir contre le scandale de sa passion et de sa mort. Il voulait qu'après sa résurrection, le souvenir de l'état brillant où ils l'avaient vu, les rendit plus disposés à le croire. Il voulait qu'après avoir reçu le Saint-Esprit, ce rayon de la splendeur céleste qu'il leur faisait entrevoir, soutînt leur travaux, échauffât

(1) Quam nemo principium hujus sæculi cognovit. Si enim cognovissent, nunquam Dominum gloriæ crucifixissent. I Cor. 11, 8.

leur zèle, animât leurs prédications. Il voulait leur présenter une image sensible de l'état glorieux auquel leurs corps étaient destinés. Il voulait qu'ils pussent donner, et aux peuples auxquels ils porteraient l'Evangile et à tous les siècles auxquels ils le transmettraient, de la gloire suprême à laquelle ils sont appelés.

une idée Jésus-Christ n'admet pas tous les Apôtres au spectacle de sa transfiguration. Il choisit les trois qui lui étaient le plus familiers, et qu'il paraît dans diverses occasions avoir spécialement distingués. Il nous apprend par là que les révélations particulières, et généralement toutes les grâces qui sortent de l'ordre commun, ne sont pas le partage de tous les saints. Ce n'est qu'à un petit nombre d'âmes privilégiées que Dieu les accorde. Et nous avons à cet égard à nous garantir de deux écueils opposés; d'une crédulité excessive, et d'une incrédulité vicieuse; d'une crédulité qui admet sans examen les rêveries des imaginations exaltées, les rapports des piétés abusées, quelquefois même, il faut l'avouer, les inventions des passions intéressées ; d'une incrédulité qui, rejetant tout récit, par cela qu'il est extraordinaire, semble contester à Dieu le pouvoir de se manifester comme il lui plaît. La première conduit à la superstition; la la seconde mène à l'irréligion. Ce sont deux excès contraires à l'esprit de l'Eglise catholique. L'un altère sa pureté ; l'autre contredit sa véracité : celui-là fournit un prétexte aux railleries des libertins; celui-ci donne un principe à leur impiété. Marchons entre les deux dans un juste milieu. Sachons, sur les faits miraculeux qui nous sont rapportés, croire, nier et douter. Que notre foi reçoive avec respect ce que l'Eglise reçoit. Que notre raison adopte avec confiance ce que les autorités graves attestent. Rejetons absolument, et les minuties qui déparent la religion, et les inutilités qui la surchargent, et les contes apocryphes qui la dégradent, et les indé– cences qui la souillent. Arrêtons-nous devant ce qui sans porter l'empreinte de la certitude, présente des caractères de probabilité, et respectant la main maîtresse

de l'ordre et naturel et surnaturel, suspendons notre jugement sur l'usage que, dans certaines occasions, elle a pu faire de sa puissance suprême.

En même temps ils virent paraître Moïse et Elie s'entretenant avec lui. S. Luc rapportant la transfiguration du Sauveur, ajoute au récit de S. Matthieu quelques circonstances qu'il n'est pas inutile de rapprocher. Arrivé sur la montagne, Jésus se mit en prières, et les trois apôtres qui l'accompagnaient s'endormirent. Ce fut pendant leur sommeil et la prière de Jésus, que se fit la transfiguration, et que Moïse et Elie vinrent, revêtus de majesté, s'unir à Jésus-Christ, et s'entretenir avec lui de la mort qu'il devait subir; et à leur réveil les Apôtres furent frappés de ce magnifique spectacle (1).

Nous voyons presque toutes les actions importantes du divin Sauveur, commencer par la prière. Ce n'était pas qu'il eût besoin de rien obtenir, lui qui pouvait tout donner; mais en priant ainsi, il avait un autre motif, celui qui ne le quittait jamais et qui dirigeait toute ses démarches, notre instruction. Il se faisait notre modèle en même temps que notre intercesseur; et en priant pour nous, il nous apprenait à prier. Il paraît dans cette circonstance avoir un but particulier. L'évangéliste remarque que c'est au milieu de sa prière, qu'il est investi de la lumière céleste. Il nous fait sentir par là que c'est dans les oraisons que Dieu se communique à nous, et répand sur nous ces grâces précieuses qui éclairent l'entendement, dirigent la volonté, animent le courage, soutiennent la persévérance. Prions donc comme Jésus-Christ, pour être un jour revêtus de la gloire dans laquelle il se montre aujourd'hui.

Deux personnages s'approchent, et viennent converser

(1) Et facta est, dum oraret, species vultus ejus altera; et vestitus ejus albus et refulgens. Et ecce duo viri loquebantur cum illo. Erant autem Moyses et Elias, visi in majestate, et dicebant excessum ejus, quem completurus erat in Jerusalem. Petrus vero, et qui cum illo erant, gravati erant somno. Et evigilantes viderunt majestatem ejus, et duos viros qui stabant cum illo. Luc. 1x, 29-32.

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