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nous n'éprouverions aucune répugnance pour ces préceptes, si ces préceptes ne répugnaient pas à nos incli

nations per verses.

Mais Jésus s'approchant les toucha, et leur dit : Levezeerous, et ne craignez point. Alors levant les yeux, ils ne vierent plus que Jésus seul. Jésus-Christ nous dit aussi : Ne attraignez point. Mais dans quel sens nous le dit-il ?· Qu'est-ce qu'il ne veut pas que nous redoutions? Son ce intention n'est pas de bannir de nos cœurs la crainte de Dieu, cette crainte salutaire qui, selon le Prophète, est le commencement de la sagesse (1). Et non-seulement il désire que nous conservions cette crainte précieuse requi est une partie de notre amour, celle d'un fils qui, craignant le tendre père qu'il chérit, se tient vis-à-vis de lui dans une continuelle circonspection; il veut encore que nous soyons frappés de la terreur de ses jugements, et que la pensée de ses épouvantables châtiments nous éloigne de ce qui les attire. Son intention est que nous le craignions, mais que nous ne craignions que lui. Un des effets de la crainte de Dieu est de faire disparaître toutes les autres. Plus nous le craindrons, moins nous aurons à redouter le démon et ses embûches, le monde et ses séductions, nos passions et leurs illusions. C'était la crainte de Dieu qui inspirait à tant de saints le courage de braver tous les maux de l'humanité, et qui rendait les martyrs intrépides devant les tyrans. Pénétrons-nous intimement de cette vérité qu'il n'y a qu'un malheur réel dans le monde, celui de déplaire à Dieu; et nous nous rendrons supérieurs à tous les autres. Forts de cette crainte, et nous confiant sur l'appui divin qu'elle nous assure, nous défierons fièrement toutes les créatures de nous nuire. Le Seigneur est mon aide, disait David; je ne crains point ce que les hommes peuvent me faire (2).

Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur fit

(1) Initiam sapientiæ timor Domini. Psalm. cx, 10.

(1) Dominus mihi adjutor: non timebo quid faciat mihi homo, Psalm. cxvi, 6.

cette défense: Ne parlez à personne de ce que vous venez di voir, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. Le motif de cette défense n'est pas difficile à saisir. Jésus-Christ ne voulait pas exposer la merveille de sa transfiguration à la critique et à l'incrédulité. Les Pharisiens, qui le détestaient, empoisonnaient toutes ses actions; les miracles même qu'il opérait en public, et sous leurs yeux, étaient la matière de leurs censures. Dans l'impuissance de les nier, ils en calomniaient le principe, et les attribuaient au démon. Que n'auraientils pas dit d'un événement aussi extraordinaire, qui n'avait eu pour témoins que trois disciples? C'eût été exposer personnellement ces apôtres à de violentes persécutions, et le temps n'était pas encore venu où ils devaient les souffrir. L'un des évangelistes observe que, fidèles à l'ordre de leur Maître, les trois apôtres gardèrent le secret tout le temps qu'il leur avait prescrit (1). Mais lorsque, vainqueur de la mort, Jésus-Christ eut rendu croyables, par sa résurrection, toutes ses grandeurs, le silence n'eut plus d'objet, et le zèle des Apôtres pour la gloire de leur maître n'étant plus enchaîné par l'obéissance, ils divulguèrent avec éclat la splendeur dont ils avaient été témoins. Nous avons vu, dit l'Apôtre S. Jean, sa gloire telle que celle du Fils unique du Père (2). Ce n'est point, dit S. Pierre, en suivant des fables ingénieuses, que nous vous avons fait connaître la puissance et l'avénement de Notre-Seigneur JésusChrist; mais c'est après être devenus nous-mêmes les spectateurs de sa majesté. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsque d'une splendeur céleste descendit une voix qui se fit entendre: C'est ici mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances; écoutez-le. Et nous entendîmes cette voix qui venait du

(1) Et ipsi tacuerunt, et nemini dixerant in illis diebus quidquam ex his quæ viderant. Luc. IX, 36.

(2) Et vidimus gloriam ejus, gloriam quasi Unigeniti a Patre Joan. 1, 14..

eiel, lorsque nous étions avec lui sur la montagne sainte (1). Nous connaissons ce merveilleux événement aussi bien que les Apôtres, par la manifestation qu'ils nous en ont faite. Il doit produire sur nous le même effet que sur eux, et nous pénétrer de la même admiration et du même respect.

ÉVANGILE

DU TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME.

Jésus-Christ guérit un possédé muet, répond aux critiques des Pharisiens, et propose les paraboles du fort armé et du retour de l'esprit impur.

Jésus chassa un démon qui était muet; et lorsqu'il eut chassé ce démon, le muet parla, et le peuple fut dans l'admiration. Mais quelques-uns d'entre eux dirent: C'est par Béelzébut, prince des démons, qu'il chasse les démons. D'autres, pour le tenter, lui demandaient quelque prodige dans le ciel; mais Jésus connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera détruit, et la maison s'écroulera sur elle-même. Si donc Satan est divisé contre lui-même, comment son règne subsistera-t-il? Cependant vous dites que c'est par Béelzébut que je chasse les démons. Or, si c'est par Béelzébut que je chasse les démons, par qui vos enfants

(3) Non enim dectas fabulas secuti notam fecimus vobis Domini nostri Jesu Christi virtutem, et præsentiam, sed speculatores facti illius magnitudinis. Accipiens enim a Deo patre honorem et gloriam, voce delapsa ad eum hujuscemodi a magnifica gloria: Hic est Filius meus dilectus, in quo mihi complacui; ipsum audite. Et hanc vocem nos audivimus de cœlo allatam, cum essemus cum ipso in monte sancto, II Petr. 1, 16, 17 et 18.

les chasseront-ils ? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, il est certain que le royaume de Dieu est venu jusqu'à vous. Lorsqu'un homme fort et bien armé garde sa maison, tout ce qu'il possède est en sûreté. Mais s'il en survient un plus fort que lui, qui le surmonte, il emportera toutes ses armes, dans lesquelles il mettait sa confiance, et il partagera ses dépouilles. Celui qui n'est pas avec moi, est contre moi ; et celui qui n'amasse pas avec moi, dissipe. Lorsque l'esprit impur est sorti d'un homme, il va dans les lieux arides cherchant du repos; et n'en trouvant point, il dit : Je retournerai dans ma maison d'où je suis sorti. Et à son retour il la trouve nettoyée et parée. Aussitôt il va prendre avec lui sept autres esprits plus méchants que lui, et entrant dans la maison, ils y établissent leur demeure. Et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. Lorsqu'il parlait ainsi, une femme élevant la voix du milieu du peuple, dit: Heureuses les entrailles qui vous ont porté, et les mamelles qui vous ont allaité. Mais plutôt, repartit Jésus, heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui l'observent. (Luc. xi, 14-28.)

EXPLICATION.

Jésus chassa un démon qui était muet. Et lorsqu'il eut chassé ce démon, le muet parla, et le peuple fut dans l'admiration. Les miracles que Jésus, dans le cours de sa carrière, ne cessait d'opérer, outre leur objet direct, qui était de confirmer sa mission et de manifester sa bonté, avaient presque toujours un but allégorique. En chassant le démon qui rendait cet homme muet, il nous montre un des effets que le péché opère dans nos âmes. Le péché non-seulement nous rend aveugles, en fermant nos yeux aux merveilles de la religion; non-seulement nous rend sourds, en fermant nos oreilles à la parole divine; mais il nous rend aussi muets, en lian! notre langue, et en l'empêchant de servir aux objets pour

lesquels Dieu nous l'a donnée. Le muet spirituel n'a pas perdu l'usage physique de la parole, mais il en a berdu l'usage moral. Il est devant Dieu ce que sont deant les hommes les muets ordinaires; les paroles qu'il rofère ne sont que de vains sons qui, n'ayant point e signification, se perdent dans l'air. Il nous importe afiniment de connaître ce démon muet, pour nous gaantir de ces embûches. Considérons, et les vues dans squelles Dieu nous a donné l'usage de la parole, et la anière dont le démon nous en détourne.

L'usage principal que Dieu veut que nous fassions de otre faculté de parler, est la prière. Ainsi, il a mis dans ous l'intelligence, afin de le connaître; la liberté, afin le le servir; la sensibilité, afin de l'aimer: ainsi, il nous accordé par-dessus tous les autres êtres le don de la parole, afin que nous puissions célébrer sa grandeur, rendre grâces à sa bonté, implorer sa miséricorde. Le monde a été créé pour l'homme, et l'homme pour Dieu ; et la même loi qui nous donne le droit de faire servir à nos besoins tous les êtres dont est composée la nature, nous impose le devoir d'employer au culte de Dieu, et tout ce que nous sommes, et tout ce que nous avons. Et observons que ce n'est pas seulement l'usage exclusif de nos facultés que Dieu exige de nous, mais seulement l'usage principal. Il nous permet, il nous ordonne même d'aimer les autres hommes; il nous permet même de converser avec eux; mais ce n'est là qu'un emploi secondaire et subalterne. La parole nous est donnée pour une fin bien plus noble. C'est avec Dieu même qu'elle nous fait communiquer. Elle établit entre Dieu et nous une correspondance qui nous est aussi utile que glorieuse. Nos prières pénétrant jusqu'au trône de la miséricorde, font pleuvoir sur nous les grâces divines, comme une rosée abondante, formée des vapeurs qui se sont élevées vers le ciel.

Or, l'ennemi du salut, qui connaît tous les biens qu'apporte la prière, travaille de tout son pouvoir à les anéantir. Comme il est au-dessus de sa puissance d'en

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