Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

plus triste encore, en vain leur démontre-t-on les contradictions palpables qui détruisent leurs systèmes par eux-mêmes, leurs cœurs endurcis repoussent l'évidence qui frappe leurs esprits.

Jésus-Christ fait aux Juifs un autre raisonnement tiré de leur propre pratique. Ils avaient des exorcistes approuvés par la Synagogue, qui chassaient au nom de Dieu les démons. Jésus-Christ se compare à eux. Pourquoi, dit-il, adoptant ce qu'ils font, ne reconnaissez-vous pas ce que je fais? Je vous prêche le même Dieu; pourquoi refusez-vous de croire que c'est au même nom que j'opère? Il y avait dans l'accusation des Juifs, outre la contradiction, une partialité révoltante; ils attribuaient le même effet à deux causes opposées; et leur seul motif était qu'ils aimaient leurs exorcistes, et qu'ils détestaient Jésus. Trop souvent nos jugements sont dictés, non par notre raison, mais par nos affections. Nous louons dans l'un ce que nous blâmons dans l'autre. Nous approuvons tout ce que font ceux que nous aimons; nous condamnons tout ce qui vient de ceux qui nous sont opposés.

Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, il est certain que le royaume de Dieu est venu jusqu'à vous. Le raisonnement de Jésus-Christ est démonstratif; et ses ennemis confondus n'eurent rien à y répondre. Ce ne peut être par la puissance du démon que je chasse les démons; c'est donc évidemment par la vertu de Dieu. Je suis donc l'envoyé de Dieu. C'est ce même raisonnement par lequel nous convainquons l'incrédulité. Les miracles de Jésus-Christ ne peuvent venir que d'une vertu divine. Ils démontrent donc la divinité de sa mission. Il n'y a qu'un pouvoir au-dessus de la nature, c'est celui de son auteur. La main qui lui donna l'impulsion peut seule l'arrêter. Le cours constant des causes secondes ne peut être suspendu que par la cause première dont elles ont reçu leurs lois. Si des œuvres que Dieu seul peut faire attestaient jamais l'erreur, ce serait Dieu qui nous y induirait. Si un miracle pouvait nous tromper, Dieu ne serait plus Dieu.

Lorsqu'un homme fort et bien armé garde sa maison, lout ce qu'il possède est en sûreté. Mais s'il en survient un autre plus fort que lui, qui le surmonte, il emportera toutes ses armes dans lesquelles il mettait toute sa confiance, et il partagera ses dépouilles. Le fort armé, dont parle JésusChrist, est le démon. Il avait subjugué la terre, et il en avait fait son domaine; il y régnait paisiblement, et, excepté le petit pays de la Judée, il se faisait rendre partout les honneurs divins. De tous côtés, sous divers noms, des temples magnifiques lui étaient élevés. Ses autels étaient sans cesse couverts des victimes les plus précieuses, et dans quelques pays même, des victimes humaines. Il avait étendu sa domination jusque sur une partie de la nation sainte, qui lui était asservie, par ses passions et par ses vices. Il jouissait avec tranquillité, et, à ce qu'il semblait, avec sûreté de son empire, où il se maintenait par ses armes, qui sont ses ruses, ses suggestions, ses séductions. Mais il est survenu un plus fort que lui qui l'a surmonté : c'est Jésus-Christ. Il est venu dans le monde pour détruire l'empire du démon, et pour y fonder le royaume de Dieu. Il a renversé tous ces temples, que les nations égarées avaient élevés à leur ennemi ; et sur leurs débris, il a élevé partout des temples au vrai Dieu. Il a aboli les abominables sacrifices aussi avilissants pour l'humanité qu'injurieux à la divinité, et leur a substitué le sacrifice pur dont il est tout à la fois la victime, le prêtre et le Dieu; et délivrant le genre humain du joug honteux sous lequel il languissait asservi, il a rectifié ses dogmes, épuré son culte, réformé sa morale. C'est pour nous qu'il a vaincu. Son triomphe est notre délivrance. Il nous y associe, et nous ramène à sa suite dans le ciel, dont sa victoire nous a ouvert les portes.

Celui qui n'est pas avec moi, est contre moi; et celui qui n'amasse pas avec moi, dissipe. Jésus-Christ répète plusieurs fois cette importante maxime. Entre lui et le monde il n'y a pas de milieu. Qui n'est pas son disciple, est, par cela même, son ennemi. Hérétiques et schis

:

matiques de tous les temps, cet oracle est l'arrêt éternel de votre condamnation. Du moment où vous vous séparâtes de l'Eglise, vous attirâtes sur vous ce redoutable anathème. Vous cessâtes d'être avec Jésus-Christ, et dès-lors vous fûtes contre lui. Pécheurs de tout genre, aussitôt que vous avez perdu la grâce, cette sentence a été aussi prononcée contre vous. Quelques vertus que vous ayez conservées, quelques bonnes œuvres que vous ayez opérées, dès que vous avez été infectés d'un seul péché mortel, vous n'avez plus amassé avec Jésus-Christ; tout ce que vous possédiez a été dissipé. L'amitié ou l'ininitié absolue de Dieu alternative terrible, mais inévitable. Comment prétendent-ils allier ce principe fondamental de la religion avec leur conduite équivoque, ces chrétiens tièdes et incertains qui, se faisant à euxmêmes un système de christianisme, unissent ensemble le service de Dieu et le service du monde; suivent les maximes mondaines, et veulent cependant ne pas s'écarter des préceptes divins; croient faire tout ce que Dieu leur commande, en faisant en même temps tout ce que le monde exige d'eux; s'interdisent, pour plaire à Dieu, ce qu'ils ne peuvent se dissimuler être de ces fautes grossières qui causent la mort de l'âme, et se permettent, pour plaire au monde, tout ce qu'ils jugent être seulement dans l'ordre des fautes vénielles; craignent uniquement de perdre le Saint-Esprit, et ne s'embarrassent pas de le contrister; désirent ne pas s'attirer l'inimitié de Dieu, mais ne cultivent pas son amitié? Etat funeste en lui-même, plus funeste encore dans ses suites et malheureusement trop commun daus le monde, et parmi les personnes qui, faisant profession' d'une sorte de régularité, offrent des exemples plus dangereux, et fournissent des prétextes plus avidement saisis.

Lorsque l'esprit impur est sorti d'un homme, il va dans les lieux arides cherchant du repos, et n'en trouvant point, il dit: Je retournerai dans ma maison d'où je suis sorti. Et à son retour il la trouve nettoyée et parée. Aussitôt il va

prendre avec lui sept autres esprits plus méchants que lui et entrant dans la maison ils y établissent leurs demeures. Et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. L'instruction que donne ici Jésus-Christ est de la plus haute importance. Il ne suffit pas d'être rentré dans la voie du salut; il faut y persévérer. Ce n'est pas assez d'avoir chassé de votre âme l'esprit impur; il faut l'empêcher d'y revenir. Après votre victoire sur le démon, vous vous endormez; mais le démon veille : vous vous livrez au repos; et il ne se repose jamais : vous ne pensez plus à lui; il ne cesse de s'occuper de vous: vous restez tranquille; il agit sans cesse. Tandis que dans une entière sécurité vous négligez de vous tenir sur vos gardes, il prépare de nouvelles attaques. Il rôde continuellement autour de la maison qui fut son domaine. Il observe le côté mal gardé, pour y rentrer par surprise; le côté faible, pour s'en emparer par force. S'il aperçoit dans le cœur r quelque passion mal éteinte et encore fumante, il s'efforce de la rallumer par son souffle. S'il y découvre quelque reste d'inclination dangereuse, pas encore entièrement réprimée, il lui présente, pour la ranimer, de nouveaux attraits. Il offre de continuelles occasions à nos goûts pour les satisfaire, à nos habitudes pour les entretenir, à nos attachements pour les renouer. Trouve-t-il la maison sans parure, c'est-à-dire sans défense, il y rentre sans peine, et s'y établit sans résistance. Si au contraire il la trouve nettoyée de ses ordures, et ornée des dons de la grâce, il se retire; mais ce n'est que pour prendre de nouvelles et de plus fortes inesures. Ame, qui avez eu le bonheur de vous réconcilier avec votre Dieu, ne vous abusez pas sur le calme où votre ennemi vous laisse; il reviendra bientôt plus dangereux que jamais. Il reviendra au moment où il vous croira le moins en état de lui résister; il reviendra non plus seul, mais renforcé du secours de sept autres esprits plus méchants que lui, qui uniront leurs ruses à ses ruses, leurs efforts à ses efforts. Ils vous attaqueront tous ensemble, et par tous les points à la fois. Ils met

tront tout en usage pour reprendre sur vous leur ancien empire. Le plaisir et la douleur, la santé et la maladie, la richesse et la pauvreté, la grandeur et l'humiliation, la prospérité et l'adversité, l'amitié des hommes et leur haine, les faveurs et les persécutions, les illusions du monde et les ennuis de la solitude, tout, passant par leurs mains empestées, deviendra des moyens de corruption. Profitez de l'intervalle que leur méchanceté emploie en préparatifs, pour vous préparer de votre côté aux combats qu'ils viendront vous livrer. Fermez-leur avec soin toutes les entrées de votre cœur. Qu'une vigilance soutenue y fasse une exacte sentinelle. Tandis que le démon réunit contre vous ses auxiliaires, appelez aussi le secours tout-puissant qui vous a déjà fait triompher de lui. La vigilance et la prière, voilà, nous dit JésusChrist, les préparatifs efficaces contre les tentations (1). La prière obtient les grâces; la vigilance y correspond. La prière attire les dons célestes; la vigilance empêche de les perdre. Par la prière, vous mériterez que Dieu vienne combattre avec vous; par la vigilance, vous combattrez avec lui. Que pourront contre vous toutes les puissances de l'enfer, si vous êtes soutenu par un tel allié? Le Seigneur est mon aide, dit le Roi-Prophète, et je braverai tous mes ennemis (2). Que l'armée infer nale tout entière se réunisse contre moi; je ne craindrai point ses assauts (3). Mais si une indolente négligence, ou une aveugle présomption ralentit vos précautions, relâche votre attention, Jésus-Christ vous annonce le sort qui vous attend. L'esprit impur avec son abominable escorte reviendra prendre possession de votre âme, et son retour rendra votre nouvel état plus déplorable que cclui d'où vous aviez eu le bonheur de vous retirer.

(1) Vigilate, et orate, ut non intretis in tentationem. Matth.

XXVI, 41.

(2) Dominus mihi adjutor, et ego despiciam inimicos meos. Psalm.

cxvn,7.

(3) Si consistant adversum me castra, non timebit eor meum. Psalm. XXVI,

3.

« ZurückWeiter »