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Considérez ce convalescent échappé à une maladie qui l'avait, conduit aux portes du tonibeau; avec quelle satisfaction il jouit de sa santé qui se ranime par degrés, de ses forces qui s'augmentent de jour en jour! Mais qu'il commette une seule imprudence, il se replongera dans une nouvelle maladie plus violente et plus dangereuse que la précédente. Pécheur, retombé par votre faute dans votre maladie spirituelle, le mal que vous vous êtes rendu est bien plus fâcheux que celui dont vous aviez été délivré. Votre rechute est, et plus criminelle, et plus irrémédiable que votre premier péché. Elle est plus criminelle : vous ajoutez au vice de votre offense ceux de l'ingratitude et de la mauvaise foi; vous oubliez, et le bienfait de la réconciliation, et les promesses qui vous l'avaient mérité; vous manquez, et à la reconnaissance et à votre foi; vous outragez de nouveau ce Dieu qui vous avait reçu avec tant de bonté, et vous violez les engagements sacrés qui avaient été le prix de votre pardon. Votre rechute est plus irrémédiable, et du côté de Dieu, et du vôtre. Espérez-vous les mêmes grâces, après l'abus que vous en avait fait? Croyez-vous que le mépris dont vous les avez payées, vous ait disposé à en mieux profiter? Vous avez éloigné Dieu de vous, et vous vous êtes éloigné de lui. Vous avez affaibli dans vous les salutaires impressions de la grâce, et vous avez fortifié votre funeste attachement au péché. La prière, la parole sainte, les sacrements, tous les moyens de salut ont perdu visà-vis de vous de leur efficacité; et vos vicieuses inclinations ont acquis plus d'empire. Ainsi, tout à la fois vous avez aggravé votre mal, et diminué la vertu des remèdes. O vous qui, depuis votre retour à Dieu, avez eu le bonheur de vous maintenir dans l'état de sa grâce, craignez de perdre cet inestimable bienfait. Ecoutez ce que vous dit l'Apôtre : Vous qui êtes debout, prenez garde de tomber (1). Qu'une sainte défiance de vousmêmes, qu'une juste confiance en Dieu vous soutiennent

(1) Qui se existimat stare, videat ne cadat. I Cor. x, 12.

à la hauteur où vous a replacés votre pénitence. Et vous, âmes malheureuses, qui vous êtes rengagées dans la voie de l'iniquité, vous avez rendu votre retour dans les sentiers de la justice, plus difficile; mais il n'est pas impossible. Puisqu'il n'est pas impossible, il faut l'entreprendre. Puisqu'il est difficile, il faut y apporter une résolution forte et courageuse. Plus vous différerez, plus vous augmenterez la difficulté, plus vous vous enfoncerez dans votre limon infect, plus vous éprouverez de peine à vous en retirer.

Lorsqu'il parlait ainsi, une femme élevant la voix du milieu du peuple, dit: Heureuses les entrailles qui vous ont porté, et les mamelles qui vous ont allaitė. Mais plutôt, répartit Jésus, heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l'observent! Déjà commence à s'accomplir la prophétie que Marie avait prononcée sur elle-même, que toutes les générations célébreraient son bonheur. Sa propre génération est la première à le proclamer; toutes les autres la suivront. Les paroles de cette femme, répétées d'âge en âge, feront à jamais partie des prières de l'Eglise. Dans tous les siècles les grandeurs de Marie, les glorieuses prérogatives dont elle fut décorée, seront l'objet de l'admiration et de la vénération des fidèles. La gloire de la mère, identifiée à celle du fils, sera de même immortelle dans la mémoire des hommes. Les temples retentiront de ses louanges, les chaires chrétiennes de ses panégyriques, les conciles de ses apologies. Un culte inférieur seulement à celui de Dieu, supérieur à celui de tous les autres saints, lui sera rendu par toute la terre. Les justes imploreront son intercession, les pécheurs recourront à sa médiation, les royaumes entiers s'empresseront de se mettre sous sa protection. Mais tous ces honneurs de la terre ne sont rien auprès de ceux dont elle est comblée dans le ciel. Reine des anges et des saints, de même que des mortels, elle est élevée au-dessus d'eux tous; elle ne voit que Dieu audessus d'elle.

› Il y a cependant quelque chose au-dessus de la gloire

de Marie; et Jésus-Christ nous le déclare ici : ce sont ses vertus qui la lui méritèrent, et qu'elle a couronnées par la plus profonde humilité, qui nous en a caché la plus grande partie. Si elle fut heureuse par son élévation, elle le fut bien plus encore par sa fidélité à y correspondre. Nous répétons quelquefois les paroles de la femme de cet évangile ; mais comme elle, nous n'en concevons pas toute l'étendue. Et la gloire de Marie, et les vertus par lesquelles elle y est parvenue, sont audessus de nos pensées. Prosternons-nous devant cette reine du ciel et de la terre; invoquons-la avec une respectueuse confiance: elle est aussi bonne qu'elle est puissante. Il n'est rien que son Fils n'accorde à ses prières, il n'est rien qu'elle veuille refuser aux nôtres; JésusChrist en fait le canal de ses grâces, faisons-en le canal de nos vœux. Ils seront assurés du succès, quand ils seront présentés par elle.

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ÉVANGILE

DU QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME..

Jésus-Christ nourrit cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons.

Jésus alla au-delà de la mer de Galilée, qui est celle de Tibériade; et une grande multitude de peuple le suivait, parce qu'ils voyaient les miracles qu'il opérait sur les malades. C'est pourquoi Jésus se retira sur une montagne, où il s'assit avec ses disciples. Or, la pâque, qui est la fête des Juifs, était proche. Jésus ayant donc levé les yeux, et vu venir à lui une grande foule de peuple, dit à Philippe : Où achèterons-nous du pain pour faire manger tout ce monde? Mais il disait cela

pour l'éprouver; car il savait bien ce qu'il devait faire. Philippe lui répondit : La valeur de deux cents deniers de pain ne suffirait pas pour que chacun en eût un petit morceau. Un de ses disciples, André, frère de Simon Pierre, lui dit : Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d'orge, et deux poissons; mais qu'est-ce que cela pour tant de monde? Jésus dit : Faites asseoir tous ces hommes. Il y avait en ce lieu-là beaucoup d'herbe. Ils s'assirent au nombre d'environ cinq mille. Jésus prit donc les pains, et après avoir rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis. Il leur donna de même des deux poissons autant qu'ils en voulurent. Quand ils furent rassasiés, il dit à ses disciples: Ramassez les morceaux qui restent, afin qu'ils ne se perdent pas, ils les ramassèrent donc, et ils emplirent douze paniers des morceaux des cinq pains d'orge, qui étaient les restes de ceux qui en avaient été rassasiés. Ces gens-là ayant vu le miracle qu'avait fait Jésus, disaient : C'est véritablement là le Prophète qui doit venir dans le monde. Mais Jésus-Christ sachant qu'ils devaient venir l'enlever pour le faire roi, s'enfuit une seconde fois seul sur la montagne. (Jean, vi, 1—15.)

EXPLICATION.

Jésus alla au-delà de la mer de Galilée, qui est celle de Tibériade; et une grande multitude de peuple le suivait, parce qu'ils voyaient les miracles qu'il opérait sur les malades. C'est pourquoi Jésus se retira sur une montagne, où il s'assit avec ses disciples. C'était un spectacle bien intéressant que cette affluence de peuple qui, de quelque côté que Jésus-Christ se rendît, accourait sur ses pas, s'empressait autour de lui, et dans l'ardeur de son désir, oubliait jusqu'au besoin de la nourriture. Un des évangélistes, racontant ce même fait, rapporte que la foule qui allait et revenait auprès du Sauveur, était telle qu'il trouvait à peine le temps de manger avec ses apôtres, et que, pour se reposer quelques moments, il était obligé

de se retirer dans des lieux déserts (1). C'étaient les miracles que Jésus-Christ ne cessait d'opérer, qui attiraient auprès de lui cette nombreuse multitude. Et il faut observer à cet égard, que les dispositions de tous ces hommes n'étaient probablement pas les mêmes, et qu'ils pouvaient avoir été conduits par des motifs différents.

1° Quelques-uns d'entre eux étaient mus par une simple curiosité, pour voir un homme dont on disait des choses extraordinaires, pour être frappés de la vue de quelque prodige, pour se récréer par un spectacle nouveau : désir frivole, indigne de Jésus-Christ, qu'il se serait abstenu de satisfaire, s'il n'avait eu pour témoins que de tels hommes. Ainsi, nous voyons que dans sa patrie il ne fit aucun miracle, à cause de la disposition d'esprit des habitants (2). Ainsi, traduit devant Hérode, il punit d'un dédaigneux silence la vaine curiosité de ce prince qui désirait depuis longtemps de le voir, uniquement pour être amusé par la nouveauté de quelque prodige (3). Combien d'hommes encore, au sein du christianisme, lisent les prodiges opérés par le Sauveur avec une semblabe légèreté, sans en considérer l'objet, sans en méditer l'esprit, sans en atteindre le but, et seulement comme une histoire un peu plus extraordinaire qu'une autre !

2o A la curiosité de voir les miracles de Jésus-Christ, plusieurs des assistants en joignaient une autre ; c'était de voir par eux-mêmes si les choses admirables qu'on disait

(1) Et ait illis: Venite seorsum in desertum locum, et requiescite pusillum. Erant enim qui veniebant et redibant multi; et nec spatium manducandi habebant. Marc. vi, 31.

(2) Et veniens in patriam suam, docebat eos in synagogis eorum ita at mirarentur, et dicerent: Unde huic sapientia hæc, et virtutes?.... Et scandalizabantur in eo.... Et non fecit ibi virtutes maltas propter incredulitatem eorum. Matth. xm, 54, 57 et 58.

(3) Herodes autem, viso Jesu, gravisus est valde. Erat enim cupiens ex multo tempore videre enm, eo quod andierat multa de eo, et sperabat signum aliquod videre ab eo fieri. Interrogabat autem eam multis sermonibus. At ipse nihil illi respondebat. Luc. xx, 8.

et 9.

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