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en lui (1). Lorsqu'il leur annonce l'admirable sacrement dont le seul emblème avait excité leur ardeur, ils murmurent contre lui (2). Ils trouvent ses discours trop durs, et disent qu'on ne peut les entendre (3). Ils s'éloignent de lui, et finissent par l'abandonner entièrement (4). Cette prodigieuse légèreté nous étonne : mais si nous voulons rentrer dans nous-mêmes et étudier ce qui s'y est trop souvent passé, nous y trouverons de quoi diminuer notre surprise. Combien de fois n'avons-nous pas éprouvé ces déplorables alternatives de sensibilité et d'éloignement! Combien de mouvements affectueux ont été suivis prochainement de murmures, de plaintes, de doutes sur la foi! Quel intervalle y a-t-il eu souvent entre nos résolutions que nous croyons les plus animées et nos chutes les plus honteuses! S. Pierre lui-même, le chef des Apôtres, S. Pierre appelé par Jésus-Christ à être la pierre fondamentale de son Eglise, S. Pierre promet à son divin Maître, avec une ardeur de zèle qui semble assurer l'effet de sa parole, que, dût-il mourir avec lui, il ne le reniera jamais; et peu d'heures après, à la voix d'une simple servante, il le renie avec imprécation. Ne comptons pas avec trop de confiance sur ces mouvements de sensibilité, sur ces élans d'affection, sur ces tendresses de cœur qu'il nous arrive quelquefois d'éprouver : ils ne sont certainement pas mauvais, mais ils ne sont pas durables; ils peuvent être utiles pour ranimer notre volonté, mais ils ne peuvent pas la suppléer. C'est quelquefois la charité qui les excite; mais gardons-nous de les prendre pour la charité. La charité consiste dans la fermeté, dans la constance de notre

(1) Dixerunt ergo ei : Quod ergo tu facis signum, ut videamus, et credamus tibi ; quid operaris? Joan. vi, 30.

(2) Murmurabant ergo Judæi de illo, quia dixisset :Ego sum panis vivos, qui de cœlo descendi. Ibid. 41.

(3) Multi ergo audientes ex discipulis ejus, dixerunt: Daras est hic sermo, et quis potest eam audire? Joan. vi, 61.

(4) Ex hoc multi discipulorum ejus abierunt retro; et jam non cum illo ambulabant. Ibid. 67.

attachement à Dieu, et non dans une sensibilité qui passe et se dissipe. Recevons avec reconnaissance ces mouvements affectueux que Dieu nous envoie par intervalles, pour nous servir de consolation et d'encouragement. Mais si nous en faisons l'appui de notre ferveur notre ferveur tombera avec eux; semblable à celle de ce peuple volage, aujourd'hui plein de foi en JésusChrist et de zèle pour lui, et qui demain va le méconnaître et l'abandonner.

Mais Jésus, sachant qu'ils devaient venir l'enlever pour le faire roi, s'enfuit une seconde fois sur la montagne. Dans la première ardeur qui les transporte, ces hommes reconnaissants passent tout de suite de la conviction que Jésus-Christ est le Messie, à la conséquence que leur esprit tire de cette vérité. Ils attendaient un Messie qui serait un roi puissant sur la terre, qui triompherait de tous leurs ennemis, qui les délivrerait du joug odieux des Romains, et qui les ferait régner avec lui sur de vastes régions. C'était l'idée universellement répandue dans tout le peuple juif. Les Apôtres eux-mêmes étaient imbus de cette prévention; et dans toute la nation il n'y avait personne qui n'entendît dans ce sens tout ce que les Prophètes avaient annoncé sur le royaume de Dieu, sur les victoires de son envoyé, sur l'étendue de sa domination. Il a fallu toute l'autorité de l'Evangile, pour donner aux hommes l'idée d'un royaume spirituel. Il n'est donc pas étonnant que ces Juifs égarés par leur opinion, et animés par leur zèle, voulussent proclamer roi celui qui, à ses prodiges, se faisait reconnaître pour le Messie.

Mais Jésus-Christ ne se prête pas à leur erreur. Pour leur épargner une révolte criminelle, il se dérobe à leur empressement. Autant ce divin Sauveur était jaloux de faire rendre à Dieu ce qui lui appartient, autant il était exact à faire rendre aux souverains de la terre ce qui leur est dû. Il en donnait non-seulement le précepte, mais l'exemple. S'il ordonne de payer le tribut à César, il le paie lui-même; et sa pauvreté ne lui en laissant pas

le moyen, il fait un miracle pour l'acquitter. Il déclare que son royaume n'est pas de ce monde, et en conséquence il refuse de se rendre juge d'une contestation temporelle. Sa loi donne au pouvoir suprême le plus solide fondement; elle le pose sur la conscience : loi admirable, qui, soumettant le chrétien à la puissance qu'il trouve établie, protége tous les gouvernements, et n'en prescrit aucun; loi merveilleusement adaptée à l'universalité de l'Eglise, qui en fait la religion commune de tous les gouvernements, et qui intéresse à sa conservation toutes les sociétés, sous quelque forme qu'elles soient constituées.

En se refusant aux vœux indiscrets de ce peuple qui veut le déclarer son roi, non-seulement Jésus-Christ nous montre la fidélité que nous devons à nos souverains; il nous apprend encore à réprimer une passion d'autant plus dangereuse, que les préjugés du monde l'ennoblissent; d'autant plus commune, que, loin d'en rougir, on la regarde à peine comme un défaut ; d'autant plus funeste, qu'après avoir été la première cause de nos malheurs, elle l'est encore d'une grande partie des désordres qui désolent la terre. Le germe de l'ambition est dans tous les cœurs; il n'attend que les plus légères occasions pour se développer et se féconder, pour étendre ses malheureuses racines, et pour produire des fruits bien amers à la société et à nous-mêmes. L'ambition est de tous les états; ses objets varient selon les diverses positions; sa sphère s'étend ou se rétrécit, selon la différence des conditions: mais c'est constamment la même passion, toujours vicieuse devant Dieu et funeste aux hommes. Pour nous en guérir, jetons les yeux sur toute la vie de l'Homme-Dieu. Quand il choisit un état, il se place dans le plus bas ; quand il se donne des apôtres, il va les chercher dans la condition la plus humble; quand il voit naître dans eux la prétention de s'élever les uns au-dessus des autres, il la réprime avec sévérité. Sa maxime favorite, qu'il répète fréquemment pour l'inculquer avec force, est que, pour se voir exalté dans le

ciel, il faut s'abaisser sur la terre. Tout son Evangile est
l'expression de ce grand principe. Si nous voulons être
ses disciples, soyons donc les observateurs de ses pré-
ceptes, les imitateurs de ses exemples. Si nous concevons
l'ambition la seule raisonnable, la seule utile, la seule
noble, la seule digne d'un chrétien, défaisons-nous de
ces frivoles, dangereuses et basses ambitions qui, nous
tenant attachés à la terre, arrêtent notre essor. Contents
de l'état où la Providence nous a mis, n'aspirons qu'à
celui qu'elle nous destine. Qu'est-ce qu'une plus gran-
de élévation ? de plus grands devoirs et de plus grands
dangers. N'avons-nous donc pas déjà assez, et d'obliga-
tions à remplir, et de risques à courir? Pourquoi volon-
tairement aggraver notre fardeau, et multiplier nos pé-
rils? Aurions-nous la ridicule prétention d'épuiser notre
ambition en la satisfaisant? Ne devons-nous pas savoir,
et par l'exemple de tout ce qui nous environne, et peut-
être par notre propre expérience, que cette malheureuse
passion ne connaît ni mesure ni terme? Ses revers, au
lieu de la corriger, la désespèrent; ses succès, au lieu de la
rassasier, ne font que l'irriter. Au milieu de la jouissan-
ce de ce qu'elle a obtenu, elle se tourmente de ce qu'elle
n'a pas encore; et de nouvelles prétentions reviennent
sans cesse être pour elle la source de nouvelles agitations.
Il ne peut y avoir de tranquillité que dans le cœur vide
d'ambition. L'homme qui est en paix avec ses désirs,
goûte le calme intérieur, le premier des biens de ce mon-
de, l'avant-goût de ceux de l'autre. Quelle différence
de bonheur ! et il ne s'agit même ici que du bonheur
temporel, entre celui qui a tout ce qu'il veut, et celui
qui veut tout ce qu'il n'a pas. Une saine philosophie suf-
firait pour dégoûter l'homme de l'ambition: la religion
doit l'en corriger entièrement. Elles se réunissent pour
lui inspirer la modération dans ses désirs, en lui mou-
trant qu'elle est tout à la fois le principe de son bonheur
le plus solide dans le temps, et la route de son éternelle
félicité.

ÉVANGILE

DU DIMANCHE DE LA PASSION.

Jésus-Christ défie les Juifs de lui trouver un péché. Animosité des Juifs contre lui. Ses réponses.

Jésus dit aux Juifs: Qui de vous me convaincra de péché? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyezvous pas? Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu. Ce qui fait que vous ne les écoutez pas, c'est que vous n'êtes pas de Dieu. Les Juifs lui répondirent: N'avons-nous pas raison de dire que vous êtes un samaritain et un possédé du démon? Jésus leur répartit: Je ne suis point possédé du démon ; mais j'honore mon Père, et vous m'avez déshonoré. Pour moi, je ne cherche point ma gloire ; un autre en prendra soin et me rendra ‍justice. En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un observe ce que j'enseigne, il ne mourra jamais. Alors les Juifs lui dirent: C'est maintenant que nous connaissons que vous êtes possédé du démon. Abrahan est mort et les Prophètes aussi; et vous dites: Si quelqu'un observe ce que j'enseigne, il ne mourra jamais. Etesvous plus grand que notre père Abraham qui est mort, et que les Prophètes qui sont morts aussi? qui prétendez-vous être? Jésus répartit: Si je me glorifie moimême, ma gloire n'est rien; celui qui me glorifie, c'est mon Père que vous dites être votre Dieu, et que vous ne connaissez pas; moi, je le connais, et si je disais que je ne le connais pas, je serais menteur comme vous. Mais je le connais et j'observe sa parole. Abraham, votre père, a désiré avec ardeur de voir mon jour ; il l'a et a été comblé de joie. Les Juifs lui dirent: Vous

vu,

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