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certaine, parce que nous nous la serons dissimulée; mais elle en sera bien plus terrible: elle eût dû être notre salut, elle sera notre perte.

Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu. Ce qui fait que vous ne les écoutez pas, c'est que vous n'êtes pas de Dieu. Ceux qui auraient le plus besoin de la parole de Dieu, sont précisément ceux qui s'en éloignent. Tandis que le juste fait ses délices de la loi sainte, la contemple, l'étudie, la médite sans cesse, le pécheur, qui aurait tant d'intérêt à s'en pénétrer, la repousse loin de lui, comme ennuyeuse à son esprit, et comme importune à ses passions. Ainsi, le malade hors de sens, craint plus les remèdes qui le dégoûtent, que le mal qui le conduit à la mort. Une des marques les plus sûres de notre avancement, ou de notre décadence dans la piété, est notre goût ou notre dégoût pour la parole divine: et Jésus-Christ nous donne ici cette règle pour connaître si nous sommes ou si nous ne sommes pas de Dieu. Ils ne sont pas de Dieu, ceux qui n'assistent jamais à la distribution de sa parole, ou qui s'y présentent rarement, ou qui s'y traînent avec répugnance. Ils ne sont pas de Dieu, ceux qui écoutent sa parole avec légèreté, et pour qui elle n'est qu'un son qui frappe l'oreille, sans pénétrer jusqu'au cœur. Ils ne sont pas de Dieu, ceux qui recherchent, non ce qui vient de Dieu, l'instruction et l'édification, mais ce qu'y met l'homme, les ornements de l'éloquence mondaine. Ils ne sont pas de Dieu, ceux qui, au lieu d'y venir avec la soumission convenable, y apportent un esprit de critique, et viennent juger la parole qui sera un jour leur juge. Ils ne sont pas de Dieu, en un mot, tous ceux qui ne la reçoivent pas avec l'esprit de Dieu, et qui en font, au lieu de la nourriture de leur âme, la pâture de leur dissipation ou de leur malignité.

Les Juifs lui répondirent: N'avons-nous pas raison de dire que vous êtes un samaritain et un possédé du démon? Jésus-Christ venait de presser les Juifs de spécifier nettement leurs accusations. Il les avait défiés de nommer un.

péché dont il fût coupable. Ils se gardent bien d'accepter son défi. Ils sentaient l'impossibilité d'articuler positivement contre lui une seule inculpation. Ils ne lui répondent que par des déclamations vagues, et par des injures absurdes. Ils savaient parfaitement qu'il n'était pas un samaritain. Pour peu qu'ils eussent réfléchi, ils eussent vu qu'un homme qui ne faisait que du bien, qui prêchait la morale la plus sainte, dans qui il était impossible de trouver une faute à reprendre, n'était pas possédé du démon. Mais la haine ne connaît pas la réflexion; elle n'a que de l'emportement. Celle dont les incrédules de notre temps sont animés contre JésusChrist, ressemble beaucoup à celle des incrédules de ce temps-là. Otez de leurs écrits les déclamations générales, les injures vagues, les railleries indécentes, que restera-t-il? un petit nombre d'arguments usés, cent fois réfutés, continuellement rajeunis, et reproduits tantôt sous d'autres formes, tantôt sous la même. Voilà tout ce que l'animosité la plus acharnée a jamais pu produire.

Ces injures si injustement et si bassement vomies contre Jésus-Christ nous présentent une considération bien importante pour nous-mêmes. En marchant sur ses traces, nous devons nous attendre à être traités comme lui. Consolez-vous, âmes fidèles, quand votre attachement à la religion vous attirera les injures de ses ennemis. Songez que vous en devenez plus semblables à JésusChrist calomnié et outragé. En entrant dans la carrière de la piété, vous avez dû, d'après les orateurs sacrés, vous attendre aux persécutions (1). Plus votre vie exemplaire fera la censure des pécheurs, plus elle sera aussi l'objet de leurs censures. Le vice ne pardonne pas à la vertu la honte que lui font ses exemples; et il s'efforce de l'humilier à son tour, par ses railleries et ses opprobres. Mais de ces humiliations même, l'homme instruit

(1) Omnes qui pie volant vivere in Christo Jesu, persecutionem patientur. II Timoth, 111, 12.

par Jésus-Christ, sait tirer sa gloire et son bonheur : sa gloire, du motif qui les lui attire; son bonheur, de la récompense qu'elles lui assurent. Quand il entend d'un côté les calomnies que vomissent contre lui les détracteurs de la vertu, il entend de l'autre son divin Maitre lui dire : C'est au milieu de la haine des hommes et de leurs outrages encourus à cause de moi, que vous devez vous estimer heureux. Réjouissez-vous et triomphez, car une grande récompense vous est préparée dans le ciel (1). Ainsi s'avance avec fermeté vers son terme le juste appuyé sur le témoignage de sa conscience, sans se laisser détourner de sa route par quelques vains aboiements qui résonnent autour de lui, et sans craindre de faibles morsures qui ne peuvent lui faire aucun mal.

Jésus leur répartit: Je ne suis point possédé du démon; mais j'honore mon Père, et vous m'avez déshonoré. Pour moi, je ne cherche pas ma gloire : un autre en prendra soin, el me rendra justice. Ces paroles du divin Sauveur nous présentent un modèle de conduite, lorsque nous sommes attaqués par la calomnie. Il ne daigne pas réfuter l'imputation d'être samaritain, trop absurde pour exiger une apologie; mais il croit devoir répondre à celle d'être possédé du démon, parce qu'elle pourrait faire impression et nuire à son ministère. Distinguons entre les inculpations que la malignité répand contre nous, d'abord celles qui, par leur invraisemblance, ne doivent avoir aucun effet, de celles qui peuvent produire quelque sensation; et dans celle-ci, distinguons encore ce qui ne porte que sur notre personne, et ce qui peut intéresser nos fonctions. Les premières ne méritent que notre mépris; et la manière la plus efficace comme la plus noble de les faire tomber, est de n'y donner aucune attention. Quant aux calomnies d'un genre plus grave,

VOS,

(1) Beati eritis cum vos oderint homines, et cum separaverint et exprobraverint, et ejecerint nomen vestrum tanquam malum propter Filiam hominis. Gaudete in illa de, et exultate: ecce enim merces vestra multa est in cœlo. Luc. vi, 22 et 23.

et que quelques probabilités pourraient accréditer, il nous est permis sans doute de nous en laver. La répu— tation est un de nos biens; la conserver est un de nos droits; c'est même un de nos devoirs, quand nous sommes revêtus d'un ministère auquel son intégrité est nécessaire. Nous devons aux fonctions dont nous sommes chargés, tout ce qui peut leur concilier le respect, et. l'un des plus grands vices de scandale dans les hommes élevés, est d'avilir leur dignité avec leur personne. Il faut, disait le grand Apôtre au disciple qu'il avait établi évêque d'Ephèse, il faut que le ministre des autels ait un bon témoignage de ceux même qui sont au dehors, pour qu'il ne devienne pas un sujet d'opprobre (1). Rendez-vous, dit-il à un autre qu'il avait mis à la tête de l'Eglise de Crète, rendez-vous en toutes les occasions le modèle des bonnes œuvres, afin que ceux qui nous sont opposés nous révèrent, n'ayant aucun mal à dire de nous (2).

Mais cette défense de notre réputation, permise par la religion, est réglée par elle. Légitime en elle-même, elle cesse de l'être quand elle excède les justes bornes. Elle n'est plus une défense, quand elle devient une attaque. Et Jésus-Christ nous donne ici à cet égard un grand exemple. Violemment attaqué, il se borne à nier ce que la calomnie lui impute. Il ne se permet pas les récriminations, les reproches qu'il lui eût été si facile d'opposer à ses ennemis. Il se contente de se plaindre à eux-mêmes de ce que, tandis qu'il rend honneur à son Père, ils cherchent à lui ravir le sien. Formé sur ce modèle, le chrétien, en butte aux traits de la calomnie, les écarte et ne les renvoie pas. Il pare les coups qu'on lui porte, mais il se garde d'en porter. Inaccessible au ressentiment, ce n'est pas lui-même qu'il plaint; ce

(1) Oportet autem illum et testimoniam habere bonum ab iis qui foris sunt, ut non in opprobrium incidat. 1 Timoth. 111, 7.

(2) In omnibus teipsum præbe exemplum bonorum operam... ut is qui ex adverso est, vereatur, nihil habens malum dicere de nobis. Ad Tit. 11, 7 et 8.

sont ceux qui, par leurs criminelles détractions, se font plus de tort qu'à lui. Supérieur à la vengeance, nonseulement il leur pardonne, mais il implore pour eux le pardon céleste; et il forme des vœux pour leur félicité, au moment même où ils le déchirent de leurs outrages. Une autre règle nous est imposée dans notre justification; et Jésus-Christ nous en donne l'exemple : c'est de n'y pas chercher notre gloire. Notre motif doit être l'honneur de Dieu, l'édification du prochain. Distinguons l'apologie, de la jactance; le soin de notre réputation, de la vanité; la crainte du blâme, du désir de la louange; la conservation de notre honneur, de l'accroissement de notre gloire. Qu'ils courent après la gloire de ce monde, ceux qui ne vivent que pour le monde présent; qu'ils prétendent à ce prix futile, proportionné à leurs vues étroites; qu'ils se repaissent de cette fumée, digne aliment d'un frivole amour-propre. A la suite de Jésus-Christ on prend une plus noble ambition. On aspire, non à la gloire que distribuent les hommes, mais à celle que Dieu dispense; non à une gloire incertaine, mais à une gloire assurée; non à une gloire bornée, mais à une gloire infinie; non à une gloire passagère, mais à une gloire éternelle. C'est en foulant aux pieds la gloire terrestre, que les disciples de Jésus-Christ marchent vers la gloire céleste. En remettant, à l'exemple de leur divin Maître, tout le soin de leur réputation à celui qui peut seul en donner une solide, ils attendent dans une religieuse confiance le jour de sa justice. Il viendra, ce jour si fortuné pour eux, où, à la face du ciel et de la terre, le Dieu qu'ils ont servi les revêtira de sa propre gloire. Et ceux qui les poursuivaient de leurs calomnies, devenus solennellement des objets d'opprobre, de quelle confusion ne seront-ils pas péné– trés?

En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un observe ce que j'enseigne, il ne mourra jamais. Quel autre qu'un Dieu eût osé attacher à l'observation de sa loi, pour récompense, l'immortalité? Il y a entre les promesses

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