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reproche plus grave encore, de renier par là leur baptême? Un autre vice également opposé à la profession chrétienne, et pareillement condamné par Jésus-Christ, est la vie molle et sensuelle que le luxe a amenée parmi nous. Il n'y a qu'un chemin pour aller au ciel, et JésusChrist nous le déclare positivement; c'est celui où il a marché lui-même, chargé de sa croix, et où il nous ordonne de le suivre (1). Et s'il en existait un autre plus commode, ce Dieu, si plein de bonté, ne nous l'auraitil pas indiqué? Que l'on nous cite un seul saint qui ait opéré son salut sans mortification, et en suivant la voie du plaisir. Il semblerait, à voir la vie que mène la plus grande partie, disons même l'universalité morale des hommes, qu'un nouvel évangile, contraire au premier, leur ait été apporté, ou que la mollesse et la sensualité aient prescrit contre la loi divine. Jésus-Christ a dit : Il n'y a qu'une chose nécessaire (2), et cette chose est le salut où il faut entrer par beaucoup de tribulations (3). Le monde dit aussi : Il n'y a qu'une affaire, mais cette affaire est la jouissance la plus étendue de toutes les aisances, des commodités, des douceurs de la vie, et surtout l'éloignement le plus absolu de toute gêne, de toute contrariété, de toute souffrance. Le plaisir est l'objet de toutes les pensées, le terme de tous les désirs, la fin de tous les projets, le but de toutes les démarches, le sujet de toutes les conversations, l'âme de toutes les sociétés; tous les moments qu'on n'y consume pas sont employés à le préparer, et l'occupation unique, générale, est la continuité, la succession, la variation des plaisirs. Ainsi, marchant toujours dans la route opposée à celle qu'a tracée Jésus-Christ, on arrive nécessairement au terme contraire. Puisqu'il faut alternativement, dans ce monde et dans l'autre, être dans les

(1) Si quis vult post me venire, abneget semetipsum, et tollat crucem suam, et sequatur me. Matth. xvi, 24.

(2) Porro unum est necessarium. Luc. x, 42.

(3) Per multas tribulationes opportet nos intrare in regnum Dei. Act. XIV, 21.

souffrances et dans la joie, les peines de la vie présente auront pour dédommagement la félicité de la vie future, et les jouissances du siècle seront suivies des peines de l'éternité.

Qu'êtes-vous donc allés voir ? C'est un prophète, et je vous le dis, c'est plus qu'un prophète; car c'est de lui qu'il est écrit: Voilà que j'envoie devant vous mon ange, qui vous préparera le chemin. L'humilité de S. Jean-Baptiste l'avait empêché de se reconnaître pour un prophète; la justice de Jésus-Christ l'en récompense, en le plaçant au-dessus des prophètes. Non-seulement ce grand personnage est, comme eux, le porteur des oracles divins; mais, ce qui n'a été accordé à aucun d'eux, il est l'objet des oracles. Tous les siècles concourent à sa gloire ; ceux qui l'ont précédé, en le prédisant; ceux qui le suivent, en l'honorant. Il n'annonce pas seulement de loin le Christ, comme ont fait les Prophètes; il le montre à la terre, et il prêche non le Messie qui doit venir, mais le Messie présent au milieu de son peuple. Il ferme la succession des Prophètes, et ouvre la mission des Apôtres. Il appartient tout à la fois et à l'ancienne loi et à la nouvelle, et s'élève entre l'une et l'autre comme une colonne majestueuse, pour marquer la limite qui les sépare. Prophète, apôtre, docteur, solitaire, vierge, martyr, il est plus que tout cela, parce qu'il est tout cela en même temps. Il réunit tous les titres à la sainteté ; et rassemblant dans lui seul tout ce qui constitue les différentes classes de saints, il forme au milieu d'eux une classe particulière. Aussi le Sauveur termine-t-il son éloge, en déclarant qu'entre les fils des femmes ce qui ne comprend pas son auguste Mère) il ne s'en est pas élevé de plus grand que Jean-Baptiste (1). Rien ne peut être ajouté à cette louange, et tout ce qu'on entreprendrait d'y joindre, ne ferait que l'affaiblir.

(1) Amen dico vobis, non surrexit inter natos mulierum, major Joanne Baptista. Matth. xi, 11.

ÉVANGILE

DU TROISIÈME DIMANCHE DE L'AVENT.

Députation des Juifs vers S. Jean-Baptiste, et ses réponses.

LES Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites vers Jean, pour lui demander: Qui êtes-vous? car il le confessa, et il ne le nia point, et il déclara qu'il n'était point le Christ. Et ils lui demandèrent: Qui donc? Etes-vous Elie? Il dit : Je ne le suis point. Etesvous un prophète? Et il répondit: Non. Ils dirent donc Qui êtes-vous, : afin que nous rendions compte à ceux qui nous ont envoyés? Que dites-vous de vousmême ? Je suis, dit-il, la voix de celui qui crie dans le désert: Rendez droite la voie du Seigneur, ainsi que l'a dit le prophète Isaïe. Or, ceux qui avaient été envoyés, étaient des pharisiens, et ils lui firent encore cette demande Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n'êtes ni le Christ, ni Elie, ni un prophète? Jean leur répondit: Pour moi, je baptise dans l'eau; mais au milieu de vous se tient un Homme que vous ne connaissez pas; c'est celui qui doit venir après moi, qui a été fait avant moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers. Cela se passa à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait. Jean, 1; 19 et 28.

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EXPLICATION.

Les Juifs envoyérent de Jérusalem des prêtres et des lévites vers Jean, pour lui demander: Qui êtes-vous ? L'Evangile ne nous marque pas précisément quel était le motif de cette députation que firent les Juifs à S. JeanBaptiste; mais on peut avec fondement conjecturer que leur intention n'était pas pure. Les prêtres et les lé

vites députés étaient de la secte des Pharisiens; secte orgueilleuse, hypocrite, jalouse de la considération, de l'estime, et surtout de l'autorité. Il est aisé de croire que ces hommes si dangereux, qui persécutèrent dans la suite Jésus-Christ avec tant d'artifice, d'opiniâtreté et de violence, n'étaient nullement disposés en faveur de S. Jean-Baptiste. Ce saint personnage n'avait pas reçu d'eux sa mission, et agissait par une autorité indépendante de la leur. Il avait d'ailleurs déjà démasqué leurs vices, et les avait traités de races de vipères lorsqu'ils étaient venus recevoir de lui le baptême (1). Les demandes qu'ils lui font n'annoncent pas des hommes de bonne foi ; et si le désir de connaître la vérité eût été le motif de leurs questions, les réponses de Jean-Baptiste, en les éclairant, les auraient disposés à recevoir JésusChrist avec le respect et la soumission qu'ils lui devaient. Mais ce saint précurseur était dans une haute vénération auprès de tout le peuple qui accourait en foule auprès de lui, tant des villes que des campagnes, pour recevoir de sa bouche des instructions, et de sa main le baptême; mais l'opinion commençait à se répandre qu'il était le Messie attendu depuis si longtemps, et dont l'arrivée, d'après les prophéties, devait être prochaine les chefs de la Synagogue jugeaient utile de faire parade de leur zèle, et de se montrer attentifs à tout ce qui concernait la religion. Il était dans leurs principes de se prétendre juges de la réalité du Messie, et de ne permettre de regarder et de révérer comme tel, que celui qui aurait obtenu leurs suffrages. D'ailleurs, en faisant à Jean-Baptiste la demande de déclarer positivement s'il était le Messie, on le mettait dans la nécessité de faire une réponse dont on abuserait contre lui. S'il l'affirme, on le présentera au peuple comme un orgueilleux et un imposteur; s'il le nie, on se ser

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(1) Videns autem multos Pharisæorum et Saducæorum venientes. ad baptismum suum, dixit eis: Progenies viperarum, quis demonstravit vobis fugere a ventura ira? Matth, 11, 7.

vira de son propre témoignage pour le décrier. Ainsi, l'insidieuse méchanceté sait profiter de tout pour nuire, et fait concourir à ses détestables fins les moyens les plus contraires.

son

Mais tandis que ces basses et criminelles pensées font résoudre dans la Synagogue cette députation vers S. Jean-Baptiste, un motif tout opposé la décrète dans le ciel, et en est la véritable cause. Il était important au ministère du saint précurseur qu'il démentît lui-même les bruits trop avantageux qui se répandaient à son sujet; qu'il avertît les Juifs que ce n'était pas lui qui était le Messie, et qu'il prémunît les générations futures contre cette dangereuse opinion, que ses admirables vertus et le rapport des temps eussent pu accréditer. Par cette députation, Dieu a voulu aussi procurer à Eglise un autre bien; un exemple de candeur et d'humilité dans la personne de S. Jean-Baptiste, et une leçon importante sur la conduite à tenir dans les circonstances délicates, où l'hommage dû à la vérité peut devenir un témoignage rendu à l'amour-propre. Et voilà où aboutissent les vues malhonnêtes et coupables des Juifs. Leur but est de tenir la haute réputation de S. Jean-Baptiste qui les offusque, et ils répandent par là un nouvel éclat sur ses perfections, et ils procurent un témoignage solennel à ce Messie qu'ils doivent persécuter dans peu de temps.

Tel est l'ordre constant et éternel des choses. Les événements semblent amenés sur la terre par des causes secondes, et ils sont disposés dans le ciel par une cause première dont ces causes subalternes ne sont que les instruments. Tout dans le monde suit l'impulsion d'une main motrice et invisible; et la suprême Puissance déconcertant toutes les pensées humaines, emploie souvent à l'exécution de ses desseins les moyens qui nous paraissent y être les plus opposés. Les méchants, qu'elle tolère dans ce monde, y concourent aux vues de sa sagesse, en attendant qu'ils servent dans un autre monde à manifester sa justice. Ils sont utiles aux bons, pour éprouver, pour purifier,

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