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ciel. L'Eglise militante glorifie Jésus-Christ par ses œuvres; l'Eglise triomphante, par ses continuelles acclainations c'est notre route et notre terme; c'est notre destination du temps et de l'éternité.

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ÉVANGILE

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DU CINQUIÈME DIMANCHE APRÈS PAQUES.

Jésus-Christ prescrit la prière, il est prêt de retourner à son Père.

Jésus dit à ses disciples: En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez à mon Père quelque chose en mon nom, il vous l'accordera. Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, et votre joie sera parfaite. Je vous ai dit toutes ces choses en paraboles. L'heure vient où je ne vous parlerai plus avec obscurité, mais où je vous annoncerai avec clarté ce qui concerne mon Père. En ce tenipslà vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que je prierai mon Père pour vous; car mon Père vous aime, parce que vous m'avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. Je suis sorti de mon Père, et je suis venu dans le monde de nouveau je vais quitter le monde, et aller à mon Père. Ses disciples lui dirent Vous nous parlez maintenant avec clarté, et vous n'employez point de paraboles. Nous savons à présent que tout vous est connu, et qu'il n'est pas besoin que personne vous interroge, et, par cette raison, nous croyons que vous êtes sorti de Dieu. (Jean, xvi, 23-30.)

EXPLICATION.

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Jésus dit à ses disciples: En vérité, en vérité, je vous le

dis, si vous demandez à mon Père quelque chose en mon nom, il vous l'accordera. Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, et votre joie sera parfaite. Ce n'est pas seulement à ses apôtres que Jésus-Christ adresse cette exhortation; elle doit retentir dans tous les pays et dans tous les siècles où son nom sera invoqué: elle s'étend à tout ce qui doit jamais exister de chrétien. Nous en sommes l'objet autant que les Apôtres. Magnifique promesse, qu'il n'appartient qu'à un Dieu de faire, parce que lui seul peut l'accomplir. Tout, sans exception, sans restriction, tout ce que nous demanderons au nom de Jésus-Christ nous sera accordé. Il donne à sa munificence toute l'étendue de nos vœux. Tel est l'effet infaillible de la prière. Les Pères n'ont pas craint de comparer sa force irrésistible à celle de la parole toute-puissante de Dieu. Ils lui trouvent même une sorte de supériorité. Dieu n'exerce son pouvoir que sur des créatures. La prière agit sur Dieu même, et ce que nous n'oserions dire, si l'Esprit saint n'avait consacré cette expression: Dieu obéit à la voix de l'homme (1).

Si la prière est un moyen certain de salut, elle en est aussi le moyen nécessaire. Nous avons dans notre religion deux vérités essentielles et fondamentales : nous ne pouvons nous sauver que par la grâce; nous ne pouvons obtenir la grâce que par la prière. Prétendre atteindre le ciel par nos propres forces, ou compter sur le secours divin sans l'implorer, sont deux présomptions également criminelles et extravagantes. La voix qui a dit: Sans moi vous ne pouvez rien faire (2), a dit aussi: Il faut toujours prier, et n'y jamais manquer (3). Et puisque la grâce est un besoin, la prière est nécessairement un devoir; devoir essentiel qui n'admet ni excuse ni supplément. Toutes les autres pratiques peuvent

(1) Obediente Domino voci hominis. Jos, x, 14.
(2) Sine mne nihil potestis facere. Joan. xv, 5.
(3) Oportet semper orare, et non deficere. Luc. xy.

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devenir impossibles. Il n'existe pas de circonstances où le cœur de l'homme puisse s'élever vers Dieu. Tous les autres devoirs peuvent être remplacés: le jeûne, par l'aumône; les bonnes œuvres, par des œuvres d'un prix égal; la pénitence, par la contrition parfaite; le baptême, par le désir ardent ou par le martyre. Rien ne peut être substitué à la prière, parce qu'elle est ellemême le remplacement de tout le reste et le devoir nécessaire pour faire remplir tous les autres. Et ne devraitelle pas être aussi un plaisir ? N'est-ce pas pour l'amitié un bonheur de s'entretenir avec ce qu'elle aime ; et pour la reconnaissance, la plus douce satisfaction de grâces? N'est-il pas, et bien étonnant, et bien déplorable qu'il faille exhorter des chrétiens à la prière; et bien plus encore, qu'on soit obligé de leur en justifier la nécessité?

Mais dans notre malheureux siècle, c'est là où nous sommes réduits. Ennemie née de tout bien, l'incrédulité s'acharne à détruire celui que fait continuellement la prière. Non contente d'en détourner les fidèles. par ses dissipations, par ses railleries, par ses exemples, elle l'attaque par système et par raisonnement. Elle prétend que, Dieu connaissant nos besoins, il est inutile de les lui exposer; qu'étant souverainement bon, il ne sert à rien de les lui demander; et que la prière est une injure tout à la fois, et à sa science, et à sa miséricorde infinie.

Pour confondre ce vain sophisme, il suffirait de répondre ce que répondait S. Jérôme à Vigilantius, dont les incrédules de nos jours ressuscitent la vieille erreur expirée depuis longtemps: Dieu l'a voulu. Maître de ses dons, il ne nous les doit pas : il est donc libre, quand il veut bien nous les accorder, de les attacher aux conditions qu'il lui plaît. Nous n'avons pas droit de les exiger: nous ne pouvons donc pas nous plaindre du prix qu'il y met. Et ne valent-ils pas bien au moins la peine d'ètre demandés? Il fait avec nous un pacte qui est tout à notre avantage : Demandez, et vous recevrez. Nous

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l'invoquons, et il nous exauce. Nous lui présentons quelques prières : voilà notre obligation ; il répand surn nous les plus abondants bienfaits : voilà son engagement. ra Mais nous n'avons pas besoin de recourir à la toute- et puissance de Dieu, pour justifier son précepte. L'utilité so de la prière n'est pas un mystère. Quand la foi ne nous u découvrirait pas ses avantages, notre raison suffirait pour nous les faire connaître. La prière nous rapproche de l Dieu; nous met en communication avec lui; nous rappelle son idée salutaire; nous ramène au sentiment de sa grandeur et de notre dépendance, de sa bonté et de nos besoins. La prière est un lien commun. C'est elle qui unit l'Eglise de la terre à celle du ciel ; et, dans l'Eglise militante même, c'est la prière qui rassemble tous Di les fidèles. Elle est, et le moyen de leur communion, et un signe de leur unité. Dans la prière, nous professons la foi, nous ranimons l'espérance, nous réchauffons la charité, nous exprimons l'humilité, nous nous excitons ra à la pénitence. La prière est tout à la fois la pratique & a le soutien de toutes les vertus chrétiennes. Elle les exerce et les alimente. Grâces, grâces immortelles à ce Dieu si bon, qui a daigné nous faire une obligation de ce qui nous est si utile, et attacher les dons de sa misé ricorde à ce qui nous procurait déjà tant de biens.

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Le chrétien est par vocation, par devoir, par intérêt, par reconnaissance, par goût un homme de prière. Tous les saints l'ont été, et Jésus-Christ lui-même, ne le voyons-nous pas presque continuellement en oraison? Ce n'était sûrement pas pour lui-même, c'était pour n nous qu'il priait. En implorant en notre faveur les grâu ces célestes, il nous apprenait à les demander; en mème temps que notre intercesseur, il se faisait notre modèle. Hélas! pourquoi est-il si peu imité? Au sein du christianisme, combien peu de vrais chrétiens! Parmi ceux même qui se piquent d'avoir de la religion, combien à qui Jésus-Christ pourrait adresser le reproche qu'il fait à ses apôtres Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom! Il y a sur ce devoir deux abus dépla

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ables les uns négligent la prière, les autres la font mal. Il y a deux prétextes funestes: ceux là prétendent e pas savoir prier, ne rien trouver à dire dans l'oraiaison; ceux-ci se plaignent que leur prière est inutile, et qu'ils n'obtiennent point leurs demandes. Désabuons les premiers; instruisons les seconds. Prouvons aux ins que la prétendue ignorance qui les éloigne de la prière est chimérique; montrons aux autres comment I faut prier pour rendre leurs demandes efficaces.

Vous dites que vous ne savez pas prier; mais c'est que vous vous faites une fausse idée de la prière; il ne s'agit pas de vous élever à ces états sublimes d'oraison, à ces extases, où l'âme intimement unie à Dieu, se confond entièrement en lui. Ce sont des grâces particulières que Dieu accorde à un petit nombre de saints. Que Paul, transporté d'avance dans le ciel, y entende des paroles amystérieuses qu'il n'est pas permis à une bouche humaine de répéter (1); que Moïse, reçu dans la nuée miraculeuse, y converse avec Dieu face à face, comme un ami avec son ami (2); ce sont des faveurs extraordinaires que peu d'âmes privilégiées ont obtenu de partager. Dieu a fait de la prière une obligation universelle; il l'a donc mise à la portée de tout le monde. Considérez la plus excellente de toutes les prières, celle que JésusChrist nous a donnée, et que, d'après ses instructions, nous répétons tous les jours. La plus parfaite prière est en même temps la plus simple. La prière n'est point un art, elle est un sentiment; elle n'exige pas de talents, il ne faut que de la volonté ; elle ne demande pas de connaissances, elle ne suppose que de la foi; ce n'est point une science que l'on acquiert par des études, nous y naissons tous formés. Le livre qui en contient les règles est notre propre cœur.

(1) Scio hujus modi hominem, sive in corpore, 'sive extra corpus nescio, Deus scit: quoniam raptus est in paradisum; et audivit arcana verba, quæ non licet homini loqui. II Cor. x. 3 et 4.

(2) Loquebatur autem Dominus ad Moysen facie ad faciem sicut solet loqui homo ad amicum suam. Exod. xxxiii, 11.

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