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nouvelle, de même que les autres sacrements, tire toute sa force des mérites de Jésus-Christ, de sa passion et de sa mort ils nous appliquent les bienfaits de la rédemption; ce que ne pouvaient opérer, ni le baptême de S. Jean, ni toutes les autres cérémonies antérieures à la passion du Sauveur. Elles signifiaient la grâce, mais elles ne la conféraient pas; elles préparaient les cœurs à la recevoir, mais elles ne l'y répandaient pas. Faibles et vides éléments, ainsi que les appelle le grand Apôtre (1), elles produisaient quelque effet, non par une force qui leur fût propre, mais par les dispositions qu'elles trouvaient dans l'âme. Le baptême de Jean était le baptème de la pénitence, parce qu'il engageait à la faire; le baptême de Jésus est celui de la rémission, en ce que par sa propre vertu il efface jusqu'à la dernière trace, et du péché de notre origine, et de ceux de notre volonté.

Tandis que S. Jean-Baptiste parle de lui et de ce qui le concerne, avec tant de modestie, et qu'il n'en dit que ce qu'il est absolument obligé d'en dire, il s'étend avec complaisance sur les grandeurs de Jésus-Christ, et il trouve encore, en le louant, le moyen de s'humilier lui-même. Autant l'homme vertueux s'efforce de renfermer dans le secret les dons qu'il a reçus de Dieu, autant il aime à publier ceux dont les autres sont ornés. Sa modestie souffre des éloges qu'il reçoit; sa charité jouit de ceux qu'il donne. En cela, comme dans tout le reste, il est absolument opposé aux usages du monde : on aime à recevoir la louange bien plus qu'à la donner. Nous voulons la recueillir avec abondance; nous la répandons avec parcimonie. Il semble que ce soit un trésor, dont nous perdons tout ce que nous accordons aux

post me venturus est, fortior me est, cujus non sum dignus calceamenta portare. Ipse vos baptizabit in Spiritu sancto et igni. Matth. I, II.

(1) Quomodo convertimini iterum ad infirma, et egena elementa, quibus denuo servire vultis? Ad Galat. iv. 9.

autres. Empressés à faire remarquer les défauts de nos frères, nous sommes négligents à relever leurs bonnes qualités. Dans la société, pour un éloge, combien de médisances! Si on loue quelqu'un, c'est presque toujours, ou en sa présence, ou devant ceux qui peuvent le redire. Les compliments sont communs; les éloges sont rares : et quand enfin on se voit obligé de donner quelque louange, on s'en dédommage par des restrictions qui la font dégénérer en satire. N'est-ce pas là ce que nous voyons tous les jours dans ce monde poli, et qui se prétend honnête? S'il était animé de cette véritable honnêteté que donne la religion, qui consiste non dans les manières, mais dans les sentiments; qui ne donne pas pour recevoir, mais qui répand avec autant de désintéressement que de profusion, qui n'attend pas les égards pour en rendre, mais qui, selon le précepte de l'Apôtre, les prévient par les siens (1); qui, en un mot, n'est autre chose que la charité appliquée aux usages de la vie civile, il ressentirait autant de plaisir à louer, qu'il y trouve de peine: la justice rendue au mérite, serait pour lui une satifaction; et au lieu de ressembler au vil avare qui ne jouit que de ce qu'il amasse pour lui-même, il serait comme le généreux, qui place son bonheur dans ce qu'il distribue aux autres.

Mais si c'est un devoir de louer avec plaisir nos frères, c'en est un bien plus important encore, et plus sacré, d'aimer encore, avec S. Jean-Baptiste, à chanter les louanges de Dieu, à célébrer ses grandeurs infinies et ses immenses bienfaits. La nature entière, dit le Prophète, publie continuellement sa gloire (2). N'y aurat-il dans la nature, que nous, qui y sommes obligés à bien plus de titres, que nous, pour qui il a créé toute la nature, que nous, qu'il a comblés de ses faveurs les plus signalées et les plus abondantes, qui méconnais

(1) Honore invicem prævenientes. Ad Rom. XII, 10.

(2) Cœli enarrant gloriam Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum. Psal. xvi, 12.

sions cette loi commune à toutes les créatures? Quand notre dépendance ne nous en ferait pas une obligation, la reconnaissance ne devrait-elle pas nous en faire un bonheur? On se plaît à s'entretenir de ce qu'on aime, et l'objet le plus agréable de nos discours est celui de nos affections. Ils s'occupent sans cesse de Dieu, ils s'en entretiennent avec une satisfaction, avec une joie qui ne peut être sentie et exprimée que par eux, ceux qui ont son amour dans le cœur. Si nous en parlons aussi rarement, aussi froidement, concluons-en que notre cœur n'est pas pénétré d'amour pour lui; état d'autant plus déplorable, que, n'en sentant pas tout le malheur, nous n'avons pas l'envie d'en sortir. Que sont toutes les autres vertus sans celle qui est la première, qui les soutient, qui les anime, qui les vivifie toutes? Jugeons de notre espoir du salut par notre amour pour Dieu, et de notre amour pour Dieu par la satisfaction que nous éprouvons à nous occuper de lui.

Ce que Jean-Baptiste annonce aux Juifs, on peut le dire avec une égale vérité aux chrétiens. Votre Seigneur, votre Dieu est au milieu de vous. Et combien en est-il à qui on pourrait ajouter, comme le saint précurseur: Et vous ne le connaissez pas? Combien, dans ce malheureux siècle, d'incrédules qui nient son existence, qui combattent sa providence, qui rejettent ses dogmes sacrés! Combien d'hérétiques, des chismatiques qui ignorent son Eglise, avec laquelle seule il est et il sera jus qu'à la consommation des siècles! Et dans l'Eglise inème de Jésus-Christ, ô aveuglement plus inconcevable, ô douleur plus amère, combien en est-il encore qui ne le connaissent pas, qui se ferment les yeux pour ne pas le voir, les oreilles pour ne pas l'entendre ; qui méconnaissent ses préceptes, méprisent ses promesses, bravent ses menaces; qui se disent chrétiens et ne veulent même pas savoir ce que c'est que d'être chrétien!

La mauvaise volonté des Juifs se manifeste encore par le peu d'effets que produisent sur eux les admirables discours de S. Jean-Baptiste. Si leur intention avait été

pure, s'ils étaient venus le consulter pour s'éclairer, sa dernière réponse leur aurait donné beaucoup à penser. Le témoignage qu'il rendait à un autre homme plus grand, plus parfait que lui, aurait dû leur ouvrir les yeux, exciter au moins leur curiosité, leur faire demander: Quel est donc cet homme si supérieur à un aussi grand saint? où existe-t-il? n'est-ce pas lui qui est ce Messie que nous cherchons à connaître? S. Jean leur en avait certainement dit assez pour leur faire voir que l'objet de leur attente était au milieu d'eux, et pour leur inspirer le désir de le chercher : mais il ne font aucune attention à ce qu'il leur en dit. Ils avaient craint que cet homme, qui attirait autour de lui toute la Judée émerveillée de son incomparable sainteté, ne voulût passer pour le Messie. Rassurés par sa dénéga– tion précise, ils ne songent pas à ce qu'il leur dit de plus, Ils négligent les discours d'un homme dont ils n'ont plus rien à craindre, et courent se plonger dans ce long et terrible aveuglement, dont, ni les miracles de Jésus-Christ, ni la conversion de l'univers, ni leur propre désastre n'ont pu les retirer.

Ceci se passa à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait (1). Ce n'est pas sans un motif particulier que l'évangéliste exprime le lieu où se fit cette députa– tion. Lorsqu'il écrivait, il pouvait se trouver encore des personnes qui en eussent été témoins, ou qui en eussent entendu parler aux assistants. La circonstance du lieu leur rappelle le fait plus positivement encore, et par là une plus grande authenticité est donnée à l'important et solennel témoignage rendu par S. Jean-Baptiste à Jésus-Christ, à la vue d'une grande multitude, et devant les députés de la Synagogue.

(1) Il ne faut pas confondre le lieu de Béthanie, où S. Jean baptisait, et qui est sur le bord du Jourdain, avec le bourg du même nom voisin de Jérusalem, où le Sauveur ressuscita Lazare. Plusienis Pères remarquent que dans des manuscrits anciens, le lieu où S. Jean reçut la dépuration des Juifs, est appelé, non pas Béthanie, mais Béthabara,

ÉVANGILE

DU QUATRIÈME DIMANCHE DE L'AVENT.

Commencement de la prédication de S. Jean-Baptiste.

LA quinzième année de l'empire de César Tibère, Ponce-Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant tétrarque de la Galilée, Philippe son frère étant tétrarque de l'Iturée et de la Trachonitide; et Lysaniasétant tétrarque d'Abylène, sous les grands-prêtres Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie; et il vint dans tout le pays du Jourdain, prêchant le baptême de la pénitence pour la rémission des péchés, selon ce qui est écrit dans le livre du prophète Isaïe: Uune voix erie dans le désert: Préparez la voix du Seigneur, rendez droits ses sentiers; toute vallée sera comblée; toute montagne et toute colline seront abaissées; les chemins tortus seront redressés, et les raboteux seront aplanis; et toute chair verra le Sauveur envoyé de Dieu. Luc. 111, 1-6.

EXPLICATION.

La quinzième année de l'empire de César Tibère, PoncePilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant tétrarque de la Galilee, Philippe son frère étant tétrarque de l'Iturée et de la Trachonitide, et Lysanias étant tétrarque d'Abylène, sous les grands-prêtres Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie. JésusChrist va ouvrir sa carrière évangélique. Renfermé jusqu'ici dans une petite bourgade de la Galilée, inconnu au monde, dont il doit être le Sauveur, ignoré même de son peuple qui l'attend avec impatience, il se prépare

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