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rent au degré le plus subtil et le plus parfait. Qu'il s'efforce d'abord de leur persuader de supporter avec patience les tribulations qui leur viennent de la main de Dieu. En effet, le meilleur moyen de soumettre sa volonté propre à la volonté divine consiste à comparer entre elles ces deux volontés, et à considérer quelle audace il y aurait à vouloir préférer à la volonté suprême et dominatrice de Dieu celle d'un homme qui n'est que bassesse et néant. Sainte Ludivine s'écriait au milieu de ses cruelles infirmités « Seigneur, je vous remercie intiniment de ne pas m'épargner les douleurs et les aftlictions car la pensée que votre volonté s'accomplit en moi est pour moi une source d'ineffables consolations. » Que le directeur remarque aussi, quel que soit le degré de conformité auquel aspire le pénitent, qu'il est toujours nécessaire de le demander insamment à Dieu; car si, pour acquérir quel que vertu, il est besoin de prières ferventes et continuelles, à plus forte raison, pour arriver à la conformité parfaite, qui est la reine de toutes les vertus, ces prières seront-elles indispensables. Aussi le pénitent, désireux d'unir sa volonté à la volonté divine, devra-t-il s'écrier souvent en présence du Seigneur Enseignez-moi à faire votre volonté, parce que vous êtes mon Dieu (Ps. CXLII, 10).

V. Le directeur rencontrera des personnes pieuses, qui, dans les maux terrestres, comme dans la perte de la santé, des honneurs ou des richesses, saveut se conformer

à la volonté de Dieu; mais il en rencontrera bien peu qui sachent s'y soumettre pleine ment, quand elles sont privées des consolations sensibles, quand elles sont en proie à la sécheresse ou à l'abandon spirituel. Il doit donc leur persuader que cette sécheresse et cet abandon viennent de Dieu, et qu'elles sont tenues de s'y conformer, non moins que dans les autres adversités.

CHARTREUX.- Voy. DISCOURS PRÉLIMI

NAIRE.

CHAUCHEMER (François), Dominicain, né à Blois en 1640, et docteur en théologie, se distingua dans son ordre par son talent pour la prédication. Il prêcha souvent à la cour, et y recueillit des applaudissements mérités. Il fut provincial de Paris. Il mourut dans cette ville le 6 janvier 1713, dans le couvent de son ordre, rue Saint-Jacques. Ses œuvres ascétiques sont: 1° Sermons sur les mystères de la religion chrétienne, Paris, 1709, in-12; -2° Traité de piété sur les avantages de la mort chrétienne, ibid. 1707, 2 vol. in-12.

CHEMINAIS (Timoléon), Jésuite, né à Paris en 1652, fit admirer son talent pour la chaire à la cour et à la ville. Il mourut en 1689, âgé de trente-sept ans, en digne ministre de cette religion qui l'avait animé pendant sa vie. Sa carrière fut courte, mais bien remplie. Outre ses sermons, on a de lui Les sentiments de piété, 1691, in-12, ouvrage qui se ressent un peu trop du style

briliant de la chaire, et pas assez du langage affectueux de la dévotion.

CHEVASSUS (Joseph), curé de Rousses dans le diocèse de Saint-Claude, mort à Saint-Claude, sa patrie, le 25 octobre 1752, âgé de 78 ans, était l'exemple du troupeau qu'il instruisait. On a de lui des Méditations ecclésiastiques, 6 vol. in-12, 1764, où il y a des choses solides et peu de touchantes

CHOEUR.-Parmi les devoirs de la vie religieuse, un des principaux est l'assiduité au chœur. Sur la fidélité à ce devoir on peut mesurer la ferveur et la régularité d'une communauté; et lorsqu'il n'est point rempli, c'est une marque certaine, dit Bourdaloue, du dépérissement de la discipline. Les supérieurs doivent donc, sous peine de faute grave, veiller à l'exacte observance de cette grande obligation. Nous nous contentons ici de faire remarquer quelques abus qui doivent être soigneusement corrigés, pour le bien de la religion; nous voulons parler des motifs frivoles qu'on allègue souvent pour s'exempter de l'assistance au chœur. Clément VIII et Urbain VIII ont ordonné qu'aucun régulier, quel qu'il soit, et nonobstant tout privilége, ne soit exempté du choeur, pas même les généraux, ni les provinciaux, ni les autres supérieurs quelconques, à moins qu'ils ne soient actuellement occupés aux fonctions de leur charge. religieux qui, sous prétexte de quelque inSainte Thérèse s'élève avec force contre les disposition légère, se dispensent facilement du chœur et des autres exercices de la règle; elle ne voit dans une telle conduite qu'une lâcheté honteuse, une affligeante tiédeur et un piége dangereux du démon, qui, sous le frivole prétexte de la santé du corps, attaque l'âme d'une maladie mortelle. Quant à la durée des offices, D. Calmet remarque que leur longueur démesurée n'est pas toujours avantageuse à la religion. Les prières vocales trop longues et trop multipliées, nonseulenient n'entretiennent pas la dévotion et l'esprit d'oraison, mais elles l'épuisent et l'éteignent, pour ainsi dire. Ces longues prières, souvent, n'engendrent que l'ennui et le dégoût, et donnent lieu de nouveau à ce reproche du prophète: Ce peuple m'honore des lèvres, et son cœur est loin de moi. Il sera donc plus utile, pour les communautés religieuses, de partager le temps entre les exercices du choeur, l'oraison mentale, les lectures particulières ou publiques de piété, et l'étude ou le travail des mains.

CHRODEGAND (Saint), évêque de Metz, mort en 766, fut employé par le roi Pépin en diverses négociations. La plus honorable est celle de l'année 753, où il fut chargé d'amener en France le Pape Etienne III, qui lui accorda le pallium avec le titre d'archevêque. Il institua une communauté de clercs réguliers dans sa cathédrale, et leur donna une Règle, qui a été publiée par le P. Labbe, dans sa Collection des conciles. Ce saint

évêque est regardé comme le restaurateur de la vie commune des cleres, et 'comme l'instituteur des chanoines réguliers.

SA RÈGLE. Le plus beau titre de gloire de saint Chrodegang, après ses éminentes vertus, fut la règle qu'il composa pour ses clercs. Il la tira en grande partie de la règle de Saint-Benoît qu'il modifia de manière à la rendre praticable à des clers destinés au service de l'Eglise.

Les cleres des différentes Eglises, vivant en commun, avaient bien déjà une règle tirée des canons, et que pour cette raison on appelait l'ordre canonique. Mais les dispositions de cette règle étaient oubliées et trop peu pratiquées. Peut-être aussi qu'elles ne répondaient plus aux besoins du clergé de cette époque et que certaines modifications étaient devenues nécessaires. Saint Chrodegang entreprit ce travail; sa règle fut si estimée, que plusieurs évêques l'adoptèrent pour leurs clercs canoniques ou chanoines (123), c'est-à-dire les clercs vivant en communauté.

La règle de saint Chrodegang (124) · ne contient que trente-quatre articles avec une préface, où il déplore le mépris des canons et la négligence des pasteurs, du clergé et du peuple. Il n'engage pas les clercs de sa communauté à une pauvreté absolue, mais il veut que quiconque y entrera fasse une donation solennelle de tous ses biens à l'église de Saint-Paul de Metz, permettant de s'en réserver l'usufruit et de disposer de ses meubles pendant sa vie. Les prêtres auront la disposition des aumônes qui leur seront données pour leurs messes, pour la confession ou l'assistance des malades, si ce n'est que l'aumône soit donnée pour la communauté (125). Pour la clôture, les chanoines ont liberté de sortir le jour, mais à l'entrée de la nuit, tous doivent se rendre à Saint-Etienne qui est la cathédrale de Metz, pour chanter complies, après lesquelles il n'est plus permis de boire, de manger et de parler; on doit garder le silence jusqu'après prime du lendemain. Celui qui ne s'est pas trouvé à complies ne peut entrer, ni même frapper à la porte, jusqu'à ce qu'on vienne aux nocturnes. L'archidiacre, le primicier ni le portier ne donneront aucune dispense de cette règle dont ils ne puissent rendre compte à l'évêque. Tous les chanoines logeaient donc dans un cloître exactement fermé, et couchaient en différents dortoirs communs, où chacun avait son lit. Aucune femme n'entrait dans le cloitre ni aucun laïque sans

(123) Les clercs canoniques ou chanoines étaient les clercs qui n'avaient pas de bénéfice et ne recevaient leur nécessaire que des revenus ecclésiastiques distribués par les matricularii, sous la surveillance de l'évêque. On donnait, au vir siècle et plus tard, le nom de chanoines aux clercs vivant en communauté, soit dans la maison épiscopale, soit dans les différentes écoles ecclésiastiques. Aujourd'hui on le donne seulement à des prêtres chargés de dire publiquement l'office canonique dans l'église épiscopale.

(124) Voy. LECOINTE, Annal., t. V, et LABBE, Conciles, t. VIII. Nous transcrivons à peu près l'excellente analyse qu'a faite de cette règle Fleury, dans son Histoire ecclésiastique, liv. XLIII, §§ 37, 38, 39. DICTIONN. D'ASCÉTISME. I.

permission. Si on donnait à manger à quelqu'un, il laissait ses armes hors du réfectoire (126-7), et, aussitôt après le repas, sortait du cloître. Les cuisiniers mêmes, si on en prenait de laïques, sortaient aussitôt qu'ils avaient fait leur service.

Les chanoines se levaient la nuit à deux heures pour les nocturnes comme les moines, suivant la règle de Saint-Benoît, et mettaient entre les, nocturnes et les matines ou laudes, un intervalle pendant lequel il était défendu de dormir. On devait y apprendre les psaumes par cœur, lire ou chanter. Pendant le jour, ceux qui se trouvaient trop loin de l'église au moment où on sonnait l'office, pouvaient le réciter au lieu où ils se trouvaient. Il est défendu aux clercs de tenir des bâtons à la main dans l'église, sinon pour cause d'infirmité. Les chanoines doivent garder entre eux le rang qu'ils tiennent dans le clergé, se traiter avec respect et ne se point nommer simplement par leur nom.

Après l'office de prime, on tiendra le chapitre tous les jours. On lira un article de la règle, des homélies, ou quelque autre livre édifiant. L'évêque ou le supérieur y donnera ses ordres et y fera les corrections. Au sortir du chapitre, chacun ira au travail manuel qui lui sera prescrit.

Quant à la nourriture, depuis Pâques jusqu'à la Pentecôte, on fera deux repas, et on pourra manger de la chair, excepté le vendredi seulement. De la Pentecôte à la Saint-Jean, on fera deux repas, mais sans manger de chair. De la Saint-Jean à la Saint-Martin, deux repas et abstinence de chair, les mercredis et vendredis. De la Saint-Martin à Noël, abstinence de chair et jeûne jusqu'à none. Depuis Noël jusqu'au carême, jeûne jusqu'à none, le lundi, le mercredi et le vendredi, avec abstinence de chair ces deux derniers jours; les autres jours, deux repas. S'il vient une fête en ces féries, le supérieur pourra permettre la chair. En carême, on jeûnera jusqu'à vêpres, avec défense de manger hors du cloître. Il y aura sept tables dans le réfectoire, la première pour l'évêque, les hôtes avec les étrangers, l'archidiacre et ceux que l'évêque y appellera; la seconde pour les prêtres, la troisième pour les diacres, la quatrième pour les sous-diacres, la cinquième pour les autres clercs, la sixième pour les abbés et ceux que le supérieur

(125) C'est la première fois, dit Fleury à cet endroit, que je trouve des aumônes ou rétributions particulières pour des messes ou d'autres fonctions ecclésiastiques. Le docte historien eût pu remarquer auparavant ces rétributions, en particulier dans le canon deuxième du premier concile de Vaison, le canon douzième du deuxième concile d'Arles. Nous pourrions citer un grand nombre d'autres conciles de l'Eglise de France, où il est fait mention des offrandes des fidèles à l'occasion des fonctions ecclé siastiques. On les trouve indiquées dans le deuxième volume de l'Histoire de l'Eglise de France, aux dif férentes expositions des travaux législatifs, sous le titre Biens ecclésiastiques.

(126-7) Les Francs allaient toujours armes.

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la prison, il fera encore pénitence publique, si le supérieur le juge à propos. Celui qui était en pénitence venait à toutes les heures de l'ollice à la porte de l'église, et y demeurait prosterné jusqu'à ce que tous fussent entrés. Il récitait l'office debout en dehors de l'église, i! gardait l'abstinence telle qu'elle lui était imposée par le supérieur.

voudra, la septième pour les clercs de la ville, les jours de fête (128). La quantité du pain n'est point fixée. A diner, les chanoines auront un potage, deux portions de viande, ou une portion de viande et une autre d'un certain aliment maigre appelé cibaria. A souper, une demi-portion de chair et une portion de cibaria. Les légumes et le fromage remplaçaient la viande les jours maigres. La boisson est réglée, et les chanoines avaient une petite mesure qu'on remplissait deux ou trois fois, suivant les jours. Ils devaient faire la cuisine tour à tour, excepté l'archidiacre et autres fonctionnaires occupés plus utilement.

Pour les vêtements, on donnera tous les ans, aux anciens, une chape neuve, et les vieilles serviront anx jeunes. Les prêtres et , les diacres qui arrivent continuellement auront deux tuniques, ou de la laine pour en faire, et deux chemises. Tous auront chaque année, pour leur chaussure, un cuir de vache et quatre paires de semelles; on leur donnera de l'argent pour acheter le bois; et toute cette dépense du vestiaire et du chauffage se prenait sur les rentes que l'Eglise de Metz levait sur la ville et aux campagnes. On aura un soin particulier des chanoines malades, s'ils n'ont pas de quoi subvenir à leurs besoins; ils auront un logement séparé et un clerc pour les servir. Ceux qui seront en voyage avec l'évêque ou autrement, garderont, autant qu'il leur sera possible, la règle de la communauté.

Cette communauté de chanoines était gouvernée par l'évêque, et sous lui par l'archidiacre et le primicier, que l'évêque pouvait corriger et déposer s'ils manquaient à leurs devoirs. Il y avait aussi un cellérier, un portier, un infirmier.

Il est ordonné aux clercs de se confesser à l'évêque deux fois l'année au commencement du carême, et depuis la mi-août jusqu'au premier jour de novembre. Ils pourront se confesser, dans les autres temps, toutes les fois qu'ils le voudront, soit à l'évêque, soit à un prêtre désigné par lui. Celui qui aura célé quelque péché en se confessant à l'évêque et cherchera à le confesser à d'autres, si l'évêque peut le découvrir, il le punira en le faisant mettre en prison et en lui donnant la discipline (129). Saint Chrodegang veut que les clercs reçoivent le corps et le sang de Notre-Seigneur tous les dimanches et les grandes fêtes, à moins que leurs péchés ne les en rendent indignes.

Le chanoine coupable de grands crimes, homicide, fornication, adultère, larcin, recevra d'abord la discipline, puis sera mis en prison à la discrétion du supérieur sans communication avec personne; au sortir de

(128) Les communautés des clercs n'excluaient donc point le clergé séculier, même dans les villes où elles étaient établies.

(129) Nous ne croyons pas qu'il s'agisse dans ce passage d'une confession sacramentelle, mais de ce que dans les communautés, on appelait la coulpe. Si l'évêque ou le prêtre désigné par lui eût entendu une confession sacramentelle, il n'eût pas pu décla

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Pour les péchés graves, comme désobéissance, révolte, murmure, médisance, ivrognerie, transgression du jeûne, ou quelqu'autre précepte de la règle, saint Chrodegang établit qu'il y aura deux admonitions secrètes, puis une publique, et si le conpable ne se corrige, il sera excommunié; s'il est trop grossier ou trop dur pour être touché de l'excommunication; on usera à son égard de punitions corporelles.

Quant aux fantes légères, comme d'être venu tard à l'office ou au repas, on donnait pour pénitence de se tenir quelque temps debout ou à genoux auprès de la croix qui était à côté du cloître, ou on imposait quelqu'autre punition toujours moin dre pour celui qui s'accusait lui-même.

Les clercs, qui n'étaient point de la communauté et demeuraient dans la ville de Metz, devaient venir les dimanches et les fêtes aux nocturnes et aux matines (c'est-àdire laudes) dans la cathédrale; ils assistaient au chapitre et à la messe, et mangeaient au réfectoire à la septième table, qui leur était destinée. Les chanoines pouvaient avoir des clercs pour les servir, avec la permission de l'évêque. Ces serviteurs étaient sujets à la correction et devaient assister aux offices en habit de leur ordre, comme les clercs du dehors, mais ils n'assistaient point au chapitre et ne mangeaient point au réfectoire.

A la fin de sa règle, saint Chrodegang prescrit les aumônes qu'on devra faire aux pauvres inscrits sur les matricules des églises, et recommande fortement de leur donner en même temps l'aumône spirituelle, l'instruction, les bons conseils, les secours de la religion.

Cette règle de saint Crhodegang fut a doptée par toutes les communautés de clercs réguliers ou chanoines, comme celle de saint Benoît le fut par les moines; seulement elle fut modifiée en ce qu'elle avait de particulier concernant l'Eglise de Metz, et augmentée au concile d'Aix-la-Chapelle.

CHROMACE (Saint), pieux et savant évêque d'Aquilée, au Iv' siècle, succéda à saint Valérien, en 387, défendit avec zèle Rufin et saint Jean Chrysostome, fut ami de saint Ambroise et de saint Jérôme, et mourut vers 406. Il nous reste de lui quelques ourer que telle ou telle faute lui aurait été célée, sans trahir le secret de la confession. La coulpe était un acte d'humilité que pouvaient s'imposer les moines et les chanoines plus souvent que ne l'ordonnait la règle, par esprit de pénitence et de componction. Cette coulpe ou confession non sacramentelle était en usage même dans les communautés de femmes, et se faisait à l'abbesse.

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CLO

D'ASCETISME.

vrages ascétiques, imprimés dans la Bibliothèque des Pères. Ce sont des homélies, au nombre de dix-huit, dans lesquelles on trouve une explication de l'Oraison dominicale, et d'excellentes maximes sur l'aumône, le jeûne et les autres vertus chrétiennes

CIANTES (Joseph), né à Rome l'an 1612, entra dans l'ordre de Saint-Dominique, s'y distingua par ses vertus et sa science, fut nommé à un évêché dans la Calabre, et mourut à Rome, en 1670. On a de lui, entre autres ouvrages, un livre intitulé: De la perfection de la vie épiscopale, en italien.

CILICE. Large ceinture, ou espèce de scapulaire, que l'on met autour des reins, pour se livrer à la mortification.

Il existe une opinion qui fait venir celle expression du pays où cet instrument fut d'abord mis en usage; c'est la Cilicie.

CLÉMENT D'ALEXANDRIE (Saint) succéda à Portonies dans l'école d'Alexandrie, en 190. Il s'illustra par ses savants travaux : le seul qui nous intéresse dans le but que nous poursuivons, c'est son Traité de pédagogie, en trois livres, où il donne une haute idée de la sainteté à laquelle un Chrétien doit tendre.

CLEMENT (Denis-Xavier), de l'Académie de Nancy, doyen de l'église collégiale de Ligny, prédicateur du roi, né à Dijon en 1706, mourut en 1771, avec une grande réputation de piété. Il se consacra de bonne heure à la chaire et à la direction, et il servit utilement l'Eglise dans ce double emploi. Outre ses Sermons, 4 vol., nous avons de lui quelques ouvrages de piété, dont les principaux sont: 1° Avis à une personne engagée 2o Méditations sur la dans le monde, in-8°; 2° Méditations sur la 3 Maximes pour se conpassion, in-12; 4° Exercice de duire chrétiennement ; l'âme, etc.

CLEMENT DE BOISSY (Athanase-Alexandre), né à Créteil, près de Paris, en 1716, d'une famille parlementaire, dévouée aux opinions de Port-Royal, maitre des comptes, est auteur de plusieurs ouvrages spirituels, dont les principaux sont: 1° Jésus-Christ, notre amour, 1788, in-12; -2° Traité de la prière, 1788, in-12; 3° Le mépris des choses humaines, 1791. Il eut un frère qui devint évêque constitutionnel de Versailles, en 1797. Clément de Boissy mourut le 22 août 1793

CLOTURE DES RELIGIEUSES. — Les lois ecclésiastiques pour la clôture des religieuses étaient très-sévères. Il y a des canons du iv siècle, qui défendent, même aux évêques, d'entrer dans les monastères des vierges sans nécessité, et sans être accompagnés d ecclésiastiques vénérables par leur âge et par la gravité de leurs mœurs. Cette sévérité était nécessaire, surtout en Afrique et dans l'Orient, où les femmes ont toujours été plus renfermées que dans les contrées du nord, et où la moindre familiarité avec les hommes suffisait pour rendre leur conduite suspecte. Dans nos climats septentrionaux, où les mœurs sont plus douces et la société plus libre entre les deux sexes,

on s'est relâché de cette austérité, sans qu'il
en soit arrivé de grands inconvénients. Il y
a des maisons de filles non cloîtrées, où les
mœurs sont aussi pures que dans celles qui
gardent la clôture la plus sévère. Mais ce
n'est point une raison de donner atteinte à
l'ancienne discipline, ni de blâmer les pré-
cautions que l'Eglise a toujours prises pour
entretenir une parfaite régularité dans les
cloîtres. Les communautés les plus renfer-
mées, et qui ont le moins de communica-
tions avec les personnes séculières, sont or-
dinairement les mieux réglées, les plus pai-
sibles et les plus heureuses. On sait qu'il
est défendu, sous peine d'excommunication,
aux personnes séculières, d'entrer dans les
maisons des religieuses sans nécessité et sans
la permission des supérieurs ecclésiastiques.
La clôture monacale est un mur de sépa-
ration entre le monde et le serviteur de
Dicu, qui trouve un abri dans cette retraite
contre les scandales et les perfides amorces
du péché. Le monde ne peut plus étaler le
spectacle de ses sollicitations séduisantes à
ces âmes qui, se défiant de leur faiblesse,
ont rompu avec lui et ont juré même de ne
plus le voir. Elles trouvent qu'elles ont encore
assez à combattre, que d'avoir à vaincre le
monde intérieur qui se porte avec elles dans
la solitude. Elles goûtent la parole de l'auteur
de l'Imitation : Quoties inter homines fui, mi-
nor homo redii; et cette autre: In silentio
et quiete proficit anima devota.

à

CLUGNY (François DE), né, en 1637, Aigues-Mortes, entra fort jeune dans la congrégation de l'Oratoire, à Paris. Après avoir enseigné avec réputation dans divers collégs, il fut envoyé à Dijon en 1665. Il y passa le reste de ses jours, occupé à la direction des âmes, et mourut en 1694, à cinquantesept ans. Ses OEuvres spirituelles ont été recueillies en 10 vol. in-12. Elles sont pleines d'idées singulières et bizarres.

COEFFETEAU (Nicolas), Dominicain célèbre du temps de Henri IV et de Grégoire XV, qui tous deux le chargèrent de réfuter, l'un, Henri VIII, et l'autre, Duplessis-Mornay et de Dominis. Il s'acquitta de cette commission avec succès: ses sermons étaient goûtés; mais le seul ouvrage que nous avons à signaler à nos lecteurs est son ouvrage de la Pénitence.

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COEUR DE JESUS (DEVOTION AU). La dévotion au sacré cœur de Jésus, quelque nouvelle qu'elle paraisse au premier abord, et qu'elle soit en effet à raison de quelquesunes de ses pratiques, est, dans le fond, aussi ancienne que le christianisme, et intimement liée avec ses principes fondamentaux (130).

C'est un dogme de la foi chrétienne, qu'il y a en Jésus-Christ deux natures distinctes, Ja nature divine et la nature humaine, inséparablement unies en la personne du Verbe. En vertu de cette union, que les théologiens appellent hypostatique ou personnelle, il se fait entre les deux natures

(130) GOSSELIN, Instructions historiques, dogmatiques et morales.

une communication mutuelle de noms, d'attributs et de propriétés; d'où il résulte que les propriétés d'une nature peuvent être attribuées à l'autre, et que les deux natures, avec leurs propriétés, peuvent être attribuées à la personne du Verbo. De là ces expressions consacrées par l'usage et l'enseignement universel de l'Eglise : Le Verbe incarné, ou le Fils de Dieu fait homme, est Dieu et homme tout ensemble; il est tout à la fois passible et impassible, mortel et immortel; et autres expressions semblables, par lesquelles on attribue à l'une des deux natures les propriétés de l'autre, à cause de leur union étroite et inséparable dans la personne du Verbe. En vertu de cette même union, la divinité de Jésus-Christ et son humanité sont dignes du même culte de latrie; avec cette seule différence, que la divinité mérite ce culte par elle-même et par sa propre nature; tandis que l'humanité, étant par elle-même un objet créé, ne mérite ce culte qu'à raison de son union avec la personne du Verbe. Par la même raison, le culte de latrie peut être rendu, non-seulement à l'humanité entière de Jésus-Christ, mais encore à toutes les parties de son humanité, en tant qu'elles sont personnellement unies au Verbe; en sorte que la sainte âme de Jésus-Christ, son corps, son sang, et toutes les parties de son corps, ne sont pas moins dignes de ce culte que son humanité tout entière. Conséquemment à ces principes, les théologiens enseignent que, pendant les trois jours de la mort de Jésus-Christ, non-seulement son âme sainte, mais son corps et son sang, séparés l'un de l'autre, étaient dignes du culte de latrie, parce qu'ils étaient toujours unis à la personne du Verbe. A plus forte raison peut-on leur rendre ce même culte, maintenant qu'ils sont inséparablement unis entre eux, aussi bien qu'au Verbe divin. La légitimité de ce culte, selon la remarque des théologiens, est fondée sur ce que, en adorant l'humanité de JésusChrist, ou quelqu'une de ses parties, on ne les considère pas séparément de sa divinité, mais en tant qu'elles lui sont inséparablement unies; à proprement parler, on n'honore pas une partie considérée isolément et en elle-même, mais on honore la partie avec le tout, dont elle ne peut être séparée (131).

Le langage de la tradition est parfaite ment conforme à ces notions; rien n'est si ordinaire, dans les écrits des saints docteurs et de tous les auteurs ecclésiastiques, que les expressions de culte de latrie, appliquées,

(131) Pour le développement de ces notions, voyez MUZZARELLI, ubi supra, Du bon usage de la logique en matière de religion, p. 7-11, 23-26.

(132) On trouve un recueil de ces témoignages dans les ouvrages du P. Galiffet et du P. de Montnard. (133) Sanguis quem effudit de corde, testis est dilectionis maximæ.... fudit sanguinem de vulnere lateris et cordis, ut discipulos in fide dubios, et alios multos in fide et bonæ vitæ stabilitate tentatos, et ideo frigidos guasi mortuos calefaceret et revivihcaret. (Opusc. 58, cap. 27 et 28.)

soit à la sainte humanité de Jésus-Christ en général, soit à certaines parties de son humanité, à son corps, à son sang, à ses plaies, et surtout à son cœur sacré. Qu'il nous suffise de rapporter ici quelques passages de ces auteurs, qui expriment d'une manière plus touchante la dévotion singulière dont ils étaient pénétrés pour le sacré cœur de Jésus, longtemps avant que l'Eglise eût établi une fête et des pratiques spéciales en l'honneur de ce divin cœur (132).

L'ange de l'école, saint Thomas, représeute le cœur de Jésus, ouvert sur la croix d'un coup de lance, comme le témoin de son immense charité envers les hommes, comme la source des graces qui ont confirmé ses disciples dans la foi, et ressuscité tant d'âmes, mortes devant Dieu par le péché (133). Saint Bonaventure parle des plaies de Jésus-Christ, de son sang et de son cœur, comme des sources de la grâce et du salut. « O aimable passion de mon Sauveur! s'écrie-t-il; ô mort admirable!» Qu'y a-t-il en effet de plus admirable que cette mort qui nous vivifie, que ces blessures qui nous guérissent, que ce sang qui nous purifie, que ce côté ouvert qui unit le cœur de Jésus à notre cœur? O mort aimable et délicieuse! Non, je ne veux plus me séparer de Jésus; je veux être à jamais avec lui; je veux établir en lui trois demeures, J'une dans ses mains, une autre dans ses pieds, et une plus continuelle dans son côté; là, je parlerai à son cœur, et j'obtiendrai de lui tout ce que je voudrai..... O aimables plaies de mon Sauveur! Qui pourrait exprimer le bonheur d'une âme qui s'unit au cœur de Jésus par ces sacrées ouvertures? Non, je ne puis l'exprimer; mais faites-en vousmême l'expérience, et vous le comprerdrez (134). Saint Bernardin de Sienne, pour exprimer l'amour infini que Jésus-Christ nous a témoigné sur la croix, dit qu'il nous y montre son cœur comme une fournaise du plus ardent amour, capable d'embraser l'univers (135). Les plus célèbres auteurs mystiques, Blosius, saint Vincent-Ferrier, saint François de Sales, et plusieurs autres parlent des plaies sacrées de Jésus-Christ, et surtout de son cœur sacré, comme d'un lieu de refuge, où les âmes fidèles trouvent tout à la fois une source de délices ineffables et un asile assuré contre toutes les attaques de leurs ennemis. «Que le Seigneur est bon ! dit le saint évêque de Genève; que son cœur est aimable! Demeurons là, dans ce saint domicile; que ce cœur vive toujours dans nos cœurs. » (136). Mais il entrait dans les desseins de la Providence de donner,

(134) Saint BONAVENTURE, Stimul. Amor., cap. 1. Ce texte du saint docteur forme la sixième leçon des matines de la fête du Sacré-Coeur de Jésus, dans le Bréviaire de Paris.

(155) Saint BERNARDIN DE SIENNE, De passione Domini, serm. 51, part. 11, art. 1.

(136) Saint FRANÇOIS DE SALES, Lettre 64 du livre iv. Voyez aussi les lettres 69 et 101 du même livre. (OEuvres de saint François de Sales, t. Fler de l'édition in-folio de Paris, 1665.)

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