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de sa divine mission: Allez dire à Jean ce que vous avez entendu et ce que vous avez vu. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, etc.

Lorsqu'ils furent partis, Jésus s'adressant au peuple leur parla de cette manière : Qui êtes-vous allés voir dans le désert, un roseau agité par le vent? Qui êtes-vous allés voir, un homme vêtu avec mollesse? Vous savez que ceux qui s'habillent de cette sorte sont dans les maisons des rois. Qui êtes-vous allés voir, un prophète? Oui, je vous en assure, et plus qu'un prophète; car c'est de lui qu'il a été écrit: Voilà que j'envoie mon ange devant vous, qui vous préparera la voie par où vous devez marcher.

Eufin Jésus-Christ termine par ces paroles : En vérité je vous le dis, parmi ceux qui sont ́ nés des femmes, personne n'est plus grand que Jean-Baptiste. Voilà les honneurs extraordinaires rendus par le Sauveur à ce saint prophète. C'est comme un acte de canonisation décerné à ce saint homme de son vivant par l'auteur même et la règle de la sainteté.

JÉSUS-CHRIST MODÈLE DES CONTEMPLATIFS.

Nous devons maintenant nous arrêter pour contempler avec attention la vie de JésusChrist dans le rapport qu'elle nous présente avec la vie contemplative, ou, si vous voulez trancher le mot qui n'a plus pour nous maintenant qu'un sens très-juste et fort relevé, avec la vie mystique.

En effet, si la vie mystique est non-seulement un genre de vie bon en soi, mais très-distingué, nous devons en trouver le modèle en Jésus-Christ, qui renferme en lui-même tout ce qui est bon.

C'est une chose vraiment admirable que dans les trente-trois années de sa vie mortelle passées avec cette majestueuse simplicité que nous lui connaissons et qu'on ne saurait, assez méditer, Jésus-Christ apparaisse comme le modèle naturel et très-parfait de tous les, genres de vie très-divers que les hommes sont appelés à pratiquer sur la terre. Il est un, modèle des supérieurs et des inférieurs, des riches et des pauvres, des savants et des, ignorants, de ceux qui mènent une vie active dans les exercices du corps et de ceux qui mènent une vie où l'occupation de l'esprit fait les plus grands frais,

Cependant pour être vrai et rendre à Jésus-Christ, les honneurs qui lui sont dus, il faut reconnaître que sa vie tout entière a été avant tout une contemplation continuelle. N'étant sujet ni à l'ignorance, ni à la torpeur de l'esprit, ni aux attaches déréglées des créatures, sa sainte âme n'a pas cessé un seul instant d'être élevée au-dessus de ce monde, de juger toutes les choses de ce monde dans les rapports qu'elles ont avec la gloire de son Père et avec la sanctification des âmes. Son humanité sainte, toujours une au Verbe éternel, avait pour occupation principale, incessante même, d'offrir à Dieu son Père des adorations parfaites, des actions de grâces pour les bienfaits qu'il répand sur toute créature, des amendes honorables pour les outrages sans nombre dont les créatures se rendent coupables envers Dieu. On peut bien affirmer que les travaux de sa vie, soit les Occupations manuelles de sa vie cachée, soit les travaux plus relevés de sa vie publique, étaient tous réglés très-exactement selon la volonté de son Père. En soi, ils n'avaient pour lui ni plaisir ni déplaisir. C'étaient des actions sanctifiées par l'intention de procurer la gloire de Dieu le Père. Il ne voyait ce qui se passait dans les sens, il n'intervenait dans cette région sensible de la matière, à laquelle il touchait par son corps, c'est-à-dire surtout par ses souffrances et ses privations, que pour spiritualiser tout par la considération du but où tendait tout son être, la rédemption du genre humain et la satisfaction due à la majesté lésée. Ainsi, il n'y pas une seule de ses occcupations, si vulgaire en apparence, qui n'acquière un mérite sans bornes par l'hommage très-parfait dont elle était l'expression devant son Père. Toutes les circonstances connues de sa vie nous indiquent clairement qu'il en était ainsi. Une seule fois, pendant sa vie cachée, il nous est permis de le suivre à Jérusalem; et nous le voyons occupé à montrer aux docteurs, étonnés d'une telle science dans un enfant de douze ans, le vrai sens des saintes Ecritures. Il les disposait à recevoir dans peu de temps le Messie qui était déjà sur l'horizon, quoiqu'on ne le vit pas encore. Nous n'avions pas besoin de cette preuve pour être convaincus

qu'au milieu de la vie active de l'artisan, il vivait continuellement de la vie de l'esprit, et que rien ne pouvait être un obstacle à tenir son intention unie à celle de son Père.

› Nous devons remarquer avec soin que ces trente ans de la vie cachée de Jésus-Christ sur trente-trois, lorsque le Messie était appelé à fonder de si grandes choses ; que ces trente ans de vie cachée et inconnue au monde sont un modèle accompli et de la vie solitaire des moines, et de la vie retirée des personnes qui dans ce monde, voulant arriver à une plus haute perfection, rompent avec le monde et ne conservent que les liens que la nature elle-même veut qu'on respecte. On a beau crier que la société s'arrêterait tout court si elle n'était peuplée que de personnes de ce caractère, qui estiment si peu le côté agréable et riant de la vie ainsi que les relations sociales qui ont de l'éclat et quelquefois de la grandeur. Il n'est pas à craindre que le grand nombre cesse d'aimer le luxe et l'éclat quand il est possible d'en faire parade et d'en jouir. Ce penchant est trop fort pour se perdre jamais ; il est même tellement excessif et déraisonnable qu'il ne faut pas craindre de lui donner de puissants contre-poids. Aussi voit-on que Jésus-Christ n'a fait aucun cas de ces petites considérations des philosophes politiques qui s'inquiètent des causes pouvant donner un aliment aux arts et à l'industrie, et qui tremblent de voir manquer cet appui nécessaire de la prospérité des nations. Esprits étroits qui se croient les plus profonds penseurs, ils ne comprennent guère combien il y a une philosophie plus haute dans ce simple mot de la Bible: Justitia elevat gentem, miseros autem facit populos peccatum. Qu'on nous permette un exemple qui ne s'écarte pas de notre sujet. Au point de vue de la politique mondaine, saint Louis n'aurait pas été très-adroit en s'astreignant trop minutieusement à une justice rigide; on traiterait aujourd'hui ses actes de scrupules mal entendus qui accusent un esprit faible. Mais qu'on juge de l'honneur que fait aujourd'hui à son règne cette équité sévère et cette simplicité de vie, toutes les fois qu'il croyait pouvoir mettre de côté les signes de la grandeur sans nuire à sa dignité. La noble simplicité qu'il a mise dans sa grandeur et la pratique si impartiale de justice envers ses voisins, font aujourd'hui plus d'honneur à la France, et lui sont moralement et même politiquement plus profitables que les victoires et les conquêtes de dix règnes.

Laissons donc les intérêts des arts, du luxe, du commerce, du brillant confortable de la société, que nous sommes loin d'excommunier; laissons-les seulement se défendre eux-mêmes, ils ont de puissants avocats dans le cœur des hommes. Ils ne cesseront d'avoir trop d'empire, de faire faire des bassesses, de grandes fautes et de grandes violences; acceptons ces choses conmme des maux nécessaires : ainsi pouvons-nous comprendre le sens profond des paroles de Jésus-Christ, lorsqu'il semble lancer des anathèmes contré les riches. Ce ne sont point les hommes riches qu'il hait, mais les richesses, instrument de leur perte; il a même indirectement approuvé le bon usage des richesses en s'asseyant à la table bien servie des riches. Il les voit, ces dangereuses richesses, comme un obstacle infranchissable que la passion leur met sur le chemin du ciel et qui les empêche d'arriver au royaume de son Père; les hommes riches, il les aime, il est mort pour eux.

Aussi les richesses, d'après la doctrine de Jésus-Christ, ne sont bonnes que lorsqu'elles sont arrivées dans une maison en compagnie de la justice, qu'on les répand en bienfaits et qu'on sait en tenir son cœur détaché et son esprit libre d'orgueil. Voilà le problème. presque impossible à résoudre que Jésus-Christ, la souveraine sagesse, tranche d'une manière qui semble une folie pour le monde; il le tranche par le mépris et par le renoncement. C'est comme s'il disait: Mes enfants, je supporte de vous voir riches quand cela vous arrivera naturellement et justement; mais vous courez si grand danger dans cette position, que votre salut y devient presque impossible; prenez donc, je vous y invite, le parti le plus sûr : délestez les richesses. Soyez riches malgré vous si vous n'êtes point libre d'être pauvre effectivement, et alors vous serez pourvus d'esprit, vous me ressemblerez par le cœur. Mais que ceux qui le peuvent, qui s'en sentent le courage, vendent tout et donnent le produit aux pauvres, et partagent ma pauvreté effective, qui est la plus grande de toutes les richesses.

Voilà la théorie de la richesse et de la pauvreté d après l'Evangile ; elle est un peu diffé

rente de celle de l'économiste du xIx siècle et de l'homme du monde, qui croit que sa grande fortune ajoute quelque chose à son mérite; elle est aussi très-différente de celle du prolétaire peu chrétien de nos jours, qui maudit son sort parce qu'il n'arrive pas assez vite à l'aisance. Mais c'est une doctrine chère aux amis de Jésus-Christ, qu'ils soient dans le cloître ou dans le monde, dans les salons d'or et de marbre ou sous le chaume. Où qu'ils se trouvent, ils ont du goût pour la croix de Jésus-Christ et pour sa sainte pauvreté, car leur cœur ne tient à rien de ce qui est de ce monde; et on ne peut en douter, ces futurs citoyens du ciel sont aussi les meilleurs, les plus utiles citoyens de la patrie terrestre; ceux qui rendent plus facile la tâche des gouvernements, qui se contentent le plus aisément de peu quand il faut, qui murmurent le moins contre leurs supérieurs même injustes, qui nourrissent la paix, qui sont empressés à apaiser les dissensions et à prier pour tous, pour le bien général, quand ils ne peuvent concourir d'une autre manière au bien de leurs frères.

Mais revenons à la vie simple et sans apprêt de Jésus-carıst, qui va droit à son but, sans toucher aux choses de ce monde, que pour la pure nécessité de l'accomplissement d'un devoir; et cela parce que son esprit parfaitement juste ne pouvait jamais se laisser séduire par le faux éclat des choses périssables qu'il estimait à leur juste valeur, c'est-àdire comme n'étant faites que pour les besoins nécessaires du corps et ne devant jamais donner occasion de mettre un seul nuage entre l'âme et Dieu. Or, ce que Jésus-Christ a toujours fait, nous devons y aspirer sans jamais y atteindre, allourdis que nous sommes par le péché originel.

Comparons spécialement la vie cénobitique avec cette sainte et consolante vie de JésusChrist.

Toute la vie cénobitique repose sur les trois vœux d'obéissance, de chasteté et de pauvreté.

Ces trois points bien observés et établis sur le terrain solide de looservation des préceptes généraux qui obligent tous les Chrétiens, contiennent l'expression de la plus. haute perfection à laquelle on puisse aspirer en ce monde, par cette raison, que ceux qui arrivent là sont totalement détachés de tout ici-bas pour être plus librement et plus intimement attachés à Dieu.

Eh bien! la chose n'est ainsi que, parce qu'en suivant cette voie, on est parfaitement sur la trace de Jésus-Christ; on le voit marcher devant, et on le suit de plus près que les autres Chrétiens, qui sont tenus sur la terre par des liens très-légitimes, sans doute, comme sont ceux du mariage, du gouvernement, de ses affaires pour le bien de ses enfants, du commandement sur ses inférieurs. Mais tous ces liens en vous impliquant dans les choses matérielles, remplissent l'âme en grande partie, l'étourdissent, et laissent beaucoup moins de place à Dieu; aussi personne ne peut savoir ce que Dieu a de complaisance, de prédilections et souvent de douceur pour ceux qui quittent tout pour lui. Je dis donc que ceux-ci suivent de plus près Jésus-Christ; ils sont plus courageux, plus rapides que les autres à s'élancer à la suite de Jésus-Christ, à s'élever en pensée vers le ciel.

Sans doute Jésus-Christ n'a pas fait les trois vœux dont nous parlons. C'est le propre de la faiblesse de s'engager ainsi par des serments; c'est un acte de défiance de soi-même, et la possibilité et quelquefois la réalité de l'infraction prouve que cette défiance n'est pas déplacée. Il est certain qu'un serment solennel pique l'amour-propre et fait craindre la violation comme un déshonneur à ses propres yeux. L'homme misérable et blessé par le péché originel a besoin de ce ressort pour le soutenir. Mais toutes ces idées répugnent dans Jésus-Christ. Il sentait dans son propre fonds toute la force nécessaire pour pratiquer le bien dans la forme et dans la mesure la plus parfaite; ce bien il le concevait clairement, sa volonté l'y portait sans détours, à travers tous les obstacles les plus pénibles. Nous ne disons pas toutefois qu'il le faisait sans effroi pour les sens, on l'a vu au jardin des Oliviers; mais, du moins, sans faiblesse de courage ou d'intention; elle se maintenait toujours à la hauteur du but sublime qu'il poursuivait.

Ainsi s'il n'a pas fait les vœux, il les a mis admirablement en pratique. Il a pratiqué l'obéissance d'abord dans l'intérieur de la sainte famille. L'Ecriture nous le dit: Il leur

était soumis erat subditus illis. On peut se rappeler dans combien de circonstances il alléguait la volonté de son Père, non-seulement en parlant à ses apôtres, mais encore à sa sainte mère; pour les convaincre que ce qu'ils demandaient de lui, il ne devait pas le leur octroyer, il invoquait la volonté de son Père, à laquelle il devait perpétuellement se conformer. Peut-on trouver un plus beau modèle de la vertu d'obéissance; de cette renonciation, de cet abandon de la faculté de notre âme, qui, étant une des plus malades dans l'homme pécheur, a le plus besoin d'être contenue, humiliée et unie à Dieu, pour se guérir et se purifier? Quant à la chasteté, nous nous dispensons d'exposer les raisons qui devaient lui faire choisir l'état de virginité parfaite. Le caractère de son auguste personne commandait cet état de vie au point, qu'il a dû même s'étendre autour de lui; de plus il a voulu naître d'une mère vierge, et l'homme du monde qu'il aimait le plus après sa sainte mère, et qui fut son remplaçant auprès d'elle au pied de la croix, fut un homme vierge c'est sans doute la raison pour laquelle saint Jean a mérité non-seulement de reposer sur le cœur de Jésus pendant la cène, mais aussi d'avoir une plus profonde communication des secrets de Dieu. Ceci est manifeste, d'abord, par son Evangile, qui expose un ordre d'idées plus élevées que les autres Evangiles, quoiqu'ils soient tous admirables; ensuite dans l'Apocalypse, où, à travers les images gigantesques, on entrevoit des beautés ravissantes dont nulle poésie humaine, nulle littérature nationale n'a jamais donné d'exemple. C'est de cette époque seulement que la virginité commence à être connue comme une vertu qui a des priviléges. Mais il fallait la plénitude de grâces de la Loi nouvelle et l'exemple du Fils de Dieu incarné pour triompher à ce point du plus emporté des penchants du cœur, et soumettre à cette noble et pure vertu des légions d'êtres humains, qui, en renonçant à être les membres d'une famille particulière deviennent éminemment et exclusivement les membres de la famille sociale.

Enfin, Jésus-Christ a pratiqué la pauvreté, et déjà nous avons vu ce qu'il pensait des riches et des richesses; il plaignait ceux-là et anathématisait celles-ci. Sur ce point je cède volontiers la parole à Fleury qui, dans la Vie de Jésus-Christ, a si bien comparé les traits de l'Evangile. « Dans sa vie publique, sa vie était plus pénible, dit Fleury, que quand il travaillait de ses mains, car il n'en avait plus le loisir, puisqu'il souffrait que des femmes le suivissent pour le servir de leurs mains, et qu'il gardait quelque argent dont Judas était le dépositaire, tant il estimait peu l'argent. Du peu qu'il avait, il donnait l'aumône, mais i en manquait lorsqu'il fut obligé de faire trouver à saint Pierre, par miracle, de quoi payer le tribut des premiers-nés, qui n'était qu'un demi-sicle, environ 16 sous de notre monnaie.

En effet, il vécut toujours dans une grande pauvreté; il dit lui-même qu'il n'avait pas où reposer sa tête, c'est-à-dire qu'il ne logeait que par emprunt chez ceux qui voulaient bien le retirer. A sa mort, on ne voit pas qu'il eût d'autre bien que ses habits. Il dit qu'il n'est pas venu pour être servi, mais pour servir. Il voyageait à pied, et quand il monta sur un âne, pour entrer à Jérusalem, on voit bien que ce fut une action extraordinaire. » Il faisait imiter sa pauvreté à ses disciples, les envoyant sans argent et sans aucune provision; même lorsqu'ils étaient avec lui, la faim les réduisait quelquefois à prendre ce qu'ils trouvaient dans la campagne, comme les épis qu'ils arrachèrent le jour du sabbat Assurément, voilà bien la pauvreté et le mépris des biens pratiqués dans toute sa sévérité. Aucun monastère n'a donné exemple d'un abandon plus absolu entre les mains de la Providence.

Un autre caractère de la vie ascétique est ae pratiquer la mortification et de se livrer à l'oraison. Ici encore tout se trouve dans le divin modèle.

C'est par des œuvres de pénitence qu'il inaugure sa vie publique; il s'y prépare par le baptême, la prière et le jeûne; il n'avait pas besoin de ces précautions, c'était, comme il le dit lui-même, pour accomplir toute justice et pour nous donner l'exemple. Quel jeûne que le sien encore ! Il reste quarante jours et quarante nuits sans manger. Ce peut être un miracle: cependant il faut se garder de l'affirmer, puisque les anciens nous parlent d'autres exemples de pareils jeûnes. Du moins est-il certain que cette mortification indique dans Notre-Seigneur combien grande était à ses yeux la puissance de la mortification et le

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mérite de la répression des sens pour avancer dans les choses de Dieu; et ce fait montre qu'il devait être habituellement très-mortifié dans son corps et le tenir, comme nous l'avons déjà remarqué, très-détaché des objets qui flattent les seus, c'est-à-dire entièrement à la disposition de l'esprit et de la volonté de son père.

Pendant ce jeûne et dans cette affreuse solitude, à quoi s'occupait Jésus-Christ, sinon à prier? Mais qui oserait parler de son oraison? dit Fleury. Méditons humblement ce que l'Ecriture nous en rapporte, entre autres cette admirable prière que nous voyons dans saint Jean, chap. XVII. Il suffit de la lire pour sentir son âme élevée et se fondre d'amour en sentant le cœur brûlant de Jésus qui s'échappe dans ces expressions ravissantes. Je ne cite que deux versets :

Père saint, je me sanctifie moi-même afin qu'ils soient sanctifiés dans la vérité. Je prie, nonseulement pour eux, mais aussi pour tous ceux qui doivent croire en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme vous, mon Père, vous êtes en moi et moi en vous, et qu'eux aussi ils soient un en nous, et que le monde croie ainsi que vous m'avez envoyé.

Trouvez donc des paroles qui soient en même temps et plus douces et plus grandes : cette même manière simple et large se retrouve dans le Pater qu'il nous a donné comme prière quotidienne. Et qui pourrait dire ce qui se passait en son âme dans ses prières solitaires, comme lorsqu'il s'élevait sur la montagne pour se soustraire au peuple, et surtout au jardin des Oliviers? Mais ces prières et ces communications entre l'Homme-Dieu et le Père éternel, nous devons les respecter comme des mystères où tout est beaucoup plus admirable que nous ne pouvons penser; d'ailleurs nous l'avons déjà vu, sa vie tout entière a eté une oraison continuelle. Il n'est donc pas nécessaire de faire violence au texte sacré et donner une interprétation forcée à la vie de Jésus-Christ pour y trouver le type le plus parfait de la vie contemplative et mortifiée, et en particulier le modèle le plus parfait de la pratique des trois vœux qui font la base de l'ordre monacal, vœux qui sont l'expression complète des conseils évangéliques mis en actions; et chose admirable, cela est ainsi sans que Jésus-Christ cesse pour cela d'être le modèle de tout le monde; car il y a une telle harmonie et une telle simplicité dans cette vie, que tout y paraît naturel et facile.

Son extérieur, du reste, n'avait rien de singulier, rien qui le distinguât des autres Juifs, des simples particuliers et aes hommes du commun, comme il le dit lui-même, car il s'appelle le Fils de l'Homme. Sa vie était dure et laborieuse, mais sans aucune austérité particulière que celle que nous avons marquée.

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Une pareille vie devait exciter l'enthousiasme et l'admiration de tous ceux qui l'avaient vue et qui l'avaient comprise; elle devait avoir pour résultat de chercher à approcher de ce beau modèle aussi près que le permet notre faiblesse. C'est ce qui arriva, et nous le voyons non-seulement dans les apôtres, dont la vie et les pensées étaient devenues toutes célestes depuis qu'ils avaient compris à fond cette vie divine de leur maître, nous le voyons aussi dans les premiers Chrétiens.

LA VIE ASCETIQUE DEPUIS JÉSUS-CHRIST

On peut dire dans sa réalité que cette vie des premiers Chrétiens, telle qu'elle apparaît dans les Actes des upôtres et dans les premiers monuments de l'histoire ecclésiastique, était la vie des gens de religion dans les monastères les plus fervents, le célibat seul excepté. Et on peut affirmer encore que le plus grand prodige de l'ordre moral a été accompli alors, je veux dire celui d'une grande multitude de peuple qui s'accordent tous sans exception à mettre leurs biens en commun. Jamais la victoire sur l'esprit de cupidité n'avait été ni aussi complète ni aussi étendue. Ceci nous indique jusqu'où allait dans ces premiers temps l'empire de l'esprit sur la chair, et l'habitude de l'esprit de contemplation. Cette pratique était trop parfaite pour se prolonger beaucoup, et trop peu compatible avec la marche ordinaire des sociétés civiles, compliquées de toutes sortes de passions et de toutes sortes de citoyens, pour avoir son application sur une grande échelle. faudrait pour cela deux choses et que tous les citoyens d'un même Etat

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