Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

C

CACHET (Jean-Nicolas ), Jésuite, originaire de Neufchâteau en Lorraine, entra dans la Société en 1613, âgé de 16 ans. Il écrivit la Vie de plusieurs saints. Il mourut en 1634, n'ayant que trente-sept ans. Ses œuvres ascétiques sont : 1° Conférences spirituelles, traduiles de l'espagnol du P. Nicolas Arnaya, Paris, 1630, in-4; - 2 L'horreur du péché, Pont-à-Mousson, 1634, in-4°; et Rouen, 1681, in-12.

CALOYER OU CALOGER.- Moine, religieux et religieuse grecs qui suivent la règle de Saint-Basile. Les caloyers habitent particulièrement le mont Athos; mais ils desservent presque toutes les églises d'Orient. lis font des vœux, comme les moines en Occident. Il n'a jamais été fait de réforme chez eux; ils gardent exactement leur premier institut, et conservent leur ancien vêtement. Tavernier observe qu'ils mènent un genre de vie fort austère et fort retiré ; ils ne mangent jamais de viande, et outre cela ils ont quatre carêmes et observent plusieurs autres jeûnes de l'Église grecque avec une extrême régularité. Ils mangent du pain après l'avoir gagné par le travail de leurs mains; il y en a qui ne mangent qu'une fois en trois jours, d'autres une fois par semaine. Pendant leurs sept semaines de carême, ils passent une grande partie de la nuit à pleurer et à gémir pour leurs péchés et ceux des autres. Quelques-uns disent qu'on donne particulièrement ce nom aux religieux vénérables par leur âge, leur retraite et l'austérité de leur vie, et le dérivent du grec zaλis beau, et pas, veillesse. Il est à remarquer que quoiqu'en France tous les moines soient compris sous le nom de caloyers, il n'en est pas de même en Grèce; il n'y a que les Frères qu'on Domme ainsi, car ceux qui sont prêtres sont appelés Jéronomaques (sacrificateurs). Les Tures donnent quelquefois le nom de caloyers à leurs derviches ou religieux. Les religieuses caloyères sont renfermées dans des monastères où elles vivent séparément chacune dans leur maison. Elles portent toutes un habit de laine noire et un manteau de même couleur; elles ont la tête rasée, les bras et les mains couverts jusqu'au bout des doigts. Chacune a une cellule séparée, et toutes sont soumises à une supérieure ou abbesse. Elles n'observent pourtant pas une clôture régulière, puisque l'entrée de leur couvent, interdite aux prêtres grecs, ne l'est pas aux Tures qui vont y acheter de petits ouvrages à l'aiguille faits par elles. Celles qui vivent sans être en communauté sont pour la plus part des veuves qui n'ont fait d'autre vœu que de mettre un voile sur leur tête, et de dire qu'elles ne veulent plus se marier. Les

(114) Nous n'avons pas cru qu'un article sur la Canonisation des saints fùt un hors-d'œuvre dans un DICTIONN. D'ASCETISME. I.

unes et les autres vont partout où il leur plaft, et jouissent d'une assez grande liberté à la faveur de l'habit religieux.

CAMBRY (Jeanne), nommée en religion Jeanne-Marie de la Présentation, fille de Michel Cambry, docteur en droit, naquit à Tournay. Elle était douée de tous les avantages qui rendent une jeune personne recommandable. Elle avait de la fortune, de la beauté, de l'esprit, des connaissances, tout ce qui peut donner l'espoir de faire un bon établissement dans le monde. Elle préféra se consacrer à Dieu, et entra dans l'ordre de Saint-Augustin. En 1625, elle se fit recluse à Lille, et y vécut occupée de lectures spirituelles, de méditations et de la composition de quelques ouvrages de piété. On a d'elle: 1° Traité de la ruine de l'amourpropre; - 2 Bâtiment de l'amour divin. Jeanne mourut le 19 juillet 1639.

CANONISATION DES SAINTS (114).-La canonisation dans la primitive Église consistait dans l'insertion simple du nom d'un confesseur de la foi dans le Canon de la messe. Les noms que nous y lisons et qui, dans certaines Liturgies, sont en très-grand nombre, forment le seul acte de canonisation des saints qui les portent, et cette insertion suffisait pour leur faire rendre le culte de dulie. Bellarmin, en prenant cé terme dans une plus grande latitude que så valeur étymologique, fait remonter la canonisation à l'Ancien Testament, et ille prouvé par les paroles du chapitre XLIV du livre de l'Ecclésiastique : Laudemus viros gloriosos, lesquelles exaltent les mérites des anciens patriarches et des prophètes; tout ce chapitre en effet retrace les vertus de ces hommes glorieux. Les louanges des saints ne sont donc point une innovation dans l'Église catholique, et la canonisation n'a d'autre but que de leur procurer l'honneur dont ils sont dignes.

L'acte par lequel on canonisait était donc bien simple dans les premiers siècles : lorsqu'un Chrétien avait souffert le martyre, on élevait un autel sur sa sépulture et l'on y offrait le saint sacrifice; aussi l'on appelait ces oratoires Martyria. La foi des peuples a ainsi devancé la sanction solennelle de l'Église, parce que ces canonisations spontanées étaient inspirées par l'EspritSaint à un peuple rempli de la plus ardente piété. Plus tard on dut prendre de sages précautions. L'évêque, dans le diocèse duquel un Chrétien avait subi le martyre, n'inscrivait celui-ci dans le Martyrologe ou les Dyptiques qu'après s'être assuré qu'il avait souffert pour la foi catholique. Mais comme ce n'est pas seulement en souffrant la mort pour Jésus-Christ que l'on peut

Dictionnaire d'ascétismé, lá canonisation est comme l'apothéose de la perfection chétienne.

12

acquérir le ciel, et qu'il y a d'autres sortes de témoignages ou martyres non moins agréables à Dieu, c'est-à-dire une vie mortifiée, des travaux apostoliques, de grands services rendus à l'humanité par amour pour Jésus-Christ, on inscrivit pareillement sur les Dyptiques les noms de ces autres martyrs ou témoins de la foi chrétienne. Les évêques étaient juges suprêmes du mérite de ces vertueux personnages, et une décision émanée de leur autorité sanctionnait le culte de dulie qui leur devait être rendu. On croit que c'est vers le iv siècle que l'on assimila aux martyrs qui avaient répandu leur sang, ces autres martyrs non moins vénérables.

Vers la fin du x siècle, il fut jugé plus prudent de laisser au Pape le droit de canonisation. Le premier exemple d'un acte solennel de ce genre fut donné en 993, lorsque le Pape Jean XV canonisa Udalric, évêque d'Augsbourg. Ce pontife était mort en 973. Le second exemple est la canonisation de saint Siméon de Trèves par Benoît VIII, en 1042. Le dernier saint canonisé sans le concours direct du Souverain Pontife est saint Galtier de Pontoise. Cette canonisation fut faite par l'archevêque de Rouen, en 1153. Une bulle d'Innocent III, en date du 3 avril 1200, à l'occasion de sainte Cunégonde canonisée par ce Pape, confirma pour toujours la constitution d'Alexandre III, qui avait réservé le droit de canonisation au Saint-Siége. La procédure faite pour une canonisation fut toujours accompagnée d'une grande prudence et de scrupuleuses formalités qui ne peuvent laisser aucun doute sur le mérite réel du personnage inscrit dans le catalogue des saints. Ces formalités, bien loin de se simplifier, sont devenues au contraire plus sévères, et les hérétiques de bonne foi ont été forcés d'avouer que la prudence était poussée à ses dernières limites. On cite entre autres un gentilhomme anglais, auquel un prélat de ses amis communiqua un procès-verbal contenant la preuve de plusieurs miracles: « Si tous les miracles reconnus par l'Eglise romaine, s'écria-t-il, étaient aussi évidemment démontrés que ceux-ci, je n'aurais point de peine à y souscrire. » Le prélat lui répondit: લ Eh bien de tous ces miracles qui vous semblent si bien prouvés la congrégation des Rites n'en a pas admis un seul, parce que les preuves ne lui en ont pas semblé suffisantes.»

Pour nous renfermer dans notre plan, nous devrons nous borner au cérémonial de la canonisation, après avoir exposé succinc tement les préliminaires. Lorsqu'une personne est décédée en odeur de sainteté, et qu'elle s'est rendue célèbre par des miracles, si un souverain, un corps, une communauté ou même un simple particulier veut la faire placer authentiquement dans le catalogue des saints, une requête est adressée au Pape, une commission est instituée pour instruire la cause, elle est ensuite examinée dans un consistoire secret,

composé des seuls carainaux; la même cause est appelée dans un consistoire public, et puis dans un troisième, qui n'a qu'une demi-publicité. Dans le premier, ou examine la vie, les vertus et les miracles du saint qui est proposé; l'abrégé de cette procédure est adressé aux patriarches, archevêques et évêques qui devront être présents au consistoire à demi public. Après avoir recueilli les voix et avoir entendu les avocats consistoriaux qui débattent la cause, quoique le jugement paraisse devoir être favorable, le Pape ordonne des prières publiques pour demander les luinières du Saint-Esprit. Le Saint-Sacrement est exposé pendant trois jours dans les basiliques patriarcales de Rome; une indulgence plénière est accordée à ceux qui, après avoir jedné pendant trois jours et s'être confessés, auront reçu la communion et visité ces églises. Le Pape lui-même, les cardinaux, les patriarches, archevêques et évêques font ces visites. Ces grâces spirituelles s'étendent aux monastères, dont les membres s'unissent d'intention dans leurs prières pour la sainte Eglise et le Souverain Pontife. Au consistoire où doit être votée la canonisation, les cardinaux et les autres prélats votent individuellement en s'inclinant devant le Pape, assis sur son trône, en chape rouge et mitre de lames d'or. De nouvelles prières sont ordonnées, et enfin la canonisation est prononcée dans un consistoire à ¡demi public, par un décret solennel.

Le jour de la solennité de la canonisation est fixé. Le Pape concède une indulgence plénière à ceux qui assisteront à la cérémo nie. Elle s'étend même aux personnes qui seront légitimement empêchées, telles que les membres des congrégations religieuses qui observent la clôture, les infirmes, les prisonniers, pourvu qu'elles se soient confessées et aient reçu la communion, et récitent, en l'honneur de la très-sainte Trinité, trois Pater et trois Ave, à genoux, au signal qui est donné par le canon du château Saint-Ange et des cloches de la ville. La cérémonie commence par une procession très-solennelle. La description abrégée de la canonisation du Pape Pie V, en 1712, suflira pour en donner une idée. On dressa, au inilieu de Saint-Pierre du Vatican, un vaste et magnifique théâtre, couvert de riches étoffes; un trône destiné au Pape Clément XI y fut placé; des deux côtés étaient les statues de l'Eglise et de la Justice; aux extré mités, celles de la Foi et de l'Espérance. L'église était illuminée d'un nombre prodi gieux de cierges, et les murs étaient ornés de draperies chargées d'emblèmes propres à caractériser la fête qu'on célébrait.

La procession sortit de l'église. Elle était ouverte par les enfants de l'hôpital apostolique de Saint-Michel, qui portaient des flambeaux; puis venaient les orphelins de tous les ordres monastiques de la ville; ensuite marchaient les membres du clergé séculier précédés des bannières, les chanoines de Sainte-Marie-Majeure, de Saint-Pierre et

de Saint-Jean de Latran; les ordinaires de la chapelle papale, les procureurs généraux des ordres mendiants, les camériers en robe, tous les fonctionnaires de la cour pontificale précédaient une nombreuse musique, qui exécutait l'Ave maris stella; après eux paraissaient les bannières de saint Pie et des trois saints qui furent canonisés avec Jui. Après une longue file composée des généraux d'ordres, des abbés, des évêques, archevêques et patriarches, venait le Sacré Collége des cardinaux avec le connétable et le gouverneur de Rome.

La chaise ou sedia gestatoria du Pape était portée par les officiers chargés de cette fonction. Le Pontife y était assis sous un magnifique baldaquin. La procession était fermée par les protonotaires apostoliques, les ordres mendiants, etc.

Quand le Pape entre dans Saint-Pierre, les chantres entonnent l'antienne: Tu es Petrus. Il descend de la chaise, pour se prosterner devant le Saint-Sacrement, et puis se place sur son trône où il est entouré de toute sa cour. Le cardinal procurateur de la canonisation, accompagné de l'avocat conSistorial, et des autres avocats qui doivent faire la demande, se mettent à genoux devant le Pape, et la demande est faite en ces termes: Beatissime Pater, Reverendissimus cardinalis N. hic præsens instanter petit per Sanctitatem Vestram catalogo sanctorum D. N. J. C. ascribi et tanquam sanctum, ou sanctos, ab omnibus Christi fidelibus pronuntiari venerandum, ou venerandos, beatum ou beatos, NN... Très-saint Père, le cardinal N. ici présent, demande avec instance que N. soil incrit par Votre Sainteté au catalogue des saints de Notre-Seigneur JésusChrist, et que son vénérable nom puisse être prononcé comme celui d'un saint par tous les fidèles chrétiens. » Le prélat secrétaire des brefs aux princes répond, au nom du Pape, que les vertus et les mérites de ce bienheureux sont bien notoires, mais qu'il faut encore invoquer Dieu par l'intercession de la sainte Vierge, des saints apôtres Pierre et Paul et de tous les autres saints. Alors le Pape se met à genoux, et les chantres entonnent les litanies des saints en les poursuivant juspu'à l'Agnus Dei. Une seConde instance est faite au Pape selon la formule précitée. On répond de même, et le cardinal-diacre ayant dit: Oremus et Levate, tout le monde se lève, et le Pape, un cierge dans sa main, entonne l'hymne Veni Creator. Celle-ci est suivie du verset et de l'oraison ordinaires. Le Pape s'assied encore sur son trône et le cérémonial de l'instance est répété pour la troisième fois. La première instance est dite instanter la deuxième, instantius; la dernière, instantissime. Ici le prélat secrétaire des brefs répond que Sa Sainteté, étant bien persuadée que la canonisation de tel saint est agréable à Dieu, va prononcer la sentence; alors le Pape, assis sur son trône, et couvert de la mitre, la prononce en ces termes, au milieu d'un silence solennel. Ad honorem

sanctæ et individuæ Trinitatis, ad exaltationem fidei catholicæ, et christianæ religionis augmentum, auctoritate D. N. J. C., beatorum apostolorum Petri et Pauli, ac nostra matura deliberatione prohabita et divina ope implorata, ac de venerabilium fratrum nostrorum S. R. E. cardinalium, patriarcharum, archiepiscoporum, episcoporum in Urbe existentium consilio, beatos, NN. sanctos et sanctos, ou bien beatum N. sanctum decernimus esse et definimus, ac sanctorum catalogo ascribimus; statuentes ab Ecclesia universali eorum memoriam quolibet anno, die eorum natali, nempe beati N. die, etc., pia devotione recoli debere, in nomine Patris + et Filii et Spiritus sancti. Amen. A l'honneur de la sainte et indivisible Trinité, pour l'exaltation de la foi catholique et l'augmentation de la religion chrétienne; par l'autorité de notre Seigneur Jésus-Christ et des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et la nôtre, après une mûre délibération, et après avoir imploré la protection divine, ainsi qu'après avoir pris l'avis de nos vénérables frères les cardinaux de la sainte Eglise romaine, les patriarches, archevêques et évêques qui se trouvent dans la ville. nous définissons et décrétons que le bienheureux N. est saint, et nous l'inscrivons au catalogue des saints. Nous statuons que sa mémoire doit être honorée par l'Eglise universelle avec dévotion, le jour de sa naissance, au nom du Père, etc. »

Après cette sentence l'avocat consistorial remercie le Pape, et le conjure de faire expédier les lettres apostoliques, ce qui lui est promis; il y a pour cela quelques formules peu importantes que nous omettons. Le Pape dépose la mitre et entonne le Te Deum que poursuit la musique pontificale; en ce moment les trompeties de la garde noble se font entendre, et à ce signal on met en branle les cloches du Vatican. Les tambours roulent, on tire des boîtes d'artifice placées près de l'église. L'artillerie da château Saint-Ange et la grosse cloche du Capitole répondent à ce signal, ainsi que toutes celles de la ville, et cela dure au moins l'espace d'une heure. Quand le Te Deum est fini, le cardinal premier diacre entonne le verset Ora pro nobis N., ou s'ils sont plusieurs saints canonisés, il s'exprime au pluriel. C'est la première fois qu'une invocation liturgique est adressée au nouveau saint. On fait la réponse ordinaire Ut digni efficiamur...; puis le cardinal second diacre, se tenant à la gauche du Pape, chante le Confiteor dans lequel, après les apôtres saint Pierre et saint Paul, le nouveau saint est nommé. Enfin le Pape, après l'absolution qui suit le Confiteor, donne la bénédiction solennelle, et ajoute à la formule ordinaire: Precibus et meritis beatæ Mariæ, etc., le nom du saint qui vient d'être canonisé. La cérémonie de la canonisation est terminée. On peut placer la canonisation parmi les plus solennelles et les plus magnifiques cérémonies de l'Eglise romaine. C'est là que brille dans tout

fidélité, les divers oiseaux celui de la contemplation céleste. Autrefois on lâchait ces oiseaux, mais comme l'empressement des assistants à les saisir occasionnait beaucoup de tumulte, cette coutume fut abolie.

son éclat le principe d'égalité devant Dieu, ce principe que la philosophie des hommes a voulu établir par le meurtre et le pillage, et que la philosophie chrétienne sanctionne par la prière et la bénédiction. Ainsi en 1712 furent confondus en une même canonisation, et dans une égale pompe, le Pontife-Roi qui portait la triple couronne, et l'humble Félix de Cantalice qui avait porté le simple et modeste froc de capucin.

Quand le Pape le juge à propos, il célèbre la messe solennelle ou la fait célébrer par cardinal, et, en ce cas, il y assiste sur son trône. A l'offertoire de cette messe est annexé un rite que nous ne devons point omettre. Nous voulons parler de l'offrande qui est présentée par les personnes qui ont été désignées. La marche est ouverte par deux massiers pontiticaux suivis d'un maître des cérémonies, après lequel marchent deux gentilshommes du cardinal-évêque qui portent chacun un gros cierge, dont le plus grand pèse soixante livres, et qui sont ornés de diverses peintures au milieu desqueiles brille l'image du nouveau saint. Le plus ancien cardinal-évêque, le cardinal procurateur de la canonisation et plusieurs autres officiers viennent à la suite. Enfin, deux personnages choisis parmi ceux que la canonisation intéresse plus spécialement, portent, l'un un cierge beaucoup moins gros que les deux premiers, et l'autre une belle cage dorée, dans laquelle sont deux colombes. A ceux-ci succèdent deux gentilshommes du cardinal de l'ordre des prêtres, portant deux pains, l'un doré et l'autre argenté et ornés des armes pontificales. Après ces gentilshommes vient le cardinal-prêtre, suivi de deux personnes, choisies comme les premières parmi celles qui ont provoqué la canonisation, et dont l'une porte un petit cierge et l'autre une seconde petite cage qui contient deux tourterelles. L'ordre des cardinaux-diacres y est représenté comme les deux premiers, et les gentilshommes portent deux barillets de vin, dont l'un est doré, l'autre argenté. Ils sont suivis du cardinal-diacre et des autres personnes intéressées, dont l'une porte un cierge et l'autre une troisième cage contenant plusieurs espèces d'oiseaux. Chacun des personnages présente au Pape son offrande. Les cardinaux baisent seuls la main et le genou du Pontife, les autres baisent le pied. Les cierges et les autres offrandes sont reçus par le Pape, qui les touche de la main, et puis on les place sur les crédences. Un sens mystique est attaché à chacun des objets offerts. Les cierges figurent les actions vertueuses du nouveau saint, et ils sont placés sur des chandeliers comme pour répandre une lumière d'édification sur les fidèles. Le pain, symbole de toute sorte de nourriture, exprime, qu'à l'exemple de Jésus-Christ, la principale nourriture du nouveau saint a été de faire la volonté de notre Père qui est dans les cieux. Le vin est l'emblème de la grâce sanctifiante. Les colombes sont le signe de la douceur, les tourterelles celui de la

Le Pape Grégoire XVI a ajouté une nouvelle pompe à la canonisation. Comme cette cérémonie amène à Rome une grande quantité d'étrangers, il a jugé à propos de leur donner la bénédiction solennelle du haut de la loge du Vatican, comme cela se fait dans les grandes fêtes de l'année. En outre, par ses ordres, la grande coupole du Vatican est illuminée le soir de cette mémorable journée. Pie VII avait déjà introduit cette brillante innovation.

Les bannières ou étendards qui représentent les saints canonisés, et que l'on porte à la procession ou que l'on suspend aux voutes de l'église, méritent une mention spéciale. Cette coutume remonte à la canonisation de saint Stanislas, martyr, évêque de Cracovie. Le jour où se fit cette canonisation, sous Innocent IV, le 17 décembre 1253, au moment où le Pape venait de prononcer la sentence, on vit apparaître dans les airs une bannière soutenue par des anges. Elle était rouge, et au milieu on voyait dépeint un évêqué en habits pontificaux. Cette apparition frappa les regards d'un grand nombre de fidèles qui s'écrièrent que la couleur rouge exprimait le sang du martyr et que l'image de l'évêque représentait saint Stanislas, évêque de Cracovie. C'est de là, selon Papebrocke, que tire son origine l'usage de pavoiser l'église de ces étendards sacrés et de les porter en procession, lorsqu'on célèbre une canonisation.

Il n'y a rien de réglé touchant le jour où doit avoir lieu cette cérémonie. On vient de voir que saint Stanislas fut canonisé le 17 décembre. Nous avons des exemples de canonisations faites les jours de la Pentecôte, de l'Epiphanie, etc.

Les postulateurs d'une canonisation doivent fournir au Pape et à ses principaux ministres les ornements et autres objets qui seront employés dans cette circonstance. Ils doivent être rouges, si le saint a été martyr; blancs, s'il a été confesseur; mais si le jour fixé pour la cérémonie est celui d'une grande fête de l'Eglise, les ornements doivent être de la couleur convenable.

Pour ne pas faire un article spécial sur la béatification, nous allons fournir ici ce qu'il est utile de connaître en cette matière qui se rattache à la canonisation. La béatification n'est point un jugement solennel en vertu duquel le Pape déclare, ex cathedra, qu'un personnage mort en odeur de sainteté jouit du bonheur des saints dans le ciel. C'est une simple permission que le Pape accorda d'honorer, par un culte particulier, un servitcur ou une servante de Dieu. Ce culte se borne à une église, à une contrée, à un diocèse, tandis que la canonisation ordonne que le saint soit vénéré dans toute la catholicité. La congrégation des Rites, instituée par Sixte V, en 1587, est chargée de procéder

dans des causes de cette nature. L'ordinaire du lieu fournit tous les documents nécessaires, après avoir pris des informations auprès des personnes qui ont pu connaître par elles-mêmes, ou par tradition certaine, le serviteur de Dieu mort en odeur de sainteté. La congrégation des Rites, munie de ces procès-verbaux, examine la cause et présente le résultat de cet examen au Souverain Pontife, qui décide s'il y a lieu de nommer une commission spéciale. Si la déeision est favorable, la commission destinée à examiner les documents reçoit son organisation, et, dès ce moment, le titre de vénérable est donné au serviteur de Dieu; mais on ne peut, en raison de ce titre, lui accorder aucun culte. La vic, les vertus, les miracles du vénérable sont examinés et discutés avec le plus grand soin, et sont l'objet de plusieurs rapports en assemblée, où les avocats sont entendus pour et contre la cause. Quant aux miracles qui lui sont attribués, on consulte les médecins et les chirurgiens, qui donnent leur avis sur les cures opérées. Après de nombreuses formalités, qui tendent toutes à bien constater la vérité, la cause est encore envoyée à la congrégation des rites. Si, enfin, de ces scrupuleuses recherches il résulte un jugement favorable, le jour de la solennité de la béatification est fixé.

L'église où la céremonie doit avoir lieu est parée de draperies, et devant la porte principale est suspendue une grande bannière qui représente le bienheureux dans le séjour de la gloire. On y voit aussi des inscriptions qui rappellent les principaux traits de sa vie et de ses miracles. L'image du bienheureux est aussi placée dans l'église au milieu d'un brillant luminaire, et si la cérémonie se fait à Saint-Pierre de Rome, cette image est fixée sur le magnifique transparent qui domine la tribune. Sur les colonnes qui soutiennent celle-ci, sont des médaillons figurant les deux miracles approuvés pour la béatification. Les cardinaux de la congrégation des Rites, accompagnés d'autres prélats, ainsi que les chanoines du Vatican, prennent les places qui leur sont réservées. Un discours est prononcé, on y fait un court éloge du bienheureux, et l'orateur demande au cardinal-préfet de la congrégation qu'il soit publié un décret. pontifical de béatification. Après quelques autres formalités du cérémonial, le secrétaire des brefs monte sur une estrade placée du côté de l'Epître et publie le décret. Après la lecture, on enlève les voiles qui cachaient les bannières dont nous avons parlé, tandis que le château Saint-Ange fait tirer des salves d'artillerie et que l'on sonne les cloches du Vatican. On expose les reliques du bienheureux et le Te Deum est cntonné. Pendant ce temps on encense de trois coups les images du bienheureux, puis on chante la messe qui est prise du commun des martyrs ou des confesseurs, selon la qualité du bienheureux. Ensuite le Pape, accompagné du Sacré Collège, vient révérer

les images et les reliques du nouveau bienheureux. Ce rite de béatification a pris l'extension que nous venons d'exposer brièvement, depuis le xv siècle. Anciennement on se bornait à allumer une lampe et des cierges devant le tombeau du bienheureux; son image était suspendue devant la porte de l'église à laquelle le Pape accordail la permission de célébrer l'office de la messe du même bienheureux. La première béatification solennelle faite dans l'église de SaintPierre de Rome est celle de saint François de Sales par Alexandre VIII, le 8 janvier 1662. Un peu plus de trois ans après, le même Pape canonisa le bienheureux évêque de Genève, dans la même basilique, le 19 avril 1665.

La béatification n'est qu'un acte préparatoire pour la canonisation. On en trouve des exemples dans les premiers siècles de l'Eglise; non pas que le terme et le cérémonial y fussent connus, mais à cause des équivalents. Ainsi, saint Pie 1, Pape, élu en 158, écrivait à saint Just de conserver les corps des saints martyrs, comme les apôtres avaient conservé celui de saint Etienne. Saint Cyprien, au siècle, recommandait à son clergé de consigner dans les registres le jour de la mort des confesseurs. C'est ce qui se faisait dans les dyptiques.

Le culte de dulie rendu aux bienheureux doit être moins solennel que celui qu'on rend aux saints. On ne peut, sans un Indult apostolique, les prendre pour patrons d'un royaume, d'une cité, d'une église. Leur office ne peut avoir d'Octave, et le jour où se fait leur fète, ne peut être de précepte, etc. Ainsi, pour aussi grande et même aussi juste que puisse être la vénération prononcée pour un bienheureux, elle ne doit jamais dépasser les bornes qui sont prescrites par l'Eglise. Une neuvaine solennelle en son honneur, avec offices chantés, ne saurait être célébrée sans méconnaître la sagesse des règles que nous venons d'exposer. La béatification ne peut et ne doit être qu'un préliminaire de la canonisation. (Traité de la canonis., par BENOIT XIV. )

CARCADO (Madame PONCET DE LA RIVIÈRE, veuve de), d'une famille nobie et ancienne, et parente de Mathias Poncet de la Rivière, évèque de Troyes, né à Paris, mort en 1780, a écrit un ouvrage de piété intitulé: L'Ame unie à J.-C. dans le saint sacrement de l'autel. L'abbé Duquesne en a donné une édition après la mort de cette dame, vers 1780, avec un éloge de sa vie.

CARMEL.Il y a deux montagnes qui ont porté ce nom dans la Palestine, l'une au midi près d'Hébron, l'autre plus au nord, près de Ptolémaïde. Saint Jérôme dit que c'était un lieu planté de vignes, très-fertile et fort agréable.

Souvent ce nom est employé dans l'Ecriture pour exprimer la fertilité et l'abondance. C'est sur la seconde de ces montagnes que le prophète Elie et son disciple Elisée ont habité; mais il n'y a aucune preuve que ç'ait été un lieu de dévotion.

« ZurückWeiter »