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personnellement; de l'autre, venge, en sa qualité de supérieur, les injures faites à autrui et en tire une juste punition, et qui, en même temps, n'agit que pour des fins droites, que pour des motifs raisonnables, et évite une colère trop passionnée, ainsi que tout acte indécent et scandaleux.

DREXELIUS (Jérémie), Jésuite d'Augsbourg, mourut à Munich en 1638, âgé de cinquante-sept ans. C'était un prédicateur distingué. On a de lui divers ouvrages de piété, imprimés à Anvers en 2 vol. in-fol., 1643. Ils ont été autrefois fort répandus; l'auteur confirmait par ses exemples ce qu'il enseignait dans ses livres.

DUFOUR (Thomas), Bénédictin de SaintMaur, mort à Jumiéges en 1647, ayant à peine trente-quatre ans, a laissé, entre auires ouvrages de piété, un Testament spirituel pour servir de préparation à la mort,

in-12.

DUGUET (Jacques-Joseph), né à Montbrison en 1650, commença ses études chez les Pères de l'Oratoire de cette ville. Il les étonna par l'étendue de sa mémoire et la facilité de son esprit. Entré dans leur congrégation, il professa la philosophie à Troyes, et la théologie à Paris, en 1677. Les conférences qu'il fit les deux années suivantes lui acquirent une grande réputation. En 1685, il sortit de l'Oratoire, pour se retirer à Bruxelles, auprès du docteur Arnauld, son ami. Mais il revint bientôt en France. Son attachement à la doctrine de Quesnel l'obli

ECHELLE DE SAINT JEAN CLIMAQUE. Voy. JEAN CLIMAQUE.

gea de changer souvent de demeure, et même de pays. Il mourut à Paris le 25 octobre 1733, laissant un grand nombre d'ouvrages écrits avec pureté, avec noblesse, avec élégance. Ses livres ascétiques les plus recherchés sont : 1° La conduite d'une dame chrétienne, in-12, composée pour madame d'Aguesseau vers l'an 1680, et imprimée en 1725; -2° Traité des scrupules, in-12, estimé; 3 Les caractères de la charité, in-12; -4° De l'éducation d'un prince, in-4°, qu'on peut regarder comme le manuel des souverains;-5° Un Recueil des lettres de piété et de morale, en neuf volumes in-12.

DUQUESNE (Arnaud - Bernard d'Icard), docteur de Sorbonne et vicaire général de Soissons, né à Paris vers 1732, se distingua par sa piété et son savoir. Il mourut le 20 mars 1791. On a de lui plusieurs ouvrages ascétiques fort estimés, dont les principaux sont : 1° L'Evangile médité et distribué pour tous les jours de l'année, 1773, 13 vol. in-12, plusieurs fois réimprimé; — 2o Une édition de l'Ame unie à Jésus-Christ dans le saint sacrement de l'autel, ouvrage de M. de Carcado (voir ce nom); -3° L'Année apostolique ou Méditations pour tous les jours de l'année, etc., 12 vol. in-12, Paris, 1791; – 4° Les Grandeurs de Marie, 2 vol. in-12, achevés seulement la veille de la mort de l'auteur. Il avait été administré quelques jours auparavant, et avait continué de travailler à ce livre, qu'il désirait ardemment de pouvoir finir. Son vœu fut rempli.

E

ECKIUS (Jean), né er. Souabe en 1486, professeur de théologie à l'université d'Ingolstadt, signala son savoir et son zèle dans ses conférences contre Luther et ses principaux adeptes. Il se trouva, en 1538, à la diète d'Augsbourg, et, en 1541, à la conférence de Ratisbonne, et brilla dans l'une et dans l'autre. Il avait de l'érudition, de la mémoire, de la facilité, de la pénétration. Il mourut en 1543, âgé de cinquante-sept ans, à Ingolstadt. On a de lui deux Traités sur le sacrifice de la messe, des Homélies, 4 vol. in-8°, et des ouvrages de piété et de controverse.

EDMOND (Saint), né au bourg d'Abendon, fit ses études à Paris, et y enseigna_les_mathématiques et les belles-lettres. Le Pape Innocent Il lui donna ordre de prêcher la croisade. Le zèle avec lequel il remplit cette fonction lui mérita l'archevêché de Cantorbéry. Il se retira plus tard en France, et y mourut en 1241. Il fut canonisé en 1249. Il nous reste de lui un ouvrage intitulé: Speculum Ecclesiæ, inséré dans la Bibliothèque des Pères.

EGGS (Léon), Jésuite, naquit à Rheinfeld le 29 août 1666. En 1714, l'électeur de Bavière le choisit pour accompagner en qualité d'aumônier les deux princes électoraux

Charles-Albert et Théodore, qui se rendaient à l'armée du prince Eugène. Le P. Eggs mourut, le 16 août 1717, au siége de Bellegarde, et fut inhumé dans le camp impérial. Ses œuvres ascétiques sont : 1° Compositiones morales et ascetica; - 2° Opera moralia, pour tous les jours de l'année; 3° des elégies spirituelles sur des sujets tirés des psaumes, sous le titre : OEstrum ephemericum poeticum; Munich, 1712.

EGGS (Georges-Joseph), de la même famille que le précédent, né à Rheinfeld vers 1670, docteur en théologie, chanoine, custode et sénieur de l'église collégiale de Saint-Martin de Rheinfeld, ecclésiastique instruit et laborieux, mort vers 1750, est auteur de plusieurs ouvrages savants qui prouvent son érudition. Ses œuvres ascétiques sont: 1° Tractatus de quatuor novissimis; -2° Tractatus de morte sancte obeunda.

EHRARD (Dom Gaspard), Bénédictin, né en Bavière, est auteur d'un ouvrage intitulé: Dulcis memoria, seu vita, doctrina et mysteria Jesu Christi, per brevem commentarium in sancta Evangelia explicata; Augsboug, 1719, in-8°. ELECTION. Nous nous occupons ici d'élection particulièrement pour ce qui concerne les supérieurs des monastères et des ordres religieux.

Pour qu'on soit sûr que la volonté de Dieu se manifeste dans une élection de supérieur, si elle se fait à la pluralité des voix, il faut que toutes les règles légitimement établies pour la forme de l'élection soient strictement observées. Une de ces règles, fondée sur l'autorité de l'Eglise, oblige, sous peine de faute grave, et c'est la principale; c'est que l'on est obligé de choisir le plus digne parmi les éligibles. Le concile de Trente l'a ainsi décidé dans sa XXIV" session (c. 1, De ref.), en disant: « Le saint concile exhorte tous ceux qui ont le droit de promouvoir à des charges, à quelque titre que ce soit qu'ils le possèdent ou qu'ils l'aient reçu du Saint-Siége, à ne rien innover dans les formes, et il les exhorte à se Souvenir qu'ils ne peuvent rien faire de mieux, pour la gloire de Dieu et pour le salut des peuples, que de choisir de bons pasteurs, et capables de diriger l'Eglise de Dieu et s'ils ne choisissent les plus digues et les plus utiles à l'Eglise d'après leur conviction; s'ils se laissent influencer par les prières, les affections humaines et les suggestions de l'ambition, alors ils pèchent mortellement en participant aux péchés des

autres. >>

Et ici, par le plus digne, on ne doit pas entendre quelqu'un en général qui n'est pas indigne, mais réellement celui que l'on croit le plus digne par ses mérites réels: c'est ainsi que l'a déclaré Innocent XI.

Il faut prendre le plus digne, dit saiut Thomas, non dans la pensée de l'élu, mais dans celle de l'électeur; et il ajoute ces paroles bien remarquables : « Celui-là n'est pas toujours le plus digne qui est le meilleur et le plus saint, mais le plus utile à l'Eglise. »>

mement, selon les règles établies, par ceux par lesquels Dieu a coutume de manifester sa volonté; quoique l'élu soit porté à sa charge contre son inclination et ses goûts, il fera mieux de se soumettre humblement à porter le fardeau que de résister avec obstination. On peut déduire ceci de la parabole des talents, où l'on voit que le serviteur qui cacha son talent fut sévèrement puni.

Saint Athanase écrivant à Draconce, qui refusait l'épiscopat parce qu'il était moine, lui disait: « Ce que vous faites n'est pas exempt de faute, mon cher Draconce, car il n'est pas permis à celui qui a reçu cette grâce de la cacher, et il n'est pas prudent de fournir aux autres l'occasion de la fuir. Le Seigneur connaît mieux que nous-mêmes ce qui nous concerne, et il sait à qui il confie ses Eglises. S'il arrive qu'il ne soit pas digne, qu'il fasse attention non à sa vie, mais à son ministère, de peur qu'en n'envisageant les choses qu'au point de vue du monde, il encoure des malédictions.» « Il y en a quelques-uns, dit saint Grégoire, qui ne refusent que par humilité, de peur d'être préférés à ceux à qui ils se croient inférieurs. Cette humilité est excellente si elle est entourée des autres vertus, elle plaît à Dieu, pourvu qu'il n'y entre point de ténacité. Car celuilà n'est pas véritablement humble qui résiste à la volonté de Dieu convenablement

connue. »

On peut encore observer, sur l'acceptation des honneurs et charges, les points suivants: 1° Celui-là pèche gravement en acceptant des prélatures, s'il se sent exposé au péril prochain de succomber à la négligence de ses devoirs. 2° Si celui qui se sent exposé à un grand péril de succomber dans les devoirs De Lugo en déduit ainsi les motifs : La de sa charge reçoit, malgré ses représencharge des âmes est telle que l'on ne peut tations, l'ordre de celui qui a droit de lui espérer pour ainsi dire de jamais trouver commander, il doit accepter, et mettre sa quelqu'un de digne en tous points; c'est confiance en Dieu. 3° Si, malgré ses obserpourquoi celui-là est censé digne qui a le vations et le danger personnel qu'on court, imoins de défauts, et qui n'a pas de concur- des personnes recommandables vous font rent plus parfait connu; et si on découvrait comprendre que le bien de la communauté ce plus digne, on ne pourrait sans un grave demande votre acceptation, vous devez ne dommage de la communauté ne pas le pré-point refuser. 4° Si on n'a aucun motif parposer, puisqu'il est si difficile de trouver le supérieur qui par sa prudence et son exemple contienne les religieux dans la discipline de leur éta!, et qui ramène les relâchés à la rigueur de la règle, et qui les conduise tous à la perfection.

Si les électeurs sont tenus d'élire le plus digue à leur jugement, il ne s'ensuit pas que l'élu doive se croire pour cela le plus digne; car, dit saint Thomas, ce serait être orgueilleux et présomptueux; mais il suffit qu'il ne trouve rion en lui qui lui rende illicite l'acceptation de sa dignité, c'est-à-dire une suspense, une irrégularité, une excommunication, etc. Le saint docteur appuye ses raisons de l'exemple de saint Pierre, qui, étant interrogé s'il aimait le Seigneur plus que les autres, répondit, non qu'il l'aimait plus que les autres, mais simplement qu'il l'aimait

L'élu ne doit pas résister obstinément à sa vocation, si l'élection a été faite légiti

ticulier et puissant de fuir la dignité, on peut humblement faire des efforts pour la refuser, mais on peut aussi humblement l'accepter. La maxime de saint François de Sales à ses religieuses était de ne rien rechercher et de ne rien refuser. Or, celle disposition, si elle est bien sincère, appelle nécessairement les grâces de Dieu pour nous aider à suffire à toutes les positions, ou bien alors Dieu permettra que les chagrins qui nous feraient succomber ne nous arrive vent pas.

ELOI (Saint), évêque de Noyon sous le règne de Dagobert, l'an 639, offre ce trait remarquable dans sa vie, qu'il sut mener une vie contemplative au milieu de la cour. Il a laissé quelques homélies qui contien nent des règles de la vie spirituelle.

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ENFER. Voy. FINS DERNIÈRES.

ENGELGRAVE (Henri), Jésuite, né à Anvers en 1610, entra dans la Compagnie à

dix-huit ans. Il.sut allier avec l'étude des belles-lettres, dans lesquelles il fit de grands progrès, une autre étude plus nécessaire encore à un religieux, celle de l'Ecriture sainte et des auteurs sacrés. On l'appelait un magasin de science, officina scientiarum. Il mourut à Anvers le 8 mars 1670. Outre des Sermons en grand nombre, et des Commentaires sur les évangiles du carême, il a laissé des Méditations sur la Passion, en langue flamande, Anvers, 1670, in-8°.

ENGELGRAVE (Jean-Baptiste), frère aîne du précédent, Jésuite comme lui, naquit à Anvers en 1601. Il fit profession en 1619, devint recteur du collège de Bruges, et provincial de Flandre. C'était un religieux plein de piété et de zèle et d'un grand savoir. On a de lui: Méditations pour tous les dimanches et les fêtes de l'année. Il mourut le 3 mai 1658. EPHREM (Saint), diacre d'Edesse, se livra dans sa jeunesse à une vie déréglée; mais il reconnut ses égarements et se retira dans la solitude pour les pleurer. Il alla ensuite à Edesse où il fut ordonné diacre. Quoiqu'il eût négligé ses études, il prêcha avec tant de facilité et d'éloquence, que saint Grégoire de Nysse l'appelait le docteur de l'uniters, et Théodoret, la lyre du Saint-Esprit. Il mourut vers l'an 379. On a de lui de noinbreux ouvrages d'ascétisme et de controverse publiés à Rome en 6 vol. in-folio, 1746. Les ouvrages de piété ont été traduits en français par l'abbé Lemerre, 2 vol. in-12, Paris, 1744.

EPREUVE. C'est ce que l'Ecriture nomme tentation. Il est dit dans plusieurs endroits que Dieu met à l'épreuve la foi, la constance, l'obéissance des hommes; qu'il mit Abraham à l'épreuve, etc. Dieu n'a pas besoin de nous éprouver, il sait d'avance ce que nous ferons dans toutes les circonstances où il lui plaira de nous placer; mais nous avons besoin d'être éprouvés, pour savoir ce dont nous sommes capables avec la grâce, et combien nous sommes faibles par nous-mêmes. Si Dieu n'avait pas mis à de fortes épreuves Abraham, Joseph, Job, Tobie, le monde aurait été privé des grands exemples de vertu qu'ils ont donnés, et ils n'auraient pas mérité la récompense qu'ils ont reçue. Ce qui est à notre égard une épreuve, un moyen d'acquérir de nouvelles connaissances expérimentales, n'en est pas un à l'égard de Dieu; mais, en parlant de cette majesté souveraine, nous sommes forcés de nous servir des mêmes expressions que quand nous parlons des hommes. (Voy. TENTATION, APANDON.)

ERMITE, SOLitaire. Nous avons fail, au mot ANACHORÈTE, l'apologie de la vie solitaire ou érémitique, contre la folle censure des philosophes incrédules; nous avons fait voir que ce genre de vie n'est ni un effet de misanthropie, ni une violation des devoirs de société et d'humanité, ni un exemple inutile au monde, et nous avons réfuté les traits de salire lancés par l'incrédulité contre les ermites. Aussi ces censeurs téinéraires n'ont pu se satisfaire eux-mêmes,

en recherchant les causes qui ont donné naissance à la vie solitaire. Certains auteurs, après avoir donné carrière à leurs conjectures sur ce point, ont imaginé que saint Paul, premier ermite, put en puiser le goût dans les principes de la théologie mystique, qui apprenait aux hommes que, pour unir l'âme à Dieu, il faut l'éloigner de toute idée des choses sensibles et corporelles. (Hist. Christ. sæc. ш, p. 29.) Il nous paraît plus naturel de penser que ce saint solitaire avait contracté ce goût dans l'Evangile, dans l'exemple de Jésus-Christ, qui se retirait dans des lieux déserts pour prier, qui y passait les nuits entières, et qui y demeura quarante jours avant de commencer à prêcher l'Evangile. Ce divin Sauveur a fait l'éloge de la vie solitaire et mortifiée de saint Jean-Baptiste, et saint Paul a loué celle des prophètes. En effet, nous voyons que Dieu retint pendant quarante jours Moïse sur le mont Sinaï, et qu'Élie passa une partie de sa vie dans les déserts. Voilà donc un des principes de la théologie mystique consacré dans l'Ecriture sainte.

Mais la vie érémitique n'a jamais produit des effets plus salutaires que dans le temps des malheurs de l'Europe, et après les ravages faits par les barbares. Lorsque les habitants de cette partie du monde furent partagés en deux classes, l'une de militaires oppresseurs et se faisant honneur du brigandage, l'autre de serfs opprimés et misérables, plusieurs des premiers, honteux et repentants de leurs crimes, convaincus qu'ils ne pourraient pas y renoncer tant qu'ils vivraient parmi leurs semblables, se retirèrent dans des lieux écartés pour y faire pénitence, et s'éloigner de toute occasion de désordre. Leur courage inspira du respect; malgré la férocité des mœurs, on admira leur vertu. On alla chercher auprès d'eux des consolations dans les peines, leur demander de sages conseils, implorer le secours de leurs prières. Nos vieux historiens et même nos romanciers parlent des ermites avec vénération; on comprenait que si leur piété n'avait pas été sincère, ils n'auraient pas persévéré longtemps dans ce genre de vie.

Quelques-uns peut-être l'ont choisi par amour pour l'indépendance, d'autres pour cacher leur libertinage sous le voile de la piété; mais ces abus n'ont jamais été communs, et c'est à tort que les incrédules en accusent les solitaires en général. Il n'a jamais été fort difficile de distinguer ceux dont la vertu u'était pas sincère, leur conduite ne s'est jamais soutenue longtemps; les yeux du peuple, toujours ouverts priucipalement sur ceux qu'il regarde comme des serviteurs de Dieu, ont bientôt découvert ce qu'il peut y avoir de répréhensible dans leurs moeurs.

On a encore dit que la plupart étaient des fainéants qui affectaient un extérieur singulier pour s'attirer des aumônes, parce qu'ils savaient que le peuple imbécile ne manquerait pas de leur en prodiguer. C'est une Louvelle injustice. Les vrais ermites ont été

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DICTIONNAIRE toujours laborieux, et comme leur vie était très-frugale, leur travail leur a toujours fourni, non-seulement leur subsistance, mais encore de quoi soulager les pauvres. Les protestants ont eu beau déclamer contre le goût de la vie monastique et érémitique, ils n'ont pu l'etouffer entièrement; il s'est formé parmi eux des sociétés qui, à l'exception du célibat, ont beaucoup de ressemblance avec la vie des anciens cénobites.

ESCHIUS (Nicolas), prêtre pieux et savant, né à Nordwik, près Bois-le-Duc, en 1507, se fit remarquer par la régularité de sa conduite, et professa les belles-lettres à Cologne, où il eut pour élèves le Jésuite Pierre Canisius et le Chartreux Surius. Il devint ensuite archiprêtre de Diest et termina paisiblement, en 1578, une carrière qu'il avait sanctifiée par la pénitence et les bonnes œuvres. On a de lui: 1° Exercices de piété, en latin, Anvers, 1563, in-8°; -2° Isagoge ad vitam introversam capescendam, à la tête du Templum anima, ouvrage anonyme; 3° une traduction de la Perle évangélique, 1545.

ESPERANCE. L'Espérance, prise en général, est un mouvement de la partie appétive vers un bien futur, difficile, mais possible à acquérir vers un bien, autrement ce serait de la crainte; futur, car le mouvement vers un bien présent s'appelle joie; difficile, car nous désirons simplement ce que nous pouvons obtenir de suite; nous ne l'espérons pas; possible, autrement il y aurait désespoir et non espérance. Ici nous entendons par espérance une vertu théologale divinement infuse, par laquelle nous attendons

avec une confiance certaine l'éternelle béatitude et les moyens d'y parvenir, par le secours de Dieu.

La vertu d'espérance nous est extrêmement nécessaire, non-seulement de nécessité de précepte, mais encore de nécessité de moyen: c'est ce que montre le concile de Tren e « Il faut proposer la vie éternelle à ceux qui espèrent en Dieu, et comme une grâce miséricordieusement promise par JésusChrist aux enfants de Dieu, et comme une récompense que Dieu, selon sa promesse, accordera fidèlement à leurs bonnes œuvres et à leurs mérites. » (Sess. vii, c. 16.) Nous devons espérer l'éternelle béatitude et tous les moyens nécessaires pour l'obtenir, tels que la grâce de vivre et de mourir pieusement, de surmonter les tentations, de pratiquer la vertu et d'obtenir le pardon de nos péchés, et cette espérance doit être fondée sur ce motif, que Dieu, souverainement bon, souverainement puissant et souverainement fidèle, nous a promis de nous accorder ces biens, et que Jésus-Christ a souffert et est mort pour nous précisément dans cette intention. Toutefois, comme l'espérance n'exclut pas toute crainte, nous devons, tout en espérant, craindre et nous défier de nousmêmes.

Pour faire des progrès dans la perfection et avancer dans la vertu de foi, nous devons nous exercer avec soin dans l'espérance. On le prouve :

1° Par l'Ecriture sainte. Saint Paul exhortant les fidèles Hébreux à croître en perfec tion, et leur rappelant qu'il espère d'eux de grandes améliorations: Nous avons une meilleure opinion de vous et de votre salut, mes bien-aimés (Hebr. vi, 9); c'est-à-dire une coopération fidèle vers toute perfection, les y excite en disant: Nous souhaitons que chacun de vous fasse paraitre jusqu'à la fin le méme zèle, afin que votre espérance soit accom plie et que vous ne soyez pas lents et paresseux (Ibid., 11, 12); il relève leur courage par l'espérance, et ajoute: Nous avons une puissante consolation, nous qui avons mis notre refuge dans la recherche et l'acquisition des biens qui nous sont proposés par l'espérance, laquelle sera pour notre ame comme une ancré ferme et assurée. (Ibid., 18, 19).

2° Par les SS. Pères : « La foi commence la gloire, dit saint Jean Chrysostome, l'es

pérance la consomme en la soutenant; l'une jelte les fondements, l'autre édifie l'homme tout entier; la première donne le principe, la seconde conduit le Chrétien au but; la foi s'adresse aux commencements de la cré

dulité, l'espérance mène à la consommation de la vertu; celle-là croit ce qui est promis, celle-ci voit déjà ce qu'elle espère. Personne ne peut profiter de la foi, s'il ne veut consommer la gloire de l'espérance; et de même que l'espérance n'a aucune solidité sans la foi, de même sans l'espérance la foi ne peut être récompensée. » (Hom. de fide, spe et charit.) Saint Bernard, décrivant comméprise ses ennemis, et reste sur au milieu ment celui qui espère se réfugie en Dieu, du danger, dit : « Sa libéralité pleine de douceur ne fait pas défaut à ceux qui espèrent en lui: tout le mérite de l'homme consiste à mettre tout son espoir en celui qui sauve l'homme tout entier.... Il obtiendra tout ce qu'il pourra espérer, pourvu que son espérance soit fixée toute en Dieu, qu'elle soit ferme et non chancelante. » (Serm. 15, in ps. xc, Qui habitat, etc.)

3 Rossignoli en donne la raison, en disant : « A mon avis, de même que la foi rend héroïques les actions par lesquelles l'homme, pour la gloire de Dieu, méprise avec courage et générosité et lui-même et toutes les choses du monde, de même l'espérance est d'un grand secours pour celui qui veut persévérer avec constance et jusqu'à la fin dans les résolutions qu'il a prises.» (L. De Christ. perf., c. 5.) C'est pourquoi l'Apôtre, dans fa définition ellemême de la foi, passe de suite à l'espérance et dit que la foi est la substance des choses que l'on espère, afin que le Chrétien sache qu'il ne doit pas porter så pensée et ses espérances sur les choses de la terre, sur les biens présents et périssables, mais sur les biens célestes, futurs et éternels: ce doit être là l'objet de ses entretiens et de ses soupirs. D'autant plus que chacun peut, par une espérance fermement établie en Dieu, jointe avec une sage défiance de soi-même, surmonter, avec le puissant secours de Dieu, tous les obsta

cles qui se rencontrent dans la voie de la perfection.

Saint Thomas (2-2, q. 17, a. 7) nous enseigne comment procède l'esprit, pour se livrer à l'espérance. La lumière de la foi l'excite à l'amour de la béatitude et des choses qui y conduisent; de là résulte le désir et enfin l'espérance. Quand le désir est efficace, il trouve un appui dans la connaissance de la fin, en tant qu'elle est possible pour lui, par les moyens que Dieu a mis à sa disposition.

Alors ce désir commande uu autre sentiment, ou bien il est lui-même le sentiment par lequel on se propose de surmonter avec l'aide de Dieu tous les obstacles et toutes les difficultés. C'est en ce sentiment que consiste l'espérance. Si elle se manifeste au milieu des circonstances les plus difficiles, si elle supporte toutes les adversités, à cause de la vie éternelle; si elle est pleine de confiance et de sécurité, et cela en tout temps, avec empressement, promptitude, joie et constance; ou du moins si l'esprit y est constamment disposé, l'espérance devient héroi que et se révèle par la sublimité des bonnes euvres, comme l'enseigne Lauræa. (11 Sent., d. 32, a. 10.) De là l'espérance héroïque peut consister: 1 Dans la manière parfaite d'espérer, alors qu'on place uniquement son espoir et son amour en Dieu, comme notre fin, et dans les biens créés, en tant qu'il sont nécessaires ou très-utiles pour arriver à cette fin. Dans toute nécessité et dans tout péril, on recourt à lui sans hésitation et sans retard; c'est par lui et à cause de lui qu'on espère ct qu'on obtient les choses les plus difficiles, comme il est arrivé à sainte Thérèse, dans la réforme de son ordre. - 2o Dans une rigoureuse pénitence, un parfait renoncement aux choses temporelles, une grande défiance de soi-même; dans les obstacles que l'on éprouve pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, et dans la joie avec la quelle on supporte les adversités que l'on a à souffrir pour Jésus Christ et pour la justice, comme saint Ignace, etc. 3 Dans l'entrée en religion, surtout quand il faut pour cela surmonter de la part du monde de nombreux obstacles, ce qui est arrivé à saint Louis de Gonzague. — 4 Enfin dans la joie que fait ressentir la nouvelle et la méditation d'une mort prochaine, comme pour saint Philippe de Néri. (Voy. BENOÎT XIV, De serv. Dei beatif., I. 1, c, 23.)

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Les actes qui ont la propriété d'augmenter en nous l'espérance surnaturelle et infuse, sont: 1° d'avoir en toute circonstance une confiance véritable et filiale dans la bonté, la toute-puissance et la fidélité de Dieu, de demander et d'attendre de Dieu seul tout secours, tout conseil, toute force et toute grâce, de lui dédier toutes nos actions, et de lui adresser d'humbles actions de grâces; 2° d'avoir confiance, non dans l'homme, ni dans les créatures, mais avant tout en Dieu; 3° de penser combien d'hommes le Seigneur a déjà sauvés, combien par ses miracles il en a déjà fait parvenir à la foi, à la pénitence et à la sainteté, combien dans sa DICTIONNAIRE D'Ascétisme. I.

miséricorde il en a préservé des plus grands maux, du péché et de l'enfer; et, s'il se présente quelque grand mal, quelque grave danger, de recourir d'abord à Dieu el aux saints par la prière, et ensuite aux remèdes humains; 4 de croire fermement que nous et toutes les créatures, nous ne pouvons rien, que toute notre capacité vient de Dieu, et par conséquent de recourir à lui dans toutes nos actions avec une ferme confiance.

Comme le principal acte de l'espérance théologique est l'attente et le désir de l'éternelle beatitude, nous devons sans cesse aspirer à l'obtenir, aussitôt qu'il plaira à Dieu, et être toujours prêts à abandonner de grand cœur tous les biens présents et même la vie, afin de parvenir à l'accomplissement de ce vœu ;

1° C'était là le sentiment habituel de David, même alors que les portes du paradis étaient encore fermées. Comme le cerf soupire après les eaux, s'écriait-il dans l'ardeur de son désir, de même mon âme soupire après vous, & mon Dieu! Mon âme est toute brûlante pour vous, pour le Dieu fort et vivant. Quand viendrai-je, et quand paraîtrai-je devant la face de mon Dieu? (Ps. XLI, 2, 3.) Il n'est donc pas étonnant combien devaient être ardentes les aspirations des saints du Nouveau Testament vers le ciel, dont les portes leur étaient ouvertes. JésusChrist disant : Voici que je viens et ma récompense est avec moi; voici que je viens. Saint Jean s'empresse de lui répondre : Venez, Seigneur Jésus. Saint Paul disait aux Romains (VIII, 23) : Nous gémissons en nousmêmes, dans l'attente de la rédemption de notre corps et de l'adoption divine. Je désire d'être dégagé des liens du corps et d'être avec Jésus-Christ. (Phil. 1, 23.) Dans cette confiance que nous avons, nous aimons mieux sortir de ce corps pour aller habiter avec le Seigneur. (II Cor. v. 8.)

2 Les Pères et les autres saints brûlaient du même désir. « Seigneur, s'écriait saint Augustin, puissé-je mourir, afin de vous voir! Je ne veux plus vivre, je veux mourir. Je désire d'être dégagé des liens du corps et d'être avec Jésus-Christ. Je désire de mourir, afin de voir Jésus-Christ. Je refuse de vivre, afin de vivre avec JésusChrist. » (Soliloq., c. 1.) « Si jamais je t'oublie, Jérusalem, disait saint Bernard, que ma main droite soit vouée à l'oubli !... Quand briserez-vous mon enveloppe, Seigneur Jésus? Quand m'entourerez-vous de joie, afin que ma gloire vous célèbre et que je ne sois plus accablé de tristesse ?..... Quand viendra le temps où nous pourrons nous plonger au sein des joies éternelles dans la source même de la Divinité? » (Serm. 2 De divers.)

3° La raison en est bien simple. D'abord cette aspiration à l'éternelle beatitude nous excite puissamment à progresser dans la perfection chrétienne; ensuite celui qui manque de force pour désirer sa fin dernière, qui est la possession de Dieu par sa vision et son amour, semble par cela même

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