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les lois de l'amour et de la reconnaissance que nous devons à Dieu, la nature même de la pénitence nous obligerait à ne jamais oublier que nous l'avons offensé, et à ne cesser jamais de pleurer nos crimes. D'ailleurs, nos intidélités journalières et les fautes qui nous arrivent sans cesse dans nos actions ordinaires (car, malgré toutes nos résolutions et tous nos efforts, elles sont encore pleines d'imperfections), se représentent continuellement devant nous, et nous reprochent que nous ne sommes pas encore parfaitement convertis. Notre amour-propre, qui se mêle jusque dans nos exercices spirituels, car souvent c'est pour nous-mêmes que nous agissons, plutôt que pour Dieu; notre atta-` che à mille objets sensibles qui nous environnent et auxquels nous nous laissons séduire; l'esprit du monde, qui se fait assez voir dans toutes nos inclinations et dans toutes nos œuvres, nous font bien connaître que nous n'avons pas encore mis assez sérieusement la main au grand ouvrage de notre conversion, et que nous sommes encore loin de ce sacrifice parfait et entier qui caractérise la vraie conversion du cœur, bien loin, par conséquent, de la réforme intérieure et extérieure qui en est le fruit.

JEUX. Voyez EUTRAPÉLIE.

JOLY (Claude), né à Bury, du diocèse de Verdun, d'abord curé de Saint-Nicolas-desChamps, à Paris, puis évêque d'Agen, mourut en 1678, âgé de soixante-huit ans, après avoir occupé avec distinction les principales chaires de la capitale et de la province. Outre ses Sermons, on a de lui les Devoirs du Chrétien, in-12, 1719.

JORDAN RÉMOND. Voy. IDIOT. JUGEMENT. Voy. FINS DERNIÈRES. JUSTICE (VERTU). La justice est une des vertus cardinales. Saint Thomas la définit : « Une vertu morale, ou une habitude par laquelle on rend à chacun son droit avec une volonté perpétuelle et constante. >> (2-2, q. 58, a. 1.)

La justice a une acception large et une acception restreinte. Dans la première acception, elle désigne tout acte de vertu accompli avec une rectitude parfaite à tous égards; dans la seconde, c'est une vertu spéciale, dont le caractère est exprimé par la définition que nous avons donnée. Ses parties subjectives ou espèces sont, selon saint Thomas (2-2, q. 61, a. 1.), la Justice commutative, qui conserve entre les parties l'égalité de la chose à la chose, et la Justice distributive, qui maintient l'égalité de proportion, de manière à donner à chacun selon ses mérites ou la nécessité.

Les parties potentielles de la justice sont, selon le même saint Thomas :

1o La religion, ou vertu qui rend à Dieu le culte qui lui est dû, comme au principe de toutes choses, par la dévotion, la prière, l'adoration, le sacrifice, le serment, le vou. 2 La piété, ou vertu par laquelle nous remplissons les devoirs d'affection et de Charité auxquels nous sommes tenus envers

les personnes à qui nous sommes attachés par les liens du sang ou de la patrie.

3° L'observance, ou la vertu qui rend hommage aux supérieurs et aux autres personnages de distinction, qui gouvernent les hommes ou sont aptes à les gouverner.

4° L'obéissance, qui nous fait accomplir les œuvres prescrites par le supérieur, parce qu'il nous les a prescrites.

5° La gratitude, ou vertu par laquelle nous rendons grâces à nos bienfaiteurs.

6° La vendication (vindicatio), ou vertu par laquelle on punit les pécheurs, pour leur amélioration et pour le maintien de la justice.

7° La vérité ou vertu par laquelle on se montre, dans sa conduite et ses discours, tel que l'on est.

8° L'affabilité ou l'amitié, vertu qui nous fait observer avec les autres dans la vie sociale les convenances d'ordre ou de dignité.

9° La libéralité, ou vertu qui modère l'amour des richesses et rend l'homme prompt à les distribuer aux autres, selon les inspirations de la droite raison.

Tout homme qui veut s'avancer dans la perfection chrétienne doit s'exercer à la pratique de la justice.

1° Ainsi l'ordonne l'Écriture - Sainte: Rendez donc à chacun ce qui lui est dû le tribut à qui vous devez le tribut, les impôts à qui vous devez les impôts, la crainte à qui vous devez la crainte, l'honneur à qui vous devez l'honneur. Ne demeurez redevables à personne (Rom. xIII, 7 et 8).

2o Ainsi l'enseignent les saints Pères. << Aux yeux de Dieu, dit saint Pierre Chrysologue, la piété n'est rien sans la justice, ni la justice sans la piété; la bonté et l'équité, séparées l'une de l'autre, ne sont rien non plus les vertus se perdent, quand elles bonté devient de la dureté, et la justice sans cessent d'être réunies. L'équité sans la la piété est de la cruauté. Joseph a mérité d'être appelé juste parce qu'il était pieux, et d'être appelé pieux parce qu'il était juste. Enfin, quand la justice pense à la piété, elle évite la cruauté; en modérant la cause, elle assure le jugement; en différant la vengeance, elle préservé du crime; en refusant d'entendre l'accusateur, elle évite la sentence.» (Serm. 145.) « Il est une sorte de justice stricte et très-étroite, qui, aussitôt que vous avez tourné le pied, vous fait tomber dans la fosse du péché. Il n'est pas permis de se préférer à ses égaux, ni de s'égaler à ses supérieurs. La définition de la justice est de rendre à chacun ce qui lui appartient.» (Saint BERNARD, Serm. in Oct Epiph.)

3 La raison en est que la justice rend à chacun ce qui lui est dû: à Dieu la religion, aux supérieurs l'obéissance, au prochain l'honneur, la réputation et les biens de la fortune; sans l'exacte observance de ces prescriptions, personne ne peut arriver,à la perfection chrétienne.

Les actes de la vertu de justice sont :
1 Par la vertu de religion de rendre

Dieu, comme au premier principe de toutes choses et à notre souverain Seigneur, le culte de latrie qui lui est dû, par le sacrifice de la messe, par la prière, l'adoration, les offrandes, les voeux et les serments; de croire et d'espérer en lui, de l'aimer et de le craindre, de respecter les églises et les lieux sacrés, etc.

2° De rendre aux esprits célestes, et surtout à la très-sainte Vierge Marie, par le culte d'hyperdulie, et aux autres saints par celui de dulie, les hommages qui leur sont dus, de vénérer leurs images et leurs reliques.

3° Par la piété, de rendre à nos parents, l'amour, l'honneur et la respectueuse soumission auxquels nous sommes tenus à leur égard.

4° Par l'obéissance aux supérieurs, de leur témoigner le respect et la soumission que nous leur devons, même contre notre propre jugement et dans les circonstances les plus difficiles.

5° De conserver, par la justice distributive, la proportion entre le mérite et la récompense; par la justice vindicative, la proportion entre la faute et la punition, et de rendre, par la justice commutative, à chacun ce qui lui appartient, dans les biens de la fortune, de la réputation, de l'honneur, du corps et de l'âme.

6° De témoigner à nos bienfaiteurs a reconnaissance à laquelle nous sommes obligés.

7 D'exprimer la vérité de cœur et de bouche.

8° De se montrer libéral envers le prochain, selon les inspirations de la droite raison.

9° D'être affables dans la conversation envers tout le monde, d'une manière proportionnée à notre état et aux circonstances. Si tous ces actes se produisent au milieu des plus grandes difficultés, avec empressement, plaisir et facilité, ils deviennent des actes de justice héroïque.

Donnons donc à chacun ce qui lui appartient; adorons, louons, béníssons, glorifions le Seigneur notre Dieu, et rendons-lui grâces pour tous les bienfaits dont il nous a comblés; car il est notre roi, notre créateur, notre rédempteur, notre sanctificateur et notre bienfaiteur; il est infini dans ses perfections, dans sa majesté, sa sagesse, sa sainteté et sa puissance. Il remplit le ciel et la terre; sa grandeur n'a pas de limite. Eternel en durée, ineffable en paroles, incompréhensible en pensée, infiniment bon, il est notre unique espérance, notre amour, notre douceur, notre repos et notre joie, notre protecteur, notre défenseur et notre père. Après Dieu, vénérons aussi la bienheureuse Vierge Marie et les autres habitants de la cité céleste. Rendons à nos supérieurs l'obéissance, et que toute ame se soumette aux puissances supérieures; car il n'y a point de puissance qui, ne vienne de Dieu, et c'est lui qui a établi toutes celles qui existent. Celui donc qui résiste aux puis

sances résiste à l'ordre de Dieu, et ceux qui y résistent attirent une condamnation sur eux-mêmes. Il est donc nécessaire de vous y soumettre, non-seulement par la crainte du châtiment, mais aussi par la conscience. (Rom. xi, 1, 2, 5.) Enfin, rendons au prochain ce que nous lui devons, fidèles à ce précepte de la nature : Faites à autrui ce que vous voudriez qu'on vous fit, et ne faites pas aux autres ce que vous ne voupas qu'on vous fit.

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Pratiques. I. Votre pénitent aura la conscience large ou délicate. S'il a la conscience assez large pour commettre facilement même des péchés graves, il sera facile de découvrir souvent en lui des injustices manifestes. Dans ce cas, le directeur doit s'appliquer à le bien pénétrer de la gravité de ses fautes, et, dans ce but, il lui exposera la beauté, la sainteté, la noblesse qui embellissent la justice, et tout ce qu'i! y a d'odieux, de vil et de méprisable, dans ses injustices. Il lui fera surtout méditer cette parole de l'Apôtre : « Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans le piége du démon » (1 Tim. vi, 9), par laquelle l'Apôtre nous fait comprendre que les biens ravis à autrui sont comme des chaînes dont le démon se sert pour garrotter les âmes, les réduire en esclavage, et les entraîner enfin dans le noir précipice des enfers. Si les pénitents ont la conscience plus délicate, on trouvera quelquefois en eux des injustices réelles, quoique moins évidentes et voilées sous différents prétextes. On rencontrera des femmes pieuses qui ne payent pas suffisamment les personnes qu'elles ont à leur service, et ne leur accordent qu'un mince salaire, plus en rapport avec l'instinct de leur avarice qu'avec les lois de la justice et de l'équité. On trouvera des hommes spirituels qui ne se font point scrupule de différer le payement de leurs dettes, de faire des retenues sur les gages des ouvriers, de ne point les payer dans une équitable proportion avec la valeur du travail. Vous en verrez d'autres qui n'observent point les engagements qu'ils ont contractés avec des fermiers ou des domestiques, ou leur imposent de nouvelles charges, ou un surcroît de travaux auxquels ils ne sont pas obligés, et cela, sans augmenter convenablement leur salaire, comme s'il ne fallait pas avoir pour la sueur du pauvre les mêmes égards, la même justice que l'on aurait pour une marchandise ordinaire. Enfin, il n'est pas rare encore d'en trouver qui, dans les achats, les ventes et les autres contrats, ne cherchent uniquement que leur propre intérêt, sans aucun égard pour l'équité, comme si tout ce qui leur est avantageux devenait juste par là même. Or, en ces choses et en d'autres du même genre, leur conscience ne les tourmente aucunement, et les raisons que leur propre intérêt leur suggère, plutôt que la justice, étouffent en eux tout scrupule. Le directeur doit leur parler avec une sainte liberté, et, sans aucun égard humain, il doit découvrir ces injustices qui

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se commettent d'ordinaire, pour les faire connaître aux coupables et y porter un remède salutaire. Il faut ouvrir les yeux à ces sortes d'aveugles, et leur faire voir clairement les injustices qu'ils commettent à l'égard des mercenaires, des ouvriers, des artisans, des serviteurs, et des autres avec lesquels ils ont occasion d'entrer en affaires. Le directeur doit leur dire hardiment, comme saint Jean-Baptiste à Hérode : « Cela ne vous est point permis, puisque cela porte un injuste dommage à autrui; ceci ne vous est point permis, puisque ceci porte préjudice aux droits d'autrui, et viole les lois de l'équité. »

II. La restitution n'est pas seulement un acte propre de justice qui ordonne une entière satisfaction pour les droits dont chacun jouit, à l'égard de ce qui lui appartient; mais la restitution est commandée par la vertu de justice avec une telle rigueur, qu'aucun prêtre ne peut, de sa propre autorité, dispenser de ses lois. Nous parlons ainsi, parce que le directeur rencontrera des personnes tellement ignorantes, qu'elles s'imaginent que la restitution est une sorte de pénitence, n'est qu'une obligation arbitraire, imposée d'ordinaire par les confesseurs, en punition d'un vol qu'on aurait commis, ou d'un tort que l'on aurait causé au prochain. De là vient que, quand on leur parle de l'obligation où ils sont de satisfaire : « Je vous en prie, mon père, répondent-elles, ne m'imposez pas une si grande pénitence; ordonnez-moi autre chose, je le ferai volontiers...»

Il faut leur faire remarquer, avec saint Thomas, que le confesseur est bien le représentant de Dieu et son fondé de pouvoir, mais non pas de la personne à qui le pénitent est tenu de restituer. « De là, ajoute le même docteur, si le pénitent s'est obligé, par un vou, de dépenser quelque somme d'argent pour le culte de Dieu, le confesseur, muni d'un pouvoir légitime, pourra, au nom de Dieu, dont il tient la place, le dispenser de ce vou, ou le commuer en quelque autre moins difficile. Mais s'il contracte l'obligation de restituer par une action injuste, aucun prêtre, de quelque autorité qu'il soit revêtu, ne peut le délier de cette obligation, par la raison que le confesseur, au saint tribunal, n'est pas le fondé de pouvoir et ne tient point la place de celui à qui la restitution doit se faire; car lui seul peut faire remise de ce qui lui est dû par conséquent il faut se conformer aux lois rigoureuses de la justice, qui prescrivent une satisfaction entière; sinon, c'est se perdre pour l'éternité. Car, puisqu'il est de nécessité pour le salut de respecter inviolablement la justice, il est conséquemment aussi de nécessité pour le salut de restituer ce que l'on a pris injustement. » (2-2, q. 62, art. 2.)

III. Le directeur se gardera de prêter trop facilement l'oreille et d'ajouter foi aux excuses, aux prétextes, que l'on allègue souvent pour se soustraire aux obligations rigoureuses de la justice, et particulièrement

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de restituer. Car ces prétextes ont souvent au prétexte d'une prétendue impossibilité leur source, moins dans un motif raisonnable que dans un sentiment vil d'intérêt et d'avarice; et souvent le directeur, après avoir, comme il le doit, pesé ces motifs dans la balance du sanctuaire, reconnaîtra que l'on n'y a recours que dans la crainte de se dessaisir d'un bien que l'on possède, et dont la restitution aurait pour résultat une diminution dans la fortune, et quelquefois un état de gêne. Or il n'y a point là une impossibilité réelle, ni une raison suffisante pour se soustraire à l'obligation de restituer; car qu'il n'est pas possible de faire une restituautrement, personne n'y serait tenu, puistion sans quelque incommodité ni sans difficulté; et du reste, s'il y a grave inconimodité pour celui qui est tenu à restitution, il y a également grave incommodité pour celui à qui la restitution doit se faire, d'être privé de ce qui lui appartient. Or il est de toute évidence que le coupable, qui a fait tort, doit plutôt souffrir cette incommodité, que l'innocent qui a éprouvé un dommage considérable. Il y en a qui disent que la restitution leur est impossible, parce qu'ils n'ont pas pour cela une suffisante somme d'argent. Or le directeur remarquera que ces sortes de personnes ne manquent pas d'argent pour se procurer des choses inutiles et variées, pour satisfaire leur luxe de table, leur amour effréné du jeu, et même leur vie de libertinage. Il faudra donc s'at tacher à leur faire comprendre qu'ils doivent non-seulement retrancher les dépenses superflues, mais encore se tenir dans les économie. De cette manière, ils seront bien strictes limites du nécessaire et d'une sage quis. Du reste, que le confesseur leur rétôt en état de restituer tout le bien mal acpète que, s'ils peuvent le tromper par leurs vains prétextes, ils ne parviendront point à tromper les yeux de Dieu, qui voit tout. Si le pénitent était de ces personnes qui, quoileurs dépenses, ne possèdent qu'une fortune que se bornant au strict nécessaire dans fort modique, il faudrait lui imposer l'obligation de restituer petit à petit, et à rendre par fractions ce qu'il ne peut rendre en une seule fois. Par là il satisfera à la justice, déchargera sa conscience et mettra en sûreté le salut de son âme. En un mot, le directeur • imprimera profondément dans le cœur de ces sortes de pénitents cette maxime antique de l'école: Non remittitur peccatum nisi ́restisi l'on ne restitue ce que l'on a dérobé. Car tuatur ablatum; le péché n'est pas remis, on aurait beau faire pénitence, détester et pleurer amèrement ses injustices, ces larmes, ces pénitences, seraient inutiles, si l'on ne réparait les torts que l'on a commis, selon cette parole de saint Augustin : « Si l'on a prise injustement à autrui, on ne fait pas ne restitue, quand on le peut, la chose qu'on pénitence, on n'a qu'une pénitence fictive. » (Epist. 54 ad Maced.).

IV. Le directeur comprendra facilement, d'après ce que nous venons d'exposer, et

encore plus d'après sa propre expérience dans le ministère, combien peu de restitutions se font entièrement. Et encore arrive-t-il souvent que celles qui se font ne se font pas comme il convient, et ne réparent pas complétement le dommage causé. Ainsi, par exemple, on en voit qui, les mains pleines du bien d'autrui, pourraient restituer intégralement, ou du moins en partie, et qui cependant diffèrent cette restitution de jour en jour, sans un juste motif. Malgré cela, ils vivent tranquilles et en paix, parce que, nourrissant en eux la bonne volonté de restituer, ils pensent satisfaire suffisamment à la justice et à leur conscience; et ainsi ils passent leur vie en état de péché grave, puisqu'ils blessent continuellement la justice et le prochain. La raison en est que le précepte de la restitution, quoique affirmatif sous un rapport, en tant qu'il ordonne positivement de réparer le tort fait à autrui, est toutefois négatif sous un autre rapport, en tant qu'il défend de retenir injustement le bien d'autrui; et par conséquent l'homme injuste, qui diffère la restitution, viole constamment le précepte qui défend de retenir le bien d'autrui injustement, et pèche toujours, jusqu'à ce qu'il restitue, le pouvant, ce qu'il possède injustement. Le directeur en trouvera d'autres qui veulent réparer le tort fait au prochain, en faisant dire une messe, en donnant quelque modique aumône, bien que la personne lésée leur soit parfaitement connue; et ce qui est encore plus déplorable, il y a des confesseurs qui, non-seulement approuvent, mais.ordonnent même ces prétendues restitations que la saine raison réprouve si hautement. De telles restitutions peuvent bien suffire, quand les personnes lésées sont totalement inconnues, mais elles ne suffisent nullement, quand les personnes lésées dans leurs intérêts sont connues de celui qui doit restituer.

Enfin il en est quelques-uns qui voudraient bien, mais sans débourser un écu, réparer le tort qu'ils ont fait. Mon Père, disent-ils, j'assisterai à la messe pour l'âme de celui à qui je dois; je ferai une communion, je réciterai des prières pour lui. »> Que le directeur leur demande s'ils seraient eux-mêmes contents, si leurs débiteurs, au lieu de leur payer cent écus dont ils sont redevables, offraient pour le salut de leur âme des prières ou des communions. Ils répondront négativement sans aucun doute. Eh bien, leur répliquera-t-on, il en est ainsi de vos créan ciers qui réclament de vous, non des prières, mais leur bien. Et en effet, les œuvres saintes, comme étant d'un ordre tout diffé

rent, ne peuvent réparer les dommages temporels fails au prochain.

V. Le directeur ne doit pas s'en rapporter trop facilement aux paroles de ceux qui promettent de restituer le bien d'autrui ou de réparer le tort qu'ils ont causé. Mais, avant de les absoudre de leurs péchés, il faut exiger qu'ils remplissent ces obligations de justice; et cela particulièrement dans deux cas 1° s'ils ont déjà fait la même promesse à d'autres confesseurs, sans en venir à l'exécution; car leur manque de parole les rend suspects; 2° s'ils possèdent encore en nature la chose ou l'argent qu'ils ont volés; car lorsqu'ils ne les posséderont plus, la restitution en deviendra bientôt plus difficile.

JUSTIN (Saint), martyr, philosopne, et apologiste de la religion, naquit à Naplouse, autrefois Sichem, capitale de la Samarie. Il fut élevé dans les erreurs et les superstitions de l'idolâtrie; mais en même temps il eut soin de cultiver son esprit par l'étude des belles-lettres. Après avoir goûté de toutes les écoles de philosophie de l'antiquité auprès des professeurs les plus renommés, il comprit la vanité de leur enseignement et il sentit son âme de plus en plus vide de la vérité. Ses incertitudes sur les destinées de l'homme ne furent fixées que lorsqu'un certain jour il se promenait sur les bords de la mer: il vit près de lui un vieillard à la figure vénérable, que les uns disent avoir été un Chrétien et les autres un ange la conversation s'engagea sur l'excellence de la philosophie : le vieillard réfuta solidement les prétentions de Justin, qui soutenait encore que Platon et Pythagore conduisaient à la vérité; ensuite il lui montra par quelle voie on arrivait à la vérité évangélique ! qui seule rend compte de tout et renferme toute la sa

gesse.

L'étude des prophètes, dont cet entretien lui donna connaissance, commença à l'éclairer, et il finit par approfondir tous les motifs de crédibilité du christianisme. Après avoir rendu les plus grands services à l'Eglise par ses apologies, il eut la gloire du martyre sous Marc-Aurèle, l'an 167.

Parmi ses œuvres ascétiques, on remarque sa lettre à Diognète et celle à Zénon, que nous recommandons à la méditation de ceux qui aspirent à la perfection. La première contient un admirable peinture de la vie des premiers Chrétiens; et la seconde, des choses d'autant plus instructives sur la vie ascétique, qu'elles sont d'un auteur qui arrivait un peu plus de cent ans seulement après la mort de Notre-Seigneur. (Voy. le Catal., fin du t. II.)

K

KROUST (Jean-Marie) entra chez les Jésuites, fut professeur de théologie plusieurs années à Strasbourg, et travailla quelque

temps au Journal de Trévoux. On a de lui deux ouvrages de piété où on retrouve le langage onctueux de l'Ecriture sainte et des

Pères 1° Institutio Clericorum, 4 vol. in-8°, Ausbourg, 1767. Ce livre très-estimé renferme des méditations pour tous les jours

LACTANCE (Lucius Cælius Firmianus), orateur et défenseur célèbre de l'Eglise, dont on ne connaît ni le pays ni la famille, s'acquit une telle réputation par son éloquence, que Dioclétien le fit venir, vers 290, à Nicomédie, pour y enseigner la rhétorique latine. Plus tard, Constantin lui confia l'éducation de son fils Crispus, en 317. Lactance n'en fut que plus modeste; il vécut dans la pauvreté et dans la solitude, au milieu de l'abondance et du tumulte de la cour. Ce grand homme mourut en Chrétien fervent, vers l'an 328. Le style de Cicéron avait été le modèle du sien même pureté, même clarté, même noblesse, même éloquence. Aussi le surnomma-t-on le Cicéron chrétien. Ses plus célèbres ouvrages sont : 1. Les Institutions divines; 2o Un traité De la mort des persécuteurs, 3° Un livre De l'Ouvrage de Dieu; 4° Un livre De la colère de Dieu

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LAFITAU (Pierre-François), naquit à Bordeaux, en 1685, se fit Jésuité et se distingua par son talent pour la chaire. Envoyé à Rome pour les affaires de la bulle Unigenitus, il plut à Clément XI, et fut nommé à l'évêché de Sisteron, après avoir quitté son ordre. Après avoir édifié son clergé, et passé sa vie dans l'exercice des vertus épiscopales, il mourut au château de Lurs, en 1764, âgé de 79 ans. Ses ouvrages ascétiques sont: 1° Retraite de quelques jours, in-12; -2 Avis de direction, in-12; 3° Conférences pour les missions, in-12; -4° Lettres spirituelles, in-12; -5° La vie et les mystères de la sainte Vierge, 2 vol. in-12, où l'auteur montre plus de piété que de critique. LAFONT (Pierre DE), né á Avignon, official de l'église d'Uzès, était un homme de Dieu, plein de zèle et de charité. Il fonda un séminaire dans la ville épiscopale, et en fut le premier supérieur. Il mourut vers 1710. On a de lui des Entretiens ecclésiastiques, 5 vol. in-12, et des Prônes, 4 vol. in-12. Toutes les preuves que fournissent l'Ecriture, les Pères, les conciles, sur les devoirs des ecclésiastiques et des autres fidèles, sont répandues dans ces deux ouvrages avec beaucoup d'intelligence.

de l'année. -2° Retraite de huit jours, in-8°, Fribourg, 1765, à l'usage des ecclésiastiques.

L

LAIRVELS (Servais), né à Soignies, en Hainaut, l'an 1560, abbé de Sainte-Marieaux-Bois, et réformateur de l'ordre de Prémontré, fit approuver sa réforme par Louis XIII et par les Papes Paul V et Grégoire XV. Il eut la consolation de voir revivre en France, comme en Lorraine, l'esprit de pauvreté, de charité, d'humilité et de mortification, qui anima les premiers disciples de saint Norbert. I mourut en 1631, après avoir publié quelques ouvrages

de piété, dont les principaux sont: 1° Statuts de la réforme de Prémontré ; - 2° Catéchisme des Novices; - 3° L'optique des Réguliers de l'ordre des Augustins.

LALLEMANT (Louis), Jésuite, né à Chalons-sur-Marne, mort recteur à Bourges en 1635, est auteur d'un Recueil des Maximes, qu'on trouve à la fin de sa Vie, publiée en 1694, in-12, par le P. Champion.

LALLEMANT (Pierre), chanoine régulier de Sainte-Geneviève, naquit à Reims et ne se fit religieux qu'à l'âge de trente-trois ans. La chaire, la direction et les œuvres de piété remplirent le cours de sa vie. Il la termina par une mort sainte, en 1673, âgé de cinquante et un ans, après avoir été chancelier de l'Université. Ses ouvrages ascétiques sont 1° Le Testament spirituel, in-12; 2o Les saints désirs de la mort, in-12; — 3° La mort des justes, in-12. Ces trois ouvrages ont été fort répandus et ont obtenu du succès.

:

LAMBERT (Joseph), né à Paris en 1654, docteur de Sorbonne et prieur de Palaiseau, près de Paris, obtint beaucoup de succès. dans la chaire. Sa charité pour les pauvres allait jusqu'à l'héroïsme. Il mourut, fort regretté, en 1722, âgé de soixante-huit ans. Outre plusieurs volumes de Sermons et d'Instructions, il a publié : 1° Discours sur la vie ecclésiastique; - 2° Epitres et Evangiles de l'année avec des réflexions, 1713, in-12; -3° Les Ordinations des saints, in-12.

LAMI (Dom François), né à Montyreau, diocèse de Chartres, en 1636, porta d'abord les armes, et y renonça pour entrer dans la congrégation de Saint-Maur, en 1659. Il mourut à Saint-Denis, en 1711, universellement regretté, tant pour les lumières de son esprit que pour la bonté de son cœur, la candeur de son caractère et la pureté de ses mœurs. Les ouvrages dont il a enrichi le public portent l'empreinte de ces qualités précieuses. En fait de piété, il a laissé: 1° un traité fort estimé De la connaissance de soimême, 6 vol. in-12, 1700; -2° De la connaissance et de l'amour de Dieu, in-12; 3o Les gémissements de l'âme sous la tyrannie du corps, in-12.

LAMOTTE (Louis-François-Gabriel D'ORLEANS DE), l'un des plus vertueux évêques du XVII siècle, naquit à Carpentras, en 1683, d'une famille noble. Successivement chanoine théologal de cette ville, grand vicaire d'Arles, administrateur du diocèse de Senez, il fut nommé, en 1733, évêque d'Amiens. Ce prélat joignait à l'aménité du caractère la vivacité de l'esprit le plus aimable; il fut tout à la fois le modèle des évê

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