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Nous l'aigrissons par nos impuretés, et, malgré lui, nous l'entraînons à nous punir. Et quoiqu'il entre dans l'essence et la majesté de Dieu d'être inaccessible à tout ressentiment de colère, nos péchés cependant l'irritent si fort, que nous armons nous-mêmes son courroux. Nous faisons, pour ainsi dire, violence à sa bonté, et nous détruisons, en quelque sorte, sa miséricorde. Disposé qu'il est à nous pardonner toujours, il se voit forcé par notre conduite à se venger de nos crimes. Semblables à ceux qui assiégeant des villes fortes, qui cherchant à prendre et à renverser de formidables citadelles, les attaquent avec toute espèce d'armes, toute espèce de machines; pour vaincre la miséricorde de Dieu, nous employons comme des armes nos crimes monstrueux, nos forfaits de tout genre. Et nous croyons le ciel injuste à notre égard, quand c'est nous-mêmes qui le sommes envers Dieu! Une faute dans des chrétiens, c'est un outrage à la divinité. Car lorsque nous faisons ce que Dieu nous défend, nous foulons aux pieds ses ordres, et par conséquent c'est être impie que d'accuser, dans nos calamités, la sévérité divine. C'est nous-mêmes que nous devrions accuser. Quand nous faisons ce qui sera la cause de nos châtimens, nous devenons les auteurs de nos propres souffrances. Pourquoi se plaindre alors de la rigueur des peines? Chacun de nous se punit lui-même. De là vient que le Prophète nous dit: Vous allumez le feu, vous attisez les flammes. Marchez à la lueur de votre feu et des flammes que vous avez excitées. Tous les hommes se précipitent dans la peine éternelle, en suivant les degrés que l'Ecriture vient de tracer. D'abord ils allument le feu, puis ils

mæ. Ingredimini in lucem ignis vestri et flammæ quam accendistis (1). Totum namque humanum genus hoc ordine in pœnam æternam ruit, quo Scriptura memoravit. Primum enim ignem accendit, postea vires ignibus præbet, postremo flammam ingreditur quam paravit. Quando igitur primum sibi homo æternum accendit ignem ? Scilicet cum primum peccare incipit. Quando autem vires ignibus præbet? Cum utique peccatis peccata cumularit. Quando vero ignem æternum introibit? Quando inremediabilem jam malorum omnium summam crescentium delictorum nimietate compleverit, sicut Salvator noster ad Judæorum principes ait: Implete mensuram patrum vestrorum, serpentes, progenies viperarum (2). Non longe a plenitudine peccatorum erant quibus ipse dicebat Dominus ut peccata complerent. Ideo absque dubio, ut, quia digni jam salute non essent, implerent iniquitatum numerum, quo perirent. Unde etiam, cum lex vetus peccata Amorrheorum completa esse memorasset, sic locutos esse ad sanctum Loth angelos refert: Omnes qui tui sunt educ de urbe hac. Delebimus enim locum istum, eo quod increverit clamor eorum coram Domino, qui misit nos ut perdamus illos (3). Diu profecto flagitiossimus ille populus ignem illum accenderat, quo peribat. Et

(1) Is. L. 11.

(2) Matth. XXIII. 32-33. (3) Gen. XIX. 12-13.

l'attisent; enfin ils marchent a la lueur des flammes qu'ils ont préparées. Quand donc allument-ils d'abord pour eux les feux éternels? Lorsqu'ils commencent à pécher? Et quand est-ce qu'ils l'attisent? - Lorsqu'ils entassent crimes sur crimes. Mais quand estce qu'ils entreront dans ces feux éternels? — Lorsqu'ils auront atteint le terme irrémédiable de tous ces forfaits, par l'énormité de leurs fautes toujours croissantes, ainsi que le Sauveur le déclare aux princes du peuple juif: Remplissez donc la mesure de vos pères, Serpens, race de vipères. Ils n'étaient pas loin de la plénitude des crimes, ces hommes auxquels le Seigneur luimême disait de combler la mesure de leurs péchés. Et cela, sans doute, afin que, n'étant déjà plus dignes de salut, ils remplissent le nombre de leurs iniquités, pour périr ensuite. Ainsi, l'ancienne loi racontant que l'iniquité des Amorrhéens était montée au dernier degré, fait parler en ces termes les anges au saint homme Loth: Tous ceux qui sont à toi, fais-les sortir de cette ville. Car nous détruirons ce lieu, parce que leur cri s'est élevé devant le Seigneur, qui nous a envoyés pour les perdre. Il y avait long-temps, certes, que ce peuple infàme travaillait à allumer le feu par lequel il allait périr. Et voilà pourquoi, ses iniquités une fois portées à l'excès, il fut consumé par les flammes qu'avaient allumées ses propres crimes. Il avait si mal mérité de Dieu, que, la géhenne du jugement futur, il l'éprouva même dès cette vie.

ideo completis iniquitatibus suis, arsit flammis criminum suorum. Tam male enim de Deo meruit, ut gehennam quæ in futuro judicio erit, etiam in hoc seculo sustineret.

Sed nulli sunt, inquit aliquis, illorum exitu digni, quia nulli illorum impuritatibus comparandi. Verum fortasse istud sit. Attamen quid facimus quod salvator ipse omnes qui Evangelium suum spreverint, pejores esse memoravit ? Denique ad Capharnaum sic ait: Si in Sodomis factæ fuissent virtutes quæ factæ sunt in te, forsitan mansissent usque in hunc diem. Verumtamen dico vobis quia terræ Sodomorum remissius erit in die judicii quam tibi (1). Si Sodomitas minus esse dicit damnabiles quam cunctos Evangelia negligentes, certissima ergo ratio est qua et nos, qui in plurimis Evangelia negligimus, pejus timere aliquid debeamus; præsertim cum usitatis jam et quasi familiaribus malis contenti esse nolimus. Non sufficiunt enim multis consuetudinarii reatus, non sufficiunt lites, non calumniæ, non rapinæ, non sufficiunt vinolentiæ, non sufficiunt comessationes, non sufficiunt falsitates, non sufficiunt perjuria, non sufficiunt adulteria, non sufficiunt homicidia, non sufficiunt denique cuncta ista, etsi atrocitate inhumanissima, re tamen ipsa ad humanas injurias pertinentia, nisi blasphemas furiosarum mentium manus injiciant

(1) Luc. X. 12-13.

Mais il n'est personne, dira-t-on, qui soit digne d'une telle fin, parce que personne aussi n'a égalé les impudicités des Sodomites. Cela pourrait bien être vrai. Mais ignorons-nous que le Sauveur lui-même regarde comme pires encore ceux qui méprisent son Evangile? Enfin, il dit à Capharnaum: Si les miracles qui ont été faits en toi, avaient été faits autrefois en Sodome, peut-être auraitelle subsisté jusqu'à ce jour. jour. Cependant, je te le dis, au dernier jour, la terre de Sodome sera traitée moins rigoureusement que toi. S'il trouve les Sodomites moins condamnables que les contempteurs des Evangiles, nous qui méprisons les Evangiles en plusieurs points, nous avons grand sujet d'appréhender quelque chose de pire; d'autant plus que nous ne voulons pas nous contenter des crimes communs et familiers. Pour la plupart, c'est peu des vices ordinaires, c'est peu des procès, des calomnies, des rapines, c'est peu de l'ivresse, c'est peu des festins dissolus, c'est peu des fourberies, c'est peu des parjures, c'est peu des adultères, c'est peu des homicides, c'est peu enfin des crimes de ce genre qui, tout éloignés qu'ils sont, par leur noirceur, de la dignité humaine, n'attaquent toutefois que des hommes; c'est peu de tout cela, si, dans une fureur insensée, on n'élève encore contre Dieu des mains blasphématrices. Il est écrit des impies: Ils opposent leur bouche au ciel, et leur langue parcourt la terre.- Et ils ont dit: Dieu nous verra-t-il? le Très-Haut en a-t-il

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