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DE LA MORT DE CLÉMENT V, 1314, A LA MORT D'URBAÍN v, 1370.

Séjour des Papes à Avignon.—Sort de la postérité de Philippe le Bel. — Double élection dans l'empire d'Allemagne. Origine de la politique moderne. dans les idées et les caractères. Schisme de Louis de Bavière.

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Baisse Archevêque

catholique à Péking. — Correspondance de l'empereur de la Chine, chef des Tartares, avec le Pape. Etat des lettres et arts en Italie. Le Dante. L'Italie également féconde en saints. Relations filiales de l'Arménie avec le Pontife romain.

La Pomeranie demande à être fief de l'Eglise romaine. Mort funeste de Louis de Bavière. Guerre civile entre la France et l'Angleterre.

de la théologie mystique en Occident et en Orient.

Différence

Pendant les cinquante-six années qu'embrasse ce livre, le siége de saint Pierre fut occupé, de l'an 1316 à 1334, par Jean XXII; de 1334 à 1342, par Benoit XII; de 1542 à 1352, par Clément VI; de 1352 à 1362, pár Innocent VI; de 1362 à 1570, par Urbain V. Tous ces Papes étaient Français. Nous avons sur chacun d'eux plusieurs vies contemporaines : sept de Jean XXII, huit de Benoit XII, six de Clément VI, quatre d'Innocent VI, quatre d'Urbain V. Pas une ne dit rien contre les mœurs de pas un ; au contraire, tous Ꭹ sont loués sous ce rapport. Seulement, l'Italien Mathieu Villani, dans sa continuation des histoires florentines commencées par Jean Villani, son frère, reproche à Clément VI que les grandes et nobles dames étaient admises dans ses appartements, comme les prélats; mais l'auteur de la troisième vie de ce Pape l'appelle expressément un modèle de religion et de modestie1; ce qui donne lieu de ser que le reproche contraire était un bruit répandu par la malveitlance et accueilli un peu légèrement par Mathieu Villani, qui, comme les autres Italiens, en voulait aux Papes français de ce qu'ils demeuraient en-deçà des monts.

Jean XXII fut élu Pape le septième d'août 1316, après que le Saint-Siége eut vaqué deux ans, trois mois et dix-sept jours. D'après

• Modestiæ norma, religionis exemplar. Baluz. Vitæ Paparum avenionensium, t. 1, p. 300.

ce qui paraît, cette longue vacance est due aux compatriotes du précédent Pape, aux Gascons.

Clément V était mort le vingtième d'avril 1314, à la Roquemaure, près d'Avignon. Son corps fut d'abord reporté à Carpentras, où résidaient les cardinaux avec le reste de la cour de Rome; mais au mois d'août, il fut transféré en Gascogne, sa patrie, et enterré, comme il en avait donné l'ordre, à Useste, diocèse de Bazas. Incontinent après la mort du Pape, son trésor fut pillé, et l'on accusa son neveu, le Gascon Bertrand, comte de Lomagne, d'avoir détourné plus de trois cent mille florins d'or destinés aux frais de la croisade. D'ailleurs, au mois de juin de la même année, Hugucion de Fayole, avec ses Gibelins, surprit Lucques, qui fut pillée pendant huit jours par les Pisans et les Allemands. Ils prirent entre autres le trésor de l'Eglise romaine, que, par ordre du Pape, le cardinal Gentil de Montefiore avait amené de Rome, de la Campanie et du patrimoine de Saint-Pierre, et déposé dans l'église de Saint-Fridien, à Lucques; mais il fut enlevé tout entier et porté à Pise. L'Eglise romaine se voyait ainsi volée en même temps, et par des Italiens, et par des Allemands, et par des Gascons.

Après la mort du Pape, les cardinaux qui étaient à Carpentras, au nombre de vingt-trois, la plupart Gascons, entrèrent au conclave, dans le palais épiscopal, pour procéder à l'élection du successeur. Ils y demeurèrent quelque temps, mais sans pouvoir s'accorder. Survint une querelle entre leurs domestiques, qui pillèrent les marchands romains et les autres étrangers qui suivaient la cour; on · mit le feu à la ville, une partie fut brûlée. Touchés de ce désordre, les cardinaux convinrent de se séparer, à la charge de se réunir à un certain jour. Ils sortirent ainsi du conclave vers la fin de juillet 1314; mais ils furent deux années entières sans se rassembler, n'étant pas moins divisés sur le lieu de l'élection que sur le choix de la personne. Les Italiens disaient qu'il fallait aller à Rome, d'autres ailleurs, et ainsi ils se dispersèrent; quelques-uns se retirèrent à Orange, d'autres à Avignon, chacun où il lui plut 1.

Les cardinaux italiens, qui n'étaient que six, écrivirent sur ce sujet une lettre circulaire aux cinq premiers abbés de Citeaux et au chapitre général de l'ordre, pour les prémunir contre les faux bruits et les instruire au vrai de ce qui s'était passé à Carpentras ; ce qu'ils racontent ainsi : Comme nous étions dans le palais, en conclave pour élire un Pape, tout d'un coup les Gascons, sous prétexte d'emporter le corps de Clément V, prirent les armes le

Raynald, 1314, n. 16. Baluz, t. 1, p. 80.

quatrième de juillet, étant en grand nombre à pied et à cheval, conduits par Bertrand de Goth et Raimond Guillaume, neveux de Clément, soit qu'ils craignissent que le Pape futur ne recherchât leur conduite, soit qu'ils voulussent s'assurer par la force, comme un droit héréditaire, la possession du Saint-Siége.

Etant ainsi dans Carpentras, ils tuèrent plusieurs Italiens de la cour de Rome, car ils n'en voulaient qu'à notre nation; puis ils commencèrent à piller, et, leur fureur croissant, ils mirent le feu en divers quartiers de la ville. Non contents de cela, ils attaquèrent à main armée et au son des trompettes les logis de plusieurs de nous autres cardinaux, et, le bruit augmentant comme dans une ville prise, ils assiégèrent la porte du conclave en criant: Meurent les cardinaux italiens! Nous voulons un Pape, nous voulons un Pape! D'autres Gascons et d'autres cavaliers armés se jetèreut dans la place du conclave et environnèrent le palais, avec des vociférations semblables. En cette extrémité, nous, cardinaux italiens, craignant une mort si honteuse et ne pouvant sortir publiquement, nous fimes une petite ouverture à la muraille de derrière du palais, et, sortant séparément de Carpentras, nous nous retirâmes en divers lieux, non sans péril de notre vie, et, par la miséricorde de Dieu, nous sommes en terres d'amis.

Considérez done qu'il n'a pas tenu aux Gascons de répandre le sang des principaux membres de l'Eglise romaine, elle qui les a nourris, enrichis et comblés d'honneurs, ainsi que de la charger de confusion et de l'exposer à la risée des infidèles. Au reste, nonobstant tout ce que nous avons souffert, nous ne cherchons que la paix et l'unité de l'Eglise, et nous faisons tous nos efforts pour les procurer. Que si, ce qu'à Dieu ne plaise! l'affaire venait à une rupture, nous nous assurons sur votre zèle, que vous combattriez avec nous pour la justice, et que vous et les autres bons catholiques assisteriez l'Eglise en ce besoin. La lettre est datée de Valence, huitième de septembre 1514'.

le

Un de ces cardinaux italiens, savoir, Napoléon des Ursins, écrivit au roi Philippe le Bel, sur le même sujet, une lettre où il dit : Nous avions pris les précautions possibles dans l'élection du Pape défunt, croyant avoir procuré un grand avantage à vous et à votre royaume; mais nous avons été fort trompés, et, si on examine bien sa conduite, il n'a point pourvu à votre royaume, et a pensé nous jeter dans le précipice. Sous son pontificat, la ville de Rome est tombée. en ruine; le patrimoine de saint Pierre a été pillé par des voleurs,

'Baluz, t. 2,

TOME XX.

p.

287.

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ce qui paraît, cette longue vacance est due aux compatriotes du précédent Pape, aux Gascons.

Clément V était mort le vingtième d'avril 1314, à la Roquemaure, près d'Avignon. Son corps fut d'abord reporté à Carpentras, où résidaient les cardinaux avec le reste de la cour de Rome; mais au mois d'août, il fut transféré en Gascogne, sa patrie, et enterré, comme il en avait donné l'ordre, à Useste, diocèse de Bazas. Incontinent après la mort du Pape, son trésor fut pillé, et l'on accusa son neveu, le Gascon Bertrand, comte de Lomagne, d'avoir détourné plus de trois cent mille florins d'or destinés aux frais de la croisade. D'ailleurs, au mois de juin de la même année, Hugucion de Fayole, avec ses Gibelins, surprit Lucques, qui fut pillée pendant huit jours par les Pisans et les Allemands. Ils prirent entre autres le trésor de l'Eglise romaine, que, par ordre du Pape, le cardinal Gentil de Montefiore avait amené de Rome, de la Campanie et du patrimoine de Saint-Pierre, et déposé dans l'église de Saint-Fridien, à Lucques; mais il fut enlevé tout entier et porté à Pise. L'Eglise romaine se voyait ainsi volée en même temps, et par des Italiens, et par des Allemands, et par des Gascons.

Après la mort du Pape, les cardinaux qui étaient à Carpentras, au nombre de vingt-trois, la plupart Gascons, entrèrent au conclave, dans le palais épiscopal, pour procéder à l'élection du successeur. Ils y demeurèrent quelque temps, mais sans pouvoir s'accorder. Survint une querelle entre leurs domestiques, qui pillèrent les marchands romains et les autres étrangers qui suivaient la cour; on mit le feu à la ville, une partie fut brûlée. Touchés de ce désordre, les cardinaux convinrent de se séparer, à la charge de se réunir à un certain jour. Ils sortirent ainsi du conclave vers la fin de juillet 1314; mais ils furent deux années entières sans se rassembler, n'étant pas moins divisés sur le lieu de l'élection que sur le choix de la personne. Les Italiens disaient qu'il fallait aller à Rome " d'autres ailleurs, et ainsi ils se dispersèrent; quelques-uns se retirèrent à Orange, d'autres à Avignon, chacun où il lui plut1.

Les cardinaux italiens, qui n'étaient que six, écrivirent sur ce sujet une lettre circulaire aux cinq premiers abbés de Citeaux et au chapitre général de l'ordre, pour les prémunir contre les faux bruits et les instruire au vrai de ce qui s'était passé à Carpentras ; ce qu'ils racontent ainsi : Comme nous étions dans le palais, en conclave pour élire un Pape, tout d'un coup les Gascons, sous prétexte d'emporter le corps de Clément V, prirent les armes le

Raynald, 1314, n. 16. Baluz, t. 1, p. 80.

quatrième de juillet, étant en grand nombre à pied et à cheval, conduits par Bertrand de Goth et Raimond Guillaume, neveux de Clément, soit qu'ils craiguissent que le Pape futur ne recherchât leur conduite, soit qu'ils voulussent s'assurer par la force, comme un droit héréditaire, la possession du Saint-Siége.

Etant ainsi dans Carpentras, ils tuèrent plusieurs Italiens de la cour de Rome, car ils n'en voulaient qu'à notre nation; puis ils commencèrent à piller, et, leur fureur croissant, ils mirent le feu en divers quartiers de la ville. Non contents de cela, ils attaquèrent à main armée et au son des trompettes les logis de plusieurs de nous autres cardinaux, et, le bruit augmentant comme dans une ville prise, ils assiégèrent la porte du conclave en criant: Meurent les cardinaux italiens! Nous voulons un Pape, nous voulons un Pape! D'autres Gascons et d'autres cavaliers armés se jetèreut dans la place du conclave et environnèrent le palais, avec des vociférations semblables. En cette extrémité, nous, cardinaux italiens, craignant une mort si honteuse et ne pouvant sortir publiquement, nous fimes une petite ouverture à la muraille de derrière du palais, et, sortant séparément de Carpentras, nous nous retirâmes. en divers lieux, non sans péril de notre vie, et, par la miséricorde de Dieu, nous sommes en terres d'amis.

Considérez donc qu'il n'a pas tenu aux Gascons de répandre le sang des principaux membres de l'Eglise romaine, elle qui les a nourris, enrichis et comblés d'honneurs, ainsi que de la charger de confusion et de l'exposer à la risée des infidèles. Au reste, nonobstant tout ce que nous avons souffert, nous ne cherchons que la paix et l'unité de l'Eglise, et nous faisons tous nos efforts pour les procurer. Que si, ce qu'à Dieu ne plaise! l'affaire venait à une rupture, nous nous assurons sur votre zèle, que vous combattriez avec nous pour la justice, et que vous et les autres bons catholiques assisteriez l'Eglise en ce besoin. La lettre est datée de Valence, le huitième de septembre 1514'.

Un de ces cardinaux italiens, savoir, Napoléon des Ursins, écrivit au roi Philippe le Bel, sur le même sujet, une lettre où il dit : Nous avions pris les précautions possibles dans l'élection du Pape défunt, croyant avoir procuré un grand avantage à vous et à votre royaume; mais nous avons été fort trompés, et, si on examine bien sa conduite, il n'a point pourvu à votre royaume, et a pensé nous jeter dans le précipice. Sous son pontificat, la ville de Rome est tombéc en ruine; le patrimoine de saint Pierre a été pillé par des voleurs,

Baluz, t. 2, p. 287.

TOME XX.

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