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dant donné son consentement à l'exécution de son oncle, dupe et victime de Mortimer. Il résolut de punir enfin l'auteur de tant de crimes. Le dix-neuf octobre, Mortimer est arrêté en présence.et par ordre d'Edouard, malgré les cris et les larmes d'Isabelle, livré à la justice, convaincu et pendu. Isabelle dut aux sollicitations du Pape d'éviter l'ignominie d'un jugement public. Jean XXII écrivit au roi pour l'exhorter à pardonner à ses prisonniers, et à ne pas publier la honte de sa mère, mais à la cacher le plus qu'il serait possible '. Il écrivit dans le même but à son épouse, la reine Philippine, au comte de Lancastre, à Guillaume de Montaigu et à l'archevêque de Cantorbéri. Edouard réduisit Isabelle à trois mille livres de revenu, et l'exila dans un château, où elle passa dans l'obscurité les vingt-sept dernières années de sa vie. Le roi allait tous les ans lui faire une visite de cérémonie : il ajouta même mille livres à son revenu annuel; mais il ne lui permit jamais de reprendre aucune part aux affaires publiques. Ensuite le jeune roi consulta le Pape sur la conduite à tenir dans son gouvernement. Jean XXII lui répondit de la manière suivante <

D'abord, pour ce qui est de la réformation du royaume et de son salutaire gouvernement, nous répondons qu'avant tout votre royale prudence doit se proposer de plaire à celui de qui procèdent tous les biens, et par qui il est donné aux princes de régner, et d'éviter avec tout le soin possible ce qui peut offenser les regards de sa majesté. Et parce que l'Eglise, épouse du Christ, est si indivisiblement unie à son époux, qu'on ne peut honorer ou déshonorer l'un sans honorer ou déshonorer l'autre, il convient, très-cher fils, si vous désirez plaire au Christ, que vous empêchiez vos ministres et vos officiers de faire aux églises de votre royaume les injustices qu'on leur y fait au-delà de toute mesure. Ensuite, quant à l'administration de la justice, comme il est écrit: Où il y a beaucoup de conseils, là est le salut, il paraît expédient que la circonspection royale communique le gouvernement du royaume non à un ou deux, et qu'il soit régi non par le conseil d'un ou de deux, mais que, par le conseil général des prélats, des princes et autres nobles, ainsi que des communes, on cherche avec une vigilante attention, non pas brusquement, la voie salutaire pour un gouvernement si considérable, et que, l'ayant trouvée, on la mette à exécution, non pas de parole et d'une manière simulée, mais en réalité et en vérité, faisant prêter serment à ceux qu'on choisit pour conseillers et administrateurs, qu'ils rempliront fidèlement leur office, sans préven

'Raynald, 1330, n. 50. .

tion d'amour, ni de haine, ajoutant, de plus, des peines formidables contre ceux qui ne l'observeraient pas.

Ceci ainsi réglé, comme on dit qu'il y a dans ce royaume beaucoup de coutumes non conformes, mais plutôt contraires au droit divin, au droit humain et à la raison naturelle, coutumes dont l'observation offense Dieu, viole la liberté ecclésiastique, blesse le droit du prochain, ouvre la porte à de faux témoignages, et par conséquent à des jugements iniques, il semblerait très-expédient que la royale providence fit examiner, avec grande délibération, par des hommes craignant Dieu et habiles, si ces coutumes sont telles, afin de les abolir ou de les tempérer de manière à en ôter l'iniquité '. Tels sont les conseils que le pape Jean XXII donnait à Edouard III d'Angleterre, qui les lui demandait. Il nous semble qu'aujourd'hui. même, et la chambre des lords, et la chambre des communes, et tout le peuple d'Angleterre ne pourraient guère désirer mieux.

Edouard avait encore consulté le Pape, si, pour pacifier l'Irlande il devait s'y rendre lui-même. Le Pontife lui conseilla de ne pas quitter l'Angleterre, à cause des troubles qui pourraient y naître en son absence, mais d'envoyer en Irlande des hommes sages, propres à concilier les partis, sans en favoriser aucun au préjudice de l'autre 2.

L'an 1328, Edouard fit une expédition en Ecosse pour y rétablir la suzeraineté de l'Angleterre. Mais les Ecossais, sous la conduite de Robert de Bruce, furent assez adroits pour harceler, fatiguer et vaincre les Anglais, sans que ceux-ci pussent seulement les joindre. La campagne se termina par la paix. Par une déclaration solennelle du premier mars, Edouard renonça à toute prétention de suzeraineté sur la couronne d'Ecosse, qu'elle eût été avancée par lui ou ses prédécesseurs; il consentit à ce que les états de Bruce, son plus cher ami et allié, formassent un royaume indépendant et distinct de celui d'Angleterre, sans sujétion, droit de service, réclamation ou demande quelconque. En même temps, et afin de perpétuer la concorde entre les deux nations, on convint de rétablir la pierre sur laquelle étaient couronnés les anciens rois d'Ecosse, et l'on arrêta que le roi d'Angleterre emploierait ses bons offices auprès du Pape en faveur de Bruce; que sa sœur Jeanne épouserait David, le fils et l'héritier du monarque écossais, et qu'on paierait à Edouard la somme de trente mille marcs, en indemnité des dommages éprouvés dans la dernière invasion 3.

Le roi d'Ecosse envoya une ambassade au Papo pour demander

'Raynald, 1331, n. 36.

TOME XX.

2 Ibid. 3 Rymer, I, V, p. 337. Ford. XIII,A2.

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la levée des censures : ce que Jean XXII lui accorda volontiers par une lettre du quinze octobre de la même année 1328. Le monarque écossais demanda quelque chose de plûs: ce fut d'être sacré et couronné, de l'autorité apostolique, par l'évêque de Saint-André, comme ses prédécesseurs. Le Pape lui répondit, le treize juin 1329, par un diplôme dont voici le préambule: A notre très-cher fils dans le Christ, Robert, illustre roi d'Ecosse. Le souverain et éternel roi du royaume céleste," par qui les rois règnent et les princes commandent, leur a donné la puissance du glaive temporel pour la punition des méchants et la louange des bons, afin qu'ils jugent dans l'équité les peuples, et qu'ils dirigent sur la terre les nations qui leur sont soumises; que leur volonté soit dans l'exécution de la justice, leur méditation dans la loi de rectitude et dans l'observation d'une bonne paix. Pour le faire plus parfaitement, ces mêmes rois, par la vertu de l'onction sacrée que leur confèrent les ministres de Dieu suivant l'antique usage, reçoivent une grâce plus abondante, afin qu'ils aient plus de force à gouverner avec justice, et qu'ils soient dirigés par un esprit plus prudent et plus saint, tant par rapport à eux que par rapport à leurs sujets. Car l'efficace de cette onction dans les rois est bien grande: Saül ayant été oint, l'esprit du Seigneur s'empara de lui et il fut changé en un autre homme; de même David ayant reçu cette onction, il fut dirigé par l'esprit du Seigneur. De plus, pour insinuer que dans les rois doit être la plénitude des vertus et l'autorité entière du domaine temporel, on place sur la tête du prince, sous forme circulaire, le diadême d'honneur, afin que, décoré de ces insignes et distingué par ces titres, il indique à ses sujets, comme le chef à ses membres, la droite façon de vivre et la règle de la modestie.

Après ces belles considérations, le Pape rappelle et loue la demande que le roi avait faite à l'Eglise, et accorde à lui et à ses successeurs légitimes d'être sacrés et couronnés, de l'autorité apostolique, par l'évêque de Saint-André, et, à son défaut, par l'évêque de Glascow, après avoir prêté le serment de défendre l'Eglise et d'extirper les hérétiques. Des lettres dans le même sens furent adressées à l'évêque de Saint-André 2.

Le roi d'Ecosse, Robert de Bruce, ne survécut pas long-temps, et eut pour successeur son fils David. Il en informa le Pape, lui demandant des consolations et des conseils. Le dix août de la même année 1529, Jean XXII lui répondit une lettre paternelle, où il le console de la mort de son père, lui accorde de nouvelles grâces

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pour la parfaite réconciliation de son royaume, et fui donne des conseils pour le bien gouverner. Quant au royaume dont vous avez reçu le gouvernail par là disposition du Seigneur, pour le diriger à la louange et gloire de Dieu, l'accroissement de votre honneur et salut, la paix et l'utilité de vos sujets, usez des conseils d'hommes sages qui cherchent le salut et le repos tant de vous que de vos sujets; tâchez d'avoir des conseillers, des justiciers et des officiers qui craignent Dieu, aiment la justice, et ne cherchent point leurs propres intérêts aux dépens des vôtres et de ceux de vos sujets; en sorte que dans votre royaume cessent les oppressions des pauvres, que les pupilles, les veuves et autres personnes malheureuses y soient protégées, et qu'avec la paix y règne la justice tempérée par la miséricorde1. Tels sont les conseils que le pape Jean XXII donnait aux jeunes rois de son temps. Certes, on pouvait leur en donner de plus mauvais.

Lorsque le roi de France, Charles IV ou le Bel, mourut, le premier de février 1428, il laissa sa veuve enceinte. Le cousin du roi défunt, Philippe de Valois, fils de Charles de Valois, frère de Philippe le Bel, fut nommé régent du royaume, comme premier prince du sang. La reine étant accouchée d'une fille le premier d'avril suivant, le régent Philippe prit aussitôt le titre de roi, fut reconnu pour tél et sacré le vingt-neuf mai. D'après ce qui précède, il ne pouvait y avoir de doute sur son droit. L'exclusión perpétuelle des femmes pour le trône de France avait été prononcée en 1516, lorsque Philippe V ou le Long succéda à Louis X ou le Hutin, au préjudice de la fille de son frère; cette exclusion fut confirmée l'an 1317 par l'assemblée des états du royaume, et de nouveau l'an 1322 par la succession de Charles IV ou le Bel, au préjudice des filles de ses deux frères. Mais il restait la fille unique de Philippe le Bel, la fameuse Isabelle d'Angleterre, la meurtrière de son époux et de son roi. Elle prétendit, malgré les Français, succéder au trône de France, non en personne, attendu qu'elle était femme, mais par son fils Edouard III: comme si elle pouvait lui transmettre ce qu'elle n'avait pas elle-même. D'ailleurs, si les femmes n'étaient pas exclues, elle avait sept filles de ses frères à passer devant elle : une de Louis X, quatre de Philippe V, et deux de Charles IV, dont l'une posthume. Ses prétentions furent donc justement rejétées.

Philippe VI, autrement Philippe de Valois, ayant remporté une victoire sur les Flamands révoltés contre leur comte, somma pour la seconde fois Edouard d'Angleterre de renoncer à ses prétentions

1 Raynald, 1529, n. 82.

sur la France, et de venir lui rendre hommage comme duc de Guienne. Edouard obéit, et vint rendre hommage à Philippe le six juin 1329, dans l'église cathédrale d'Amiens, en présence de plusieurs pairs de France et d'Angleterre. Comme on répandait des doutes sur la nature de cet hommage, Edouard déclara, le trente mars 1331, que l'hommage qu'il avait rendu deux ans auparavant, quoique exprimé en termes généraux, devait être tenu pour un hommage lige, puisque c'était un tel qu'il devait en effet '. Le quatre avril enfin, Edouard vint une seconde fois en France, et eut avec Philippe une entrevue où ils applanirent plusieurs difficultés secondaires. La paix fut ainsi cimentée pour le moment. Mais nous verrons les prétentions d'Isabelle, renouvelées par son fils, occasionner des guerres longues et sanglantes, et faire naître entre les deux nations une antipathie héréditaire, que six siècles n'ont pas encore entièrement éteinte.

En Allemagne, après la mort de l'empereur Henri VII, vingt 'août 1513, l'empire fut vacant près de quatorze mois. Enfin les électeurs s'assemblèrent à Francfort à un jour marqué, le dixneuvième d'octobre 1514. Ceux qui s'y trouvèrent furent Pierre, archevêque de Mayence; Baudouin de Luxembourg, archevêque de Trèves; Jean, roi de Bohême, son neveu, fils de l'empereur Henri VII; Waldemar, margrave de Brandebourg, et Jean, duc de Saxe. Ces cinq électeurs s'assemblèrent au lieu accoutumé dans le faubourg de Francfort, et, après qu'on eut célébré la messe du Saint-Esprit, voulant procéder à l'élection, ils attendirent, autant qu'ils crurent le devoir, Henri, archevêque de Cologne, et Rodolphe, comte palatin du Rhin. N'ayant pas eu de leurs nouvelles, quoiqu'ils fussent proche, ils remirent l'élection au lendemain, et le leur notifièrent par des envoyés exprès. Ils ne vinrent point le lendemain, vingtième d'octobre. Les cinq autres, après les cérémonies accoutumées, élurent roi des Romains, Louis, comte palatin du Rhin et duc de Bavière, frère de Rodolphe; car ils étaient tous deux fils de Louis le Sévère, duc de Bavière, de la maison de Wittelsbach, qui règne encore en Bavière et commence à régner en Grèce. Louis, qui était présent, consentit à son élection, et fut mené par les électeurs dans la ville de Francfort, à l'église de Saint-Barthélemy, où ils le mirent sur l'autel avec les cérémonies accoutumées; puis ils chantèrent le Te Deum, et publièrent l'élection. C'est ce que porte la lettre de l'archevêque de Mayence au Pape futur, datée du vingt-troisième d'octobre 1314,

Rymer, t. 4, p. 477, 481.

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