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Villar a lu une notice historique sur la vie et les ouvrages de Louis-Étienne Boullée, architecte. Ce morceau, bien fait, a beaucoup intéressé. La famille de Boullée était présente. Guyton a lu un mémoire sur la combustion❘ du diamant; ce mémoire contient le résultat d'expériences nouvelles, faites avec la sagacité que l'on connaît à ce savant chimiste.

l'ont suivi et se sont longtemps encore arrêtés | chaque repos des applaudissements mêlés de sur lui. rires malins se font entendre. Cependant le temps s'écoule. Mercier est à la tribune depuis plus d'une demi-heure, et il avait promis de ne prendre que dix ou douze minutes. Le président lui fait dire deux fois à l'oreille d'abréger et de finir, parce qu'il a excédé de beaucoup le temps convenu; Mercier ne tient compte de cet avertissement; le public se fatigue; les applaudissements dégénèrent en moquerie ouverte, les rires en risées. Le président croit devoir mettre fin à une scène qui devient fâcheuse pour l'Institut; il demande du silence pour entendre l'ode de Lebrun. Mercier déclare qu'il ne quittera pas la tribune sans avoir achevé Caton. Murmures, rires..... Le président lève la séance.

Camus a lu la notice d'une découverte relative à l'histoire de l'imprimerie, histoire dont il s'occupe avec ce zèle infatigable qu'il met à tous les travaux utiles dont il se charge.

Quatre morceaux devaient encore être lus dans cette séance: un fragment sur Caton d'Utique, par Mercier; un mémoire sur un drap fabriqué avec de la laine de Croissy, par Chanorier; un projet de nouvelle nomenclature hydrographique, par Fleurieu; enfin une ode, par Lebrun. Mais de tout cela le public n'a entendu qu'un fragment du fragment de Mercier; voici pourquoi.

Mercier avait commencé sa lecture de manière à être entendu de peu de personnes, et la grande partie de l'auditoire s'était mis à causer, comme il arrive toujours quand l'orateur ne peut pas se faire entendre ou ne sait pas se faire écouter. Tout à coup Mercier s'échauffe, déclame son discours comme le plus véhément prédicateur, et ses grands éclats de voix, joints à des paroles qu'on n'entendait qu'à demi, faute d'articulation, excitent quelques rires. Bientôt cette déclamation étrange est coupée, interrompue par des mots oubliés ou mal écrits, qu'il faut ânonner, par des feuillets mal arrangés, qui ne se présentent pas dans l'ordre nécessaire, par le recours fréquent du lecteur à un gobelet d'eau posé devant lui. A

Le citoyen Mercier a sans doute beaucoup à se plaindre du public; mais il aura de l'indulgence quand il saura qu'on ne l'entendait pas; que le moyen de se faire entendre n'était pas de déclamer, mais d'articuler, et que l'auditoire était partagé en deux parties, dont l'une se fâchait de ne pouvoir profiter de ce qu'il disait en l'honneur de Caton, et l'autre, se souvenant qu'il n'écrit guère que pour fronder les opinions reçues et déprimer les plus grands noms, que pour lui Cicéron est un orateur ridicule, Racine un poëte insipide, Voltaire un poëte mesquin, Locke un froid grammairien, Condillac une misérable poupée, tout peintre un barbouilleur, tout géomètre un charlatan, etc., ne pouvait se persuader qu'il parlât de Caton pour louer en lui ce que tout le monde en aime, pour en dire ce que tout le monde en sait, pour répéter ce que tout le monde en dit.

(Journal de Paris, du 17 messidor an vii. 5 juillet 1799.)

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que pour une autre. Enfin, beaucoup sont | dre de l'Académie française. Les poëtes donpour la postérité, et peu auront été pour l'aniv. nent la célébrité et ne la reçoivent que d'euxAinsi, pour paraît mal placé ici, dans quelque mêmes. sens qu'on entende ce mot.

Ceci est épiloguer sans doute; mais, enfin, qui donnera l'exemple de l'exactitude dans le langage, si ce n'est l'Institut? et comment le public fera-t-il parvenir de petites critiques grammaticales à l'Institut, si ce n'est par les papiers publics?

En parcourant la table du volume de littérature, nous rencontrons l'Épitre contre le Célibat. par Ducis; l'ode de Lebrun, à l'Enthousiasme; la Veillée du Parnasse, par le même; le Procès du Sénat de Capoue, l'Hópital des Fous, le Meunier de Sans-Souci, par Andrieux; les fables de Monvel, d'autres de Lemonnier. Certainement les beaux vers de Ducis, les belles strophes de Lebrun, les jolis | contes d'Andrieux forment la partie la plus agréable de ce volume. Mais comment des poésies se trouvent-elles sous le titre de Mémoires? Autre inexactitude. Ou le titre est incomplet, ou les vers ne devaient pas entrer dans le volume qui le porte.

Les Mémoires renfermés dans le volume

dont il s'agit sont presque tous intéressants. Bitaubé y a fourni des réflexions judicieuses sur l'étude des anciens, et un autre morceau sur le dialogue de Platon intitulé Eutyphron.

P.-Ch. l'Évesque y a inséré des considérations sur les trois poëtes tragiques de la Grèce, un Mémoire sur Aristophane, un autre sur les progrès de la peinture chez les Grecs.

On y trouve de nouvelles recherches sur les navires des anciens, et l'usage qu'on en pourrait faire dans notre marine, par David Leroi.

On y remarque encore d'autres travaux d'une utile érudition, tels qu'un Mémoire sur les travaux publics des Romains, par Mongez; des recherches sur les couleurs des anciens et les arts qui y ont rapport, par Ameilhon.

On y trouve enfin des morceaux curieux, tels qu'une dissertation sur le vrai portrait d'Alexandre le Grand ; des observations sur la magie, par le Blond; une notice sur un passage de Simplicius, par Schweighæuser fils.

Peyre y a fourni un mémoire sur l'achèvement du Louvre, sur l'agrandissement du Muséum; et Camus, des observations sur la distribution et le classement des livres d'une bi

La partie des discussions grammaticales n'est pas la moins importante de ce recueil; elle renferme des remarques de de Wailly sur plusieurs articles de grammaire de la nouvelle Encyclopédie, notamment sur les ellipses, les compléments, les régimes, le supin et le participe; des observations de Lemonnier, associé de l'Institut, sur le pronom soi; un rapport de Sicard sur l'Hermès d'Harris et sur le discours de Thurot, traducteur d'Harris.

J'inclinerais pour cette dernière idée. Des poëmes très-courts, dont quelques-uns sont très-gais, figurent mal dans un in-4°, entre des discussions longues et sérieuses; d'ailleurs, les bons vers n'ont pas besoin d'emprunter l'autorité de l'Institut pour acquérir de la célé-bliothèque. brité. Ce qui a déterminé les sociétés savantes à imprimer leurs Mémoires, c'est qu'ordinairement ces Mémoires font corps avec la science à laquelle ils se rapportent; c'est que, trop courts pour faire chacun séparément un livre, trop sérieux ou trop profonds pour attirer un nombre de lecteurs considérable, ils se prêtent mutuellement de l'intérêt, et s'introduisent les uns par les autres dans le commerce et dans les bibliothèques. Aucune de ces raisons n'est applicable à la poésie : des poëmes divers ne font point corps avec la poétique; tout poëme intéressant a des milliers de lecteurs. Dailleurs les vers ne se lisent pas dans les bibliothèques; on veut avoir son Lebrun sur sa table, pour les jours d'enthousiasme, et son Andrieux dans sa poche pour ceux où l'on a besoin de gaieté. L'Académie des Sciences, celle des Inscriptions publiaient leurs Mémoires; Delille n'a jamais été imprimé par or

Un autre ouvrage considérable de Sicard enrichit ce volume: c'est un premier mémoire sur la nécessité d'instruire les sourds-muets de naissance, et sur les premiers moyens de communication avec ces infortunés. C'est un grand fait que l'instruction des sourds-muets de naissance, pour apprendre précisément ce qui, dans la perfectibilité humaine, appartient à la parole. La parole, après avoir été généralement comptée pour rien, est maintenant comp

tée pour tout par quelques métaphysiciens | juge rien; il met hors du jugement les comexagérés. C'est aussi un grand fait que le suc- pléments des sujets et des attributs, et il trouve cès de l'analyse employée par Sicard pour des compléments prochains, éloignés, directs, enseigner par le sens de la vue ce que la na- indirects, complets et incomplets (des compléture enseigne par le sens de l'ouïe; il montre ments incomplets!), des compléments illégitout à la fois la génération des idées par les times et légitimes; et puis il trouve des prosignes et celle des signes par les idées; il positions implicites et explicites: oh! ah! sont avance, il assure l'histoire de l'esprit humain, deux propositions implicites qui renferment et l'art des signes qui est le fond de l'art de judicande, judicateur et judicat; il trouve l'analyse. des propositions primordiales, des propositions complétives prochaines, complétives éloignées, etc. Voilà ce que Domergue propose de substituer aux locutions consacrées

Nous voudrions pouvoir rendre un hommage pareil à Urbain Domergue, pour son mémoire sur la proposition grammaticale, le seul morceau de ce volume dont il nous reste à parler; mais nous sommes obligé de dire que sa théorie nous a paru fausse et sa nomenclature barbare.

Condillac avait décomposé la proposition en trois parties: le sujet, l'attribut et le verbe; il avait divisé les propositions en simples et en composées; il avait distingué les composées par la multitude des sujets et des attributs, par la multitude des rapports du verbe, par les diverses modifications du nom, de l'attribut et du verbe. Il avait ensuite divisé les modifications: les unes sont des substantifs, les autres des adjectifs, les autres des phrases incidentes, subordonnées ou surajoutées à la proposition principale. Tout était fort simple et fort clair dans ce système; le lire, c'est l'entendre.

Au lieu de cela, Urbain Domergue nous assure que toute expression d'une sensation, comme toute énonciation d'un jugement, est une proposition; qu'une proposition est composée d'un judicande, d'un judicateur et d'un judicat. Cependant ce qu'il appelle judicande n'est presque jamais une chose déterminée, et son judicat, non plus que son judicateur, ne

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J'ai cru de mon devoir, comme membre de l'Institut, de combattre ces innovations, que je regarde comme préjudiciables à l'instruction publique, et je les ai toutes attaquées dans un mémoire que j'ai lu à la classe dont je suis membre. Comme journaliste, je dois aussi en dire ma pensée au public, car Domergue a fait imprimer son Mémoire sous le titre de Grammaire générale analytique, et c'est sur la foi des journaux que les étrangers et les habitants des départements achètent leurs livres. Je ne prétends pas avoir jugé le système de Domergue; je demande seulement que les écoles publiques ne rejettent pas, d'après son jugement, Dumarsais et Condillac. Même j'attaque moins mon confrère que je ne défends ses maîtres et les miens, et je regrette sincèrement qu'au lieu de s'adonner au tourment des innovations il ne se soit pas consacré à l'enseignement de leurs ouvrages. S'il s'était borné à cette utile fonction, peut-être cent grammairiens distingués seraient déjà sortis de son école, et ç'aurait été avec un véritable empressement que j'y serais entré moi-même.

(Journal de Paris, du 16 floréal an vii. 5 mai 1799.)

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tidor. Cet arrêté en règle provisoirement l'organisation et la composition.

L'Institut est divisé en quatre classes, savoir mathématiques, physique, économie politique, littérature et beaux-arts.

Les membres qui composent la première classe sont Andréossi, Bonaparte, Costaz, Fourrier, Girard, Lepère, Leroi, Malus, Monge, Nouet, Quesnot, Say.

Ceux qui composent la classe de physique sont: Berthollet, Champy, Conté, Delille, Descotils, Desgenettes, Dolomieu, Dubois, Geoffroy, Savigny.

Ceux qui composent la classe d'économie politique sont: Caffarelli, Gloutier, Poussielgue, Shulkowsky, Sucy, Tallien.

Ceux qui composent la classe de littérature et arts sont : Denon, Dutertre, Norry, Parseval, Redouté, Rigel, Venture, D. Raphaël.

La première séance a été tenue le 6 fructidor, à sept heures du matin.

Monge a été nommé président; Bonaparte, vice-président; Fourrier, secrétaire; Costaz, adjoint.

Bonaparte a proposé l'examen des questions suivantes :

1° Quels sont les moyens d'économiser le combustible dans les fours de l'armée?

2o Y a-t-il des moyens de remplacer le houblon dans la fabrication de la bière?

3o Quel sont les moyens de rafraîchir et de clarifier les eaux du Nil?

4° Lequel est le plus convenable de construire des moulins à eau ou à vent?

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5° L'Égypte renferme-t-elle des ressources kowsky. pour la fabrication de la poudre?

Mémoire de Say sur le roseau, le safranum,

6° Quel est l'état de l'ordre judiciaire et de la paille de maïs, considérés comme combusl'instruction en Égypte?

Des commissions ont été nommées pour l'examen de chacune de ces questions; Costaz a été nommé de quatre.

Une autre commission a été nommée pour présenter un plan d'organisation définitive del l'Institut.

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tibles. Comparaison des uns avec les autres. Le safranum donne un chauffage de 20 pour 100 moins cher que le bois en France.

Annonce de la construction d'un moulin à vent, par la commission chargée de cet objet. Mémoire de Geoffroy sur l'autruche, et preuve qu'elle manque des conditions nécessaires pour voler.

Bonaparte invite l'Institut à s'occuper de la rédaction d'un almanach qui comprendra les divisions du temps selon l'usage de France et celui de l'Égypte.

Fourrier lit un mémoire sur la résolution des équations algébriques. Il propose une mé

thode générale pour l'extraction des racines des équations de tous les degrés.

Présentation d'un échantillon d'indigo, par

le citoyen Porte, Français établi depuis long

Parseval lit la traduction d'un fragment de temps en Égypte. la Jérusalem délivrée.

Desgenettes lit un mémoire sur les maladies qu'il est possible de confondre avec la peste.

Séance du deuxième jour complémentaire. -Beauchamp présente un annuaire susceptible d'être imprimé sans délai.

Berthollet lit une lettre de Laplace sur la vérification des nouvelles mesures.

Mémoire sur les ophthalmies, par Larrey, chirurgien en chef de l'armée.

Voyage de Constantinople à Trébizonde, et détermination de diverses positions sur lesquelles l'ingénieur Boure s'est trompé.

Mémoire sur le palmier de Dôom, par Delille.

Mémoire de Dolomieu sur l'avantage de joindre l'étude de la géographie ancienne aux

Le même lit un mémoire sur la fabrication observations géologiques sur les changements de l'indigo en Égypte. opérés par le temps dans le sol du pays.

Parseval lit un fragment de la Jérusalem délivrée.

Fourrier lit un mémoire sur une machine propre à arroser les terres.

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Norry

Rapport sur la formation d'une école de

dessin.

Parseval lit la suite de sa traduction du Tasse.

Séance du 6 vendémiaire an VII. Tel est l'abrégé des travaux de l'Institut lit un mémoire sur la colonne de Pompée. naissant de l'Égypte. Déjà, depuis douze jours, Dolomieu fait des observations sur l'époque l'Institut national de France avait arrêté que de sa construction. ses Mémoires lui seraient envoyés. En receSavigny lit un mémoire sur la plante du vant les procès-verbaux que nous venons d'anymphéa.

nalyser, il a dû s'applaudir d'avoir assez bien

Dutertre propose la formation d'une école présumé de cette société-sœur pour lui donde dessein.

Commission nommée sur cette proposition. Costaz lit un mémoire sur la variation de la couleur de la mer.

ner une preuve de son empressement à la reconnaître et à la seconder, avant d'avoir reçu la preuve de son activité.

Ne semblerait-il pas, en lisant les séances

Parseval lit un fragment de la Jérusalem dé- de l'Institut d'Égypte, que là est aussi la France,

livrée.

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J'ai entendu de la bouche d'un général Il est à peu près indifférent pour nous de tenir illustre les paroles que voici :

« Cette épingle est assurément peu de « chose. Je la donne, je la perds, je la jette,

notre séance publique au mois d'avril ou au mois de janvier; mais il n'est pas indifférent qu'une partie de l'Institut prenne de son chef

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