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des premiers siècles, surtout beaucoup de piété et une conduite très-sage. Selon toutes les apparences, il remplira dignement ce poste, que je ne lui envie pas, je vous jure. Quand on a renoncé à tout, on est trop heureux de n'être rien.

Pensées.

La vertu n'est rien qu'une beauté intérieure, comme la beauté est une vertu extérieure.

L'argent est un bon serviteur, et un méchant maître.

C'est un grand malheur de n'avoir presque rien à désirer, et d'avoir mille choses à craindre.

Ceux qui gouvernent sont comme les corps célestes, qui ont beaucoup d'éclat, et qui n'ont point de

repos. Selon Costar, comme les meilleurs pays ne sont pas toujours les plus beaux pour le plaisir de la promenade, aussi les esprits les plus fertiles en grandes pensées, ne sont pas toujours les plus agréables pour le divertissement de la conversation.

Quiconque se plait à vivre dans la solitude est, au juge. ment d'Aristote et de Bacon, ou une bête féroce, ou un dieu.

Le P. Bouhours entra chez les jésuites à l'âge de 16 ans; il professa les humanités avec distinction, et fut chargé ensuite de veiller à l'éducation des jeunes princes de Longueville. Bien que Bouhours ne soit pas au rang des grands génies de son temps, on aime à reconnaître que quelques-uns de ses ouvrages ont beaucoup contribué à la perfection de la langue et du goût. On lira toujours avec instruction ses entretiens d'Ariste et d'Eugène. Sa manière de bien penser sur les ouvrages d'esprit, est un bon guide pour les jeunes gens qui veulent avoir des idées saines et un gout sar en litté. rature. Ses remarques et doutes sur la langue française méritent les suffrages de tous ceux qui tiennent a la pureté du langage, et c'est pour ce dernier ouvrage que Voltaire a placé Bouhours dans le temple du goût.

MARIE-MADELEINE, COMTESSE DE LA FAYETTE,

née en

et morte à Paris en 1693.

Lettre à Madame de Sévigné. Hé bien, hé bien, ma belle, qu'avez-vous à crier comme un aigle? Je vous mande que vous attendiez à juger de moi quand vous serez ici ; qu'y a-t-il de si terrible à ces paroles ? mes journées sont remplies. Il est vrai que Bayard est ici, et qu'il fait mes affaires; mais quand il a couru tout le jour pour mon service, écrirai-je ? encore faut-il lui parler? quand j'ai couru, moi, et que je reviens, je trouve M. de la Rochefoucault, que je n'ai point vu de tout le jour ; écrirai-je ? M. de la Rochefoucault et Gourville sont ici; écrirai-je ? mais quand ils sont sortis ? ah ! quand ils sont sortis, il est onze heures, et je sors, moi. Je couche chez nos voisins à cause qu'on bâtit devant nos fenêtres. Mais l'après-dînée ? j'ai mal à la tête ; mais le matin, j'y ai mal encore, et je prends des bouillons d'herbes qui m'enivrent. Vous êtes en Provence, ma belle ; vos heures sont libres, et votre tête encore plus : le goût d'écrire vous dure encore pour tout le monde; il m'est passé pour tout le monde : et si j'avais un amant qui voulût de mes lettres tous les matins, je romprais avec lui. Ne mesurez donc point notre amitié sur l'écriture ; je vous aimerai autant, en ne vous écrivant qu'une page en un mois, que vous en m'en écrivant dix en huit jours. Quand je suis à Saint-Maur, je puis écrire, parce que j'ai plus de tête et de loisir ; mais je n'ai pas celui d'y être : je n'y ai passé que huit jours cette année. Paris me tue. Adieu, ma très-chère ; votre défiance seule compose votre unique défaut, et la seule chose qui peut me déplaire en

M. de la Rochefoucanlt vous écrira.

vous.

Mme. de la Fayette a eu la gloiro de publier dans notre langue les premiers romans qui offrent des aventures raisonnables écrites avec intérêt et élégance. Zaïde et la Princesse de Clèves ont été regardés comme de vrais modèles. La maison de cette dame était le rendezvous de tous les savans de cette époque: Huet, Ménage, la Fontaine, Segrais, Mme. de Sévigné et la Rochefoucauld étaient ceux qu'elle voyait le plus souvent.

LOUIS BOURDALOUE,

né à Buurges en 1632, mort à Paris en 1704.

Exorde d'un Sermon sur la Résurrection.

vous

“ L'ange dit aux femmes : ne craignez point; cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié. Il est ressuscité, il n'est point ici; voici le lieu où on l'avait mis."

Sire, ces paroles sont bien différentes de celles que nous voyons communément gravées sur les tombeaux des hommes. Quelque puissans qu'ils aient été, à quoi se réduisent ces magnifiques éloges qu'on leur donne, et que nous lisons sur ces superbes mausolées que leur érige la vanité humaine ? à cette inscription : hîc jacet; ce grand, ce conquérant, cet homme tant vanté dans le monde, est ici couché sous cette pierre et enseveli dans la poussière, sans que tout son pouvoir et toute sa puissance l'en puissent tirer. Mais il en est bien autrement à l'égard de JésusChrist. A peine a-t-il été enfermé dans le sein de la terre qu'il en sort, dès le troisième jour, victorieux et tout brillant de lumière, en sorte que ces femmes dévotes qui le viennent chercher, et qui, ne le trouvant pas, en veulent savoir des nouvelles, n'en apprennent rien autre chose, si non qu'il est ressuscité et qu'il n'est plus là ; non est hîc. Voilá, selon la prédiction et l'expression d'Isaïe, ce qui rend son tombeau glorieux. Au lieu donc que la gloire des grands du siècle se termine au tombeau, c'est dans le tombeau que commence la gloire de ce Dieu-homme. C'est là, c'est, pour ainsi dire, dans le centre même de la faiblesse, qu'il fait éclater toute sa force, et jusqu'entre les bras de la mort, qu'il reprend, par sa propre vertu, une vie bien heureuse et immortelle. Admirable changement, chrétiens, qui doit affermir son église, qui doit consoler ses disciples et les rassurer, qui doit servir de fondement à la foi ei à l'espé. rance chrétiennes : car tels sont, ou tels doivent être les

effets de la résurrection du Sauveur, comme j'entrepends de vous le montrer dans ce discours.

Oui, chrétiens, un des plus solides fondemens et de notre foi et de notre espérance, c'est la glorieuse résurrection de J.C. Je le dis aprés St. Augustin, et m'attachant à sa pensée, je trouve en deux paroles de ce père le partage le plus juste et le dessein le plus complet. Car, selon la belle remarque de ce saint docteur, le fils de Dieu dans sa résurrection nous présente tout à la fois et un grand miracle et un grand example: in hâc resurrectione miraculum et exemplum ; un grand miracle pour confirmer notre foi, miraculum ut credas ; et un grand example pour animer notre espérance, exemplum ut speres. En effet, c'est sur cette résurrection du Sauveur des hommes que sont établies les deux plus importantes vérités du christianisme, dont l'une est comme la base de toute la religion, savoir, que Jésus-Christ est Dieu ; et l'autre est le principe de toute la morale évangélique, savoir, que nous ressusciterons un jour nous-mêmes, comme J. C. Ainsi, mes chers auditeurs, sans une plus longue préparation, voici ce que j'ai aujourd'hui à vous faire voir. Miracle de la résurrection de J. C., preuve incontestable de sa divinité : c'est par là qu'il confirme notre foi, et ce sera la première partie de mon discours. Exemple de la résurrection de JésusChrist, gage assuré de notre résurrection future: c'est par là qu'il anime notre espérance, et ce sera la secondpartie ; deux points d'une extrême conséquence : dans le premier, J. C. par sa résurrection, nous apprend ce que

L’un et l'autre renferment ce qu'il y a dans le christianisme de plus sublime et de plus relevé. Plaise au ciel qu'ils servent également à votre instruction et à votre édification !

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nous serons.

Extrait d'un autre Sermon sur la Paix chrétienne.

Où trouver la paix du cœur? je vous l'ai dit, mes chers auditeurs, dans l'assujettissement à la loi de Dieu. Hors de là, ne l'espérons pas.

Pac multa diligentibus legem tuam :" oui, mon Dieu, disait David, c'est pour

part même.

ceux qui aiment votre loi, qu'il y a une paix intérieure: et il n'est pas juste, ni même possible, qu'il y en ait pour d'autres que pour eux, parce que votre loi étant, comme elle l'est, le principe de l'ordre, elle est essentiellement le principe de la paix. Paix inébranlable du côte de Dieu, inébranlable du côté du prochain, et inébranlable de notre

Paix inébranlable du côté de Dieu : car que peut-il m'arriver qui puisse troubler ma paix avec Dieu, quand je me soumets à sa loi ? s'il m'envoie des afflictions, je les reçois comme des épreuves qu'il veut faire de ma fidélité: s'il me suscite des persécutions, je le bénis; et au lieu de me plaindre, je m'en fais, comme chrétien, des sujets de joie : s'il m'ôte les forces et la santé, ne pouvant plus agir pour lui, je me console d'être au moins en état de souffrir pour lui: s'il me survient des pertes, je le remercie de ce que, ne pouvant plus l'honorer de mes biens, je puis encore le glorifier par ma pauvreté : si ma réputation est attaquée, je me réjouis d'avoir de quoi lui faire un sacrice de charité et de patience : si rien de ce que j'entreprends ne me réussit, je l'adore, sûr que ce qu'il en ordonne est meilleur pour moi que le succés le plus favorable. En un mot, je ne veux rien que ce qu'il veut, et de la manière qu'il le vent, et dans les circonstences qu'il le veut: ce qu'il ne veut pas, je me fais un plaisir et un mérite de ne le pas vouloir; ce qu'il me défend, je me le défends à moi-même; en toutes choses sa volonté devient la mienne : et comme sa volonté est dans une éternelle paix, en y conformant la mienne, je jouis de la paix de Dieu, ou plutôt, Dieu lui-même, selon la parole de saintPaul, est ma paix : Ipse enim est pax nostra.

Paix inébran!able du côté du prochain : car, soumis comme je le suis, et obéissant à la loi de mon Dieu, il n'y a plus rien en moi de tout ce qui altère la paix parmi les hommes ; c'est-a-dire, il n'y a plus en moi de ces ressentimens, plus de ces envies, plus de ces haines, plus de ces enflures de ceur, plus de ces aigreurs qui sont comme des semences de division et de discorde : je conserve la paix avec tout le monde, même avec ceux qui ne veulent pas la conserver, “ cum his qui oderunt pacem, eram pacificus ; je ne blesse personne, je ne juge personne, parce

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