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Indes et d'Amérique; lupa lactata, Lin, se trouve dans la servait aussi au jeu en place de jetons, de là cette expression mer Méditerranée; le type du genre est la Lupée pélagique, proverbiale: il sait bien distinguer une pièce de monnaie Lupa pelagica, Lin, qui habite la mer Rouge et l'océan Indien. d'un lupin. Lupin (métrol. anc.) poids employé en Egypte, en Judée et dans l'Asie-Mineure. Six lupins faisaient une drachme.

J. P.

LUPERCALES, fètes que les Romains célébraient tous les ans le 15 février en l'honneur du dieu Pan. Voici les cérémonies qu'on y pratiquait: on sacrifiait deux chèvres et un chien; on piquait légèrement au front deux jeunes garçons, qui étaient tenus de rire aux éclats pendant cette opération; on essuyait le sang qui sortait de la blessure avec de la laine imbibée de lait; ensuite on découpait les peaux des victimes, dont on faisait des fouets, avec lesquels de jeunes garçons nus jusqu'à la ceinture parcouraient les rues de Rome, et frappaient tous ceux qu'ils rencontraient. Beaucoup de femmes S'offraient d'elles-mèmes à leurs coups, parce qu'elles croyaient que cette flagellation les rendait fécondes, et adoucissait les douleurs de l'enfantement. La nudité de ces enfants représentait celle de Pan. On immolait une chèvre parce qu'on supposait que le dieu avait le pied de cet animal, et un chien parce que cet animal est le gardien des troupeaux. Si l'on en croit Plutarque, les lupercales furent instituées par les Romains en l'honneur de la louve qui allaita Romulus et Rémus; mais au rapport de Tite-Live et de Denys d'Halicarnasse, elles furent apportées en Italie par Evandre. Leur nom paraît avoir été emprunté du nom grec de Pan, Lycœus, qui est dérivé lui-mème de lycos, lupus, loup, non seulement parce que les Lupercales ressemblaient aux fetes lycéennes, célébrées en Arcadie, mais encore parce que Pan protégeait les bergeries contre les attaques des loups. Les pretres qui présidaient à ces fetes s'appelaient Luperces. Ce fut pendant la célébration des Lupercales qu'Antoine offrit la couronne à César. Cette fete tombait d'elle-mème en désuétude lorsqu'Auguste la rétablit par un édit qui pourtant en limitait la licence en défendant à tout homme au-dessus de quatorze ans de courir nu dans les rues pendant la fète. Cette restriction devint inutile sous ses successeurs, et l'impudicité qui prési dait à la célébration des Lupercales les rendit tellement agréables à la populace qu'elles survécurent à la conversion de Constantin, et ne furent abolies qu'après la chute de l'empire romain en Italie vers l'an 496.

LUPERQUES OU LUPERCES (ant.), les plus anciens prètres romains, préposés au culte du dieu l'an Lycée ou à la célébration des lupercules. Les Luperques étaient dans l'origine divisés en deux ordres ou colléges, les Fabiens et les Quintilliens, on y ajouta un troisième, les Juliens pour flatter Jules-César. Les premiers Luperques n'étaient que des påtres; par la suite les jeunes patriciens se firent admettre dans leur corporation. Les Luperques découpaient en lanières la peau des victimes qu'ils avaient immolées, et parcouraient les rues de Rome, dans un état de nudité complète, en frappant de ces lanières toutes les personnes qu'ils rencontraient, les femmes s'offraient à leurs coups, croyant que cette flagellation les rendait fécondes.

LUPI (MARIO), camérier, du pape Pie VI, et chanoine de Bergame, mort en 1789, a composé d'excellentes dissertations sur les antiquités, entre autres: Codex diplomaticus civitatis et Ecclesia bergamensis, et de Parochiis, ante annum Christi millesimum. Dans ce dernier ouvrage, imprimé à Bergame en 1788, 4 vol. in-4o, il ruine de fond en comble les prétentions des curés de Pistoie, qui voulurent s'ériger en évèques dans le conventicule qu'ils tinrent en 1786, pour renverser la hiérarchie et la discipline de l'Eglise. I prouve que les cures et les curés sont d'institution moderne, qu'il n'y avait anciennement aucune paroisse dans les villes épiscopales, si on excepte Rome et Alexandrie. Il expose les raisons pour lesquelles il y en avait dans ces deux villes, et réfute ceux qui, de là, ont conclu qu'il y en avait dans les autres. Il réfute également quelques écrivains qui ont parlé de grandes paroisses qui, établies à la campagne, avaient sous elles plusieurs paroisses moindres et dépendantes, et montre qu'avant le xi° siècle, il n'y a point eu de telles paroisses. Il prouve enfin que ce qu'on a appelé le sénat de l'Eglise, que les pretres appelés cardinaux, que ceux qui intervinrent avec voix consultative dans les conciles généraux ou provinciaux, n'étaient nullement curés ou recteurs de paroisse, et que ces prérogatives appartenaient, dans leur plus ancienne origine, au clergé supérieur ou bien aux chanoines des cathédrales.

LUPIN, (ant. rom.) espèce de fève dont on se servait sur le théâtre, dans les comédies, au lieu de pièces de monnaie, quand l'action exigeait que l'on comptat de l'argent. On s'en

LUPIN, lupinus (bot.), genre de la famille des légumineuses papilionacées, de la tribu des lotées. Il se compose de plantes herbacees, sous-frutescentes ou frutescentes, qui croissent pour la plupart dans les parties tempérées et soustropicales de presque toute la surface du globe. Leurs feuilles sont digitées, le plus souvent à 5 folioles, quelquefois à Fou à un plus grand nombre, leurs stipules sont adnées au pétiole; leurs fleurs assez grandes sont réunies en épis ou en grappes, le plus souvent terminales, accompagnées d'une bractée, très souvent aussi de deux bractéoles. Elles présentent pour caractères: Calice divisé profondément en deux lèvres, dont la supérieure plus courte et bifide, dont l'inférieure est trifide; corolle papilionacée, à étendard réfléchi sur les côtés à carène acuminée et présentant deux onglets distincts; dix étamines monadelphes, dont les anthères sont alternativement oblongues et presque réniformes; style filiforme, courbé en dedans; stigmate terminal, presque arron di, barbu, légume coriace, oblong, plus on moins comprimé, renfermant deux ou plusieurs graines, produisant extérieurement des renflements transversaux et obliques. Parmi les espèces les plus remarquables de ce genre, nous citons : le lupin blanc (lup. albus, Lin.), originaire du Levant; dans. sa jeunesse, la plante fournit un fourrage excellent qu'on donne particulièrement aux moutons. Ses graines dépouillées de leur amertume par une macération de vingt-quatre heures constituent une nourriture excellente pour les bœufs, et mème pour les hommes dans quelques contrées. La tige droite, velue est haute de 3-5 décimetres; ses feuilles sont digitées à 5-7 folioles; ses fleurs sont blanches, réunies en grappe terminale. Le lupin termis (lup. termis, Forsk), originaire d'Egypte, présente la plupart des caractères de l'espèce précédente. On le cultive dans le royaume de Naples comme un bon fourrage vert pour les chevaux. J. P.

LUPUS, s. m., on désignait autrefois par le mot français loup, tout ulcère rongeur. La dénomination actuelle est assignée à une forme particulière d'inflammation cutanée chronique. Cette inflammation s'annonce par des tubercules plus ou moins volumineux, livides, indolents, solitaire ou en groupes, suivis soit d'ulcères ichoreux et rongeant, qui se recouvrent de croûtes brunâtres ordinairement très adhérentes, soit d'une altération profonde de la structure de la peau, sans ulcération préliminaire ni consécutive. Le lupus exedens ou la dartre rongeante est ainsi décrit par Alibert: il attaque le plus ordinairement le nez, et se manifeste par un petit tubercule extérieur, d'un rouge obscur, dur, indolent, ou quelquefois par une inflammation chronique de la muqueuse nasale, avec rougeur et gonflement de nez; une légère ulcération s'établit, elle se couvre d'une croûte, qui devient bientôt plus épaisse, et qui gagne en profondeur chaque fois qu'elle se renouvelle. Le malade souffre à peine, et cependant la peau et quelquefois ses cartilages se détruisent; et sur la croûte l'ulcération laisse suinter une humeur séropurulente et fétide. Le lupus non excedens débute ordinairement à la face par des groupes irréguliers de petits tubercules d'un rouge fauve, aplatis, lenticulaires, dépassant à peine le niveau de la peau, ne sulcérant pas à leur sommet. Lorsque le lupus attaque les individus scrofuleux on leur fait prendre avec sueur tous les matins une cuillerée d'une solution d'hydrochlorate de choux (1 gros par litre d'eau) on augmente d'une cuillerée tous les huit jours, jusqu'à 10 ou 12 par jour; on présente des boissons ferrugineuses, des bains sulfureux très prolongés répétés tous les jours pendant un ou deux mois. Outre ces moyens généraux on combat le lupus excedens à l'aide de divers caustiques, tels que l'huile animale de Dippel, le beurre d'antimoine, les pâtes arsénicales et l'azotate d'argent. Contre le lupus non excedens qui est encore plus opiniàtre que le précédent on à employé avec succès à l'extérieur quelques solutions arsénicales, etc. On conseille des frictions avec des pommades iodurées.

D.

Lupus (ChrétIEN), ainsi nommé parce que son nom de famille Wolf signifie loup, religieux augustin, né à Ypres en 1612, enseigna la philosophie à Cologne, puis la théologie à Louvain, et exerça ensuite les premières charges de son ordre dans sa province. Il fut pendant quelque temps favorable au jansénisme; mais il se détacha de ce parti, et mourut bon catholique à Louvain en 1681. On a de lui un

LURON, ONNE, S., le masculin se dit d'un homme joyeux et sans souci, d'un bon vivant, et mème d'un homme vigoureux et déterminé; et le féminin, d'une femme réjouie, décidée, qui ne s'effarouche pas aisément.

LUSACE, ancienne province de l'électorat de Saxe, située entre le 51° et le 52° 10' de latitude N., entre le 36° et le 38° environ de longitude orientale de l'ile de Fer, et que bornaient

grand nombre d'ouvrages en latin; les principaux sont : de l'époque de la grande migration des peuples, les Sorbes, de savants Commentaires sur l'histoire et sur les canons des race slave, s'établirent dans le pays qui porte aujourd'hui le conciles, 1665, 1673, 5 vol. in-4°; un Traité des appels au nom de Lusace. Henri ler les rendit tributaires en 928, et saint-siége, in-4°, contre Quesnel. Le droit d'appeler au pape Othon Ier les convertit au christianisme 40 ans plus tard. Au y est démontré par la nature de sa primauté, et par toute commencement du XIe siècle, les Lusaciens secouèrent le l'histoire ecclésiastique; un Traité sur la contrition, Louvain, joug du margrave de Misnie, à qui Henri Ier les avait soumis, 1666, in-4o, aussi savant que solide, où il se déclare pour la pour s'allier à la Pologne, et ce n'est qu'en 1032 qu'ils furent nécessité de l'amour dans le sacrement de pénitence; Re- réduits à l'obéissance après une guerre sanglante. Quelque cueil de lettres et de monuments concernant les conciles temps après, Vratislaf de Bohême s'empara de la Lusace: d'Ephèse et de Chalcédoine, Louvain, 1682, 2 vol. in-4o, mais il ne sut pas défendre sa conquête. Son petit-fils fut avec des notes; un recueil des Lettres de saint Thomas dé plus heureux: il réunit les deux margraviats. A sa mort Cantorbéry, précédées de sa Vie, Bruxelles, 1682, 2 vol. (1136), comme il ne laissa point d'enfants, la Basse-Lusace in-4°; un Commentaire sur les prescriptions de Tertullien, échut à Conrad-le-Grand de Meissen (Misnic), et la HauteBruxelles, 1675, in-4°; Opuscula posthuma, Bruxelles, 1690, Lusace au prince de Bohème de Sobieslaf. En 1205, Kamen/ in-4°; de l'Origine des ermites, des clercs et des religieuses de et Ruhland, passèrent par mariage, dans la maison de Branl'ordre de Saint-Augustin, Douai, 1651, in-8°, etc. Ces ou- debourg. Othon Ill acquit, en 1231, tout le reste de la Hautevrages, remplis d'érudition, ont été réunis à Venise en 4 v. Lusace, à l'exception du district de Zittau, du chef de sa in-fol., 1724: on les a aussi en 12 vol. in-4°. femme, fille du roi de Bohème, Venceslaf Ottokar. En 1330, la Basse-Lusace, qui avait fait partie jusque-là du margraviat de Misnie, fut aussi hypothéquée aux margraves de Brandebourg. A l'extinction de la branche d'Ascagne, Louis de Baviere donna, à son fils Louis, la Basse-Lusace et le Brandebourg, tandis que la Haute-Lusace se soumit volontairement au roi de Bohême, Jean de Luxembourg, soumission qui lu valut les plus précieuses franchises. Les hussites la ravagèrent impitoyablement pour la punir de sa fidélité aux souverains de la Bohème. En 1459, elle dut reconnaître pour roi Georges Podiebrad, et, en 1467, elle passa sous le sceptre de Mathis Corvin, à qui elle fut cédée par le traité d'Olmütz. Ce fut sous le règne de ce prince que les dénominations de Haute et Basse Lusace commencèrent à devenir usuelles. En 1476 et en 1490, les états de la Haute-Lusace renouvelèrent leur alliance et fondèrent la confédération des sept villes de Bantzen, Gorlitz, Zittau, Lauban, Kamenz et Lobau, qui arrachèrent successivement aux rois de Bohème et aux empereurs d'Allemagne tous les priviléges des villes impériales. Cette confédération entretenait une armée et elle sut plus d'une fois faire respecter ses franchises. A la mort de Mathias en 1490, ces deux margraviats restèrent réunis à la Bohème, et en 1526, ils passèrent avec elle sous le sceptre de Ferdinand ler d'Autriche, qui dépouilla les six villes de la plupart de leurs priviléges et persécuta de toutes les manières les ha bitants qui avaient embrassé le protestantisme. Pendant la guerre de trente-ans, la Lusace ne voulut jamais reconnaître pour roi de Bohème l'électeur palatin Frédéric. Jean-Geor ges ler de Saxe, l'occupa en 1620, au nom de l'empereur, et la garda comme gage des sommes considérables qu'il lu avait avancées. Le traité de Prague, signé en 1635, la céda définitivement à la Saxe, mais sous la suzeraineté de la Bohème. Sans ètre incorporée aux états héréditaires de l'élec teur et sans appartenir à un des cercles de l'empire, la Lusace partagea dès lors le sort de la Saxe. En 1807, elle recut un accroissement par l'adjonction du district de Kottbus, que le traité de Tilsitt enleva au Brandebourg; mais le traite de Vienne, en 1815, dédommagea amplement la Prusse de cette perte momentanée en lui cédant les trois cinquièmes environ de la Haute-Lusace et la Basse tout entière augmentée encore de quelques bailliages. 0-t.

au Sud la Bohème, à l'Ouest la Misnie, au Nord le Brandebourg et à l'Est la Silésie. Elle formait autrefois deux margraviats: la Haute et la Basse-Lusace, Depuis 1815, la majeure partie de ce pays, c'est-à-dire toute la Basse-Lusace et les trois cinquièmes environ de la Haute, a passé sous le sceptre de la Prusse. La Saxe n'a conservé que les quatre districts de Budissin, de Zittaud, de Kamenz et de Lœbau, formant une superficie de 39 milles carrés, avec une population de 284,580 habitants dont plus de 206,000 protestants, d'après le recensement de 1834. Quoique plus vaste, la Haute-Lusace prussienne est beaucoup moins peuplée; elle n'a que 162,700 habitants sur une superficie de 63 milles carrés. Elle comprend les quatre cercles de Gorlitz, de Rothenbourg, de Hoyerswerda et de Lauban. La population relative de la Basse-Lusace est moins considérable encore, puisqu'elle ne compte que 225,000 habitants sur une superficie de 134 milles carrés, divisée en sept cercles, de Luckau, de Sorau, de Guben, de Lubben, de Kalau, de Spremberg et de Kottbus. Montagneuse sur les frontières de la Bohème, la Lusace offre au nord de riches plaines arrosées par la Sprée et la Neisse, et couvertes sur les limites de la Silésie de forêts peuplées de gibier. Quoique sablonneux, son sol produit en abondance, du lin, du sarrasin, de l'orge, du chanvre, etc., ainsi que du blé, mais en quantité à peine suffisante pour la consommation intérieure. On y cultive en outre beaucoup de tabac, et l'on récolte dans le cercle de Guben un vin rouge de qualité médiocre. L'éducation des abeilles est aussi pour les habitants une source de revenus; mais c'est l'industrie qui alimente principalement le commerce. Aujourd'hui déchues, les fabriques de toile fournissent cependant encore des produits estimés qui s'exportent en Italie, en Russie et jusqu'en Amérique. Le linge de table damassé de Gross-Schonau est toujours sans rival tant pour l'éclat que pour la finesse. Enfin les draps de la Lusace trouvent un placement avantageux, mème à l'étranger. Ce sont principalement les habitants d'origine allemande qui soutiennent l'activité industrielle de la province. Les Vénèdes, qui forment à peu près le quart de la population, s'occupent de préférence de l'agriculture et de l'éducation des bestiaux. Quant aux productions minérales de la Lusace nous placerons en première ligne l'alun, qui se rencontre en grande quantité dans les landes de Muskau. Des mines de fer oxydé terreux alimentent quelques usines. Dans la partie méridionale, on trouve de vastes tourbières, et près de Zittau, des mines de charbon de terre. La Lusace prussienne a perdu tout ses priviléges, et a été incorporée, la Basse au Brandebourg, et la fraction de la Haute à la Silésie. La Lusace Saxonne, au contraire, a conservé son ancienne constitution, modifiée, il est vrai, par la convention du 9 décembre 1832. Bussin est le siége du gouvernement et d'un tribunal d'appel. C'est dans cette ville que s'assemblent tous les trois ans les états provinciaux composés des barons, des possesseurs de biens no's, de naissance noble et des députés des villes. Tout individu né sur un bien noble est vassal du seigneur : il est soumis à des corvées et comme attaché à la glèbe, car il ne peut quitter le pays sans payer un dédommagement à son maitre. A

LUSIADE (litter.), nom d'un poème portugais du Cambens sur le voyage de Vasco de Gama. On dit aussi en traduisant littéralement le titre de cet ouvrage, les Lusiades.

LUSITANIE (Portugal, partie de l'Estramadure espagnole et du royaume de Léon), une des trois grandes divisions de l'Espagne sous Auguste et ses successeurs. Ses limites no peuvent guère s'assigner avec précision. On présume cependant qu'elle s'étendait d'un côté du Durius jusqu'à l'extremit de la péninsule Hispanique, et de l'autre du pays des Arevaci Carpetani, Turduli, jusqu'à la mer. On la divisait en quatre parties principales: les Lusitanes, les Celtici, les Vettones ci le Cuneus. Ces peuples, belliqueux et jaloux de leur indépen dance, ne furent soumis au joug de Rome que 99 ans av. J.-C. Ils vivaient de rapine, ne mangeaient que d'un mets à chaque repas, s'habillaient de noir, et se chauffaient avec des pierres rougies au feu. Ils avaient un usage bizarre; c'était d'exposer leurs malades sur les grands chemins, afin qu'ils profitassent des lumières des passants.

LUSSAN (MARGUERITE DE), célèbre diseuse de bonne aveture, née à Paris, vers 1682, mourut le 31 mai 1758. L savant Huet, ayant eu occasion de la connaitre, l'avait engagée, dit-on, à composer des romans moraux; mais il est à croire qu'il n'eût point approuvé tous ceux qui sortirent de

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l'auteur de tous ces maux retombe dans la nuit du sépulcre et dans la main de Dieu. Non, l'homme meurt, et son œuvre lui survit. Elle descendra les siècles de génération en génération, épuisant toutes les fécondités du génie du mal, réalisant toutes promesses du désordre, toutes les missions du principe des ténèbres jusqu'à ce qu'épuisée par les crimes et les ravages, elle tombe, desséchée, pour ainsi dire, sous le mépris et le dédain des peuples. A tous ces titres, il n'est peut-être pas dans l'histoire un nom plus coupable que celui de Martin Luther, le patriarche du protestantisme. Depuis quinze siècles, l'Eglise de J.-C. avait vu bien des hérétiques l'assaillir, bien des enfants rebelles se lever contre elle, mais jamais aucune secte, aucune hérésie, aucune persécution ne présenta des caractères aussi graves, des principes aussi dangereux que la révolte du XVIe siècle élevée et déguisée sous l'étendard mensonger de la réforme. Ainsi, au jour où Luther jeta au monde le signal de la grande insurrection religieuse des temps modernes, il existait depuis quinze siècles une société religieuse, gouvernée sous l'autorité d'un chef suprême, par un corps de pasteurs qui toujours, conformément aux paroles de J.-C., s'étaient crus et avaient été crus par les membres de cette société revêtus du pouvoir de juger souverainement, ou pour exprimer la mème idée par un autre terme, de décider infailliblement les questions relatives à la foi et aux mœurs; non pas en créant de nouveaux dogmes, car c'eût été chose impossible, que de créer des vérités; non pas en citant les dogmes anciens au tribunal du raisonnement pour les examiner et les juger d'autorité en eux-mêmes, car c'eût été soumettre la révélation ou la raison divine à la raison humaine; mais surtout par voie de tradition. Et chose digne de remarque, avant la réformation, pas un sectaire n'attaqua directement l'autorité de l'Eglise pas un ne lui contesta le droit de juger de la foi, et ne révoqua en doute l'infaillibilité de ses décisions. Ils incidentèrent sur la forme des jugements; ils nièrent que les conciles qui les condamnaient fussent les vrais et légitimes conciles, qu'on y eut observé les règles indispensables; mais jamais aucun n'osa jeter dans le monde le mot fatal d'indépendance, et ne prétendit n'avoir d'autre juge que la raison: tant était vive encore la terreur qu'inspiraient ces foudroyantes paroles: «S'il n'écoute pas l'Eglise, qu'il vous soit comme un païen et un publicain (1). Luther lui-mème n'osa d'abord heurter ce sentiment profond et intime de toute la chrétienté. Il protestait avec énergie de son entière soumission au jugement de l'Eglise. Lorsque l'Eglise eut prononcé son arrêt par la bouche du vicaire de J.-C., Luther comprit bien que l'heure n'était pas venue pour jeter complétement le masque. Il prit habilement la voie que lui avaient tracée tous les hérétiques ses devanciers: il en appela à grands eris à un concile œcuménique. La constante pratique de tous les siècles, fondée sur des textes formels de l'Ecriture qu'on n'avait pas encore appris à détourner de leur vrai sens, ne lui laissait pas encore concevoir la possibilité de détruire cette puissante barrière que le divin fondateur du christianisme avait opposée à tous ceux qui viendraient attaquer son œuvre de salut et d'amour. Mais lorsque, poussé au bout de toutes ses ruses, dévoilé dans toute sa politique; lorsque toutes les passions mauvaises eurent répondu à ce grand appel de l'insubordination; lorsque son parti alimenté et grossi grâce à tous les mauvais instincts, toutes les vues odieuses qui travaillaient l'Allemagne d'alors, eurent donné libre cours à ses ressentiments et à son audacieuse colère, Luther ne prit plus conseil que des haines qui bouillonnaient dans son cœur. Alors, changeant tout-à-coup de langage, et ne gardant plus de mesure, il lança dans sa fureur anathème contre anathème, et arbora l'étendard de la rébellion. Alors s'ouvrit en Europe comme un vaste cours de religion expérimentale; car dans l'espace de trois siècles, il n'est pas une seule doctrine religieuse dont on n'ait fait l'application à quelque société. Toutefois, au premier moment, l'ancienne croyance avait de trop profondes racines dans le cœur des peuples et dans l'esprit mème des chefs de la réformation, pour que le système d'erreurs qu'ils s'efforçaient d'y substituer se développåt sans obstacles dans toute sa plénitude. Quelques hommes pénétrants et de caractère à ne reculer devant aucune conséquence, en aperçurent d'un coup-d'oeil les dernières limites et les atteignirent. La réforme par la loi mème de son existence est une anarchie religieuse, où le pouvoir sans stabi

(1) Si autem ecclesiam non audierit, sit tibi sicut ethnicus et publicanus. Math. xviii. 17.

lité et sans règle appartient au plus habile ou au plus audacieux (1). Le principe constitutif du protestantisme est la révolte, et le doute, ce principe fatal a aujourd'hui épuisé ses dernières conséquences, il a conduit à travers des désordres infinis, des pays entiers dans le scepticisme universel Voilà l'œuvre de la révolte de Luther. Essayons de montrer par quelle route ténébreuse l'orgueil et des passions désordonnées ont conduit le moine du XVIe siècle au fond de l'abime où il a entraîné tant de générations. L'année 1507, dans l'église du couvent des augustins d'Erfurt, un jeune moine reçut, agenouillé au pied de l'autel, la sainte consécration de la prêtrise. Il venait de faire le triple vœu de chasteté, d'obéissance et de pauvreté. Et ce joug redoutable du Seigneur, il jura de le porter avec fidélité et amour jusqu'au seuil de l'éternité. Ce jour-là devait avoir une influence inmense sur les destinées de la chrétienté. Luther célébra pour la première fois le saint sacrifice, le 2 mai, le quatrième dimanche après Pâques. «C'est aujourd'hui, ecrivait-il à Jean Braun d'Eisenach, que je dirai ma premiere messe; venez-y. Pauvre jeune homme, indigne pécheur que je suis! Dieu, dans ses trésors de miséricorde, a daigné me choisir; je tâcherai de me rendre digne de sa bonté, et autant qu'il est possible à de la poussière comme moi, d'accomplir ses desseins. Priez pour moi, mon cher Braun, afin que mon holocauste soit agréable au Seigneur. » A voir la piété du jeune moine, à entendre ses paroles édifiantes qui eût deviné que dans ce cœur devaient germer des passions sf coupables, que de ses lèvres devaient tomber bientôt de si épouvantables blasphèmes contre Dieu et sa sainte Eglise? Si les bornes de cet article me le permettaient, je voudrais suivre pas à pas la voie étrange qui conduisit le pauvre petit chanteur des rues de Magdebourg et d'Eisenach dans le couvent des Augustins, et sur la chaire de Wittenberg. I naquit le 10 novembre (483 à Eisleben, petite et riante ville de la Thuringe, adossée aux montagnes du Harz (aujourd'hui régence de Mersebourg, dans la Saxe prussienne). Hans Luther et Elisabeth Lindemann appelèrent leur fils Martin, d'après le saint du calendrier. Peu de temps après, les époux allèrent s'établir dans la ville de Mansfeld, et c'est là qu'ils élevèrent leur enfant avec une rude et sévere simplicité. Son père reconnut en lui un esprit méditatif et un goût pour l'étude qu'il s'empressa de cultiver. A 14 ans, le jeune Martin quitta la maison paternelle et vint aux curren shule (2) de Magdebourg, puis plus tard à Eisenach, petite ville de la Thuringe, où sa mère avait des parents. En entrant dans la ville, il posa son sac à terre et se mit à chanter sous une fenêtre d'assez belle apparence. Une femme parut, qui, charmée des accents que le besoin rendait pénétrants, jeta au pauvre écolier deux ou trois pièces de monnaie de cuivre, qu'il ramassa tout joyeux en levant les yeux sur sa bienfaitrice. Cette femme, qui se nommait Cotta, à la vue des yeux de l'enfant tout humides de larmes, lui fit signe de la main de monter, et Martin n'eut pas à se plaindre de son inspiration musicale, car elle lui valut l'amitié de Cotta. A l'abri du besoin, Luther se mit avec ardeur au travail. «Ne dites pas du mal, répétait-il souvent, des petits chanteurs qui vont de porte en porte, demandant le pain du bon Dieu, panem propter Deum; car j'ai aussi chanté aux portes pour avoir le pain du bon Dieu, et surtout à Eisenach, ma chère Eisenach. » En 1501, il fut en état d'entrer à l'université, et commença ses études académiques à Erfurt où son père fit de grands sacrifices pécuniaires pour subvenir à son entretien. «Mon cher Hans, dit Luther, m'a permis de fréquenter l'université d'Erfurt, où, grâce à son amour et à son travail, j'ai pu achever mes études scholastiques.» Peut-être que les charmes de la philosophie, que l'harmonie de la parole antique, s'il eût pu s'y livrer plus à son aise, auraient contribué à adoucir son caractère. A Erfurt, dit M. Audin dans son savant et remarquable travail, que nous consulterons souvent dans cet article, Luther s'abandonna avec toute l'effervescence de la passion à l'étude si difficile de la dialectique, qu'il délaissa ensuite pour pratiquer les beaux génies de l'antiquité : Cicéron, Virgile et Tite-Live. Il eut pour professeur, à Erfurt, Jodocus Truttvetter, qu'on nommait alors le docteur d'Eisenach, et dont il s'accusa plus tard d'avoir hâté le trépas par ses mutineries contre la théologie scholastique. Alors chaque ville d'Allemagne, les villes universitaires surtout,

(1) M. de Lamennais.

(2) Gymnases célèbres au moyen âge, et qui existent encore en Saxe.

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