Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

ronnèrent de mâchicoulis et de créneaux; elles affectèrent souvent la forme cylindrique et adoptèrent l'emploi de l'ogive. Le xu siècle répara plus de châteaux qu'il n'en bâtit; les guerres de Terre-Sainte absorbaient alors toute la vie des nobles seigneurs. Au xive siècle, les salles d'habitation prennent de plus grandes dimensions aux dépens de la forteresse, les murs d'enceinte sont toujours crénelés; l'élégance s'introduit dans tous les ornements, et les toits se couronnent d'épis et de girouettes, curieux signes de noblesse sur lesquels M. de La Guerrière vient de publier un fort intéressant ouvrage. Au siècle suivant, l'usage de l'artillerie causa la ruine des châteaux forts. Au siècle de la renaissance, ils avaient presque perdu leur caractère militaire : c'étaient des séjours de plaisance et non des monuments de défense. L'architecture civile a suivi à peu près les mêmes développements que l'architecture religieuse. Les maisons du moyen âge étaient en général de forme rectangulaire, offraient un pignon sur rue et s'éclairaient par des fenêtres cintrées et souvent bigéminées. Au XIe siècle, l'ogive se marie au plein cintre, l'arcade des portes est coupé par un linteau. Au xe siècle, et surtout aux deux siècles suivants, on bâtit les maisons en bois. Les parties exposées à la pluie étaient recouvertes d'ardoises; la peinture et la sculpture enrichissaient l'extérieur, surtout les pôteaux corniers. Les hôtels de ville acquirent de l'importance en raison de l'extension du régime communal; ils étaient toujours accompagnés d'un beffroi, signe des libertés municipales. Parmi les plus remarquables, il faut citer ceux de Douai, d'Evreux, de Dreux, de Saumur, de Compiègne, d'Arras, de Gand, de Bruges, de Bruxelles, d'Ypres, de Louvain, etc. Les ponts étaient souvent accompagnés de tours ou de chapelles. Un des plus anciens qu'on connaisse est celui d'Avignon, bâti en 1177 par saint Benezat; le Pont-Neuf, à Paris, date du xvIe siècle; il est dû à un moine italien, Jean Joconde. Les monastères du moyen âge étaient remarquables par la grandeur et la beauté de leur construction; les parties les plus dignes d'attention étaient le cloitre, qui se développait le long de l'Eglise et circonscrivait une cour carrée; le lavatorium, où on lavait les corps avant de les inhumer; le réfectoire, dont les murs étaient ordinairement décorés de peintures; la salle capitulaire, la bibliothèque et la salle des archives.

Nous renvoyons le lecteur, pour ce qui concerne l'architecture religieuse du moyen âge, aux mots STYLE ROMAN et STYLE OGIVAL; nous nous bornons ici à donner, d'après M. de Caumont, le tableau succinct des principaux caractères architectoniques des monuments religieux du moyen âge.

TABLEAU SYNOPTIQUE.

Des principaux caractères de l'architecture religieuse aux différents siècles du moyen-âge.

MONUMENTS RELIGIEUX ANTÉRIEURS AU XI SIECCE. Style roman primitif. - Forme des églises. Les unes en forme de croix; les autres sans transepts, en forme de carré

long; la plupart terminées, vers l'est, par une absyde circulaire. Appareil. Pierres carrées de petites dimensions, séparées les unes des autres par une couche épaisse de mortier. Appareil moyen. Grand appareil très rare.-Ornements. Sculptures imitées de l'architecture gallo-romaine. Moulures en terre cuite, incrustées. Colonnes. Cylindriques, souvent remplacées par des piliers carrés. Entablement. Corniches avec ou sans frises, supportées par des modillons ciselés ou simplement taillés en biseau.-Fenêtres. Cintrées, ordinairement sans colonnes à l'extérieur, ayant une archivolte en pierres symétriques quelquefois séparées les unes des autres par des briques. Portes. Même genre de construction que les fenêtres. Voutes. Cintrées en moëllon nové dans le mortier. - Tours. Très rares, carrées, percées de fenêtres sur les côtés, couvertes d'un toit pyramidal obtus.

[ocr errors]

MONUMENTS RELIGIEUX DU XI SIÈCLE.

[ocr errors]

Style roman secondaire. - Forme des églises. La même que dans les siècles précédents, sauf les modifications suivantes: choeur plus allongé; bas côtés quelquefois prolongés autour de l'absyde; chapelles disposées en cercle le long des bas côtés du chœur.-Appareils. A peu près semblables à ceux qui se rencontrent dans l'architecture romaine primitive (petits appareils carrés, réticulés, en arète, etc., etc.). Appareil moyen dont les pierres sont de grosseur inégale. Appareils d'ornement avec ciment coloré. Ornements. Variés représentant des toiles, des zig-zags, des lozanges, des frètes, des torsades, des entrelacs, etc., etc.-Contreforts. Peu saillants, toujours en pierres taillées; quelquefois ornés de colonnes sur les côtés.-Colonnes. De proportions très variables, souvent disposées en faisceau sur les pilastres. - Corniches. Plus ou moins saillantes, parfois ornées de moulures, portées sur des modillons présentant des têtes d'hommes, d'animaux, de monstres, et autres figures très-variées. - Fenêtres. De moyenne grandeur, ayant une archivolte tantôt tout unie, tantôt ornée de moulures et supportée par des colonnettes; quelquefois géminées ou composées de deux cintres accolés. Ouvertures circulaires d'un petit diamètre (roses). - Portes. Plus ou moins ornées, offrant souvent plusieurs voussures concentriques en retrait couvertes de zig-zags, d'étoiles, de lozanges, de tètes plates, etc., etc., et supportées par des colonnes. - Voutes. Cintrées, en moellon, souvent consolidées au moyen d'arceaux croisés. - Tours. Ordinairement carrées, percées de fenêtres et ornées d'arcades sur chaque face; terminées par des pyramides à quatre pans plus ou moins élancées ressemblant à des obélisques, ou par des toits en ardoise; quelquefois octogones avec des toits de mème forme.

[graphic]
[graphic]
[ocr errors]

très saillants et nombreux, fréquemment couverts de culsde-lampe, d'écussons et de sculptures diverses. Tours. En forme de pyramides tronquées, quelquefois hémisphériques.

rosaces, trefles, ou quatre-feuilles, au sommet. - Portes. Peu différentes de celles du xe siècle, quelquefois couronnées de frontons à jour, garnis de crochets. - Arcades. Moins élancées qu'au xe siècle, dont les impostes et le sommet représentent à peu près les points d'un triangle équilatéral. Voutes. Comme au XIIIe siècle. Tours. Extrêmement légères, avec une rampe en pierre au-dessus de la corniche. La pyramide octogone du toit percée à jour sur les faces et couverte de crochets sur les angles; quelques tours terminées par une plate-forme ou par une pyramide en charpente.

[graphic]

MONUMENTS RELIGIEUX DU XV SIÈCLE.

[ocr errors]
[ocr errors]

Style ogival tertiaire. Forme générale. Comme au XIVe siècle. Ornements. Très sensiblement modifiés par l'adoption des dessins contournés, des moulures prismatiques, des feuillages frisés formant deux bouquets superposés. Fenêtres. Divisées en compartiments qui offrent des dessins contournés. Garnies extérieurement de feuilles frisées. Portes. Ornées d'une grande quantité de moulures et couronnées de frontons en forme d'accolade; accompagnées de pilastres ornés de panneaux, surmontés de pinacles. Voutes. A peu près comme au XIVe siècle, avec des arceaux prismatiques. Tours. En général moins élevées, moins sveltes, mais beaucoup plus ornées qu'au xive siècle. Tours octogones terminées par une plate-forme. Clochetons. Souvent octogones sans ouvertures latérales, couronnés de pyramides hérissées de crochets.

[ocr errors]
[graphic][merged small][merged small]

Quatrième style ogival. - Forme générale. A peu près la même que dans les monuments de l'époque immédiatement antérieure. Ornements. Semblables, pour la plupart, à ceux du style précédent, mais avec plus d'élégance et de finesse. Emploi fréquent des festons, des dentelles, des panneaux, des arabesques, etc., etc. Colonnes. Remplacées presque constamment par des nervures ou filets sans chapiteaux. Corniches. Ornées d'arabesques, de rinceaux, de guirlandes, etc., etc., etc. Balustrades en pierre plus délicates qu'au xve siècle.-Fenêtres. Parfois obtuses, quelquesunes en forme d'accolade. Portes. Surchargées de festons, de pinacles, de dentelles, etc. Voutes. Avec des arceaux

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Renaissance. Abandon de l'ogive et adoption du plein ceintre, principalement pour les constructions civiles. Architecture mélangée. Retour complet à l'architecture classique. Monuments arabes. Vers le vir siècle; l'architecture était tombée en décadence. La religion mahométane qui s'éleva à cette époque, se répandit bientôt dans les provinces occidentales de l'Asie, dans l'Afrique, et jusqu'en Espagne et en Sicile. Les Arabes perpétuèrent leur domination dans le midi de l'Europe, pendant sept à huit siècles. Sous les califes Abassides les sectateurs de l'islamisme cultivèrent les arts; et la Palestine, la Perse, l'Egypte, les pays de Maroc et de Fez, l'Espagne et la Sicile les virent construire des monuments d'architecture. L'Espagne renferme peut-être les plus considérables, tels que: la mosquée de Cordoue, un des plus beaux édifices mauresques, commencé en 770. Elle a environ six cents pieds de longueur sur quatre cents de largeur. Le mur, d'une épaisseur de huit pieds, varie, pour la hauteur de soixante pieds à vingt-cinq, selon les différents côtés. Il est crénelé, ainsi que les contreforts qui le soutiennent. Il y a une grande cour ornée de soixante colonnes; les nefs de la mosquée sont supportées par huit cent cinquante autres, dont le diamètre est de un pied et demi, et la hauteur moyenne de quinze pieds. Une lumière faible éclaire cette forêt de colonnes à perte de vue. Les chapiteaux sont une variété de corinthien très élevé. Les colonnes, sans bases, sont terminées par un congé; elles servent de support à des arcades. Chaque rangée de colonnes forme un petit toit dans le sens de la longueur de l'édifice. Les matériaux proviennent des constructions des Romains, du temps de leur domination en Espagne. Un petit nombre de colonnes exécutées par les Maures, démontre, par l'imperfection du travail, l'ignorance et le défaut d'habileté de leurs auteurs. Les plafonds sont en bois peints. Cette mosquée fut sans doute bâtie par des architectes sortis de Constantinople, comme presque tous ceux d'alors. Elle est au moins dans le goût de l'architecture by zantine, qui y est fortement empreint. En effet, on y voit des arcades sur des colonnes, et des mosaïques, des comparti ments de marbres rares, des ornements légèrement découpés ou en stuc peint, des peintures à l'encaustique, décorer les murs, les pavés, enfin toutes les parties de l'édifice. La mosquée de Cordoue est donc construite dans le même style que Saint-Paul, hors les murs, et Sainte-Agnès, à Rome. Il n'y a de différent que le plein cintre outrepassé, ou cintre en fer à cheval, qui est le caractère distinctif de la manière arabe, et quelques dispositions particulières d'ornements. L'allhambra, à Grenade, situé sur un coteau qui domine la ville, ser

[graphic]

MONUMENTS.

MONVEL.

(686). pierres. Ce fait mérite quelque attention, parce que les voyageurs qui m'ont précédé ont tous assuré que les Péruviens ne quarante de largeur, et d'une hauteur de trente-six pieds. connaissent point l'usage du ciment; mais on a eu tort de Le mortier de sable et de chaux et le gypse y sont employés. supposer cette ignorance chez eux, de même que chez les Le toit est couvert de dalles. Dans la grande cour se trouve anciens habitants de l'Egypte. Les Péruviens n'employaient un escalier en pierres de taille revêtues d'un bel enduit. Les seulement pas du mortier marneux; dans les grands édifices portes ont depuis un pied jusqu'à quinze de largeur, et dede Pacaritambo, ils ont fait usage d'un ciment d'asphalte puis quatre jusqu'à douze de hauteur. On ne voit aucune mode de construction qui, sur les bords de l'Euphrate et du trace de gonds ou autres ferrures. L'intérieur est voûté; les Tigre, remonte à la plus haute antiquité. » (Id., ib., t. 1.) pierres sont placées horizontalement, et donnent aux voûtes Le porphyre est la pierre qui a servi aux édifices du Cânar... la forme d'un cône tronqué. Dans les édifices de Paleuque, Il est certain que dans les édifices d'ancienne fabrique péroon remarque l'emploi d'un mortier de chaux et de sable. Les vienne, on ne trouve jamais de fenêtres: simplicité, symétrie, fenêtres y sont parfois plus larges que hautes. A quelquessolidité, voilà les trois caractères par lesquels se distinguent uns, on aperçoit des ouvertures comme aux murailles de avantageusement tous les édifices péruviens. On trouve des Messène, et en outre un petit pont dont l'arche est formée tumulus en Virginie et au Canada comme au Pérou, où de de deux pierres réunies au sommet par un point vertical, nombreuses galeries, construites en pierres et communiquast comme dans le cintre ogyval. Des galeries souterraines de entre elles par des puits, remplissent l'intérieur des huacas, tumulus d'une grande dimension situées auprès de Paleuque, ой ou collines artificielles. Ces galeries sont terminées par des sont voûtées en plein-cintre. Ce fait très intéressant ne s'acpierres à plat, d'une seule pièce, ou par plusieurs étagées en L'abbé C. corde pas avec l'architecture des autres constructions, se rétrécissant par le haut, comme on en trouvait aussi en l'on ne voit aucune trace de cintre. M. Nebel, architecte, Egypte (1). entre autres antiquités mexicaines qu'il a décrites, fait connaître le plan des édifices singuliers soutenus de colonnes, que l'on trouve agglomérés sur une colline au sud-est de Zacatecas, édifices qui attestent une civilisation très avancée. Les Incas construisirent, de distance en distance, sur le chemin de Cuzco à Quito, dans une longueur de plus de quatre cent cinquante lieues, depuis mille quatre-vingts jusqu'à quatre mille trois cent vingt pieds au-dessus du niveau de l'Océan, sur le dos des Andes et d'un style tellement identique, que l'on dirait qu'ils sont d'un même architecte, des hôtelleries, des magasins et des maisons propres à servir d'habitation pour le prince et pour sa famille. Telle est la maison de l'Inca, à Callo, qui formait un carré dont chaque côté avait trente mètres de longueur. On y distingue encore quatre grandes portes extérieures semblables à celles des temples de l'Egypte, et huit appartements dont trois sont conservés. Les niches au nombre de dix-huit dans chaque appartement, existent encore ainsi que les portes, plus étroites dans le haut que dans le bas, afin que le linteau ait moins de portée, les voûtes étant inconnues comme en Egypte, où le même usage avait lieu. On voit aussi aux murailles des appartements, des cylindres destinés à suspendre des armes. «Les pierres sont taillées en parallelipipèdes; elles ne sont pas toutes de la mème grandeur, mais elles forment des assises aussi régulières que celles des briques romaines... L'interstice entre les pierres intérieures et extérieures est rempli de petits cailloux cimentés par de l'argile... On ne voit aucun vestige de plancher ou de toit: on peut supposer que ce dernier a été en bois... Pendant notre long séjour dans la Cordillière des Andes, nous n'avons jamais trouvé aucune construction qui ressemblât à celles que l'on appelle cyclopéennes dans tous les édifices qui datent du temps des Incas, les pierres sont taillées avec un soin admirable sur la face extérieure, tandis que la face intérieure est inégale et souvent anguleuse... L'architecture américaine, nous ne saurions assez le répéter, ne peut surprendre ni par la grandeur des masses, ni par l'élégance des formes. » (Id., ib., t. 2.) La forteresse du Cânar, connue sous le nom d'Ingapilca, est un reste de l'architecture péruvienne. C'est une colline terminée par une plate-forme entourée d'un mur de quinze à dix-huit pieds de hauteur construit en pierres de taille. Au centre est une maison en briques séchées à l'air et pétries de paille : elle servait de logement aux Incas quand ils allaient du Pérou au royaume de Quito. « On ne trouve point dans les ruines du Canar de ces pierres d'une énorme grandeur qu'offrent les édifices péruviens de Cuzco et des pays voisins. Acosta en a mesuré à Taquanaco qui avaient douze mètres de long sur cinq mètres huit décimètres de large, et un mètre neuf décimètres d'épaisseur. Pedro Ciéca de Léon en vit des mêmes dimensions dans les ruines de Tiahuanaco. Dans la citadelle Cânar, je n'ai pas observé de pierres qui eussent au-delà de vingt-six décimètres de longueur. Elles sont en général bien moins remarquables par leur masse que par l'extrême beauté de leur coupe : la plupart sont jointes sans aucune apparence de ciment; cependant on reconnaît ce dernier dans quelques-uns des bâtiments qui entourent la citadelle, et dans les trois maisons de l'Inca au Pullal, dont chacune a plus de cinquante-huit mètres de long; il est formé d'un mélange de petites pierres et de terre argileuse, qui fait effervescence avec les acides; c'est un vrai mortier, dont j'ai retiré, au moyen d'un couteau, des portions considérables, en creusant dans les interstices qué laissent les assises parallèles des

MONVEL (JACQUES-MARIE BOUTET DE), acteur et auteur dramatique, né le 25 mars 1745, à Lunéville, d'un père qui jouait lui-même la comédie en province, fut destiné tres jeune à la carrière théâtrale. Après s'être exercé sur différents théâtres, il vint débuter en 1770 à la Comédie-Française, t fut reçu deux ans après pour doubler Molé dans l'emploi des jeunes premiers et des amoureux. Il était loin d'avoir autant de grâce et d'élégance que son rival, et, pour obtenir la faveur du public, il fut obligé de faire des efforts incroyables, car la nature lui avait refusé les avantages extérieurs. Le public finit par lui tenir compte de ses travaux, et Monvel parvint à se faire applaudir dans les pièces de Seide, Xiphares, l'Orphelin de la Chine, le Jeune Bramine, de la Veure du Malabar, etc. Après la mort de Lekain, il réclama quelques rôles de ce grand tragédien, mais la faiblesse de sa santé, et les désagréments de sa personne et de son organe, le forcèrent de renoncer à cet emploi. En même temps, il avait donné à l'Opéra-Comique quelques pièces dont Dezède fit la musique, et qui obtinrent un grand succès. En 1777, il fit représenter au Théâtre-Français la comédie qui a pour titre: l'Amant Bourru, dont le sujet est pris dans un roman de madame Riccoboni. Molé, dont la rivalité s'était changée en haine, fut contraint de jouer dans cette pièce; il faut dire que Monvel avait soigné tout particulièrement le rôle qu'il avait pris, et que, de son côté, Molé se fit un devoir d'en faire ressortir la beauté. Le public applaudit la pièce et les acteurs. Molé et Monvel furent appelés à grands cris: émus l'un et l'autre par les applaudissements unanimes des spectateurs, ils s'embras sèrent et se réconcilièrent ainsi pour la vie. Monvel jouissait paisiblement de l'approbation du public, lorsqu'un ordre de la haute police le força brusquement à sortir de France (1781). La chronique scandaleuse du temps prète à cet ordre des motifs de la vie privée de Monvel, que la décence ne nous permet pas de raconter, et qui d'ailleurs n'appartiennent pas à l'histoire. Après avoir passé quelque temps à Stockholm, où il était lecteur et comédien ordinaire du roi de Suède, il revint à Paris en 1786. Il fit représenter une pièce qu'il avait achevée en Suède, les Amours de Bayard; mais elle n'eut point le suc cès qu'il s'en était promis. Il s'attacha ensuite au théâtre des Variétés du Palais-Royal, qui prit en 1792 le nom de Theatre de la République. Il y fut accueilli par des applaudissements que méritait son talent. Sept ans après, presque tous les anciens artistes de la Comédie-Française, que la terreur avait dispersés, se réunirent à ce théâtre: alors Monvel fut forcé par son âge de renoncer au rôle qui avait fait sa réputation, pour prendre ceux de père noble et de grand raisonneur; il les jouait avec une supériorité remarquable. Monvel avait du ta lent; si des obstacles physiques que jamais il ne put surmon ter n'eussent empêché qu'il ne parut dans tout son éclat, il aurait, nous n'en doutons pas, égalé les premiers acteurs de cette époque; du reste, ces défauts ne paraissaient que sur la scène, et dans le monde il lisait d'une manière admirable. Jusqu'à l'époque de la révolution, sa conduite n'avait été que celle d'un comédien; mais, au moment de cette grande commotion politique, il se crut appelé à jouer un autre role; il se distingua parmi les démagogues effrénés qui, dans tous les carrefours, haranguaient la populace pour lui inspirer la haine

de la religion et du trône. Non content de se signaler parmi

(1) C.-J. B., Précis des arts du dessin.

6

« ZurückWeiter »