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Pilastres, croisées et dais viennent joindre la corniche principale, composée d'arcatures continues et saillantes, richement ornées de moulures couvertes de feuilles, entourant une suite de coquilles formant rosaces du plus remarquable effet. Cet ensemble, complété par une architrave garnie de palmettes, est terminé par une forte moulure avec jeté de fleurs.

Nous retrouvons cette gracieuse corniche presque semblable dans les châteaux de Blois (1) et de Chambord.

Deux échauguettes ou guérites en encorbellement et å pans occupent les extrémités de la façade; des pilastres ornent leurs angles. Les pans, entourés de moulures, se terminant en trilobes à leurs parties supérieures, sont couverts d'un semé de fleurs; les corniches garnies de rinceaux sont couronnées d'une suite de fleurs de lis découpant leurs sommets. Enfin des coupoles aussi à pans, ornées de feuilles méplates, en forment la gracieuse couverture.

Une balustrade courant d'une échauguette à l'autre, tout en formant avec elles un riche couronnement à ce gracieux et charmant édifice, sert aussi à dissimuler la base des lucarnes, dont les sommets, ornés avec sobriété, comme il convient à des parties accessoires, se dessinent sur le grand toit à faîtage en plomb, couvert de riches ornements martelés.

Telle était la façade de notre Hôtel-de-Ville au moment de son achèvement. Qu'elle devait être belle, riche et séduisante alors, puisqu'aujourd'hui encore, après les siècles écoulés, les dévastations du temps et des hommes, nous sommes charmés par son ensemble, par ses détails!

(1) Lorsque je parle du château de Blois, il est bien entendu qu'il s'agit de la partie du château construite sous François Ier.

Cependant, que de parties mutilées, enlevées, dont l'absence détruit l'harmonie et met à nu des constructions qui devaient échapper au regard!

Les semés de fleurs de lis et caïeux qui enrichissaient les tapisseries du rez-de-chaussée ne laissent que des traces à peine visibles. Leur absence rend le mur triste et froid. Des chapiteaux, des corniches sont brisés; les niches sont vides; les bas-reliefs ont été enlevés; la balustrade a disparu.

Cet état de délabrement général attriste tous ceux qui s'occupent d'art, tous ceux qui ont la religion des souvenirs. Aussi espèrent-ils qu'une prompte restauration leur rendra bientôt leur ancien Hôtel-de-Ville aussi gracieux, aussi charmant que par le passé.

Après cet examen, nous nous demandons si c'était bien en 1498 qu'il s'offrait ainsi complet.... Nous ne le pensons pas...

Lottin, en affirmant (1) « que le corps de ville quitta en cette année les chambres qu'il occupait de temps immémorial près la tour Saint-Samson, afin de venir habiter pour la première fois son nouvel Hôtel-de-Ville, rue Sainte-Catherine ou des Hôtelleries, qui était entièrement terminé, commet une erreur très-grande. Il est, du reste, le seul auteur qui date de 1498 cette installation dans les nouveaux bâtiments, et il se trouve contredit par les comptes de commune (2), qui constatent que de l'année 1435 à l'année 1444 le paiement du loyer de l'hôtel des Créneaux a été fait par les procureurs des bourgeois Jacques Largentier (3), Gilet Morchoasne (4), Jehan Lale

(1) Recherches historiques de la ville d'Orléans, t. I, p. 345. (2) Archives municipales, comptes de commune.

(3) Jacques Largentier, gestion du 23 mars 1434 au 22 mars 1436. (4) Gilet Morchoasne, gestion du 23 mars 1439 au 22 mars 1441.

ment (1), Jacquet de Loynes (2); la mention du paiement fait par Jacques Largentier est ainsi conçue : « A Jehan Renart et Raoulet Renart, pour le louage de l'ostel de la ville, loè par 16 livres parisis, qui est pour chacun terme 8 livres parisis, pour ce pour la quarte partie du terme Saint-Jehan-Baptiste 1435 dernier passé, pour ce que la forteresse en paie les trois quarts: 40 sous parisis. A Raoulet, le 16e jour de juin, pour le loage de la moitié de l'ostel des Créneaux, où les procureurs se assemblent chaque jour pour traicter des besoingnes d'icelle, lequel ostel de la dite ville tient à 16 livres parisis par an, qui est pour la moitié 8 livres parisis, qui est pour le terme de la Saint-Jehan-Baptiste ou dit an 1436. A Jehan Renart, le septième jour de juillet en suivant, pour la moitié du dit ostel et pour le dit terme de Saint-Jehan ou dit an 1436. »

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Semblables paiements sont portés aux termes de la Saint-Jean-Baptiste et de Noël jusqu'en l'année 1444, où Jaquet de Loynes l'indique de la manière suivante: «A Jehan Regnart, bourgeois d'Orliens, en la présence de Jehan Coulon, curateur du dit Jehan Regnart, par l'ordonnance de justice, pour la moitié de 12 livres parisis que prend chacun an le dit Regnart sur l'oustel de la ville nommé les Creneaux, pour ce 6 livres parisis, dont la forteresse paie la moitié, qui est 60 sous parisis, et pour ce pour la commune et pour le terme de la Saint-Jehan prochaine venant, 60 sous parisis.» (Par mandement du 10 décembre 1444.)

Le compte de Michel Filleul, successeur de Jacquet de Loynes, n'indique plus le paiement de loyer pour l'hôtel des Créneaux.

(1) Jehan Lalement, gestion du 23 mars 1441 au 22 mars 1443. (2) Jaquet de Loynes, gestion du 23 mars 1443 au 22 mars 1445.

L'assertion de Lottin se trouve également détruite par une note placée par notre collègue, M. Louis Jarry, dans son travail si justement remarqué du Châtelet d'Orléans (1), où, parlant du lieu de réunion des procureurs de la ville pour gérer les affaires communes, il dit : « Cet état de choses n'existait plus au XVe siècle. Dès 1391, il semble ressortir des comptes de P. de Saint-Mesmin que le modeste mobilier de la chambre des bourgeois fut transporté à Saint-Samson. Aux premières années du siècle suivant, on voit continuellement les procureurs de la ville louer du prieur de Saint-Samson une chambre « pour converser, > puis la ville prit à bail, vers 1430, l'hotel des Créneaux, voisin de cette chambre, et en devint propriétaire en 1443. »

Des comptes de ville et de cette note il résulte que dès 1430, avant l'achat de l'hôtel des Créneaux, et par conséquent avant la construction de l'Hôtel-de-Ville, les procureurs étaient déjà installés rue Sainte-Catherine; et malgré Lottin, nous disons que l'hôtel commun construit par Viart n'était pas terminé en 1498.

Lemaire dit cependant que les eschevins achetèrent le 22 mars 1442 l'hostel des Créneaux, depuis plusieurs maisons et places, où ils ont achevé de bastir cet hostel commun l'an 1498 (2). »

Symphorien Guyon rapporte « qu'en mars 1442 les eschevins achetèrent l'hostel des Créneaux, et par succession de temps plusieurs autres maisons et places, où ils ont fait bastir l'hostel commun de la ville, qui ne fut parachevé que l'an 1498 (3). »

(1) Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, vol. XII, p. 393.

(2) Histoire et antiquités de la ville d'Orléans, p. 505.

(3) Histoire de la ville et du diocèse d'Orléans, 2e partie, p. 277.

Beauvais de Préau répète « que le 22 mars 1443 la ville acheta l'hôtel des Carneaux et quelques maisons voisines, sur le terrain desquelles on a élevé les bâtiments que nous voyons et qui n'ont été achevés qu'en 1498 (1). »

Nos recherches nous confirment que ce doit être en effet de 1442 à 1443 que l'hôtel des Créneaux devint la propriété de la ville. Nous trouvons dans les comptes de forteresse le paiement fait « à la femme Jehan Renart, pour cinq lectres qu'elle a baillées touchant l'ostel de la ville, et aussy pour ce que à la vente on lui promist un chapperon, pour ce à elle deux escus vallant 42 sous 8 deniers parisis (2) » (par mandement du 26 avril après Pasques); et la mention du paiement des honoraires des notaires: « à Guillaume Doulce, Martin de Maubodet et Loys Sevin, notaires, le 29e jour de mai, pour avoir minuté les lectres de la vendicion de l'oustel des Créneaux, vendu par Jehan Regnart, sa femme et enffens, et pour la grosse des dictes lectres où sont transcriptes certaines autres lectres qui contiennent deux peaux et demi de parchemin ou environ, lesquelles lectres ont esté passé par les dessus diz du dit houstel, au nom des bourgeois, manans et habitans de la ville d'Orliens, pour ce 64 sous parisis (3). » (Par mandement du 2o jour de septembre 1443.)

Nos présomptions devaient bientôt se changer en certitudes. Grâce aux recherches faites avec son obligeance ordinaire par M. Merlin, archiviste de la ville, nous avons pu copier l'acte passé le 22 mars 1442, (constituant une rente de quinze livres parisis destinée à l'achat de l'hôtel des Créneaux, «assis en la dicte ville d'Orléans, en la

(1) Essais historiques sur Orléans, no 51, p. 83.

(2) Archives municipales, comptes de forteresse, 1441-1442, fo 53, vo. (3) Id., ibid., 1443-1444, fo 21.

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