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elle fit faire cette statue, où elle est représentée montrant le temple de Junon, comme pour avertir les peuples que c'est à cette déesse que les honneurs divins sont dus. Les autres statues n'ont rien de remarquable. Dans le parvis du temple paissent un grand nombre de bœufs, de chevaux, d'ours et de lions, qui semblent avoir perdu leur férocité naturelle, et qu'on regarde comme des animaux sacrés. Le temple est desservi par un nombre prodigieux de prêtres, qui sont vêtus de blanc. On élit chaque année un nouveau grand prêtre, qui est distingué des autres par une robe de pourpre et une tiare d'or. On offre deux sacrifices par jour, l'un à Jupiter, l'autre à Junon. On sacrifie à Jupiter, en silence; mais le sacrifice offert à Junon est accompagné du son des flûtes et d'un concert et de plusieurs voix. Non loin du temple est un lac où l'on nourrit un grand nombre de poissons, parmi lesquels il y en a de prodigieusement gros. Ils ont chacun leur nom, et ils viennent quand on les appelle ce lac est très-profond. On voit au milieu un autel de pierre, qui, au premier coup d'œil, paraît flotter et être porté sur la surface de l'eau. Le vulgaire le croit ainsi; pour moi, je pense qu'il y a dessous une grande colonne qui le soutient. Cet autel est toujours couronné et parfumé. Chaque jour y a des dévots qui vont à la nage y faire leurs prières, et qui le parent de guirlandes. On célèbre sur ce lac plusieurs fêtes; et alors on y transporte les statues qui sont dans le temple. Celle de Junon entre la première dans le lac; car on est persuadé que, si Jupiter apercevait le premier les poissons, ils mourraient tous sur-le-champ. La plus solennelle de toutes les fêtes que l'on célèbre dans la ville sacrée est celle qu'on appelle le bûcher, ou, selon d'autres, le flambeau: Toici en quoi elle consiste. Au commencement du printemps, on coupe un grand nombre d'arbres que l'on entasse dans le parvis du temple. On attache à ces arbres des chèvres, des brebis, des oiseaux et plusieurs autres animaux vivants. On y mêle des étoffes précieuses et divers ouvrages d'or et d'argent puis on promène autour de ce bucher les statues des dieux; ensuite on y met le feu, et tout ce qui le compose est réduit en cendres. Cette fèle attire dans la ville sacrée un concours prodigieux de peuples, qui viennent de la Syrie et des pays voisins. Un étranger que la dévotion amène dans

:

la ville sacrée doit d'abord se raser la tête et les sourcils. Il immole ensuite une brebis, et se régale de la chair. Il réserve seulement les pieds et la tête avec la toison; après quoi, il se met à genoux sur la toison, pose sur sa tête les pieds et la tête de la victime; et, dans cet état, il prie les dieux d'agréer ce premier sacrifice, promettant de leur 60 offrir un plus considérable le lendemain. Lorsqu'il s'en retourne, il faut qu'il couche sur la dure pendant tout le voyage, jusqu'à ce qu'il soit arrivé chez lui. Il y a dans la ville sacrée des hôtes chargés de recevoir les pèlerins de telle ville en particulier, quoique communément.ils ne les connaissent pas.

« Ce n'est pas l'usage, dans la ville sacrée, qu'on immole les victimes dans le temple. On présente l'animal à l'autel, on le ramène ensuite chez soi, et là on l'égorge. Quelquefois, après qu'on a couronné les victimes, on les précipite du haut du vestibule du temple, et elles meurent de cette chute. Il y a des dévots fanatiques qui immolent de cette manière leurs propres enfants, excepté qu'ils les précipitent enfermés dans un sac. Ils joignent à cette action dénaturée des invectives non moins barbares contre ces créatures innocentes, en disant qu'ils ne les regardent plus comme leurs enfants, mais comme des bêtes.

<< Les habitants de la ville sacrée ont coutume de se faire imprimer des marques avec un fer chaud, les unes sur la paume de la main, les autres sur le cou, comme une marque de leur dévouement à la grande

déesse.

« Les jeunes gens, avant de se marier, se coupent la barbe et les cheveux, les enferment dans un vase d'or ou d'argent, sur lequel ils gravent leur nom; puis ils les déposent, comme une offrande, dans le temple de Junon. J'ai pratiqué autrefois cette cérémonie dans ma jeunesse; mes cheveux et mon nom sont encore dans le temple. »>

SYRINGES. Ammien Marcellin appelle ainsi des grottes souterraines et pleines de détours que des hommes initiés dans les mystères religieux avaient creusées en divers lieux avec des soins et des travaux infinis, dans la crainte que le souvenir des cérémonies de la religion ne se perdit. A cet effet, ils avaient sculpté sur les parois des figures d'oiseaux, de bêtes feroces et d'autres animaux, ce qu'ils appelaient caractères hiérographiques ou hierogliphiques.

T

[Cherchez par Ta les mots que l'on ne trouve pas par T simple, et vice versa. ] TAARAVA-MATA, déesse adorée dans l'archipel d'Hawai ou des Sandwich. Son nom signifie celle dont les yeux sont toujours en

mouvement.

TAAROA, un des principaux dieux adorés autrefois par les Taïtiens, qui le regardaient comme le créateur de leur contrée. Lors

qu'il lui plut de construire l'univers, il sortit de la coquille qui le tenait emprisonné, laquelle avait la forme d'un œuf, et avec laquelle il tournait dans un espace immense au milieu du vide. Ayant brisé cette coquille, il en fit la base de la grande terre, appelée Taïti, et les fragments qui s'en échap

pèrent donnèrent lieu aux fles environnantes, et à mesure qu'il devint vieux, il ajouta les rochers qui en forment la base, les arbres et les plantes qui les recouvrent, et les animaux qui y vivent. Au reste les traditions variaient beaucoup au sujet de Taaroa; les uns le regar daient comme le premier des dieux, enfants de la Nuit. D'autres en faisaient un esprit ou un oiseau, inférieur à Tane, le père, et à Oro, le fils, avec lequel il formait une triade divine. Quelques sages prétendaient que Taaroa n'était qu'un homme déifié après sa mort; d'autres le regardaient en même temps comme créature et comme dieu. On lui donnait pour femme Ofeou-feou-maiterai, engendrée également de la nuit; d'autres fois il est considéré comme ayant contracté un mariage mystique avec Tane, le dieu père; et de cette union seraient venus six enfants, savoir Avii, l'eau fraîche; Timidi, la mer; Aoua, les rivières; Matai, le vent; Arii, le ciel; Eo, la nuit. Taaroa enfanta ensuite Mahanna, le soleil, et une fille nommée Toonou, qu'il donna en mariage à ce dernier. Voy. COSMOGONIE, au Supplément.

:

Les Taïtieus pensaient que les âmes, à leur sortie du corps étaient saisies par Taaroa, ou le dieu esprit ailé, qui les avalait pour en purifier la substance, et la pénétrer de la flamme céleste et éthérée que les dieux seuls peuvent donner. Alors ces esprits purs, débarrassés de leur enveloppe terrestre, erraient autour des tombeaux, et avaient des prêtres destinés à leur présenter des offrandes et à les apaiser par des sacrifices.

TAAUT, divinité phénicienne; c'était, suivant Sanchoniaton, un des descendants des Titans, et le même qu'Hermès Trismégiste. C'est lui qui inventa les lettres. Voy. HERMÈS, THOTH.

TAAZIA, c'est-à-dire deuil, nom que les Schiites de l'Inde donnent à la grande fête du Déha, qu'ils célèbrent les dix premiers jours du mois de Moharrem, en commémoration de la mort de l'imam Hoséin. Ils donnent le même nom aux représentations de la mort de cet imam, et aux chapelles funéraires qui renferment son catafalque, et dans lesquelles ils se rassemblent pour pleurer sa mort. Voy. DEHA, IMAM-BARA.

TABASKET ou TABASKI, fête que les Wolofs et les autres nègres mahométans, célèbrent en mémoire du sacrifice d'Abraham; ils immolent alors un bélier noir qu'on mange en commun, et dont on réserve les quatre pieds pour fêter le premier jour de l'année suivante. Quelquefois ce sacrifice se fait d'une manière très-solennelle, et on mène processionnellement les victimes au lieu où elles doivent être immolées. Voici la description d'une de ces cérémonies. Quelque temps avant le coucher du soleil, on vit paraître cinq marabouts, marchant de front, revêtus de tuniques blanches, et armés de longues zagaies. Deux nègres conduisaient de vant eux cinq bœufs choisis parmi les plus beaux et les plus gras du pays; ils étaient ornés de feuillages et revêtus de fine toile de coton. Après les marabouts venaient les

chefs des villages, parés de eur p.us beaut habits, et armés de sabres ou de zagaies; quelques uns portaient un bouclier. Ve naient ensuite les habitants des villages mar chant cinq de front et armés comme leurs chefs. Ils se rendirent en cet ordre au bord de la rivière; là, on attacha les victimes à les pieux: le premier des marabouts, déposa sa zagaie à terre, étendit ses bras vers l'Orient, et s'écria trois fois, Salam aleik, salut à toi! Les autres marabouts en firent autant, et on procéda à la prière. Lorsqu'elle fut terminée, chacun reprit ses armies; les nègres qui avaient amené les bœufs, les renversèrent sur la terre, et enfoncèrent dans le sable une de leurs cornes, en observant de leur tourner la tête du côté de l'Orient Dans cet état ils les égorgèrent; et pendant que le sang coulait, ils leur jettaient du s ble dans les yeux, dans la crainte que les animaux ne tournassent leurs regards sur ceux qui les immolaient, ce qui eût éte pour eux un mauvais présage. On écor cha ensuite les victimes, on les dépe et les habitants de chaque village emp rent leur bœuf pour le faire cuire. Li se termina par un folgar, sorte des pour laquelle les nègres sont passions.

TABEIS, c'est-à-dire adhérents, suira quelques musulmans étalissent une diffe rence entre les Ashabs, ou compagnons pr prement dits de Mahomet, qui ont véru conversé avec lui, et ceux qui, tout en v va de son temps, n'ont pas eu le bonheur ele voir; ce sont ces derniers qu'on nomme Tbéis, quelques-uns d'entre eux cependant lui ont écrit, ou lui ont fait savoir leur con version à l'islamisme.

TABERNACLE. 1° C'était chez les anciens Israélites, une sorte de temple portatif, dost ils firent usage pendant près de 50 ans, jus qu'à ce que Salomon eût fait construire un temple à Jérusalem. Bien qu'il fût portatil ce n'en était pas moins un édifice asse considérable; mais on pouvait le démonter facilement et en transporter les pièces alleurs, lorsque l'on changeait de campement. Dieu lui-même avait tracé à Moïse le plan les dimensions du tabernacle. Sa figure étail un carré oblong, qui avait trente coudées de longueur, dix de largeur et autant de hauteur. Il consistait en deux appartements; le s reculé se nommait le Sanctuaire ou le Si des saints; l'autre était appelé le Lieu said ou simplement le Saint. Ces deux apparte ments étaient séparés par une rangée de quatre colonnes en bois d'acacia d'Egypte. couvertes d'or, et posées sur des soubasse ments d'argent. Au haut de ces colonos était attaché avec des crochets d'or, un deau richement brodé. A l'entrée du he saint, il y avait une autre rangée de cinq lonnes sur des piédestaux d'airain. Le som met de ces colonnes supportait un autre grand rideau qui empêchait ceux du lehors de voir ce qui se passait dans l'intérieur du lieu saint. Tout l'édifice était fermé du ce du septentrion, de l'occident et du mich, par des planches de bois d'acacis, couvertes de

lames d'or et revêtues de riches tapisseries;
du côté de l'orient, il n'était fermé que par
le grand rideau dont nous avons parlé. Il
devait régner une obscurité assez profonde
dans ces deux appartements, surtout dans
celui du fond, car l'Ecriture sainte ne fait
mention d'aucune fenêtre ni ouverture pra-
tiquée dans la boiserie; le jour n'y pouvait
donc pénétrer que lorsque les courtines
étaient soulevées. L'arche d'alliance était
placée dans le sanctuaire ou le Saint des
saints. Le lieu saint renfermait le chande
lier à sept branches, la table des pains de
proposition, et l'autel des parfums. Quant
aux autels destinés aux sacrifices, ils étaient
placés dans un parvis à ciel ouvert, situé vis-
à-vis l'entrée du tabernacle.

2 On appelle tabernacle chez les chré-
tiens, une armoire placée au milieu de l'au-
tel, et destinée à renfermer la sainte Eucha-
ristie. Ce tabernacle est en bronze, en mar-
bre ou en bois doré, quelquefois richement
sculpté, et garni à l'intérieur d'une étoffe
d'or ou de soie.

3 En style d'augure, le mot tabernacle
désignait une région du ciel. Dans les céré-
monies augurales l'aruspice assis et revêtu
de la trabée se tournait du côté de l'orient,
et désignait avec le lituus une partie du ciel;
c'est ce que l'on appelait tabernaculum ca-
pere. Il fallait pour cela que le lieu fût
parfaitement découvert, et que rien n'inter-
ceptât la vue. C'est ce qui fit que C. Marius
donna peu d'élévation au temple de l'Hon-
neur, dans la crainte qu'il ne prit aux augu-
res fantaisie de le démolir, s'il eût nui à
leurs opérations. Il fallait que tout se passât
suivant le formulaire établi, et s'il s'y ren-
contrait le moindre défaut, on était obligé
de recommencer, parce que tabernaculum
non erat rite captum.

TABERNACLES (FÊTE DES), ou des Tentes,
ou Scénopégies, appelée aussi en hébreu
Soukkoth ou des Cabanes. Les Juifs la célé-
braient chaque année pendant huit jours,
conformément au précepte intimé dans la
loi; elle avait lieu le 15 du mois de tisri,
correspondant à notre mois de septembre,
immédiatement après la récolte. Pendant ces
huit jours ils demeuraient dans des cabanes
de feuillage, en mémoire du temps pendant
lequel leurs pères avaient demeuré sous des
tentes, avant qu'ils eussent pris possession
de la terre promise. Les Juifs modernes l'ob-
servent encore lorsqu'ils en ont la commo-
dité, ils dressent une tente à l'entrée ou sur
le derrière de leurs maisons, dans la cour ou
dans le jardin. La tente ne doit pas avoir
plus de 20 coudées, ni moins de dix empans
de hauteur. Les gens riches ornent ces ten-
tes de tapisseries, sur lesquelles ils étalent
des branches d'arbres chargées de fruit. On
y voit quelquefois des citrons, des oran-
ges, etc.; souvent aussi on n'y trouve que
des branches d'arbres stériles, des citrouil-
les, ou seulement de l'osier. Les cabanes
sont environnées de feuillages en dehors et
jusqu'au haut, mais sans en être couvertes;
on doit prendre garde que ces branches ne

se dessèchent, et on ne doit dresser les ten-
tes ni sous des toits ni sous des arbres. On
devrait faire sa résidence jour et nuit dans
ces tentes, et quelques observateurs scrupu-
leux de la loi s'y astreignent; cependant cela
n'est guère praticable dans les pays septen-
trionaux, c'est pourquoi on se contente d'y
prendre ses repas et de s'y rendre de temps
en temps. Le premier jour on doit tâcher de
se procurer une branche de palmier, trois de
myrte, deux de saule et une de citronnier;
et lorsque, dans la synagogue, on récite les
psaumes de louange, on prend de la main
droite toutes ces branches liées ensemble,
excepté celle de citronnier, que l'on tient de
la main gauche, et, les approchant les unes
des autres, on les agite vers les quatre par-
ties du monde; puis on fait le tour du pu-
pitre en tenant en main ces rameaux et des
branches de citronnier avec le fruit. Cette cé-
rémonie se répète chaque jour dans la syna-
goguo. Le septième jour on se lève de grand
matin, on se lave et on se rend à la syna-
gogue. On quitte le myrte, la palme et le ci-
tronnier; on ne garde que le saule. On fait
sept fois le tour du pupitre, et les prières
sont récitées plus vite qu'à l'ordinaire: on
en donne pour raison que, pendant le voyage
dans le désert, on était obligé de se hâter
même dans le service divin. On tire de l'arche
sept exemplaires de la loi; s'il y en avait
vingt, on les tirerait tous, du moins tel est
le rite des synagogues de Pologne. Le pu-
pitre est orné de fleurs; et parce que ce jour
et le suivant sont des jours de réjouissance,
on s'y laisse aller à des excès de joie qui sur-
prennent ceux qui ne sont pas initiés aux
mystères de la synagogue. On s'agite, on se
démène en récitant ses prières avec beau-
coup de bruit et à la hate; on frappe les
bancs avec les rameaux de saule. Les sept
tours qui se font autour du pupitre se font,
dit-on, en mémoire de la procession que
Josué fit autour des murailles de Jéricho.

TABIKH, ange qui, suivant les Musul-
mans, est préposé à l'enfer pour y punir les
réprouvés; son nom signifie Celui qui fait
cuire des briques au four.

TABITI, déesse des anciens Scythes; elle
correspondait à Vesta, déesse du feu; son
nom vient en effet du sanscrit tapitá, chaleur
ardente.

TABLE (SAINTE). Les chrétiens appellent
ainsi le lieu où l'on distribue la sainte com-
munion. C'est assez ordinairement une table
longue et très-étroite, quelquefois une sim-
ple balustrade, placée à l'entrée du chœur
ou du sanctuaire, et revêtue d'une nappe
blanche. Les communiants s'agenouillent de-
vant cette table et se couvrent les mains de
la nappe. On donne figurément le nom de
sainte table à la communion elle-même;
c'est ainsi qu'on dit s'asseoir à la sainte ta-
ble, bien qu'on ne s'y présente qu'à genoux.

TABLETTE SACRÉE, sur laquelle sont
écrites les destinées de tous les hommes.
Les Musulmans l'appellent El-lauh el-mah-
foudh, la tablette bien gardée. Cette ta-
blette, ou plutôt cette planche merveilleuse

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est, suivant Djélal-eddin, d'une blancheur éblouissante, et fabriquée d'une seule perle. Elle est suspendue au milieu du septième ciel, et gardée soigneusement par les anges, de peur que les démons ne tentent de changer ce qui est écrit dessus. Sa longueur est égale à l'espace qui est entre le ciel et la terre, et sa largeur s'étend de l'orient à l'occident.

2o On sait que les Chinois rendent aux mânes de leurs ancêtres des hommages qui paraissent tenir à un culte réel. Ces ancêtres sont représentés par une tablette de bois longue de plus d'un pied et large de cinq ou six pouces, posée sur une base ou piédestal. Sur cette tablette sont écrits le nom et la qualité de la personne décédée, le jour, le mois et l'année de sa naissance et de sa mort. Ces tablettes sont placées honorablement dans une salle spéciale, où l'on va chaque jour se prosterner devant elles, faire des offrandes et brûler en leur honneur des cierges, des papiers dorés et des bâtons d'odeur. Souvent, dans les temples et dans les maisons particulières, l'image de Confucius est remplacée par une tablette qui porte son nom ou cette inscription en lettres d'or C'est ici le trône de l'âme du très-saint et excellentissime premier maitre KOUNG-TSEU.

TABOU ou TAPOU, institution civile et religieuse répandue dans toutes les îles de la Polynésie, depuis la Nouvelle-Zélande jusqu'à l'archipel d'Hawaï, en suivant une zone inclinée à la méridienne, et dont les habitants parlent tous une langue commune dans son origine.

Sans nul doute, dit le commandant Dumont d'Urville, le but primitif du tabou fut toujours l'intention d'apaiser la colère de la divinité et de se la rendre favorable en s'imposant une privation volontaire proportionnée à la grandeur de l'offense ou à la colère présumée du dieu en question. Il n'est guère de système de religion où cette croyance n'ait pénétré, où elle n'ait été caractérisée par des actes plus ou moins singuliers.

1° Plus que tout autre habitant de la Polynésie, le Zélandais est aveuglément soumis aux superstitions du tabou, et cela sans avoir conservé en aucune façon l'idée du principe de morale sur lequel cette pratique était fondée. Il croit seulement que le tabou est agréable à l'Atoua, et cela lui suffit comme motif déterminant. En outre, il est convaincu que tout objet, soit être vivant, soit matière inanimée, frappé du tabou par un prêtre, se trouve dès lors au pouvoir immédiat de la divinité, et par là même interdit à tout contact profane. Quiconque porterait une main sacrilege sur un objet soumis à un pareil interdit, provoquerait le courroux de l'Atoua, qui ne manquerait pas de le punir en le faisant périr non-seulement lui-même, mais encore celui ou ceux qui auraient établi le tabou ou en faveur desquels il aurait été institué. C'est ainsi que l'Atoua se vengea, dit-on, sur le voyageur Nicholas du sacrilége que cet Anglais avait commis en maniant

un pistolet taboué pour avoir servi au chef d'Ouatara à l'époque de sa mort.

Mais le plus souvent les naturels s'empressent de prévenir les effets du courroux céleste en punissant sévèrement le coupable. S'il appartient à une classe élevée, il est exposé à être dépouillé de toutes ses proprié tés, et même de son rang, pour être relégué dans les dernières classes de la société; si c'est un homme du peuple ou un esclave, souvent la mort seule peut expier son of fense.

Un mot du prêtre, un songe, ou quelque pressentiment involontaire donne-t-il à penser à un naturel que son dieu est irrité, soudain il impose le tabou sur sa maison, sur ses champs, sur sa pirogue, etc., c'est à-dire qu'il se prive de l'usage de tous ces objets, malgré la gêne et la détresse auxquelles cette privation le réduit.

Tantôt le tabou est absolu et s'applique à tout le monde; alors personne ne peut approcher de l'objet taboué sans encourir le peines les plus sévères. Tantôt le tabou nes que relatif, et n'affecte qu'une ou plusieu personnes déterminées. L'individu se personnellement à l'action du tabou estava de toute communication avec ses co triotes; il ne peut se servir de ses mes pour prendre ses aliments. Appartient-il à a classe noble, un ou plusieurs serviteurs s assignés à son service et participent à s état d'interdiction; n'est-il qu'un homme d peuple, il est obligé de ramasser ses alments avec sa bouche, à la manière des an maux. On sent bien que le tabou sera d'autant plus solennel et plus respectable qu' émanera d'un personnage plus importan L'homme du peuple, soumis à tous les ta bous des divers chefs de la tribu, n'a gun d'autre pouvoir que de se l'imposer à lu même. Le rangatira, selon son rang, peut as sujettir à son tabou tous ceux qui dépenden de son autorité directe. Enfin la tribu tout entière respecte aveuglément les tabous inposés par le chef principal.

D'après cela, il est facile de prévoir quelle ressource les chefs peuvent tirer de cett institution pour assurer leurs droits et fair respecter leurs volontés. C'est une sorte de veto d'une extension indéfinie, dont le pou voir est consacré par un préjugé religier de la nature la plus intime. A défaut de jos positives pour sceller leur puissance, et moyens directs pour appuyer leurs ordres, les chefs n'ont d'autre garantie que le tabou Ainsi, qu'un chef craigne de voir les cochons le poisson, les coquillages, etc., manquer un jour à sa tribu par une consommation 1 prévoyante et prématurée de la part de s sujets, il imposera le tabou sur ces divers objets, et cela pour tout le temps qu'il jugera convenable. Veut-il écarter de sa maison, ses champs, des voisins importuns, il tabe sa maison et ses champs. Désire-t-il s'assure le monopole d'un navire européen, mous sur son territoire, un tabou partiel en écar tera tous ceux avec qui il ne veut point par tager un commerce aussi lucratif. Est-il me

content du capitaine, et a-t-il resoiu de le priver de toute espèce de rafraichissements, un tabou interdirà l'accès du navire à tous les hommes de sa tribu. Au moyen de cette arme mystique et redoutable, et en ménageant adroitement son emploi, un chef peut amener ses sujets à une obéissance passive. Il est bien entendu que les chefs et les arikis ou prêtres, savent toujours se concerter ensemble pour assurer aux tabous toute leur inviolabilité. D'ailleurs, les chefs sont le plus souvent arikis eux-mêmes, ou du moins les arikis tiennent de très-près aux chefs par les liens du sang ou des alliances. Ils ont donc un intérêt tout naturel à se soutenir réciproquement. Le plus souvent ce tabou n'est qu'accidentel et temporaire. Alors certaines paroles prononcées, certaines formalités en déterminent l'action, comme elles en suspendent le pouvoir et en fixent la durée. Nous n'avons que très-peu de données à l'égard de ces cérémonies; seulement il paraît que, pour détruire l'effet restrictif du tabou, le principe de la cérémonie consiste dans l'action d'attirer et de concentrer sur un objet déterminé, comme une pierre, une patate, un morceau de bois, toute la vertu mystique étendue d'abord sur les êtres laboués; puis à cacher cet objet dans un lieu à l'abri de tout contact de la part des hommes. Certains objets sont essentiellement tabous ou sacrés par eux-mêmes, comme les dépouilles des morts, surtout de ceux qui ont Occupé un rang distingué. Dans l'homme, la tête l'est au plus haut degré, et par conséquent les cheveux qui la garnissent. C'est une grande affaire pour les Néo-Zélandais que de se couper les cheveux; quand cette opération est terminée, on veille avec un soin extrême à ce que les cheveux coupés ne soient pas abandonnés dans un lieu où l'on pourrait marcher dessus. L'individu toudu rêste laboué pendant quelques jours, et ne peut toucher à ses aliments avec les mains. Il en est de même de la personne qui vient d'être atouée, car l'opération du tatouage entraîne galement un tabou de trois jours. C'est pour la même raison que ces insulaires ne peuFent souffrir aucune sorte de provisions dans leurs cabanes, surtout de celles qui viennent d'êtres animés, comme viande, poisson, coquillages, etc.; car si leur tête venait à se trouver, même en passant, sous un de ces objets, ils s'imaginent qu'un pareil malheur pourrait avoir des suites funestes pour eux. C'est un crime que d'allumer du feu dans un endroit où des provisions se trouvent déposées. Un chef ne peut pas se chauffer au même feu qu'un homme d'un rang inférieur; ne peut pas même allumer son feu à celui d'un autre tout cela sous peine d'encourir le courroux de l'Atoua.

il

Les malades atteints d'une maladie jugée mortelle, les femmes près d'accoucher, sont mis sous l'empire du tabou. Dès lors ces personnes sont reléguées sous de simples hangars en plein air, et isolées de toute communication avec leurs parents et leurs amis. Certains aliments leur sont rigoureusement interdits;

quelquefois ils sont condamnés pour plusieurs jours de suite à une diète absolue, persuadés que la moindre infraction à ces règles causerait à l'instant même leur mort. Riches, les malades sont assistés par un certain nombre d'esclaves, qui, de ce moment, partagent toutes les conséquences de leur position; pauvres, ils sont réduits à la situation la plus déplorable, et contraints de ramasser avec leur bouche les vivres qu'on leur porte. L'accès des cases ou des malades taboués est aussi rigoureusement interdit aux étrangers qu'aux habitants du pays. Tous les ustensiles qui ont servi à une personne durant sa maladie sont taboués, et ne peuvent plus servir à nulle autre au monde: ils sont brisés ou déposés près du corps du défunt.

Tout homme qui travaille à construire une pirogue ou une maison est soumis au tabou; mais, en ce cas, l'interdiction se réduit à lui défendre de se servir de ses propres mains pour manger; il n'est pas exclu de la société de ses concitoyens. Les plantations de patates douces sont essentiellement tabous, et l'accès en est soigneusement interdit à qui que ce soit, durant une certaine période de leur crue. Des hommes sont préposés à leur garde, et en éloignent tous les étrangers.

On se condamne au tabou, au départ d'une personne chérie, pour attirer sur elle la protection de la divinité. Quand une tribu entreprend la guerre, une prêtresse se taboue: elle s'interdit toute nourriture durant deux jours; le troisième, elle accomplit certaines cérémonies, pour attirer la bénédiction divine sur les armes de la tribu. Il est des saisons et des circonstances où tout le poisson qu'on pêche est tabou, surtout quand il s'agit de faire les provisions d'hiver. C'est par le tabou que les Néo-Zélandais scellent un marché d'une manière inviolable: quand ils ont arrêté leur choix sur un objet qu'ils n'ont pas le moyen de payer sur-le-champ, ils y attachent un fil en proférant le mot tapou; on est certain qu'ils viendront le reprendre dès qu'ils pourront en livrer la valeur.

Le tabou joue ainsi le rôle le plus important dans l'existence du Néo-Zélandais. Il dirige, détermine ou modifie la plupart de ses actions. Par le tabou, la divinité intervient toujours dans les moindres actes de sa vie publique et privée, et l'on sent quelle influence une telle considération doit avoir sur l'imagination d'hommes pénétrés dès leur plus tendre enfance d'un préjugé aussi puis

sant.

Toutes les fois que les missionnaires, pour démontrer aux naturels l'absurdité de leurs croyances touchant le tabou et le makoutou (espèce d'enchantement), leur ont offert d'en braver impunément les effets dans leurs propres personnes, les Zélandais ont répondu que les missionnaires, en leur qualité d'arikis, et protégés par un dieu très-puissant, pourraient bien défier la colère des dieux du pays; mais que ceux-ci tourneraient leur courroux contre les habitants, et les feraient

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