151 SERMON VIIL SUR LES ACTIONS DE GRACES QUE NOUS DEVONS RENDRE A DIEU. St. Jean, XVII, 4. Je t'ai glorifié sur la terre. L'EXEMPLE de notre Seigneur JésusChrist nous apprend à glorifier Dieu par nos pensées, nos paroles et nos actions. J'ai cherché à vous montrer comment nous devons imiter sa piété, ses ferventes prières, et son exactitude à remplir tous les devoirs de la religion. Nous devons de plus suivre humblement son exemple à l'égard du respect qu'il exprime pour son Père céleste, dans toute sa conduite sur la terre. J'entrerai dans quelques détails sur une partie de nos devoirs envers Dieu, avant de vous montrer comment nous pouvons le glorifier par notre conduite vis-à-vis de notre prochain. Premièrement, nous prouvons notre respect envers Dieu, en ne prenant jamais son nom en vain : je ne connois pas de signe plus sûr d'une vraie piété, qu'une attention constante à ne pas tomber dans cette faute. Celui qui révère sincèrement Dieu, n'ose pas profaner son saint nom. Il a en horreur l'habitude vicieuse de jurer, qui dégrade un pays chrétien, et par laquelle il commet un grand crime envers Dieu, erime d'autant plus grand qu'il n'y est pas entraîné par la tentation dont on essaie de se faire une excuse pour les autres péchés. Un homme vraiment pieux ne peut jamais être coupable de ce vice, car la crainte de Dieu est toujours devant ses yeux, et son amour dans son cœur. Il élève ses regards avec respect au grand Créateur du Ciel et de la terre, à qui tous les cœurs sont ouverts, qui entend le mot le plus secret, et sommera celui qui le prononce d'en répondre devant les hommes et les Anges. Il n'est pas retenu de faire le mal, par la seule crainte du châtiment, mais encore par la crainte filiale que lui inspire l'amour de Dieu: pourroit-il inconsidérément offenser ce Dieu de bonté ? pourroit-il blasphemer son saint nom qu'il adore? Non assurément. Quand il prononce le nom de Dieu, c'est pour le louer et le bénir c'est pour célébrer sa tendre indulgence. Celui qui connoît les terribles châtimens réservés à ceux qui ont méprisé la miséricorde du Tout-Puissant, osera-til appeler la damnation sur ses semblables? Son coeur sera-t-il capable de désirer que l'homme qui l'a offensé soit livré aux flammes éternelles? Pensez à cela, je vous en conjure, et dites-moi sì le coeur le plus endurci peut jamais former un pareil souhait ? Cependant, tel est le langage impie que nous entendons tenir continuellement à des hommes qui se disent Chrétiens! tels sont les vœux inhumains prononcés contre nos semblables, et même souvent aussi contre de pauvres animaux sans défense; tels que le cheval, par exemple, que Dieu nous a donné pour nous aider dans notre travail, et que nous accablons de coups lorsque ses forces ne suffisent plus à ce que nous exigeons de lui. Le traitement barbare des animaux est un sujet qui mériteroit une sérieuse attention ; mais il suffit, pour le moment, de vous rappeler le sens de ces mots prononcés sans réflexion, par des hommes inconsidérés. Ah! s'ils réfléchissoient aux malédictions qu'ils profèrent, ils craindroient qu'elles ne retombassent sur leurs têtes. Secondement, nous devons glorifier Dieu dans notre conversation habituelle; ce n'est pas assez de ne pas prendre son nom en vain, de ne le prononcer qu'avec respect, il faut encore que notre conversation soit décente et conforme à l'esprit du christianisme. Ne nous imaginons pas que nous ne devons servir Dieu que le Dimanche, et ne plus penser à lui le reste de la semaine. Un vrai Chrétien doit servir Dieu dans tous les momens de sa vie, et saisir toutes les occasions de montrer son zèle pour la gloire de son maître. Il tâche d'amener les autres, et surtout ceux qui sont plus jeunes que lui, à penser à Dieu. Un des plus grands plaisirs des hommes religieux est de parler entr'eux du sujet qui les intéresse. Ils n'éprouvent aucune honte d'avouer qu'ils craignent Dieu; au contraire, c'est leur gloire d'être Chrétiens; et même au milieu des occupations journalières de la vie, une simple conversation, animée par ces sentimens, peut faire beaucoup de bien. |