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HYMNE A LA BEAUTÉ,

FRAGMENT d'un Poëme sur L'IMAGINATION.

Toi que l'antiquité fit éclore des ondes,

Qui descendis du ciel, et règnes sur les mondes:
Toi qu'après la bonté, l'homme chérit le mieux;
Toi qui naquis un jour du sourire des dieux,
Beauté! je te salue. Hélas! d'épais nuages

A mes yeux presque éteints dérobent tes ouvrages.
Voilà que le printemps reverdit les côteaux,
Des chaines de l'hiver dégage les ruisseaux,

Rend leur feuillage aux bois, ses rayons à l'aurore ;
Tout renaît: pour moi seul, rien ne renaît encore';
Et mes yeux, à travers de confuses vapeurs,
Ont à peine entrevu ces tableaux enchanteurs.
Plus aveugle que moi, Milton fut moins à plaindre;
Ne pouvant plus te voir, il sut au moins te peindre;
Et lorsque par leurs chants préparant ses transports,
Ses filles avoient fait entendre leurs accords,
Aussi-tôt des objets les images pressées

En foule s'éveilloient dans ses vastes pensées :
Il chantoit! et tes dons, tes chefs d'œuvre divers,
Eclipsés à ses yeux, revivoient dans ses vers.
Hélas! je ne puis pas égaler son hommage :
Mais dans mes souvenirs j'aime encor ton image.

Source de volupté, de délices, d'attraits,

Sur trois règnes divers tu répands tes bienfaits.
Tantôt, loin de nos yeux, dans les flancs de la terre,
En rubis enflammés tu transformes la pierre;

Tu donnes en secret leurs couleurs aux métaux,
Au diamant ses feux, et leur lustre aux crystaux.
Au sein d'Antiparos tu filtres goutte à goutte
Tous ces glaçons d'albâtre, ornement de sa voûte,
Edifice brillant qui, dans ce noir séjour,
Attend que son éclat brille à l'éclat du jour.
Tantôt nous étalant ta pompe éblouissante,

Pour colorer l'arbuste, et la fleur, et la plante,
D'or, de pourpre et d'azur, tu trempes tes pinceaux
C'est toi qui dessinas ces jeunes arbrisseaux,
Ces élégans tilleuls et ces platanes sombres,
Qu'habitent la fraîcheur, le silence et les ombres.
Dans le monde animé, qui ne sent tes faveurs !
L'insecte, dans la fange, est fier de ses couleurs.
Ta main du paon superbe étoila le plumage;
D'un souffle, tu créas le papillon volage.
Toi-même, au tigre horrible, au lion indompté,
Donnas leur menaçante et sombre majesté.
Tu départis aux cerfs la souplesse et la grace.
Tu te plus à parer ce coursier plein d'audace,
Qui, relevant sa tête et cadençant ses pas,
Vole et cherche les prés, l'amour et les combats.
A l'aigle, au moucheron, tu donnas leur parure:
Mais tu traitas en roi le roi de la nature.
L'homme seul eut de toi ce front majestueux,
Ce regard tendre et fier, noble, voluptueux,

Du sourire et des pleurs l'intéressant langage,
Et sa compagne enfin fut ton plus bel ouvrage.
Pour elle, tu choisis les trésors les plus doux,
Cette aimable pudeur qui les embellit tous,

Tout ce qui porte au cœur, l'attendrit et l'enflamme;
Et les graces du corps, et la douceur de l'ame.
L'homme seul contemploit ces globes radieux:
Sa compagne parut; elle éclipsa les cieux.
Toi-même t'applaudis en la voyant éclore;
Dans le reste on t'admire, et dans elle on t'adore.
Que dis-je ? cet éclat, des formes, des couleurs,
O Beauté ! ne sont pas tes plus nobles faveurs.
Non, ton chef-d'œuvre auguste est une ame sublime;
C'est l'Hôpital si pur dans le règne du crime;
C'est Molé, du coup-d'œil de l'homme vertueux,
Calmant d'un peuple ému les flots impétueux;
C'est Bayard, dans les bras d'une mère plaintive,
Sans tache et sans rançon remettant sa captive;
C'est Crillon, c'est Sully, c'est toi, divin Caton,
Tenant entre les mains un poignard et Platon,
Parlant, et combattant, et mourant en grand homme,
Et seul resté debout sur les débris de Rome.

Par le C. DELILLE.

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A ROSINE,

Qui demandoit la définition de l'athéisme. L'ATHEISME, Rosine, est une étrange chose: C'est l'art de soutenir que l'effet est sans cause.

Par le C. VALANT.

Laissez-nous la double colline;
Régnez à Cythère, à Paphos ;
En vers tendres, le doux Racine
A même vaincu les Saphos.

Le coursier fougueux du Parnasse
Ne cède qu'aux fils d'Apollon,
Et se rit de la foible audace
Des Amazones d'Hélicon.

Rassurez les Graces confuses;
Ne trahissez point vos appas;
Voulez vous ressembler aux Muses?

Inspirez, mais n'écrivez pas.

Par le C. LE BRUN.

A PINDARE LE BRUN.

RÉPONSE AUX VERS PRÉCÉDENS.

PINDAR

INDARE, nous dictant ses loix,

Du haut de la docte colline,

Nous défend de méler nos voix

Aux sons de sa lyre divine.

Il veut qu'au talent de rimer
Nous soyons toujours étrangères ;
Aux Graces, Nymphes et Bergères,
Il ne permet que l'art d'aimer.

Sans rivaliser de ramage,

La colombe au chant douloureux,

Le rossignol mélodieux,

Chantent leurs amours sous l'ombrage.

Pourquoi nous ravir le bonheur
D'exprimer un tendre délire?
Pour aimer, je reçus mon cœùr;
Je reçus ma voix pour le dire.

Par la C. BEAUFORT.

BOUTS-RIMÉS.

J'AI quatre-vingt-dix ans ; j'arrive d'Epidaure :
Esculape a reçu mon dévôt ex voto;

On aime ses vieux jours, autant que son aurore;
L'espérance soutient, et le succès restaure:

Me voilà rajeunie, et presque sans bobo!

Mon front étoit ridé; mon teint, celui d'un Maure;
Quand je parlois, mes dents partoient ex abrupto ;
Une seule restoit, servant de memento.

A peine ai-je touché le serpent que j'adore,
Vieille comme Baucis et lourde comme Io,
Je devins aussi leste, aussi belle que Laure.
Remerciant le Dieu, j'ai promis, in petto,
Au moins cinq ou six fois d'y retourner encore.
Par feue Mad. DUDEFFANT.

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