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La douce teinte du saphyr,

D'un foible incarnat animée,

La violette parfumée

Semble ne vouloir au zéphyr
Confier que sa renommée.

Tandis que les vives couleurs
De la tulipe diaprée

Fixent l'oeil de ses amateurs,

Quelles gracieuses odeurs

Pénétrent mon ame enivrée ?

C'est toi, modeste rézéda.

Tant d'éclat n'est point ton partage;

Mais la nature t'accorda

Un plus précieux avantage :

On t'aime. Eh! que me fait à moi
Qu'un vif incarnat te décore,
Si déjà je jouis de toi,

Quand mes vœux te cherchent encore?

La renoncule étale en vain

Sur toi le velours de sa feuille ;
Qu'elle soit l'honneur du jardin :
Mes doigts l'écartent, je te cueille;
Et la beauté t'ouvre son sein.

Quelle variété charmante!
Quel peintre assez audacieux
Pour tracer le front gracieux
Que la nature vous présente ?
Là, montent cent gerbes d'azur;

Ici, l'ardent rubis s'embrase;

A côté, la riche topaze,

Brillant de l'éclat d'un or pur,

Flotte en guirlande, ou s'ouvre en vase. Plus loin, des gouttes d'incarnat Ruissellent sur la blonde opale ;

Ailleurs, un rose délicat

Parsème le fond d'un or pâle.

Par-tout l'albâtre dispersé
S'arrondit, s'effrange ou rayonne;

Et mollement entrelacé

Au verd naissant qui l'environne,
D'un léger pourpre nuancé,
Flore le consacre à Pomone.
Nulle part, emblême du deuil,
Le noir, hai de la nature,
En s'élevant sur la verdure,
Ne vous y montre le cercueil.
C'est au plaisir que vous convie
Celle qui sema sur vos pas

Ces fleurs que chaque instant varie.
C'est Vénus, dont la voix chérie
Vous dit; Ne songez au trépas,
Que pour mieux jouir de la vie.

Obéissez, heureux amans,
A la voix de votre déesse.
Et toi, ma fidelle maîtresse,
Viens, sous ces lilas odorans,
Réaliser tous les sermens

Que tu reçus de ma tendresse.
C'est là que le discret amour
Jouit en paix. C'est là qu'il ose
Exprimer ses vœux sans détour,
Et ne craint plus d'offrir au jour
Son front animé par la rose.
C'est aux champs que la volupté,
Des desirs nourrissant la flamme,
Par tous les sens porte dans l'ame
Une douce sérénité.

Là, cachés à l'œil de l'Envie,
Dans un bonheur pur et constant,
De fleurs parsemant notre vie,
Le jour, la nuit, à chaque instant,
L'un à l'autre livrés sans crainte,
Nous prouverons que le plaisir
N'a pas besoin de la contrainte
Pour aiguillonner le desir.

Par le C. DUAULT.

LE VOLEUR EN REGLE.

CERTAIN homme amoureux du bien de son prochain,
Dans la poche de son voisin

Glissoit par aventure une main innocente.
Celui-ci le surprend, et crioit: Au voleur!
Quand le quidam lui dit avec douceur:

Mais, citoyen, j'ai ma patente.

Par le C. F.

MOT DE VOLTAIRE.

VOLTAIRE, un soir, au sénat de Procope,
Par maint grimaud s'étant ouï juger

Sur son chef-d'œuvre, en un mot, sur Mérope,
Rentre chez lui, se met à corriger,

Refait maint vers.... Sa besogne fut prompte:
A moi, Frontin! vas trouver Poliphonte (*),
Et lui remets toi-même en propre main

Ce paquet-ci.

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Quoi! dans la nuit profonde?

-Eh pourquoi non?-Mais, Monsieur, en ce monde, Hors vous et moi, tout dort... J'irai demain.

Vas sans délai.. Mais enfin sa demeure

S'ouvrira-t-elle ? - Oh! plus de si, de mais!
Pars à l'instant, pars... On entre à toute heure
Chez les tyrans.... ils ne dorment jamais.

Par le C. D.

O VANITÉ!

Le grand roi Salomon posséda neuf cents femmes:

Il s'enivra d'amour jusqu'à satiété.

Quand il eut vu la fin de ses ardentes flammes!

O vanité! dit-il, tout n'est que vanité!»>

Par le C. Mus.

(*) L'acteur jouant se rôle dans cette tragédie.

LES ADIEUX,

ROMANCE.

LE sort commande, il veut que je te quitte:
Il faut céder à son injuste loi:

Console-moi, dis-moi que dans ma fuite
Ton cœur s'échappe et s'éloigne avec moi.

Songeons, Zélis, dans les maux de l'absence,
Au seul moyen qui peut les adoucir;

De nos beaux jours gardons la souvenance
Et que nos pleurs soient encore un plaisir.

Moins malheureux, je verrai ton image
Dans un climat qui ne te vit jamais :
Puisse des vents le rapide message,
Te rapporter les vœux que j'aurai faits!

Quand les oiseaux annonceront l'aurore,
Levons au ciel nos regards inquiets;
Et nos regards se confondront encore
En se fixant sur les mêmes objets.

,

Quand de Phébé la lumière tremblante,
D'un voile pur aura blanchi les cieux,
Regardons-la:
: sa clarté bienfaisante
Me renverra tout l'éclat de tes yeux.

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