LE TAILLEUR, CERTAIN FABLE. IN tailleur, habile en son métier, Vouloit introduire la mode D'un habillement singulier, Mais de bon goût, leste et commode. Il employa tout son avoir A faire une emplette choisie Des plus beaux draps, et mit tout son savoir A les tailler selon sa fantaisie. Puis, le tout emmagasiné, Il afficha sur sa boutique Un beau patron bien dessiné, Ceci convient aux faiseurs de systême, Réforme utile au citoyen, Voilà le but, et tout va bien Sur le papier; l'intention est pure, Les matériaux excellens, Les ouvriers pleins de talens: Mais on n'a pas pris la mesure. Par le C. MANCINI-NIVERNOIS. SUR LA MORT D'UNE JEUNE FILLE. SON âge échappoit à l'enfance. Riante comme l'Innocence, Elle avoit les traits de l'Amour. Quelques mois, quelques jours encore, Dans ce cœur pur et sans détour, Le sentiment alloit éclore. Au Ciel elle a rendu sa vie, Sans murmurer contre ses loix. Ainsi meurt, sans laisser de trace, Par le C. PARNY. MESSA LINE, TRADUCTION DE JUVÉNAL (*). QUAND de Claude assoupi la nuit ferme les yeux, D'un obscur vêtement sa femme enveloppée, (*) Cet essai de traduction a été fait à la suite d'une gageure entre quelques gens de lettres. On prétendoit que la poésie françoise ne pouvoit rendre avec fidélité certains détails des satyres de Juvénal, et on cita pour exemple la peinture des excès de Messaline. On alléguoit l'autorité de Despréaux : Le latin dans ses mots brave l'honnêteté; Mais le lecteur françois veut être respecté. Thomas, animé par la difficulté même, fit ces vers le len demain. (Extrait d'une lettre du C. Fontanes.) Son sein nud, haletant, qu'attache un réseau d'or, Elle étale à leurs yeux les flancs qui t'ont porté! Par feu THOMAS. POUR LE PORTRAIT DE D'ALEMBERT. JE change à mon gré de visage. Je deviens tour-à-tour Dangeville, Poisson, Rimeur (1), historien (2), géomètre, bouffon (3); Je contrefais même le sage (4). Par feu CHAMFORT. (1) D'Alembert faisoit alors des vers. (2) Les mémoires de la reine Christine. (3) On connoît les talens de d'Alembert pour contrefaire. (4) Il y a sans cesse dans les ouvrages de d'Alembert: Lo sage fait ceci ou cela. (Note de l'auteur.) LES CONSOLATIONS DE LA VIEILLESSE, POEME. O toi qui reçus les hommages De ce sage Romain, ce chantre audacieux, Objet de tous nos vœux et de tous nos travaux, C'est à toi d'égayer les jours de mon automne; Et j'ai ri le premier de ses beaux sentimens. D'un amour mutuel l'espérance crédule Délices du cœur et des sens, Transports divins, charmante ivresse, |