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Prôneur bruyant et flatteur assidu,
L'enthousiasme est chez lui de commande;
De cabaleurs, il s'est fait une bande;
Et satisfait de t'avoir entendu,

Comme un esclave il te sera vendu.

Par le C. MARMONTE L.

LE CHANOINE AU BAL.

1788.

DANS un chapitre de province,
Un jeune clerc, nouvellement reçu,
Voulut aller au bal: mais il fut reconnu,
Quoique bien déguisé. -La faute n'est pas mince;
Quel scandale! ô mœurs! ô vertu!

Pour juger ce forfait, le chapitre s'assemble;
Quel parti va-t-on prendre? on dispute beaucoup,
Et l'on ne s'entend pas; c'est l'usage par-tout.
Le crime est odieux, dit l'un, que vous en semble?
Odieux, reprend l'autre ! ah! dites inoui.
Inoui c'est le mot, poursuit un troisième; oui,
Si l'on souffroit de telles incartades!...
Messieurs, dit le doyen, homme prudent et doux,
Remettons-lui ces escapades;

Il s'en lassera comme nous.

Pár le C. W.

SOYONS CE QUE NOUS SOMMES.

Quidquid et in tenebris nos sumus, ita foras.

MART. 1. XI, 2.^

POURQUOI Ce front sévère et sombre,
Caton? réponds-moi sans détour:
Qui n'est pas vertueux dans l'ombre,
Est un hypocrite au grand jour.

Laissons le masque à ces faux sages,
Dont le front trahiroit le cœur :
Nous, montrons par-tout des visages
Où brillent la joie et l'honneur.

Francs et vrais, rions sans grimaces;
Honnêtes, respectons les mœurs ;
Sages, suivons les doctes Sœurs ;
Et sensibles, suivons les Graces.

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LE PORTRAIT RESSEMBLANT.

LE portrait en pastel, dont tu m'avois fait don, Coule, et déjà du temps a ressenti l'outrage:

J'en suis fâché: mais, ma Ninon,

Il te ressemble en cela davantage.

Par le C. XIMÉNEZ.

PÉTRARQUE,

O U

CHANT SUR LA GUERRE CIVILE (*).

SUR ces Alpes inaccessibles,

Qui dominent les airs de leur front souverain,
Mégère et ses sœurs inflexibles,

De la guerre civile avoient frappé l'airain.

Tel que la cloche aux sons funèbres, Qui semble au loin gémir sur le jour expirant, Ce bruit émut les bords célèbres

Où le Pô de son urne épanche le torrent.

Là, seul, dans sa douleur sauvage,

Pétrarque à son amante offroit de vains regrets;
Et sa lyre dans le veuvage,
Reposoit, détendue aux branches d'un cyprès.

Son cœur à ce signal frissonne :

Il voit flotter par-tout des étendards rivaux;
Il voit Némésis et Bellone

A leur char fratricide atteler leurs chevaux.

(*) On a essayé de saisir dans ce chant les idées principales qui animent la belle Ode où Pétrarque déplore les guerres civiles de l'Italie.

E

Dans cette lice meurtrière,

Des glaives étrangers frappent ses yeux surpris....

Tu venois, perfide Bavière,

Repaître ton orgueil sur de sanglans débris.

Soudain la patrie éperdue,

De Laure dans son cœur fait taire le trépas;
Il prend sa lyre suspendue,

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Et dans les rangs guerriers précipite ses pas.

Le malheur qui le décolore,

Ses vétemens de deuil, ses longs cheveux épars,
Et son nom et celui de Laure,
Etonnent les esprits et fixent les regards.

Son luth commande le silence; On entoure à l'envi le chantre des amours; Et Mars, appuyé sur sa lance, Dans son sein belliqueux recueille ce discours:

Cruels, de vos bras sanguinaires,
Venez-vous creuser vos tombeaux ?
Pourquoi ces aigles mercénaires!
Sont-ils mêlés à vos drapeaux ?

Cette alliance inviolable,

Ce pacte signé par vos mains,

Sera-t-il plus inaltérable

Dans le cœur vénal des Germains?

Mère attentive et bienfaisante,

La nature éleva pour nous

Ces Alpes, barrière imposante,
Où dut se briser leur courroux;
Et bravant ses loix souveraines,
Nous, artisans de nos malheurs,
Pour assouvir d'injustes haines,
Nous appelons nos oppresseurs!

Ainsi, dans une même enceinte,
Les troupeaux amis de la paix,
Crédules, dormiront sans crainte
Avec les monstres des forets!
O honte! leur antre sauvage
Nous vomit ces Cimbres vaincus ;
Et le Pô, d'un sanglant breuvage,
Calma la soif de Marius.

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Bientôt, jusques dans leurs repaires,
Nous forçâmes ces vils troupeaux;
Le Rhin, sur ses bords tributaires,
Vit flotter nos heureux drapeaux.
César, dans Rome satisfaite,
Traîna leurs rois chargés de fers,
Et s'essaya, par leur défaite,
A l'empire de l'univers.

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