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DOUTES SUR L'AUTHENTICITÉ

DE

QUELQUES ÉCRITS CONTRE LA COUR DE ROME

ATTRIBUÉS A

ROBERT GROSSE-TÊTE,

ÉVÊQUE DE LINCOLN.

DOUTES SUR L'AUTHENTICITÉ

DE

QUELQUES ÉCRITS CONTRE LA COUR DE ROME

ATTRIBUÉS A

ROBERT GROSSE-TÊTE,

ÉVÊQUE DE LINCOLN.

Extrait du Bulletin de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

De l'aveu de tous les historiens, Robert, surnommé Grosse-Tète, qui fut évêque de Lincoln de 1235 à 1253, occupe un rang élevé dans l'histoire littéraire du moyen âge, comme l'un des prélats les plus instruits que l'Église d'Angleterre ait eus à sa tête durant la première moitié du XIII° siècle. Il parait avoir étudié et même enseigné à Paris (1); il enseigna certainement à Oxford; et la faveur dont il ne cessa d'entourer par la suite l'Université naissante de cette ville ne contribua pas médiocrement à sa prospérité. Il ne possédait pas seulement des connaissances théologiques, telles que les suppose l'éminente fonction dont il fut investi: doué de cette curiosité active qui est la mère des sciences, il s'était appli

(1) Du Boulay, Hist. univ. Paris, t. III, p. 260 et p. 709; Hist. littéraire de la France, t. XVIII, p. 437 et suiv.

qué avec ardeur à étendre le cercle de son érudition. Il avait appris le grec et l'hébreu, et savait en philosophie et en mathématiques tout ce qu'on pouvait savoir de son temps. On lui doit une version latine de la Morale à Nicomaque, faite sur le texte grec, et une traduction du Testament des douze patriarches, à laquelle un moine de Saint-Albans travailla par ses ordres. Outre un grand nombre d'opuscules sur différents sujets, il a laissé des commentaires sur la logique et la physique d'Aristote, et des traités du comput et de la sphère. Roger Bacon, si sévère pour beaucoup de ses contemporains, ne parle de l'évêque de Lincoln qu'avec respect, et même avec admiration. Il vante à la fois sa profonde connaissance des langues et son habileté comme mathématicien. Il le place, à côté d'Adam de Marisco, parmi les hommes de génie qui, à l'aide des mathématiques, ont su pénétrer les causes des phénomènes naturels, et exposer d'une manière satisfaisante les sciences divines et profanes (1).

Cette grande figure mériterait assurément une étude approfondie. Ce n'est pas l'objet que nous nous proposons quant à présent. Nous ne voulons considérer ici ni l'interprète des textes grecs et hébreux, ni le commentateur d'Aristote, ni le maître et le protecteur de l'Université d'Oxford, mais seulement le théologien et l'évêque. Nous n'avons même pas l'intention d'étudier complètement à ce point de vue la vie de Robert Grosse-Tête. Nous nous bornerons à discuter la valeur des documents et des témoignages d'après lesquels l'attitude du docte prélat vis-à-vis des ordres monastiques et de la papauté a été appréciée jusqu'à ce jour par la grande majorité des historiens.

Selon l'opinion la plus commune, l'évêque de Lincoln, prélat de mœurs pures et d'une piété exemplaire, se montra, dans le cours de son épiscopat, l'ennemi des moines et le censeur audacieux, sinon l'adversaire déclaré des papes. Son austérité ne se consolait

(1) Opus majus, p. iv, dist. 1, c. 3 : « Episcopus Robertus Lincolniensis, et Frater Adam de Marisco... per potestatem mathematica sciverunt causas omnium explicare et tam humana quam divina sufficienter exponere. » Opus tertium, dans l'édition donnée par M. Brewer, Londres, 1859, in-8°, p. 33: « Solus unus scivit scientias, ut Lincolniensis episcopus. » Compendium studii philosophiæ, ibid. p. 472 : « Solus dominus Robertus, propter longitudinem vitæ et vias mirabiles quibus usus est, præ aliis hominibus scivit scientias.

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