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DE

L'ENSEIGNEMENT DE L'HÉBREU

DANS L'UNIVERSITÉ DE PARIS

AU XVe SIÈCLE.

DE

L'ENSEIGNEMENT DE L'HÉBREU

DANS L'UNIVERSITÉ DE PARIS

AU XV SIÈCLE.

A quelle époque l'enseignement des langues orientales, et de l'hébreu en particulier, a-t-il été institué dans l'école de Paris? En admettant que son institution soit antérieure à la renaissance des lettres antiques, cet enseignement a-t-il existé d'une manière constante, ou plutôt n'a-t-il pas subi des interruptions, et son histoire ne présente-t-elle pas des lacunes considérables? Enfin quelle était la condition des maîtres chargés de le distribuer? La question n'est pas sans importance et vaut la peine qu'on l'examine.

Un professeur du Collège de France, qui occupa successivement la chaire d'éloquence latine et celle de philosophie, toutes deux instituées par François Ier, Pierre Galland, dans le panégyrique qu'il prononça en l'honneur de ce prince, lui attribue l'honneur d'avoir le premier introduit parmi nous l'enseignement des langues orientales. « Avant ce grand roi, s'écrie-t-il, qui donc en France avait jamais songé à la langue hébraïque (1)? »

Cette exclamation, arrachée à l'orateur par son enthousiasme pour le monarque dont il avait reçu les bienfaits, exprime, sans

(1) Passage cité par l'abbé Goujet, Mém. hist. et litt. sur le Collège royal de France, t. I, p. 28.

aucun doute, le sentiment général des contemporains de François Ier; mais elle n'est pas conforme entièrement à la vérité historique.

L'utilité que la connaissance des idiomes de l'Orient présente, ne fût-ce que sous le rapport religieux, avait frappé, dès le XIIIe siècle, l'esprit des souverains pontifes, et au commencement du siècle suivant, le concile de Vienne, interprète de leur pensée, et répondant peut-être à un vœu exprimé par Raymond Lulle, ordonnait, de la manière la plus formelle, que des chaires d'arabe, de grec et d'hébreu fussent établies à Paris, à Oxford, à Salamanque et à Bologne. Que la création de ces chaires ne soit pas restée à l'état de simple projet, qu'elles aient existé effectivement à Paris, on ne saurait contester ce fait, en présence des documents parvenus jusqu'à nous qui en démontrent l'authenticité. Nous avons nous-même recueilli quelques-uns de ces documents; nous nous sommes efforcé ailleurs de les mettre en lumière; aussi jugeons-nous superflu de les produire de nouveau, et d'insister sur des résultats qui paraissent acquis.

Toutefois, ce qu'il faut en même temps reconnaître, c'est que la nouvelle institution s'établit avec peine, c'est qu'elle prit peu de développements, et qu'elle ne produisit pas des fruits féconds ni même durables. Elle avait si peu de racines dans les écoles; elle excitait dans les rangs d'une partie du clergé, quoique décrétée par un concile, de telles appréhensions; enfin elle était si mal dotée, à l'époque où elle prit naissance, qu'elle put à peine subsister l'espace d'un siècle; après quoi elle disparut, non sans laisser après elle, chez quelques amis des lettres, un sentiment de regret, dont on retrouve la trace dans les actes du temps.

Nous avons sous les yeux un document inédit qui prouve la continuité de l'enseignement de l'hébreu à Paris jusque dans les vingt premières années du xve siècle, et qui atteste en même temps la situation précaire des maîtres par qui cet enseignement était donné nous voulons parler d'une lettre que l'Université adressait aux habitants de Besançon, en mars 1421, pour leur recommander l'un de ces malheureux maîtres. Ce document a été retrouvé, depuis peu, dans les archives de la ville de Besançon, par M. Auguste Castan, l'un des correspondants du ministère de l'instruction publique pour les travaux historiques. En

le rapprochant de quelques autres pièces, en partie inédites, peut-être nous sera-t-il possible de jeter un peu de jour sur ce point très obscur de l'histoire littéraire du xv siècle.

Un des traits qui caractérisent les nombreuses corporations que le moyen âge avait vues s'élever et que le mouvement de la civilisation moderne a détruites; une des causes du prestige qui les entourait et de l'influence qu'elles ont exercée, ce ne sont pas seulement les privilèges importants qui leur avaient été accordés par l'autorité civile ou par le pouvoir ecclésiastique, c'est aussi la protection vigilante qu'elles étendaient autour d'elles; c'est l'empressement qu'elles mettaient à venir en aide à leurs membres aussi souvent que l'occasion s'en présentait. L'Université de Paris s'est fait remarquer entre toutes les autres par l'activité vraiment paternelle qu'elle déployait en faveur de ses écoliers, et de tous ceux en général qui s'honoraient d'être appelés ses suppôts. Pour que la sollicitude du recteur fût éveillée, pour qu'il mît en mouvement la compagnie tout entière, il n'était pas nécessaire que l'honneur et les intérêts de celle-ci fussent directement engagés; plus d'une fois ce fut assez de la prière d'un simple gradué qui réclamait protection et appui. Les archives du ministère de l'instruction publique renferment un certain nombre de lettres qui furent écrites dans le courant du XIVe siècle par l'Université de Paris à des prélats français ou même étrangers, et à d'autres grands personnages, collateurs de bénéfices ecclésiastiques, pour leur recommander des candidats qui avaient figuré sur ses bancs. Ainsi, en 1337, l'Université recommande au chapitre métropolitain de l'église de Reims, pour l'office de marguillier, l'un de ses bedeaux, Henri Le Vasseur, qui l'avait elle-même fidèlement servie durant trente ans. En 1350, elle prend avec énergie la défense de Pierre Berceure, l'un de ses écoliers, qui se trouvait alors détenu dans les prisons de l'évêque de Paris (1). Le document qui a été retrouvé par M. Castan se rattache à l'ordre de faits que nous venons d'indiquer. L'Université de Paris fait appel à la bienveillance des gouverneurs, bourgeois et habitants de la bonne ville de Besançon, en faveur de « maistre

(1) Ces deux pièces font partie de notre Index chronologicus chartarum ad historiam Universitatis Parisiensis spectantium, p. 124 et 146.

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