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« Le troisième mois de la sortie des enfants d'Israël du pays d'Égypte, en ce jour ils arrivèrent au désert de Sinaï.

<< Ils étaient partis de Rephidim, et, arrivés au désert de Sinaï, y campèrent; Israël s'établit en face de la montagne.

ils

<< Moïse monta vers le Seigneur; l'Éternel l'appela de la montagne et lui dit :

« Parle ainsi à la maison de Jacob, dis aux enfants d'Israël : Vous avez vu ce que j'ai fait à Mizraïm, comment je vous ai

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<< portés sur des ailes d'aigle et vous ai amenés à moi.

<< Si donc vous écoutez ma voix, si vous observez mon alliance, << vous serez mon bien de prédilection entre toutes les nations, car << toute la terre m'appartient.

« Vous serez pour moi un royaume de pontifes et un peuple saint. « Voilà les paroles que tu diras aux enfants d'Israël. »

<< Et Moïse vint, appela les anciens du peuple et leur communiqua

toutes les paroles que l'Éternel lui avait annoncées.

<< Alors tout le peuple répondit unanimement: Tout ce que

a dit, nous le ferons.

<< Moïse rapporta à l'Éternel les paroles du peuple.

l'Éternel

« L'Éternel dit à Moïse : « Je viendrai à toi dans une nuée épaisse, << afin que le peuple entende quand je te parlerai et croie aussi en toi « à tout jamais. >> (Exode, XIX.)

Le monde était plongé dans les ténèbres; la nuit, le chaos, le désert et la désolation régnaient partout, et l'esprit de Dieu qui avait éclairé Noé et les patriarches ne projetait plus qu'un pâle rayon sur un peuple dégénéré

par l'esclavage. Le matérialisme égyptien et ses appétits grossiers avaient altéré, corrompu, la nature morale des hommes et porté leurs ravages jusqu'au sein de la race spiritualiste d'Abraham, où même le sentiment de la liberté et de la dignité humaine semblait s'éteindre auprès des pots-au-feu des satisfactions sensuelles. Les Hébreux ne voulurent point quitter leur servitude, leurs chaînes, et durent, selon l'expression énergique de la

.כי גרשו ממצרים Bible, etre pousses hors de Mizraim

Cependant l'humanité était déjà avancée; elle avait déjà une histoire, une expérience, une civilisation; elle avait une organisation civile, politique, militaire, tout un ordre social parfaitement établi; l'agriculture était cultivée avec succès, les sciences avaient des interprètes, les arts étaient arrivés à des progrès incontestables. Et pourtant la barbarie était assise sur le trône, la démoralisation habitait les palais des grands, la dégradation se vautrait dans les demeures du peuple, et des temples étaient élevés à des cultes infâmes et à des croyances monstrueuses. C'est qu'en vérité l'histoire et tous les progrès, et toutes les civilisations, et tous les efforts, et tous les triomphes de l'esprit humain, ne suffisent pas pour sauver le monde et lui donner la lumière et la vie. Il a fallu une révélation divine, directe, qui montrât aux hommes leur chemin, leur enseignât la voie du salut, la loi de la vérité et les conditions du bonheur. Le peuple, comme l'individu, qui cherche ailleurs sa route et sa prospérité, périt dans la misère ou se noie dans la sauvagerie.

Mais, pour faire parvenir cette révélation au genre humain tout entier et la développer dans son sein dans la mesure de son entendement moral et intellectuel, un

homme ne suffisait pas car on avait vu que la propagande religieuse d'Abraham, d'Isaac et de Jacob laissait à peine quelques traces dans leur propre famille. Cette mission ne pouvait être confiée non plus à une nation attachée à son sol, à ses institutions, à sa puissance matérielle : car elle aurait fait du don céleste le monopole de sa race, un moyen de domination et peut-être de tyrannie contre le monde. N'a-t-on pas vu, en effet, ce que les prêtres égyptiens, ce que les souverains et les pontifes du paganisme ancien et moderne, avaient fait des quelques étincelles de la vérité divine qu'ils pouvaient posséder? Un instrument de despotisme social et spirituel sur les âmes et sur les corps!... Pour pontifes de l'humanité, Dieu a dû choisir une race d'hommes, qui, tombée par ses fautes en s'enivrant dans la prospérité et en oubliant sa loi, s'est noblement relevée dans les épreuves, les persécutions et le martyre; une race, désormais cosmopolite, qui, n'étant attachée forcément à aucun coin de la terre, ne cherchant pas sa force et sa vie dans des institutions locales et des richesses géographiques périssables, fût de tous les pays, de toutes les générations, de tous les siècles; une race qui se levât tous les jours, comme le soleil, sur le monde spirituel, pour l'éclairer et le vivifier, depuis l'Orient jusqu'à l'Occident, sans jamais se coucher, sans jamais s'arrêter dans sa marche, sans jamais s'éteindre dans les ténèbres qui peuvent l'environner. « Je vous ai établis la lumière des nations afin que mon salut s'étendit aux confins de l'univers. » (Isaïe, XLIX, 6.) Cette race, c'est la famille israélite. L'Éternel seul connaît le jour où elle aura fourni toute sa carrière, parcouru toute sa sphère, rempli sa tâche inscrite sur le frontispice de la création - d'indiquer à

l'humanité sa fête, son sabbath, son ère nouvelle, la lu

.והיו לאתת ולמועדים ולימים ושנים miere et la clarté de sa vie

Cependant Israël a dû être préparé à son œuvre, à sa grande et glorieuse mission. Il a dû voir d'abord l'injustice, la corruption et la barbarie régner dans le pays le plus fameux alors par sa civilisation, sa science, ses mœurs, dans le pays appelé Jardin de l'Eternel. Il a dû voir ensuite les lois naturelles, les phénomènes et les apparitions du monde visible, qui avaient pris dans le respect et le culte des hommes la place du Créateur, s'effacer, se briser et s'anéantir, dans les plaies d'Égypte, par la volonté et le souffle du Très-Haut. Israël a dû enfin entendre Pharaon lui-même s'écrier: « Dieu est juste, et moi et mon peuple nous sommes des méchants! » Mais ce n'est pas au milieu du malheur, de la nécessité, d'une pression morale ou matérielle quelconque, qu'Israël dut accepter et recevoir la loi divine. Le Seigneur ne s'est pas adressé à des pauvres mourant de faim ou rongés par la lèpre, pour obtenir la croyance si facile du malheureux qui se cramponne convulsivement à toutes les branches de salut, métier ou religion. Dieu n'est pas venu consoler et attirer des misérables en leur criant: Heureux les pauvres! heureux les persécutés! heureux ceux qui souffrent! Non, c'est trois mois après leur sortie de Mizraïm, quand aucune crainte, aucun danger, ne tourmentait plus les Hébreux, quand Pharaon et son armée gisaient au fond de l'abîme, quand Amalec était vaincu à Rephidim, quand le ciel faisait pleuvoir son pain et toutes ses grâces divines, quand enfin Israël était libre, indépendant, riche et heureux, que Dieu lui offrit sa loi. «Je vous ai conduits à moi en vous portant sur des ailes d'aigles», non en vous faisant ramper dans la poussière

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et dans l'indigence pour vous obliger à accepter l'aumône d'un denier ou d'une parole. Ce ne sont pas de pauvres ilotes dont la misère a paralysé le cœur et affaibli l'esprit que j'ai choisis pour ministres de ma parole, mais des hommes au regard fier et à l'élan sublime de l'aigle, un peuple rayonnant dans sa liberté, dans sa force, dans son indépendance, un peuple osant contempler le soleil sans pâlir, s'approcher même de moi sans trembler, et pouvant aimer la vérité pour la vérité ellemême.

Par le même motif, sans doute, aucun miracle n'a été opéré devant le Sinaï. Pouvant être mis au service de l'erreur comme au service de la vérité, les miracles sont un moyen de persuasion pour des intelligences faibles, pour des peuples plongés encore dans l'enfance, dans l'ignorance et les ténèbres. Les miracles exercent sur les âmes une pression despotique, une violence brutale, et ne laissent aucune liberté à la raison et au jugement des hommes. Ils sont surtout mis en œuvre quand on veut imposer une croyance ou une doctrine contre lesquelles notre bon sens, notre conviction intime et le regard de notre esprit se soulèvent et se révoltent. Les miracles, c'est le droit du plus fort dans le domaine spirituel; c'est la contrainte appliquée dans la jurisprudence des principes et des religions.

Mais Israël ne devait pas être influencé, subjugué, vaincu et aveuglé par des miracles, pour accepter la parole divine; il devait conserver toute sa libre volonté, toute son indépendance d'action, toute la lucidité de son regard. « Vous avez entendu des paroles, mais vous n'avez vu aucune image » (Deut., IV, 12); vos sens n'ont pas été éblouis, voilés ou anéantis par des apparitions

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