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vers le ciel, sanctuaire immense et merveilleux, où le Seigneur, en pontife suprême, célèbre lui-même le premier office divin de la foi israélite, l'inauguration de notre culte; où les éclairs et tous les feux célestes illuminent le temple d'une clarté qui éblouit le regard des mortels; où les tonnerres et les trompettes invisibles des anges chantent les cantiques du Très-Haut; où un nuage étoilé descend sur le Sinaï comme un splendide rideau devant l'arche sainte du tabernacle; où la fumée s'élève de la montagne enflammée comme d'un encensoir incommensurable;... et trois millions d'âmes, saisies de frayeur et d'espérance, émues, tremblantes, touchées par la grâce d'en haut, voyant toutes ces divines grandeurs, frappées de toutes ces prodigieuses magnificences, qui ne sont qu'un rayon du Tout-Puissant, et entendant au milieu de ce concert du ciel et de la terre la voix qui proclame la vérité, la loi et la justice... Ah! que nous sentons encore aujourd'hui battre notre cœur quand nous pensons à ces merveilles, à ce spectacle lumineux et immortel, dont nos pères furent les heureux témoins!

Moïse lui-même et tous les prophètes qui racontèrent plus tard la révélation sinaïque ne purent qu'en donner une faible idée, tellement la langue humaine est impuissante pour retracer la grande journée du six siwan. Moïse dit : « Gardez-vous et gardez bien votre âme d'oublier les choses que vos yeux ont vues, de les ôter de votre cœur pendant tous les jours de votre vie. Faites-les connaître à vos enfants et aux enfants de vos enfants.

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« Le jour où vous vous trouvâtes devant l'Éternel, l'Horeb, lorsque l'Éternel me dit :- Réunis le peuple, afin que je lui fasse entendre mes paroles, afin qu'ils ap

prennent à me vénérer pendant tous les jours qu'ils vivront sur la terre, et l'apprennent aussi à leurs enfants.

« Vous approchâtes du pied de la montagne, et la montagne était en flammes jusqu'au cœur du ciel, au milieu de ténèbres, de nuages et de brouillard.

« Et l'Éternel vous parla d'au milieu du feu; vous entendîtes le son des paroles, mais vous ne vites point d'image; il n'y eut qu'une voix.

<< Il vous annonça son alliance, qu'il vous commanda d'observer, les dix Paroles, et il les écrivit sur deux tables de pierre. » (Deut. IV.)

Avant de mourir, Moïse chanta encore une fois le souvenir de la révélation :

« L'Éternel vint du Sinaï, leur apparut de Séir, rayonna de la montagne de Paran, sortant d'au milieu de myriades d'élus, portant dans sa droite la loi de feu.

« Il aime le peuple, sa main repose sur tous les vertueux; ils sont étendus à tes pieds, reçoivent tes paroles.

<< La loi que Moïse nous a donnée est le patrimoine de la communauté de Jacob.

« C'est ainsi qu'il devint le souverain de Yeschurun, lorsque s'assemblèrent les chefs du peuple avec toutes les tribus d'Israël. » (Ibid., XXXIII.)

Déborah chante :

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Éternel, quand tu sortis de Séir, quand tu marchas dans les champs d'Édom, la terre trembla, les cieux s'ouvrirent, les nuages se fondirent en eaux.

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« Les montagnes se fondirent devant l'Éternel; le Sinaï devant le Seigneur, le Dieu d'Israël. » (Juges, V.) Le psalmiste répète :

« Dieu, quand tu marchas devant ton peuple, quand tes pas foulèrent le désert (Selah),

« La terre trembla, les cieux se fondirent devant le Seigneur, le Sinaï devant le Dieu d'Israël. » (Psaumes, LXVIII.)

« Quand Dieu vint de Teman, le Très-Saint de la montagne de Paran, sa majesté couvrait le ciel, et la terre était remplie de sa gloire.

« Une lumière, éclatante comme le ciel plongé dans une mer de rayons, était le voile de sa toute-puissance.

« Il s'arrête, la terre oscille; il regarde, des nations tremblent, des montagnes séculaires se brisent; les hauteurs éternelles s'abaissent quand tu marches dans ce bas monde. » (Habakuk, III.

Le Païtan de Schabouoth chante :

« Le troisième jour, à l'aube, apparut le Roi, rayonnant dans sa majesté; des myriades d'anges chantaient sa gloire, les tonnerres éclataient, les éclairs brillaient et illuminaient l'horizon; une voix forte et douce se fit entendre, la voix de l'ouragan exécuta les ordres du Seigneur, d'épais nuages couvrirent la montagne, les rochers se fendirent et s'affaissèrent, les sons du Schofar retentirent avec force, la foudre éclata et déracina les cèdres, la voix de l'Éternel fit trembler le désert, et dans son temple majestueux tout proclama sa gloire. »

Ce qui nous frappe dans ces divers morceaux, c'est la ressemblance, l'identité des images et. des expressions. Il y a chez les écrivains et les poëtes une grande diversité de style et de langage, surtout chez ceux de l'Écriture sainte, où il est facile de reconnaître chaque auteur à sa manière particulière d'exprimer ses pensées. Cependant, nous voyons ici, chez Moïse comme chez David, Déborah et Habakuk, chez des poëtes vivant et

écrivant à plusieurs siècles de distance, presque les mêmes mots pour rappeler le souvenir de la révélation sinaïque. N'est-ce pas là une preuve évidente qu'il ne s'agit pas ici d'une légende, d'un mythe, que chaque auteur raconte et embellit selon sa fantaisie et la faculté plus ou moins grande, plus ou moins heureuse, de son imagination; mais d'un fait historique positif, qui a eu pour témoins trois millions d'hommes, et qui ne laisse à l'imagination, à l'invention, aucune place et aucune latitude; d'un fait que les générations se sont transmis dans son intégrité, dans sa rigoureuse exactitude, et sur lequel les inspirations et la licence poétique n'ont pas plus de prise que sur une date, une page d'histoire ou un article de loi?

Tout le peuple a vu, dit l'Écriture, ces voix, ces éclairs, cette montagne enflammée. Le doute n'est plus possible; il serait aussi absurde et insensé qu'impie et sacrilége.

Des négateurs quand même ont parlé d'éruptions volcaniques pour expliquer les apparitions sur le Sinaï. Cette explication, qui ne pourrait d'ailleurs s'appliquer qu'à une seule partie de ces apparitions, le feu et la fumée, est inadmissible, par la raison que, suivant des expériences géologiques faites dans les temps anciens et modernes, le Sinaï ne renferme point d'éléments volcaniques. En outre, Moïse n'aurait pu indiquer à l'avance le jour et l'heure d'une éruption, l'apparition d'un phénomène qui, s'il avait eu des précédents ou s'il s'était renouvelé dans la suite, aurait jeté de profonds et légitimes doutes dans l'esprit du peuple. Or, le peuple, enclin à l'idolâtrie, aurait justifié sa désertion du vrai Dieu en niant le fait de la révélation, en accusant Moïse

et les prêtres d'avoir arrangé eux-mêmes tout ce qui s'était passé sur le Sinaï, ou inventé tout ce qu'ils en avaient écrit. Des révoltes ont éclaté contre Moïse, des émeutiers hardis et des mécontents nombreux se sont soulevés contre lui et son autorité; mais ont-ils osé dire un mot au sujet de la journée sinaïque, en suspecter la véracité, accuser l'homme de Dieu de fraude et de tromperie? Les prophètes, qui tonnaient avec tant de force contre toutes les superstitions, fussent-elles revêtues de tous les caractères de la sainteté de la divinité, ont cependant rappelé sans cesse la révélation du Sinaï comme un fait irréfragable, et le dernier des prophètes, Malachie, termine ses exhortations sublimes par cette parole que Dieu lui avait inspirée :

Souvenez-vous de l'enseignement de Moïse, mon serviteur, à qui j'ai remis sur l'Horeb des lois et des ordonnances pour tout Israël. >>

Ces lois, dit un théologien israélite, si elles n'étaient pas descendues du ciel, n'auraient pu traverser déjà plus de trente siècles, et contribuer si puissamment à la moralisation, au progrès et à l'ennoblissement d'une grande partie de l'humanité.

Trois jours furent assignés à nos pères pour se préparer à la réception de la loi divine. N'est-ce pas là la première base de l'institution du culte, la pensée et l'inauguration des cérémonies religieuses? Le Très-Haut semblait dire à nos aïeux : Pour vous approcher de Dieu et recevoir en vous la vérité, il faut, à côté de la purification du cœur et de l'âme par une vie honorable, vertueuse et morale, la sanctification du corps par l'observation d'usages pieux et l'accomplissement de devoirs

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