« ras comme un fronteau entre tes yeux; tu les écriras « sur les appuis de ta maison et sur tes portes. »

Les lois du Très-Haut doivent être attachées à la main, à tout ce qu'elle accomplit ici-bas, à tous ses travaux, à toutes ses entreprises; elles doivent toujours être présentes aux yeux de l'homme et entourer sa tête comme d'un bandeau sacré, comme d'une auréole de vertu et de sainteté; elles doivent se révéler dans nos demeures comme le signe sauveur qui brilla jadis sur les maisons israélites en Egypte. Mais elles doivent aussi, dans un symbole visible et auguste, se montrer à notre bras, à notre front, aux points où nous agissons et où nous pensons, sur les portes de nos palais et de nos chaumières, pour dire au passant: Voilà un sanctuaire de l'Eternel et voilà ses pontifes couverts des emblèmes de la vérité, des marques de leur divine mission, des souvenirs du ciel et de la parole du Seigneur!

La récitation du Schema a une telle importance dans la vie israélite, que la Mischna et le Talmud lui ont consacré de longues et profondes pages d'étude, de recherches et d'enseignements. Quand Israël habitait encore sa patrie, les prêtres vinrent tous les matins au temple pour lire le Schema en présence d'une grande assemblée, de fidèles qui firent entendre, après le premier verset, ces paroles d'adoration : « Béni soit à jamais le nom de son règne glorieux! »> Quand Rome vint porter sur le sol sacré de Canaan le fer et le feu, l'abomination des mœurs et le crime de l'idolâtrie, s'efforçant de bannir Dieu du temple et du cœur des croyants, nos pères choisirent pour mot d'ordre, dans cette lutte suprême, le Écoute, Israël, l'Éternel notre

ברוך שם כבוד מלכותו לעולם וע־

Dieu, l'Éternel est UN! et ils vainquirent leurs ennemis en perdant seulement les pierres et le bois du sanctuaire, mais en sauvant son arche sainte, son esprit, son flambeau, son âme immortelle ! Ils ajoutèrent à ce divin cri de ralliement le chapitre 2 (Deutéronome, XI,

13), qui leur expliquait leurs malheurs et les encourageait à se corriger, à revenir à la pratique des commandements de Dieu, à lutter et à espérer. Ils récitèrent enfin le chapitre de zitzith (Nombres, XV, 37), qui leur rappela la constante protection du ciel, les miracles que le Seigneur avait opérés en Egypte pour la délivrance de leurs ancêtres, et les fortifia ainsi dans leur confiance et dans leur foi.

Et ce cri de ralliement du Schema a sauvé à tout jamais Israël de la décadence et de la dissolution qui ont fait disparaître de la surface du globe tant de peuples et tant . d'empires. On avait beau persécuter, torturer, massacrer nos pères, les martyrs ont jeté à leurs bourreaux et au monde entier ce défi de la vérité israélite, cette confession du Dieu-Un, et de leurs cendres sont sortis de nouveaux héros de la foi, de nouvelles générations prêtes à combattre, à vivre et à mourir pour la croyance révélée au Sinaï, à la rendre impérissable sur la terre comme elle est immortelle dans les cieux! Et plus tard, quand la persécution sanglante a cessé et que l'oppression sociale et politique a remplacé la torture et le bûcher, le Schema est resté la force de nos frères, l'arme infaillible avec laquelle ils ont pu se défendre contre toutes les agressions, toutes les tentations, contre la haine et le mépris, comme jadis contre les chaînes et la mort! Et plus tard encore, quand l'humanité, frappée enfin d'un céleste rayon de justice, d'amour et de charité, a commencé à montrer un

peu de douceur, de bonté et de respect à Jacob, le patriarche du genre humain, le fils aîné de la civilisation, le Schema n'a pas cessé et ne cesse pas d'être le signe divin par lequel les membres de la famille israélite, dispersés sur la terre, parlant tous les idiomes, portant tous les costumes, appartenant à toutes les nationalités, se reconnaissent, se donnent la main et le cœur, se soutiennent, se protégent et s'aiment. Sur le champ de bataille, un soldat voit un ennemi mortellement blessé, l'entend tomber et pousser en mourant le cri de Schemâ: alors il jette son arme, court au mourant qui n'est plus son ennemi mais son frère, le prend dans ses bras, le presse sur son cœur, mêle ses larmes à son sang, dit en pleurant une sainte prière d'Israël, remplit les dernières volontés du héros de son peuple, et confie à la terre sacrée ses glorieux restes mortels!... Ah! que d'amour, que de tendresse, que de piété, que de sublimes actes et de divines pensées nous enseigne le Schema Israël!

La légende raconte que Jacob, au moment où il allait bénir ses fils et leur annoncer l'avenir, sentit tout à coup la lumière prophétique l'abandonner et l'obscurité envahir son âme. Alors il dit : « Y aurait-il (que Dieu m'en garde!) autour de mon lit quelque chose d'impur, comme chez Abraham qui a donné le jour à Ismaël et chez Isaac dont est sorti Esaü?» Alors ses fils lui répondirent: « Ecoute, Israël, l'Eternel, notre Dieu, l'Eternel est UN ! » comme pour protester de la sainteté et de l'unité de leur foi, et alors l'esprit divin descendit de nouveau sur le

-Pe) ברוך שם כבוד מלכותו לעולם ועד : patriarche qui s'écria

sachim, 56 a).

Soyons sûrs que chaque fois que l'israélite, par ses

passions, l'égarement de sa raison ou de son cœur, oublie le Seigneur et ses commandements, sent les ténèbres de la tombe et le froid de la mort envahir son âme, il n'a qu'à réciter le Schemâ, et il ressuscitera à la vie, et il sera rendu à la lumière, et il sentira de nouveau toutes les généreuses aspirations et tous les nobles élans inonder son être. Le Schema est la première parole que l'enfant israélite bégaye et adresse matin et soir à son Créateur, sanctifiant et illuminant sa jeune existence, et ouvrant son esprit et son cœur à la pensée et à la présence du Très-Haut. C'est la dernière parole que l'israélite mourant dit ici-bas, les derniers accents qu'il entend au milieu de ses frères et de sa famille, et qui, effaçant bien des péchés, ouvrent à son âme les régions des élus et les portes de l'immortalité... C'est l'invocation suprême que le croyant fait entendre dans tous ses dangers, toutes ses douleurs, et qui lui apporte la force et la résignation, le courage et l'espérance, souvent la victoire, toujours l'estime et le respect des hommes, le triomphe de sa dignité et la satisfaction de sa conscience. Divin Schema, pain quotidien de l'âme israélite, hymne de la terre envoyé au ciel, tu es aussi le guide fidèle et infaillible, le flambeau et l'étoile qui nous conduit sûrement et glorieusement, à travers tous les périls, toutes les ruines, toutes les misères de ce monde, à nos destinées immortelles et à Dieu !

LES TREIZE ARTICLES DE FOI.

שלשה עשר עקרים

האמינו ב"ה אלהיכם ותאמנו האמינו בנביאיו והצליחו

Vingt-huit siècles après que Moïse, fils d'Amram, eut révélé à son peuple la divine formule de la confession israélite, vint un autre Moïse, fils de Maïmoun, inspiré par l'esprit de Dieu et éclairé par toutes les lumières de la science humaine, apporter à Israël, depuis longtemps dispersé dans le monde, quelques paroles d'union spirituelle renfermant les bases fondamentales de la croyance juive, une garantie et une protection nouvelles contre les dangers nouveaux, nés au milieu d'une société nouvelle. Ces paroles d'unité religieuse, que la Synagogue a adoptées sous le nom de treize articles fondamentaux, sont conçues en ces termes :

I

Je crois avec une conviction entière que le Créateur, béni soit son nom! crée et dirige toutes les créatures, et que lui seul a formé, forme encore et formera toujours tous les êtres.

II

Je crois avec une conviction entière que le Créateur, béni soit son nom! est UN, et qu'il n'est point d'unité comparable à la sienne; que lui seul est notre Dieu, qu'il fut, est et sera.

III

Je crois avec une conviction entière que le Créateur, béni soit son