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§ IV.

Chaudrons. Fourchettes à pot-au-feu. Tisonniers.

Le chaudron, non moins utile que la broche à rôtir pour les apprêts culinaires, constituait chez tous les peuples de l'antiquité un ustensile de première nécessité'.

Comme la broche, il a servi chez les Grecs aux échanges primitifs, antérieurement à la monnaie, et il en était de même du trépied qui, avec la crémaillère, en constituait le support.

D'intéressantes indications nous sont données à ce sujet par les poèmes homériques et par des textes épigraphiques. Les chaudrons et les trépieds helléniques, tant au premier qu'au second âge du fer, ayant été importés au nord des Alpes, il ne sera pas sans utilité de rappeler ici ces indications littéraires, Chez les Grecs d'Homère, des chaudrons de diverses grandeurs circulaient comme instruments d'échange, les uns étant, par exemple, d'une capacité de 4 mesures, les autres de 22 2. « La valeur des chaudrons et des trépieds, observe M. Babelon 3, varie suivant les dimensions de ces objets et le travail d'ornementation qui les rend plus ou moins précieux. Un chaudron est estimé un boeuf, équivalence qui, par un singulier hasard, est également adoptée chez les Bahsnars de l'Indo-Chine. Un trépied, sans doute de grandes dimensions ou très orné, est évalué douze boeufs 5.

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« Le souvenir de ces temps primitifs où la marmite de cuisine était ainsi un des moyens d'échange les plus usuels, se retrouve consigné dans les fragments de lois crétoises découverts, il y a peu. d'années, par M. Halbherr à Gortyne et à Cnossos. Ces inscriptions, qui, tout en datant seulement du ive siècle, reproduisent des tarifs et des évaluations d'une époque beaucoup plus reculée, mentionnent le paiement des amendes en chaudrons et en trépieds

sième personnage paraît figuré inexactement, comme nous l'a observé M. Pottier; mais les faisceaux de broches du type de Montefortino étant encore inconnus à l'époque où le dessin a été fait, nous ne doutons pas de l'exactitude de cette reproduction où l'on retrouve tous les détails de ces objets.

1. Les Gaulois employaient le chaudron tout au moins depuis l'époque de Hallstatt (v. 2o partie, p. 777).

2. Iliade, XXIII, 264 et 268.

3. E. Babelon, Les origines de la monnaie considérées au point de vue économ. et histor., p. 72.

4. Iliade, XXIII, 885.

5. Iliade, XXIII, 703, 885.

(λέβητες, τριπόδες), concurremment avec la monnaie véritable en statères, drachmes et oboles '. »

Nous verrons que les chaudrons découverts au nord des Alpes se présentent parfois en séries de dimensions très variées, comme ceux dont l'Iliade fait mention. Diodore de Sicile, nous l'avons déjà rappelé, rapporte que les Gaulois mangeaient assis par terre sur des peaux de chèvres ou de loups, devant un feu garni de chaudrons ou de broches chargées de viande 2.

Les chaudrons métalliques pouvaient avoir comme accessoires la crémaillère qui servait à les suspendre 3 et la grande fourchette avec laquelle on en retirait les quartiers de viande après cuisson. Nos lecteurs connaissent déjà les crémaillères, complètement semblables aux modèles actuels.

Nous avons également décrit et reproduit ci-dessus (p. 777, fig. 301) les chaudrons de bronze battu à deux anses de fer, munies d'anneau de suspension, qu'ont livrés dans l'Allemagne du sud des tombes de la même époque. Ils paraissent bien provenir d'ateliers helléniques. A une forme semblable appartient un chaudron de bronze trouvé dans un tumulus de La Tène I à Walscheid, cercle de Wittlich, près Trèves. Un cercle en fer en renforce les bords et porte deux anneaux de suspension de même métal, en forme d'oméga 3.

Dans les stations de la troisième phase apparaît un modèle à

1. A la bibliographie indiquée par M. Babelon, ajouter le mémoire plus récent de M. Svoronos, Les premières monnaies, Revue belge de numismatique, 1910, p. 125. Voir aussi Babelon, Traité des monnaies grecques et romaines, I, col. 646. En parlant du chaudron de Gundestrup (t. III), nous rappellerons le rôle important qu'a joué cet ustensile dans la religion des Cimbres.

2. Diodore, V, 28.

3. Chez les Grecs le chaudron était souvent porté par un trépied, mais au nord des Alpes ce dernier ustensile n'est représenté que par de rares spécimens helléniques. Nous connaissons déjà celui de La Garenne (2a partie, p. 526). Nous parlerons d'un autre exemplaire de date plus récente à propos des importations de vases italo-grecs.

4. Voir ci-après notre Note additionnelle sur les objets importés des pays classiques.

5. M. Reinecke, qui rattache à des prototypes grecs ces divers chaudrons des premier et second âges du fer, ajoute qu'ils ont pu être imités dans diverses fabriques (Altertümer, V, x, p. 329). Il en indique quelques-uns encore inédits (La Tène-Denkmäler, p. 3, et p. 46, note 6).

Des chaudrons italo-grecs de même forme sont figurés dans l'ouvrage de M. Schumacher, Beschreibung der Sammlung antiker Bronzen, Carlsruhe, 1890, pl. VIII.

peine différent du précédent. Comme il s'est rencontré tout à la fois à La Tène et à Cabillonum, on peut, croyons-nous, le compter parmi ces produits manufacturés qui, provenant d'un centre de

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1, Emmendingen (Bade); 2, 3, La Tène (Suisse) 2; 4, Walscheid, près Wittlich (prov. du Rhin) 3.

1. D'après Wagner, Fundstätten und Funde, I, p. 198, fig. 132.

2. D'après Vouga, La Tène, pl. XVIII, fig. 14, 15.

3. D'après Hettner, Illustrierter Führer durch das Provinzialmuseum in Trier 1903, p. 126 et p. 125, fig. 5. Cf. BJ, cah. LXIV, 1878, p. 107.

fabrication réputé, faisaient l'objet d'un commerce international. Nous ne pouvons encore en déterminer la provenance.

La figure 636 reproduit un des exemplaires découverts à La Tène (no 3). « A part les dimensions qui varient quelque peu, écrit Gross, tous les ustensiles de ce genre recueillis à La Tène, au nombre d'une dizaine environ, sont façonnés sur un type uniforme; le fond du vase est toujours fait d'une mince feuille de bronze battu, ce qui nous explique la déformation si fréquente de cette partie, tandis que la portion supérieure, à laquelle sont adaptés les deux anneaux de suspension, est façonnée d'un solide ruban de fer, large de 60 à 70 millimètres, qui est un peu replié sur le bord supérieur. Les deux parties sont habilement réunies ensemble, au moyen de rivets disposés à une distance assez rapprochée, de manière à obtenir une cohésion complète.

«Des trois spécimens que possède le musée de Bienne, l'un a 37, l'autre 42 centimètres de diamètre; le troisième, qui est parfaitement intact, mesure 40 centimètres de diamètre et 22 centimètres de profondeur 1. »

Deux de ces mêmes chaudrons hémisphériques trouvés dans la Saône à Chalon font partie de la collection Millon 2. Tant par les détails de la technique que par certaines particularités, telle que la forme des pièces d'attache supportant les anneaux de suspension, ils sont tout à fait semblables aux précédents. Un cercle de fer entoure également leurs bords. Les dimensions en sont plus faibles. Leur diamètre est respectivement de 0TM 325 et 0 235. Une trouvaille curieuse, publiée récemment par M. Wagner, directeur du Musée de Carlsruhe, lève toute incertitude au sujet de leur destination. Ces vaisseaux en tôle de bronze mince martelée sont bien des chaudrons, faisant l'office de nos marmites de fonte et destinés, comme celles-ci, à être suspendus au-dessus du foyer. En 1885, au cours de travaux de terrassement exécutés à Emmendingen (Duché de Bade), on rencontra un vase en bronze mince martelé, pourvu de deux larges anneaux de fer et ne différant en rien des précédents, sauf que le haut présente la forme d'un cylindre plus étroit que la partie arrondie constituant le fond. Or, ici le vase était accompagné d'une belle crémaillère en fer à deux tiges ou crochets de suspension (fig. 636, 1) 3. On voit précisé

1. Gross, La Tène, p. 45.

2. J. Déchelette, La collection Millon, p. 176. 3. Cf. 2o partie, p. 806, fig. 323.

ment une crémaillère à deux crochets sur la planche de l'ouvrage de Vouga, où sont représentés les vases trouvés à La Tène.

Nous reproduisons cette trouvaille d'Emmendingen et un des chaudrons de La Tène, avec le détail d'une anse appartenant à un autre exemplaire de même provenance (fig. 636): tous ces vases, si étroitement apparentés les uns aux autres, sont bien des chaudrons de suspension. L'attache des anneaux de fer que portent ceux de La Tène est tout à fait pareille à celle qui subsiste sur un des exemplaires de la collection Millon. De part et d'autre, un grand cercle, également en fer, renforce le bord supérieur du vase, et il en est de même, pour celui d'Emmendingen '.

On comprend facilement pourquoi ces vases sont dépourvus de pied et faits de feuilles de métal très minces; suspendus à la crémaillère, ils n'étaient pas exposés à être bosselés ou usés par le frottement à leur partie inférieure, arrondie en calotte. La ténuité des parois permettait d'y faire bouillir de l'eau très rapidement 2. Fourchettes à pot-au-feu. Cet ustensile, indispensable pour retirer la viande du chaudron après cuisson, s'est retrouvé dans diverses stations de La Tène III. Nous pouvons le rapprocher d'un modèle gréco-italique, dont il reproduit un des principaux caractères, la courbure des dents.

Un passage d'une comédie d'Anaxippus, cité par Athénée, nous donne une curieuse énumération du petit matériel meublant une cuisine grecque vers le ive siècle av. J.-C. « Apporte, dit au cuisinier un personnage du Citharæde, apporte une cuillère, douze broches, une fourchette (xpézypav), un mortier, une râpe à fromage pour les enfants, un rouleau, trois petites gondoles, un couteau à écorcher, quatre hachoirs, mais va me prendre auparavant la marmite où on la serre... Apporte aussi la grande hache 3. »

1. Ce type de chaudron comportant une partie supérieure cylindrique, faite d'une bande de métal souvent en fer rivée à un fond hémisphérique, est du début de l'époque romaine. On le trouve à Dobřichov (Bohême). Pič, Starožitnosti, II, 3, pl. LXVIII, fig. 7. Voir aussi Montelius, La période de La Tène en Suède, CPF, Autun, 1907, p. 808, fig. 16;- Willers, Neue Untersuchungen über die römische Bronzeindustrie, p. 13. M. Willers, sans doute avec raison, considère ce modèle comme étranger: il serait probablement originaire soit de l'Italie, soit de l'hinterland d'Aquilée.

2. Nous devons mentionner aussi un type de chaudron en bronze, orné d'un rang de mamelons, qui semble spécial aux Iles Britanniques (Bulleid et Gray, Glastonbury, I, p. 179 et fig. 40-41 ; Read et Smith, Guide Brit. Museum, Iron age, p. 125, fig. 105).

3. Athénée, IV, 169 B, trad. Lefèvre de Villebrune, t. II,

p. 144.

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