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Ce langage de fraternité familière était tout à fait inconnu dans les actes des césars. Si quelquefois Antonin, Marc-Aurèle, daignaient disserter dans des épîtres avec les philosophes et les magistrats, il régnait néanmoins dans leurs épanchements les plus intimes un ton grave de supériorité, et les princes qui, après leur mort, étaient élevés au rang des dieux, conservaient déjà ce caractère d'immortalité que Perse appelle l'odeur du Panthéon. Dans les épîtres de Constantin relativement à l'Église, c'est l'esprit de fraternité épiscopale qui domine on dirait l'empereur, le chef, le premier des évêques, et les évêques, à leur tour, sont les premiers conseillers de l'empereur. C'est qu'alors continuellement entouré de clercs, de diacres et de prélats (1), il les avait pour précepteurs et pour secrétaires. L'école chrétienne comptait beaucoup d'hommes éminents et dans son sein se trouvaient réunies toutes les sciences de l'antiquité et de la philosophie: ceux qui aimaient les belles-lettres, l'histoire, la langue hellénique, l'hébreu, la géographie, voyaient briller toutes ces lumières dans l'Église. Jamais assemblée plus éminente ne s'était occupée de plus graves questions de philosophie, de morale.

(1) C'est de là que vient aux empereurs et aux rois le titre d'évêque temporel.

Constantin, élevé dans les camps, prend goût luimême à ces dissertations qui se rattachent aux plus hautes questions de l'humanité, à Dieu, aux essences immortelles qui constituent sa nature.

L'empereur n'était qu'un soldat, avec une haute fermeté de commandement militaire (1); mais la compagnie des évêques l'avait habitué à une certaine tendance de philosophie et de belles-lettres; l'esprit grec avait adouci et policé son tempérament sérieux et sauvage des Gaules et de la Grande-Bretagne. Si l'on examine d'ailleurs la valeur du concile de Nicée au point de vue politique, on s'explique très-bien la vive sollicitude de l'empereur pour conduire, dominer et finir les délibérations de cette assemblée. Constantin, qui règne par l'appui du grand parti chrétien, peut-il ne pas désirer en rester le maître par une formule souveraine? Si l'empereur préside le concile de Nicée, c'est pour qu'il n'échappe point à son action dictatoriale (2) : il a obtenu l'unité d'administration dans l'empire; il appelle maintenant l'unité de doctrine, parce qu'il n'y a pas de pouvoir sans cette unité.

(1) C'est impérativement qu'il commande aux évêques d'Égypte l'obéissance au concile de Nicée; l'empereur se manifeste dans sa lettre : Κωνσταντινος τας εκκλησίας περι της εν Νικαια συνόδου. (Liv. III, chap. XVII.)

(2) Il écrit à tous ses officiers sur ce concile de Nicée, qui est le résumé de sa puissance et de sa loi.

La société païenne, qui n'est point morte, en face de cette situation hésitante du christianisme, va tenter de nouveaux efforts pour ressaisir la victoire que le labarum lui a enlevée. La réaction essaie de se développer: quelle sera sa force? Les idées et les systèmes tombés peuvent-ils revivre?

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CHAP. XIV.

Progrès vers le triomphe politique du

christianisme.

176

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vernement.

Progrès de l'idée chrétienne dans le gou

Première période con

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