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«Par quel point l'État romain peut-il compromettre le repos du monde ? Par une atteinte portée au gouvernement dont il est le siége, à ce gouvernement qui est élu par la catholicité tout entière, par l'Italie, par l'Espagne, par la France, par le Portugal, par l'Autriche, et dont le dépôt et la garde lui ont été confiés. Il suit de là que quand l'État romain veut attenter à ce gouvernement en vue duquel il a été créé, sa souveraineté particulière rencontre face à face avec elle, non pas une souveraineté, non pas deux souverainetés étrangères, mais les souverainetés de toute la catholicité, qui lui rappellent qu'il a été créé avec un mandat, avec une fonction déterminée, et qui le lui rappellent au nom d'un droit supérieur au sien, car il est antérieur ; supérieur, car il est général, et le sien est particulier; supérieur, car il représente des intérêts généraux, tandis que ses intérêts sont individuels; enfin supérieur en force, laquelle force, quand elle est superposée au droit, l'investit d'une vertu irrésistible. En un mot, la souveraineté des peuples catholiques prévaut en ce cas sur la souveraineté du peuple romain. »

Le même diplomate ajoute : « Je dis donc, et je le prouve, qu'il y avait à Rome la république sociale, qui faisait de Rome sa succursale d'abord, pour en faire plus tard sa métropole : on nous l'a dit à cette tribune, et M. Mazzini l'a écrit. La république sociale voulait donc faire sa métropole de Rome 1. »

Un autre représentant du peuple français termine ces solennels débats par ces paroles : « Permettez-moi une comparaison familière. Quand un homme est condamné à lutter contre une femme, si cette femme n'est pas la dernière des créatures, elle peut le braver impunément; elle lui dit : Frappez; mais vous vous déshonorerez, et vous ne me vaincrez pas. Eh bien ! l'Église n'est pas une femme, c'est une

1 Discours de M. Thuriot de la Rosière, séance du 18 octobre 1849.

mère ! C'est une mère, c'est la mère de l'Europe, c'est la mère de la société moderne, c'est la mère de l'humanité moderne. On a beau être un fils dénaturé, un fils révolté, un fils ingrat: on reste toujours fils ; et il vient un moment, dans toute lutte contre l'Eglise, où cette lutte parricide devient insupportable au genre humain, et où celui qui l'a engagée tombe accablé, anéanti, soit par la défaite, soit par la réprobation unanime de l'humanité 1. »

Telles sont les mémorables paroles que des représentants du peuple français ont prononcées, l'an 1849, en faveur de notre mère la sainte Église catholique, apostolique, romaine.

Puisse la présente histoire de cette Mère lui susciter partout, avec plus d'intelligence et de dévouement encore, des enfants et des défenseurs aussi dignes d'elle!

1 Discours de M. de Montalembert, séance du 19 octobre 1849.

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L'Église catholique, dans tout son ensemble, est la société de Dieu avec les anges et les hommes fidèles. De toute éternité elle subsistait en Dieu, ou plutôt était Dieu lui-même : société ineffable de trois personnes dans une même essence. Maintenant elle traverse-les siècles, elle passe sur la terre pour nous associer à cette unité sainte, universelle et perpétuelle, et s'en retourner avec nous dans l'éternité d'où elle est sortic. En attendant de l'y voir et de l'y admirer un jour, nous redisons ce que nous avons appris de son voyage dans le temps.

Les premiers qui furent appelés à cette union divine sont les anges. Créés bons, mais libres, Dieu les mit à l'épreuve comme nous. Dès lors il y eut schisme et hérésie. Au lieu de prendre pour règle unique le Verbe divin, plusieurs se prirent pour règle eux-mêmes. Ils furent exclus de la communion de Dieu, mais non de sa Providence. Divisés en neuf chœurs subordonnés l'un à l'autre, les anges meurés fidèles forment une armée invincible. Leur nombre est incalculable. Quand le Très-Haut est assis sur son trône, mille fois mille le servent, et dix mille fois cent mille forment sa cour 1. Lui-même

de

1 Dan. 7.

Entre 4000 et s'appelle le Dieu des dieux. Il en est qui sont préposés au gouvernement des astres, des éléments, des royaumes, des provinces ; d'autres, à la conduite des individus.

Les anges apostats, éternisant leur crime, continuent la guerre contre Dieu. Dieu se sert de leur malice pour éprouver les hommes en ce monde et punir les méchants dans l'autre. De ces esprits malins, les uns habitent le lieu des supplices éternels, les autres sont répandus sur la terre et dans les airs. Autant les bons anges sont à honorer et à invoquer, autant les mauvais sont à craindre. La croyance aux bons et aux mauvais anges se retrouve, sous un nom ou sous un autre, chez tous les peuples.

Pour remplir dans son Église la place des esprits déchus, Dieu créa l'homme. Il le fit à son image et à sa ressemblance. Il n'en créa d'abord qu'un, pour marquer l'unité. A ce premier homme, il unit une compagne formée de sa chair même et de ses os. «Il leur donna le conseil, une langue, des yeux, des oreilles et un cœur pour entendre; les remplit de la science de l'intelligence, leur montra les biens et les maux, fixa son regard sur leurs cœurs pour leur manifester la grandeur de ses œuvres, afin qu'ils célébrassent la sainteté de son nom, le glorifiant dans ses merveilles et racontant la magnificence de ses œuvres. Il leur donna encore des préceptes et les fit héritiers d'une loi de vie; il établit avec eux une alliance éternelle, et leur apprit ses jugements. Leurs yeux virent les merveilles de sa gloire, leurs oreilles entendirent sa voix; il leur dit : Gardez-vous de tout ce qui est inique, et il leur ordonna à chacun de s'intéresser à son prochain 1. »

A ces deux ancêtres du genre humain, Dieu révéla ce qu'il leur était bon de savoir de l'origine du monde. Un de leurs descendants au vingt-cinquième degré, mais qui n'était séparé d'eux que par six personnes intermédiaires, dont chacune avait vécu un grand nombre d'années avec la précédente, nous en a conservé l'histoire écrite. Les antiques traditions des peuples s'y accordent et y trouvent leur ensemble. Cet homme, à qui la race humaine doit de connaître avec certitude sa véritable histoire, qui a constitué, pour en être le dépositaire, un peuple tel qu'après trente-quatre siècles il est toujours là, survivant à tous ses vainqueurs, survivant à lui-même; qui a prédit et figuré dans sa personne le Christ que nous adorons, et dans le peuple hébreu la société ou Église catholique dont nous faisons partie, cet homme est Moïse. Écoutons ce qu'il nous dit de la part de Dieu et de nos premiers ancêtres.

« Dans le principe Dieu créa les cieux et la terre. Et la terre était

1 Eccl., 17.

informe et nue, les ténèbres sur la face de l'abîme, et l'esprit de Dieu planant sur les eaux.

« Et Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Et Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. Et Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres nuit ; et le soir et le matin formèrent un jour.

« Et Dieu dit : Qu'un firmament soit entre les eaux, et qu'il sépare les eaux d'avec les eaux. Et Dieu fit le firmament (ou l'étendue), et divisa les eaux supérieures des eaux inférieures. Et il fut fait ainsi. Et Dieu appela le firmament ciel; et le soir et le matin furent le second jour.

« Et Dieu dit : Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemblent en un seul lieu et que l'aride paraisse. Et il fut fait ainsi. Et Dieu appela l'aride terre, et les eaux rassemblées, mer. Et Dieu vit que cela était bon. Et il dit : Que la terre produise les plantes verdoyantes avec leur semence, les arbres avec des fruits chacun selon son espèce, qui renferment en eux-mêmes leur semence pour se reproduire sur la terre. Et il fut fait ainsi. La terre produisit donc des plantes qui portaient leur graine suivant leur espèce, et des arbres fruitiers qui renfermaient leur semence en eux-mêmes suivant leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir et un matin : ce fut le troisième jour.

<< Dieu dit aussi : Qu'il y ait dans le ciel des corps lumineux qui divisent le jour d'avec la nuit, et qu'ils servent de signes pour marquer les temps, les jours et les années; qu'ils luisent dans le ciel et qu'ils éclairent la terre. Et cela fut fait ainsi. Et Dieu fit deux grands corps lumineux : l'un, plus grand, pour présider au jour; l'autre, moins grand, pour présider à la nuit. Il fit aussi les étoiles. Et il les plaça dans le ciel pour luire sur la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir et un matin : ce fut le quatrième jour.

« Dieu dit encore: Que les eaux produisent les animaux qui nagent, et que les oiseaux volent au-dessus de la terre et sous l'étendue du ciel. Et Dieu créa les grands poissons et tous les animaux qui ont la vie et le mouvement, que les eaux produisirent chacun selon son espèce; et il créa aussi des oiseaux chacun selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon. Et il les bénit en disant: Croissez et multipliez-vous; remplissez la mer, et que les oiseaux se multiplient sur la terre. Et il y eut encore un soir et un matin : ce fut le cinquième jour.

« Dieu dit aussi : Que la terre produise des animaux vivants chacun

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