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même et autour du soleil, ont été connus ou du moins supposés par plusieurs anciens, entres autres par les disciples de Pythagore, qui, croit-on, emprunta ces idées aux prêtres d'Égypte. Mais ces opinions ne sont devenues des faits certains que par les expériences des trois derniers siècles 1. On s'étonnera que de si grands mouvements n'occasionnent ni bruit ni secousse. C'est que la sagesse divine, pour qui l'univers n'est qu'un jeu, atteint d'une extremité à l'autre avec force, et dispose tout avec douceur 2. Il en est différemment de la sagesse de l'homme.

Jusqu'alors la terre n'existe qu'à moitié. Sans forme, noyée dans un abîme, enveloppée d'épaisses ténèbres, se peut-il un plus triste séjour ? Mais écoutons : Dieu va, sur notre future demeure, dire une parole, la première ; et cette première parole produira, jusqu'à nous et jusqu'à la fin du monde, ce qu'il y a dans toute la nature de plus doux et de plus agréable. Dieu dit : Que la lumière soit ; et la lumière fut. Qui n'aime la lumière ? qui ne s'en réjouit ? qui donc ne bénira Dieu de l'avoir faite ?

Et Dieu vit que la lumière était bonne. Dieu lui-même approuve la lumière : il l'approuve, parce qu'elle est une image, une ombre de ce qu'il est lui-même : lumière éternelle et sans tache, que le bonheur de cette vie est d'entrevoir à travers le voile de la création, et dont la claire vue est le bonheur parfait, infini de l'éternité. La splendeur, l'éclat, le rejaillissement éternel de cette éternelle lumière, c'est le Verbe, le Fils, Dieu engendré de Dieu, lumière engendrée de lumière, qui luit dans les ténèbres et illumine tout homme venant en ce monde. La lumière que Dieu a faite réjouit toute la nature : les plantes mêmes aspirent à la voir en leur manière ; c'est elle qui donne la couleur et la beauté à tout. La lumière que Dieu a engendrée, étant la voie, la vérité et la vie, réjouit naturellement toutes les intelligences: les moins sublimes se tournent spontanément vers elle; c'est elle qui donne la vérité, la vie, la beauté à toutes. Mais l'une et l'autre lumière, les hommes qui se plaisent dans le mal, la haïssent, la fuient et lui préfèrent les ténèbres.

Mais qu'est-ce donc en soi cette douce lumière que le Seigneur a faite, que tout le monde voit, et par laquelle on voit tout le monde: Le Seigneur lui-même demandait à Job: Sais-tu le séjour de la lumière, et par quelle voie elle se répand 3 ? Après trente-cinq siècles, les savants sont encore à trouver la réponse. Il n'y a personne qui ne connaisse la lumière: il n'y a personne qui la connaisse. Personne

1 Delaplace, Hist. de l'Astron. Plutarque. De placit. phil. — 2 Sap., 8. — 3 Job, 38, 19 et 24.

qui ne la connaisse dans ses admirables effets: personne qui la connaisse dans sa nature. On ne la voit qu'autant qu'elle se fait voir : on ne voit rien qu'autant qu'elle le fait voir. Belle image de la lumière éternelle : la clarté est un mystère !

Cette lumière, qui fit le premier jour, n'était pas du soleil : il ne luisait pas encore. Aujourd'hui même le soleil n'est pas le seul réservoir de la lumière. Dieu en a mis partout, dans le caillou dont le choc fait jaillir des étincelles, dans le bois qui nous éclaire en brûlant, dans les graines qui servent à faire de l'huile, dans la graisse des animaux, dans le fluide électrique qui circule au dedans de nous et de toute la nature, et qui, amassé dans les nuages, produit la foudre et les éclairs. Dieu, par sa parole, fit donc jaillir la lumière des ténèbres. Alors commença le premier jour; car il n'y a point de jour sans lumière. Ce n'était pas le jour du ciel, jour sans déclin et sans nuage, parce qu'il est la splendeur de Dieu même, c'était un jour de la terre, tel que l'homme qui la devait habiter: successif, ne demeurant jamais dans un même état, image, ombre, comme lui, de celui qui les a faits l'un et l'autre...

Et il y eut un soir, et il y eut un matin : c'est-à-dire une succession de lumière et de ténèbres, de jour et de nuit. Aussitôt que la lumière fut, la terre tournant sur elle-même, ou la lumière tournant autour d'elle, le premier jour commença tout à la fois par le matin, le midi, le soir, le minuit, selon que les diverses parties de la terre étaient éclairées ou à l'ombre. Cette succession a continué jusqu'à nous, et continuera jusqu'au jour du Seigneur, jour grand et terrible, où il dissoudra par le feu l'univers actuel pour en faire de nouveaux cieux et une nouvelle terre 1.

La lumière existait, et avec elle la chaleur; car lumière et chaleur paraissent les effets du même principe. Avec la chaleur et l'attraction, les divers éléments, jusque-là confondus, agirent les uns sur les autres. Trois sortes de corps prenaient naissance : les uns solides, les autres liquides, et d'autres d'une nature encore plus déliée. Les solides se rendaient au centre du globe, les liquides en occupaient la surface, les plus subtils en formeront l'enveloppe 2.

<< Et Dieu dit : Qu'il y ait une étendue au milieu des eaux, et qu'elle sépare les eaux d'avec les eaux. Dieu fit donc cette étendue, et divisa les eaux au-dessous de l'étendue d'avec les eaux au-dessus : et il en fut ainsi. »

Et il en est ainsi encore. Cette étendue, cette expansion qui enveloppe la terre de toutes parts, c'est l'atmosphère, c'est l'air que nous

12. Pet., 3, 10-13.—a Thénard, Traité de Chimie : de l'air atmosphérique, n. 107.

respirons. Tous les jours nous voyons flotter au-dessus de nos têtes une partie des eaux en forme de nuages. L'entre-deux est un océan vaporeux et léger où nous vivons, où nagent les oiseaux, comme les poissons dans l'océan plus compact et plus pesant.

Les poissons ne sauraient vivre sans eau; nous ne saurions vivre sans air. Longtemps on a cru que l'air était un élément simple; mais on découvrit, il y a cinquante ans, qu'il est composé de deux. L'un, qui en forme un peu plus du cinquième, entretient en nous la vie par la respiration, et le feu sur nos foyers par la combustion; l'autre, quand il est seul, éteint tout à la fois et le feu et la vie. Le mélange des deux compose l'air pur.

L'eau, qui est l'atmosphère des poissons, est également composée de deux éléments. L'un, qui en forme le tiers, lui est commun avec l'air : c'est le même élément que nous respirons et qui fait brûler les combustibles; l'autre, qui en forme les deux tiers, est le gaz inflammable que tout le monde connaît, et qui depuis quelque temps éclaire les boutiques et les rues des grandes cités. Lorsque, avec ce gaz, se combine cette portion de l'air que nous respirons et qui forme l'autre élément de l'eau, il en résulte une vive lumière, accompagnée de chaleur, et cette combustion donne pour charbon ou résidu, de l'eau pure. Aussi les savants classent-ils maintenant l'eau parmi les corps brûlés. Lorsque ces deux éléments de l'eau se combinent subitement et en quantité considérable, ils produisent une masse de lumière éblouissante, accompagnée souvent de forte détonation. C'est ainsi que se forment dans les nues le tonnerre, la foudre et les éclairs. Et voilà comme la science moderne nous fait comprendre tout le sens de ces paroles de David : Le Seigneur change les foudres en pluie1.

Sans l'air, nous ne saurions respirer, vivre tout seuls sans l'air, nous ne saurions parler, vivre ensemble. C'est l'air qui transmet le son, et avec le son la parole, et avec la parole la pensée. Par ce moyen, deux hommes respirent en quelque sorte la pensée l'un de l'autre et vivent d'une seule vie.

Messager fidèle de tant de langues diverses qui communiquent par la parole la pensée de l'esprit, l'air est encore l'inépuisable organe d'une langue universelle, qui, par l'harmonie des sons, communique les sentiments de l'âme, la joie, la tristesse, l'admiration, l'amour. Langue merveilleuse, qui n'a que sept paroles, ou sept notes, et qui cependant exprime toutes les affections humaines langue merveilleuse que tout le monde entend, mais que peu savent parler dignement. D'après les sages de l'antiquité et les Pères de l'Église,

1 Ps. 134, 7.

en particulier saint Augustin, la musique que Dieu a donnée aux hommes est une image, un écho de celle qu'il exécute lui-même dans son immense éternité. L'univers entier est une magnifique harmonie, où la divine sagesse, atteignant d'une extrémité à l'autre, dispose tout avec douceur, nombre et mesure. C'est elle qui produit dans un nombre musical l'armée des cieux : ainsi entend l'évêque d'Hippone une parole d'Isaïe 1. Pour ramener l'homme dans cette céleste harmonie, l'éternelle sagesse unit dans sa personne la nature divine et la nature humaine 2; ce qu'elle demande, c'est que nous soyons à l'unisson avec elle. Aussi un saint évêque et martyr, Ignace d'Antioche, compare le corps mystique de la sagesse incarnée, l'Église catholique, à une harpe mélodieuse qui rend la louange à Dieu par le Christ. Chaque fidèle est une lyre composée de deux pièces, le corps et l'âme, qui agissent l'une sur l'autre comme les cordes sur la lyre et la lyre sur les cordes 3. Ah! qui nous donnera d'entendre sur la terre quelques soupirs de cette harmonie du ciel?

L'air est attiré vers le centre de la terre, autrement, il est pesant comme les autres corps; mais il pèse huit cents fois moins que l'eau, parce qu'il est huit cents fois moins compacte. D'un autre côté, il est des fluides encore plus déliés que l'air, et qui s'y élèvent comme un morceau de liége enfoncé dans l'eau remonte à la surface. C'est ainsi qu'on voit les vapeurs aqueuses s'élever dans les airs et y flotter sous formes de nuées. De savoir jusqu'à quelle hauteur s'étend l'atmosphère qui nous enveloppe, il n'y a rien de certain. On conjecture quinze ou seize lieues, au delà desquelles serait un fluide encore plus ténu, que l'on nomme éther; ce qui est d'expérience, c'est que plus on s'y élève, plus on le trouve froid, subtil, léger. A une hauteur de sept mille mètres, environ une lieue et demie, il ne pèse plus assez sur l'homme pour retenir le sang dans ses veines. L'homme est à cette élévation comme le poisson habitué à vivre dans les profondeurs de la mer, et qui périt lorsqu'on l'amène à la surface.

On distingue ordinairement trois régions dans l'atmosphère : la région inférieure, où volent les oiseaux; la région moyenne, où flottent les nuages; la région supérieure, au delà. Et dans le langage de l'Écriture et dans le langage commun, ces trois régions s'appellent également ciel : l'on dit également les oiseaux du ciel et les oiseaux de l'air, les nuages du ciel et les nuages de l'air. Il est donc naturel de penser que ce que le texte latin, d'après le grec, appelle firmament, mais que le texte original ou l'hébreu nomme avec plus de

1 Epist. 165, n. 13. Isaïe, 40, 26. — 2 Aug. de Trin., 1. 4, n. 4. — 3 Epist. Ig ́at. ad Eph., etc.

justesse l'étendue, n'est autre que l'atmosphère terrestre avec ses trois régions. Il est d'autant plus naturel de le penser, que, dans les livres de Moïse, il n'y a pas de mot particulier pour désigner ce que nous entendons par air, atmosphère.

("

Le second jour avait déchar é le globe terrestre d'une partie des eaux : cependant ce globe ne paraissait pas encore. Mais Dieu dit : Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemblent en un seul lieu et que l'aride paraisse. Et il en fut ainsi. Les eaux se ramassèrent dans ces vastes bassins appelés mers, océans, et laissèrent à sec ce qui a été nommé terre.

En même temps que ces profondes cavités, il se forma des élévations. David nous l'apprend. Après avoir rappelé que Dieu a fondé la terre sur une base qui lui est propre, et que les siècles ne l'ébranleront pas, il ajoute : L'abîme des eaux l'enveloppait comme un vêtement, les eaux couvraient les montagnes. A votre menace, elles ont fui; au bruit de votre tonnerre, elles se sont écoulées. Les montagnes s'élèvent, les vallées descendent au lieu que vous leur avez marqué 1.

Ces eaux que le Seigneur a mesurées dans le creux de sa main, occupent cependant les deux tiers de notre globe. Enfermées dans des barrières qu'elles n'osent franchir, elles devaient naturellement se corrompre et infecter l'univers. Dieu y a pourvu. Ces eaux, on ne sait comment, se trouvent salées au point que l'homme ne saurait en boire. Ni les pluies qui souvent y retombent, ni les fleuves qui sans cesse y mêlent leurs ondes ne sauraient en adoucir l'amertume. En outre, Dieu ne laisse pas les eaux de la mer demeurer stagnantes. Chaque douze heures, l'océan monte et descend, s'élève et s'abaisse, en quelques endroits, comme sur les côtes de Bretagne, jusqu'à quarante et cinquante pieds. Ce mouvement alternatif de la mer se retirant pendant six heures et revenant pendant six autres, est connu sous le nom de flux et reflux, ou marée. Comme ces marées suivent le cours de la lune, qu'elles retardent tous les jours, ainsi que la lune, de trois quarts d'heure, on conclut avec raison que la lune en est la principale cause. Enfin, comme ces marées sont les plus fortes aux nouvelles et aux pleines lunes, lorsque le soleil, la lune et la terre se trouvent sur la même ligne, on conclut que le soleil y entre également pour quelque chose. Depuis environ un siècle, les savants expliquent ce phénomène d'une manière satisfaisante par l'attraction combinée du soleil et de la lune sur la terre 2.

1 Ps. 103. Lettre d'Euler.

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