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même, et je fais pénitence dans la poussière et dans la cendre 1. L'Éternel ayant parlé de la sorte à Job, dit à Éliphaz, de Théman : Ma colère est allumée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n'avez point parlé de moi avec justesse, comme mon serviteur Job. Prenez donc sept taureaux et sept béliers, et allez vers mon serviteur Job, et offrez-les pour vous en holocauste. Job, mon serviteur, priera pour vous: je l'écouterai favorablement, afin que votre imprudence ne vous soit point imputée à crime, parce que vous n'avez point parlé de moi avec justesse, comme mon serviteur.

Éliphaz, de Théman; Baldad, de Sué; et Sophar, de Naamath, s'en allèrent donc, et firent ce que l'Éternel leur avait dit, et l'Éternel écouta favorablement Job. Et quand Job eut prié pour ses amis, l'Éternel lui rendit tout ce qu'il avait perdu, et lui donna le double de ce qu'il possédait auparavant. Tous ses frères, toutes ses sœurs, tous ceux qui l'avaient connu, vinrent le trouver, et mangèrent avec lui dans sa maison; ils le plaignirent et le consolèrent de toutes les afflictions que l'Éternel lui avait envoyées, et ils lui donnèrent chacun une brebis et un anneau d'or. Par cette brebis, plusieurs entendent une pièce de monnaie où la figure d'une brebis était empreinte 2.

Enfin l'Éternel bénit Job dans son dernier état encore plus que dans son premier. Il eut quatorze mille moutons, six mille chameaux, mille paires de bœufs et mille ânesses. Il eut aussi sept fils et trois filles. Il appela la première Jour, la seconde Cannelle, et la troisième Vase-de-Parfum. Les Arabes et les Persans donnent encore aujourd'hui des noms semblables. Il ne se trouva point sur la terre de femmes aussi belles que ces filles de Job; et leur père leur donna leur part dans son héritage, comme à leurs frères. Job vécut après cela cent quarante ans ; il vit ses fils et les enfants de ses fils jusqu'à la quatrième génération, et il mourut âgé et plein de jours 3.

Telle est l'histoire de Job, écrite d'abord en arabe par lui-même, et puis en hébreu par Moïse : c'est du moins l'opinion la plus vraisemblable. Ce qui n'est pas douteux, c'est qu'elle a dû s'écrire dans le temps même où elle venait d'arriver. Si, avant son malheur, Job n'était pas roi proprement dit de l'Idumée, il était toujours un prince assez puissant pour être comparé à un roi. Il a pu le devenir en effet depuis, la royauté de l'Idumée étant alors élective, comme on le voit par l'Écriture, où les souverains de ce pays ne se suivent pas de père en fils. Job peut donc être fort bien, ainsi que l'assure positivement l'appendice de la version grecque, le roi d'Édom, Jobab, dont il est

42.

2 Le mot latin pecunia, de pecu, indique une semblable origine.— 3 42.

parlé dans la généalogie d'Ésaü. Joignez à cela le haut rang de ses amis, le bruit que firent ses malheurs dans les contrées circonvoisines, et vous ne pourrez guère douter qu'elle ne fût mise par écrit aussitôt, suivant le désir formel que nous en avons vu témoigner à Job lui-même. Tout nous assure donc que c'est là un des plus anciens livres du monde, si ce n'est pas le plus ancien.

On y voit quelle sagesse cultivait ce patriarche, et comment il la distinguait de l'industrie humaine, qu'il ne connaissait pas moins.

L'homme avide descend dans une mine obscure;

Il y va chercher l'or que le creuset épure;

Il dérobe le fer à l'antre souterrain ;

Il calcine la pierre et la change en airain.
Ses pas ont pénétré jusqu'à ces voûtes sombres,
Limites et remparts du royaume des ombres :
Il a su reculer les confins de la nuit.
L'homme, à travers le roc, prolonge des vallées
Qu'aucun pas avant lui n'avait encor foulées.
Où ses vastes desseins ne l'ont-ils pas conduit?
La terre, que des fleurs l'émail brillant décore,
Alimente un volcan sourdement allumé,
Qui, nourri dans ses flancs, les brûle et les dévore.
C'est là qu'est le saphir, là que l'or est formé.
L'homme ouvrit ces chemins; le vautour les ignore;
Ils échappent à l'œil de l'habitant des airs,
Aux regards du lion, monarque des déserts.
Jusze dans leurs racines ébranlant les montagnes,
L' nomme abaisse leur cime au niveau des campagnes;
Il creuse dans le roc un passage aux torrents,
Plonge au fond de leurs eaux ses regards pénétrants;
Son génie à leur cours oppose une barrière.
En des lieux où jamais ne parvint la lumière,
Jusqu'au fond de l'abîme il a porté le jour.
Mais la sagesse, où trouver son séjour ?
La sagesse ici-bas à l'homme est étrangère;
Elle n'habite point la terre.

Aux mers la demanderez-vous ?

Les mers vous répondront : « Elle n'est point en nous. »
L'homme ignore son prix; vainement la richesse
Voudrait, à force d'or, acheter la sagesse.
Préférable à l'onyx, au-dessus du saphir,
Elle efface en valeur l'or même de l'Ophir ;
Les brillantes couleurs dont l'opale étincelle,
Les tissus éclatants, les vases précieux,
L'agate et le rubis pâlissent auprès d'elle;
Du diamant de l'Inde elle éclipse les feux;
La topaze est moins pure et la perle moins belle.
Où donc est la sagesse, où trouver ses autels?
La sagesse est cachée aux regards des mortels;

A l'œil perçant dé l'aigle elle est même inconnue.
« Sa voix jusqu'à nous est venue,»
Disent la mort et le tombeau;

Mais Dieu voit son séjour, il connaît son berceau,
Lui qui de son regard embrasse

Les mondes infinis dont il peupla l'espace.
Dans son auguste main quand il pesait les airs,
Et quand il mesurait l'eau des profondes mers;
Quand il dictait des lois à la pluie, à l'orage,
Et qu'aux traits de la foudre il frayait un passage,
C'est alors qu'apparut la sagesse à ses yeux;

Il en fit le trésor et l'ornement des cieux.

Il renfermait en lui sa pureté sublime,

Et seul il en sondait l'abîme:

Puis à l'homme il traça ces mots en traits de feu :
<< La sagesse est de craindre Dieu 1. >>

On y voit par quel intermédiaire cette sagesse arrive jusqu'à nous.

Si tu doutes, des morts interroge la cendre;
Les siècles te diront ce que tu dois apprendre.
Que savons-nous, hélas ! L'homme ne vit qu'un jour;
Il passe comme l'ombre; il passe sans retour!
Écoute ces leçons, noble et saint héritage

Que les fils à leurs fils transmirent d'âge en âge 2.

On y voit cette sagesse véritable, la religion, conservant ainsi, même hors de la postérité de Jacob, le culte du vrai Dieu, la prière, le sacrifice, l'observation de la loi morale. Les amis de Job y parlent, comme lui, avec foi, avec enthousiasme, du Très-Haut, de son infinie puissance qui a créé le ciel et la terre comme en se jouant, de sa providence paternelle qui veille et pourvoit à tout, de sa miséricorde à pardonner au repentir, de sa justice inévitable à punir le crime impénitent, du touchant ministère de ses bons anges.

Lorsque de leurs soucis et d'un travail pénible
Le sommeil vient sur eux verser l'oubli paisible,
Alors qu'ils sont livrés aux songes de la nuit,
Dieu, leur ouvrant l'oreille, en secret les instruit.
Il vient les détourner de la route du crime,
Les rend à la vertu, les arrache à l'orgueil,

Et, leur montrant du doigt l'inévitable écueil,

Les soutient chancelants sur le bord de l'abîme.

A l'homme il parle encor, quand, pâle et sans vigueur,

Il languit abattu sur le lit de douleur.

Si l'ange, élu du ciel, qui l'aime et le protége,

Au pied du trône saint porte son repentir,

1 Job, 28, traduct. de M. Levavasseur; traduction exacte, nonobstant la rime. 2 C. 8, 8-10.

Le Seigneur à ses maux daignera compatir.

<< Va, vole, dira-t-il, et du mal qui l'assiége

Sauve un pécheur contrit qui se jette en mes bras;
J'ai trouvé sa rançon, il ne périra pas 1. »>

On y voit aussi que les cieux n'ont pas été tout à fait purs aux yeux de l'Eternel, qu'il a trouvé du déréglement jusque dans ses anges. On y voit Satan, le chef de ces esprits déchus, ne cherchant dans sa volonté perverse qu'à faire le mal, tenter les justes, pousser les méchants à de nouveaux crimes, produire des calamités, et cependant, malgré sa rage, enchaîné dans son action par la main de Dieu. On y voit la première idolâtrie qu'introduit sur la terre ce prince de ténèbres le culte des astres. « Si, à la vue du soleil dans sa splendeur, et de la lune dans son éclat, dit Job, mon cœur a ressenti une joic secrète; si j'ai porté la main à la bouche en signe d'adoration : tribut sacrilége, renoncement au Très-Haut... » Nous l'avons déjà remarqué, une des premières erreurs, en Orient, fut qu'après avoir créé le monde, Dieu l'abandonna au gouvernement des anges; de là peut-être l'adoration de ceux qui présidaient aux astres, puis des astres eux-mêmes. Voilà probablement aussi pourquoi les amis de Job semblent insister, non-seulement sur la chute d'une partie des anges, mais encore sur l'insuffisance de tous à gouverner seuls l'univers. On y voit la dégradation originelle, le péché héréditaire des fils d'Adam.

L'homme, né de la femme, a peu d'instants à vivre;
Ses jours sont des jours de douleur ;

Il fuit comme l'éclair, tombe comme la fleur;
C'est une ombre qui passe et que l'œil ne peut suivre.
Et c'est sur lui, fantôme d'un moment,

Que ton regard, grand Dieu, daigne descendre;
C'est à lui que tu fais entendre

Ton redoutable jugement!

Qui peut épurer dans sa course

Un fleuve empoisonné, corrompu dès sa source ? ?

On y voit ce qui rendit plus grave le péché de notre premier ancêtre.

Si, comme Adam, me couvrant de mystère,
J'ai tenu dans mon sein mon crime recélé,
Que je sois banni de la terre!

Que de mépris justement accablé,

Réduit à garder le silence,

Je n'ose des humains affronter la présence 3!

1 Discours d'Eliu, c. 33, 15-24. - 2 Job, 14, 1-4. — 3 C. 31, 33-34.

On y voit enfin la foi au Rédempteur et à la résurrection future.

Je sais qu'il est vivant, mon Rédempteur auguste;
Qu'il doit au dernier jour ressusciter le juste.

Quand mon corps sera consumé,

Revêtu de ma chair, à sa voix ranimé,

Et du tombeau soudain secouant la poussière,
Je le contemplerai dans toute sa splendeur;
Oui, mes yeux le verront tout brillant de lumière ;
C'est là le ferme espoir qui repose en mon cœur1.

Job lui-même est une figure parlante du Sauveur qu'il attend. Comme lui, il est innocent, il est juste, et cependant Dieu le frappe : homme de douleur, un lépreux, meurtri des pieds à la tête, rassasié d'opprobres, méconnaissable à ceux même qui le connaissent. Comme lui, délaissé de ses amis, il cherche un consolateur et n'en trouve point. Comme lui, il s'écrie dans l'amertume de son âme : Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'avez-vous abandonné? Comme lui, bientôt il reprend : Mon Père, je recoinmande mon âme entre vos mains; je sais que mon Rédempteur est vivant : quand même il me ferait mourir, j'espérerai encore en lui. Comme lui, couvert de plaies, il intercède pour ceux qui l'ont outragé, et Dieu leur pardonne en vertu de sa médiation. Comme lui, il ressuscite à une vie nouvelle, à une vie de bonheur et de gloire inaltérables, où ceux qui l'avaient abandonné reviennent à lui, sont admis à sa table, participent au mérite de ses souffrances passées et à la joie de sa félicité présente.

En un mot, depuis Adam jusqu'à Job, tout nous parle de JésusChrist et de son Eglise.

1 C. 19, 25-27.

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