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Bientôt les enfants d'Israël, levant les yeux, virent l'Égypte marchant à leur poursuite. Ils en furent dans l'effroi et crièrent à l'Éternel. Quant à Moïse, ils lui dirent: Est-ce parce qu'il n'y a pas de tombeaux en Égypte que tu nous as'emmenés pour mourir dans le désert? Que nous as-tu fait là, de nous avoir tirés de l'Égypte? N'est-ce pas là ce que nous t'y disions: Retire-toi de nous, afin que nous servions les Egyptiens, car cela nous vaut mieux que de mourir au désert? Mais Moïse répondit au peuple : Ne craignez point, demeurez tranquilles, et voyez le salut de l'Eternel, le salut qu'il vous opérera en ce jour; car tels que vous avez vus les Egyptiens aujourd'hui, vous ne les verrez plus d'ici à jamais. L'Eternel combattra po ur vous, et vous serez en silence.

Déjà l'Eternel avait dit à Moïse: Que cries-tu vers moi ? Dis aux enfants d'Israël qu'ils se mettent en marche. Et toi, élève ton bâton, et étends ta main sur la mer, et partage-la afin que les enfants d'Israël s'avancent au milieu de la mer à pied sec. Et moi j'endurcirai le cœur des Mizraïm, et ils entreront après vous, et je serai glorifié en Pharaon, et en toute son armée, et en ses chars, et en sa cavalerie. Et les Mizraïm sauront que c'est moi l'Eternel.

En même temps l'ange de Dieu, ou, comme le peut signifier le texte original, l'Ange-Dieu qui marchait devant le camp d'Israël, s'en alla derrière eux, et, avec lui, la colonne de nuée qui était devant se plaça aussi derrière, entre le camp des Égyptiens et le camp d'Israël. Cette nuée était ténébreuse pour les premiers, elle éclairait la nuit pour les seconds, de manière qu'ils ne purent s'approcher les uns des autres toute la nuit.

Lorsque Moïse eut étendu sa main sur la mer, l'Eternel la fit retirer par un vent d'orient impétueux qui souffla toute la nuit, et il la mit à sec, et les eaux furent divisées. Les enfants d'Israël entrèrent au milieu de la mer desséchée, et les eaux leur étaient comme une muraille à droite et à gauche. Les Egyptiens, les poursuivant, y entrèrent après eux, tous les chevaux de Pharaon, ses chars et ses cavaliers. C'était la veille du matin, lorsque Jéhova, du milieu de la colonne de feu et de nuée, lança un regard sur le camp des Egyptiens, et le jeta dans la confusion par des foudres et des éclairs, embarrassa les roues des chars, en sorte qu'elles allaient avec peine. Les Egyptiens se dirent donc : Fuyons devant Israël, car Jéhova combat pour eux contre nous. Mais Jéhova disait à Moïse: Etends ta main sur la mer, et que les eaux retournent sur l'Egypte, sur ses chars et sur sa cavalerie. Et Moïse étendit sa main sur la mer, et la mer retourna vers le matin en son lieu, et les Egyptiens fuyaient au-devant d'elle, et Jéhova les secoua au milieu de la mer, et les eaux étant re

venues de la sorte couvrirent et les chars et les cavaliers de toute l'ar mée de Pharaon, qui étaient entrés après eux dans la mer : il n'en échappa pas un seul. Mais les enfants d'Israël passèrent à pied sec au milieu de la mer, et les eaux leur étaient comme une muraille à droite et à gauche.

Israël fut ainsi sauvé en ce jour. Il vit les Égyptiens morts sur le rivage de la mer. Quand le peuple eut considéré la grande puissance que l'Éternel avait déployée contre eux, il ne craignit plus et crut en lui, ainsi qu'en Moïse, son serviteur 1.

Alors Moïse et les enfants d'Israël chantèrent à l'Éternel ce cantique :

Je chanterai à Jéhova,

Parce qu'il a fait éclater sa gloire;

Et cheval et cavalier,

Il l'a précipité dans la mer.

Ma victoire et mon cantique est Yah 2,

Et il m'est devenu le salut;

C'est là mon Dieu,

Et je le louerai;

Le Dieu de mon père,

Et je l'exalterai.

Jéhova est le héros de la guerre;

Son nom, CELui qui est.

Les chars de Pharaon et son armée,

Il les a jetés dans la mer;

L'élite de ses capitaines

Est engloutie dans la mer de Souph.

Les abîmes les ont couverts;

Ils sont descendus dans les profondeurs
Comme la pierre.

Ta droite, ô Jéhova,

S'est signalée par la force;

Ta droite, ô Jéhova,

A brisé l'ennemi.

Par la multitude de ta majesté

Tu as accablé tes adversaires;

Tu envoyas ta colère:

Elle les dévora comme la paille.

Au souffle de ta fureur

Se sont amoncelées les eaux;

Les vagues se dressèrent comme une paroi,
Et les abîmes se durcirent

Dans le cœur de la mer.

1 Exod., 14.-2 Abréviation de Jéhova.

L'ennemi a dit :

Je poursuivrai, je saisirai,

Je partagerai les dépouilles ;

Mon âme s'en rassasiera :

Je tirerai le glaive;

Ma main les exterminera.

Tu as respiré ton souffle,
La mer les a couverts;

Ils s'enfoncèrent comme le plomb
Dans les eaux bouillonnantes.

Qui est comme toi

Parmi les dieux, ô Jéhova 1?

Qui est comme toi

Admirable dans les saints 2,

Formidable à la louange,
Opérant des prodiges?

Tu étendis ta droite,

La terre les dévora.

Tu conduis dans ta miséricorde
Ce peuple que tu as racheté ;
Tu le guides dans ta puissance
Vers ta demeure sainte.

Les peuples ont ouï,

Et ils tremblent;

Les douleurs ont saisi

Les habitants de la Palestine.

Soudain se sont épouvantés

Les princes d'Edom,

Les forts de Moab :

Le tremblement les tient.

Ils sont tous consternés

Ceux qui habitent Chanaan.

Tombent sur eux
L'angoisse et la terreur !

Par la grandeur de ton bras

Qu'ils deviennent muets comme la pierre,

Jusqu'à ce que soit passé ton peuple,

Jusqu'à ce que soit passé, ô Jéhova,

Le peuple que tu t'es acquis!

Oui, tu les introduiras,
Tu les implanteras même

Sur la montagne de ton héritage:

Dans ce lieu que pour demeure

1 On croit que ces paroles : Qui est comme toi parmi les dieux, ô Jéhova, étaient écrites en abrégé sur les étendards des Machabées. En hébreu, leurs initiales, lues ensemble, forment le mot Mi-ca-ba-ï, d'où celui de Machabées a pu venir. - 2 Les Septante rendent ainsi l'hébreu, qui s'y prête.

Tu t'es préparé, ô Jéhova;

Dans le sanctuaire, ô Adonaï,

Qu'ont affermi tes mains.

CELUI QUI EST régnera

Dans l'éternité et par delà !

En même temps Marie, la prophétesse, sœur d'Aaron, prit un tambour en sa main; toutes les femmes la suivaient avec des tambours et des danses, et elles répondaient à Moïse et aux fils d'Israël : Chantez à Jéhova,

Parce qu'il a fait éclater sa gloire;
Et cheval et cavalier,

Il l'a précipité dans la mer.

Elle dit: et, après trente-trois siècles, les restes dispersés d'Israël répètent encore dans leurs synagogues, le dernier jour de leur pâque, ce que Moïse entonna sur le bord de la mer Rouge :

Je chanterai à Jéhova,

Parce qu'il a fait éclater sa gloire;

Et cheval et cavalier,

Il l'a précipité dans la mer.

Les montagnes d'Arabie, qui, les premières, retentirent de ces paroles, semblent les redire encore. Les Arabes qui habitent sur la mer Rouge, donnent à une certaine vallée, qui se termine à la mer par une petite baie, le nom de Tiah-béni-Israël, ou la route des enfants d'Israël, et cela en vertu d'une tradition qu'ils ont conservée jusqu'à ce jour, et qui porte que ce peuple passa là. Ils la nomment aussi Bedé, c'est-à-dire un événement inouï et nouveau. C'est ce que nous apprend un savant anglais, qui l'apprit lui-même sur les lieux 1.

Des échos de ce prodige se retrouvent jusque dans l'histoire profane. Au rapport de Diodore de Sicile, il y avait chez les Ichthyophages, habitants de ces mêmes bords, une tradition conservée de leurs ancêtres, qu'un jour il se fit un grand reflux qui laissa tout le golfe à sec, en sorte qu'il parut tapissé de verdure, la mer s'étant retirée en sens contraire; mais après avoir découvert la terre jusqu'au fond, tout à coup par un reflux violent, elle se remit dans sa première place 2.

Justin, abréviateur de Trogue Pompée, après avoir rapporté assez exactement l'histoire de Joseph, fils d'Israël, sa vente par ses frères, sa déportation en Égypte, son habileté à interpréter les songes, sa prévision des années de famine, la manière dont il sauva l'Égypte d'une ruine totale, ajoute : Son fils fut Moïse, recommandable, nonseulement par la science qu'il hérita de son père, mais encore par

1 Shaw, Voyage de Barbarie et du Levant, t. 2, p. 31. — 2 Diodor., 1. 3, c. 40.

une grande beauté. Cependant les Égyptiens, affligés de la gale et de la lèpre, ayant été avertis par un oracle, le chassèrent avec les malades, de peur que la peste n'infectât un plus grand nombre. Devenu le chef des exilés, il déroba les choses sacrées des Égyptiens : ceux-ci, les ayant redemandées les armes à la main, furent contraints par les tempêtes à s'en revenir 1.

Dans ce récit de l'auteur latin, il n'est pas difficile de reconnaître la vérité parmi quelques altérations. On y aperçoit les plaies d'Égypte; on y voit Moïse contraint de sortir avec les siens, de peur que ces plaies ne fassent encore plus de ravage; il vous semble entendre ce cri d'effroi : Nous mourons tous ! Ces choses sacrées sont probablement les vases et les vêtements précieux que les Égyptiens se repentirent bientôt d'avoir donnés. Les tempêtes qui les empêchent d'atteindre les fuyards, c'est le désastre de la mer Rouge.

Strabon assigne à l'émigration de Moïse et de sa colonie une autre cause également vraie dans un sens. Ce fut le respect pour la divinité, que ce législateur, ainsi qu'un grand nombre d'hommes sensés avec lui, voyait avec peine assimiler à des animaux par les Egyptiens divinité qu'eux disaient être une, et devoir être adorée sans aucune figure 2. C'est ce qu'exprime si bien Tacite : l'Égypte adore beaucoup d'animaux et se taille des images; les Juifs ne conçoivent Dieu que par la pensée et n'en reconnaissent qu'un seul. Ils traitent d'impies ceux qui, avec des matières périssables, se fabriquent des dieux à la ressemblance de l'homme. Le leur est le Dieu suprême, éternel, qui n'est sujet ni au changement ni à la destruction. Aussi ne souffrent-ils aucune effigie dans leurs villes, encore moins dans leurs temples. Point de statues, ni pour flatter les rois, ni pour honorer les Césars 3.

Artapan, cité par Eusèbe, raconte d'abord comment le roi d'Égypte, vaincu par les prodiges de Moïse, laissa aller les Hébreux, et comment ceux-ci, chargés de richesses que leur avaient accordées les Égyptiens, étaient arrivés en trois jours sur la mer Rouge. Ensuite il observe que, d'après les prêtres de Memphis, Moïse, qui connaissait bien cette contrée, profita d'une marée basse pour faire traverser la mer à sec par toute sa multitude. Ceux d'Héliopolis, au contraire, qui, selon Hérodote, étaient les plus instruits et les plus sages de l'Égypte, rapportaient la chose différemment. Suivant eux, le roi poursuivant les Juifs avec une puissante armée, à cause des richesses qu'ils emportaient, Moïse, sur une voix divine qu'il entendit, frappa de sa verge la mer, qui se divisa et les laissa passer à pied sec.

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