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de la même expédition. Enfin ces palais apparaissent comme autant d'épopées ou d'Iliades en architecture, sculpture et peinture 1. Quand on pense que ces merveilles remontent au temps de Moïse, on ne s'étonne plus des ouvrages en or, en argent, en broderie que ce législateur, instruit dans toute la sagesse de l'Égypte, fait exécuter pour le tabernacle de l'Éternel.

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Nous disons que ces monuments datent de cette époque reculée. En effet, d'après un calcul dont nous avons exposé les bases, il a été reconnu que Sésostris, ou Rhamsès le Grand, succéda à son père Rhamsès V, ou Aménophis, l'an 1473 avant notre ère, et régna sur l'Égypte jusqu'à l'an 1418. Son avénement eut ainsi lieu dix-sept ou dix-huit ans après la sortie d'Israël, placée communément en 1491. D'un autre côté, Diodore de Sicile nous apprend que l'expédition de Sésostris, entreprise au commencement de son règne, se termina à sa neuvième année, c'est-à-dire pendant que les Israélites voyageaient dans le désert, et avant qu'ils fussent entrés dans la Palestine : ce qui explique pourquoi l'Écriture ne parle pas de ce conquérant. Le récit de l'historien grec vient d'être confirmé d'une manière bien inattendue. Le nouvel interprète des hiéroglyphes, en partant pour son expédition scientifique d'Égypte, a découvert à Marseille, sur un rouleau de papyrus, écrite dans l'antique égyptien et avec des caractères populaires, une histoire des campagnes de Sésostris-Rhamsès, remplie de détails circonstanciés sur ses conquêtes, la force et la composition de son armée, et qui fut écrite la neuvième année de son règne, c'est-à-dire, d'après Diodore, celle de son retour en Égypte. Et ce n'est pas la seule découverte de ce genre. Outre une infinité de manuscrits déposés dans les sépulcres des particuliers avec les momies, outre une sorte de rituel funéraire où l'on voit les antiques croyances de l'Égypte sur Dieu, sur l'homme, sur l'autre vie, on a trouvé des manuscrits nombreux qui présentent des actes de différents genres des monarques égyptiens, et portent leurs noms et les dates des années de leur règne. A cette classe, appartient une suite de papyrus qui, longtemps délaissés dans le musée de Turin, ont été heureusement reconnus par l'hermès français : suite tellement remarquable par le nombre et la variété des pièces, qu'il a été porté à conjecturer qu'elle formait les archives entières d'un temple ou de tout. autre dépôt public. Il y a trouvé une quantité prodigieuse d'actes, appartenant pour la plupart à la dixième dynastie, à celle qui régna pendant le séjour des Hébreux en Égypte, et dont aucun n'est postérieur à la dix-neuvième, qui finit vers le temps de Gédéon. Mais le

114. Lettre de M. Champollion. - 2 L. 1, c. 55.

De 1571 plus remarquable de tous, et bien certainement le plus ancien manuscrit jusqu'à ce jour, contient un acte de la cinquième année du règne de Thouthmosis III, cinquième roi de la dix-huitième dynastie. D'après la chronologie la plus communément adoptée, ce roi, appelé par les anciens chronologistes Miphra ou Miphrès, et dont MM. Champollion ont reconnu l'identité avec le Moeris des bistoriens grecs; ce roi, disons-nous, serait le pharaon qui gouvernait l'Égypte lorsque le fils de Jacob y arriva, et dont Putiphar, le maître de Joseph, commandait les troupes. Ces manuscrits, de plus de trente siècles, nous font voir comment l'exemplaire de la loi, écrit de la main de Moïse, a pu se conserver de même et se retrouver après plus de huit siècles sous le roi Josias.

Manéthon nous apprend encore une autre particularité sur SéthosRhamsès ou Sésostris : c'est qu'il s'appelait aussi Égyptus, et que c'est de lui que tout le pays a été nommé Égypte. Son frère Armaïs s'appelait également Danaüs. Sésostris lui avait confié l'administration du royaume pendant son absence, mais il abusa de cette autorité pour se faire roi lui-même. A cette nouvelle, Sésostris revint et le châtia. Armaïs ou Danaüs s'enfuit alors en Grèce, et valut aux Grecs un de leurs noms, Danaëns 1. D'un autre côté, Diodore de Sicile rapporte, d'après Hécatée de Milet, que jadis la peste ayant affligé l'Égypte, les indigènes expulsèrent les étrangers qui s'y étaient établis en grand nombre et avaient beaucoup affaibli le culte national des dieux. Parmi ces émigrants, les uns se rendirent en Grèce, sous la conduite de Danaüs et de Cadmus; les autres dans la Judée, sous la conduite de Moïse, qui proscrivait les idoles, ne reconnaissant qu'un Dieu qui gouvernait tout, et organisa un culte différent des autres, sous la direction d'un souverain pontife 2. Voilà comme les témoignages de Manéthon, d'Hécatée et de Diodore se complètent mutuellement, pour nous attester que Moïse, Danaüs et Sésostris étaient contemporains.

Il n'y a pas cent ans, l'impiété abusait de tout ce qu'on savait ou ne savait pas sur l'Égypte, pour attaquer les livres saints. Son antiquité dépassait la création biblique du monde; Moïse n'avait pu écrire le Pentateuque, parce que, de son temps, on ne faisait encore que graver, et ainsi, cent autres choses pareilles. Le siècle dernier touchait à sa fin, lorsque, à la tête des armées françaises, SésostrisBuonaparte parcourut l'antique royaume de Sésostris-Rhamsès. Pendant que les soldats se battaient, des savants dessinaient les pyrami

1 Manetho, apud Joseph. cont. App., l. 1. - 2 Diodor., apud Phot. Biblioth. col. 1151.

des, les tombeaux, les temples, les palais séculaires; copiaient, sans les entendre, les hiéroglyphes, les emblèmes : il n'y avait qu'un monument qu'ils comprissent, c'était une représentation astronomique qui remontait pour le moins à quelques milliers de siècles. Moïse était convaincu de fausseté en nous faisant le monde beaucoup plus jeune ; ce sauveur d'Israël, figure du Sauveur de l'humanité entière, paraissait de nouveau exposé à périr sur les bords du Nil, et, avec lui, l'ancienne et la nouvelle alliance; mais, comme autrefois, le salut est venu d'où venait la persécution: la fille des Pharaons, l'Égypte, est sortie de ses palais et de ses temples en ruine, avec ses vieux hieroglyphes; le voile qui la couvrait depuis toujours a été soulevé par un savant français; les hiéroglyphes, si longtemps muets, ont parlé, et ils ont parlé comme un écho de la Bible, et les triomphants sophismes de l'impiété ont disparu comme les chars et les cavaliers d'Aménophis dans la mer Rouge; et le zodiaque de Denderah ne remonte plus qu'au commencement de l'ère chrétienne, il n'est plus qu'une représentation superstitieuse d'astrologie; et ces Pharaons qui ont semé nos musées de papyrus, et l'Égypte de merveilles d'architecture, se trouvent ceux qui ont régné depuis Abraham jusqu'à Moïse pour ce qui est devant, l'HIEROGLYPHE ne dit pas plus que l'ÉCRITURE.

Oui, c'est dans la période la plus glorieuse de son histoire que l'Égypte eut devant les yeux les leçons et l'exemple d'Israël ; c'est dans la période la plus glorieuse de son histoire, lorsque les sciences et les arts florissaient, qu'elle a été châtiée et enseignée de Dieu; son Sésostris, en conquérant la Libye, l'Asie et la Thrace, y pouvait annoncer la puissance de l'Éternel. Les Philistins ne l'oublieront point. Frappés de diverses plaies parce qu'ils avaient pris l'arche du Dieu d'Israël, leurs prêtres leur diront : Pourquoi endurcissez-vous vos cœurs, comme le fit l'Égypte et Pharaon? Quand celui-ci eut été frappé, ne les renvoya-t-il pas, et ils s'en allèrent 1? Après huit siècles, les Ammonites s'en souviendront encore. Leur roi, Achior, dira à Holopherne : Un roi d'Égypte les accablait de travaux en mortier et en brique, pour la construction de ses villes ; ils crièrent à leur Dieu, et il frappa de diverses plaies toute la terre d'Égypte. Les Égyptiens les expulsèrent alors: mais se voyant délivrés du fléau, ils voulurent les reprendre et les réduire de nouveau en servitude. Mais le Dieu du ciel ouvrit la mer à leur fuite, les eaux du ciel se durcirent de part et d'autre comme une muraille, ils traversèrent le fond de la mer à pied sec; une armée innombrable d'Égyptiens les ayant pour

11. Reg., c. 6, v. 6.

De 1571 suivis, elle y fut engloutie de manière qu'il n'en resta pas un pour donner la nouvelle à ses descendants 1. Voilà comme le chef des Ammonites parlera au généralissime des armées assyriennes; voilà comme dès lors les divers peuples s'unissaient à Israël pour célébrer sa merveilleuse sortie de l'Égypte.

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Tout cela, sans doute, est déjà bien grand et bien magnifique ; cependant tout cela n'est que l'image, l'hiéroglyphe de quelque chose de plus magnifique et de plus grand. Israël asservi en Égypte, délivré par une suite de prodiges, traversant à pied sec la mer Rouge, formé aux combats dans le désert, conquérant la terre promise pour y attendre le règne glorieux de David et de Salomon ; ce premier Israèl est le germe, l'embryon d'un Israël nouveau, qui doit embrasser les vrais Israélites, les fidèles de toutes les nations. Ici, l'Égypte, c'est le monde entier; les Pharaons, ce sont les Césars romains; la victime de la délivrance, c'est l'Agneau de Dieu s'immolant dans la nuit de Pâques d'une manière non sanglante sur la table mystique, s'y donnant à manger à ses disciples, et le lendemain s'immolant d'une manière sanglante sur la croix par la main des soldats de César; les trois journées de chemin aboutissant à la mer Rouge, ce sont trois siècles de persécution aboutissant à l'inondation des Barbares ; glise, nouvel Israël, traverse ce déluge de sang comme un baptême; l'empire romain y périt comme dans un abîme, un sépulcre; l'Église continue sa marche au travers d'un désert affreux, l'humanité en ruine, les royaumes écroulés; elle porte dans son sein, non plus douze tribus, mais une douzaine de nations féroces et indomptables, qu'il faut transformer et enfanter à la vie chrétienne. Enfin, comme autrefois Israël sous la conduite de Josué, vicaire temporel de Moïse, et d'Éléazar, son vicaire spirituel, qui servait de règle à l'autre, ainsi l'Eglise, sous la conduite du pontife romain, vicaire spirituel du Christ, et de Charlemagne, son vicaire temporel, prendra possession de sa terre promise, l'univers. La possession n'a pas encore toute l'étendue de la promesse ; ce ne sera que sous un autre règne de David et de Salomon, le second avénement du Christ, avec lequel l'Église triomphante entrera pour jamais dans son céleste héritage.

1 Judith, c. 5.

LIVRE SEPTIÈME.

DE 1491 A 1490 AVANT L'ÈRE CHRÉTIENNE.

Loi écrite; ses rapports avec le passé, le présent et l'avenir.

Trois des plus beaux génies de l'antiquité, parmi les Chinois, les Grecs et les Romains, ont cherché, l'un après l'autre, quel devait être un gouvernement, une société, pour atteindre à la perfection. Or, ce que, dans cette vue, Confucius, Platon et Cicéron ont imaginé de plus parfait, nous le verrons réalisé dans Moïse et dans le Christ, autrement dans l'Église catholique.

Confucius ou Koung-tsée, que la Chine appelle le saint maître, naquit au sixième siècle avant l'ère chrétienne, environ dix siècles après Moïse, et vers le temps où le prophète Daniel était le chef des mages de Perse et des sages de Babylone. Il jouit aujourd'hui encore d'une vénération presque religieuse. Sa famille subsiste encore. c'est la plus illustre de l'empire. Quant à ses principes sur la base d'un bon gouvernement, on les trouve dans les Kings ou livres sacrés, dont il a été le rédacteur, et dans les commentaires qu'en ont faits ses innombrables disciples. Sans sortir du Chouking, qui est le plus connu, on y voit un suprême Seigneur, un Ciel souverainement intelligent, dans le cœur duquel tout est marqué distinctement, qui pardonne au repentir, qui se laisse fléchir à la prière, qui entend les cris des peuples, qui donne des ordres pour déposer les mauvais roiset leur en substituer d'autres. Le trône est la place du Ciel. C'est du Ciel que viennent les neuf règles du gouvernement. Un roi doit avec respect avoir soin des peuples, parce que tous sont les enfants du Ciel. Si l'ordre n'en est donné par le Chang-ti ou souverain Seigneur, nul royaume, dans les quatre parties du monde, ne peut être détruit. Les lois sont les ordres du Ciel. C'est le Ciel qui a établi la distinction des devoirs, la distinction des états, la distinction des cérémonies, la distinction des habillements, la distinction des supplices. Toutes les fonctions publiques sont des commissions du Ciel. Un juge des crimes, est-il dit, imite la vertu du Ciel en exerçant le droit de vie et de mort; c'est le Ciel qui s'associe à lui. Vous qui, dans les quatre par

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