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même caverne où Moïse a vu la transfiguration de Dieu, le prophète Élie la verra sous une autre forme cinq siècles après. Puis, l'un et l'autre, sur une montagne également haute, ils verront la transfiguration du Verbe fait chair : transfiguration descendante, en tant qu'il est Dieu; transfiguration ascendante, en tant qu'il est homme; ils s'entretiendront avec lui de son prochain trépas, qui devait accomplir la loi et les prophètes; ils apparaîtront en grande majesté pour lui rendre hommage comme à leur maître, ils entreront avec lui dans la nuée; mais à cette parole du Père : C'est ici mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis mes complaisances, écoutez-le ; ils disparaîtront comme l'aurore devant le soleil qu'elle annonce.

Moïse demeura sur la montagne d'Horeb, prosterné devant l'Éternel, quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain ni boire d'eau, non plus que la première fois, à cause des péchés du peuple et pour lui obtenir une plus entière miséricorde 1. En signe de réconciliation, Dieu écrivit sur les nouvelles tables les dix paroles de l'alliance. Lorsque Moïse descendit de la montagne, portant entre ses mains les deux tables du témoignage, il ne savait pas que la peau de sa face jetait des rayons de lumière, depuis son entretien avec LUI. Aaron et tous les enfants d'Israël, voyant l'éclat du visage de Moïse, craignirent de s'approcher de lui. Cependant Moïse ayant appelé Aaron et les princes de la multitude, ils revinrent le trouver; et, après qu'il leur eut parlé, tous les enfants d'Israël vinrent aussi vers lui, et il leur prescrivit toutes les choses que l'Éternel lui avait dites sur montagne de Sinaï. Et ayant achevé ces discours, il mit un voile sur son visage. Et lorsqu'il allait devant l'Éternel et qu'il lui parlait, il ôtait le voile jusqu'à ce qu'il sortît. Alors il disait aux enfants d'Israël tout ce que l'Éternel lui avait ordonné, et les enfants d'Israël voyait le visage de Moïse éclatant de lumière; après cela il le voilait de nouveau jusqu'à ce qu'il retournât lui parler 2.

la

Les premières tables de la loi, brisées au pied du Sinaï, annonçaient que cette première alliance ne durerait pas toujours, mais, après un certain temps, ferait place à une autre : le voile que Moïse était obligé de mettre sur son visage quand il eut apporté les secondes tables, annonçait que la nouvelle alliance demeurerait voilée pour une grande partie d'Israël. C'est ce que nous voyons depuis dixhuit siècles. Cependant le voile commence à se soulever pour plusieurs. Il ne s'enlève, dit saint Paul, que quand on se convertit au Seigneur, au Christ 3; de même que Moïse n'enlevait le sien que quand il retournerait à Jéhova. Nouveau motif de présumer que

1 Deut., 9, 18. — 2 Exod., 24, 38-35. — 3 2. Cor., 3, 14-46.

l'Eternel qui parlait à Moïse était le même que le Christ - Dieu. Une marque encore plus éclatante de la réconciliation du Seigneur avec les enfants d'Israël, fut le sanctuaire qu'il se fit construire pour habiter au milieu d'eux 1 d'une sorte de présence réelle. Il voulut n'y employer que des dons volontaires. Dès que Moïse eut fait connaître son intention, hommes, femmes, princes et peuples offrirent avec beaucoup de zèle tout ce qui était nécessaire pour la construction du tabernacle, de l'arche d'alliance, des vases et ornements sacrés, de l'or, de l'argent, des étoffes et des pierres précieuses. L'empressement fut si général, qu'au troisième jour Moïse défendit d'en apporter davantage. Des ouvriers remplis d'intelligence, nommément Béséléel, de la tribu de Juda, y travaillaient avec ardeur et faisaient tout suivant le modèle que l'Éternel avait montré à Moïse sur la montagne.

Tout étant achevé, Moïse dressa le tabernacle, le premier jour du premier mois de la seconde année après la sortie de l'Égypte. C'était, comme déjà nous l'avons dit, un temple portatif en forme de tente, de trente coudées de long, dix de large et dix de haut. Il était divisé en deux. La première partie avait vingt coudées de longueur, et 's'appelait le saint ou le sanctuaire; la seconde avait dix coudées de long et autant de large : on n'y pouvait arriver que par la plus grande; elle s'appelait le saint des saints. L'une et l'autre étaient séparées par un voile très-riche, brodé en or et parsemé de chérubins. Dans le saint des saints était l'arche d'alliance. Dans le lieu saint et devant le voile, était le chandelier d'or à sept branches, qui s'allumaient du soir au matin; l'autel d'or, où l'on brûlait les parfums; la table d'or, sur laquelle on offrait chaque semaine douze pains, nommés pains de proposition. Le tabernacle tout entier, composé d'ais de bois de sétim revêtus d'or, assujettis par des barreaux et couverts de quatre sortes de tapis, était faite de manière qu'il pouvait se dresser et s'enlever facilement. A son entrée, du côté de l'orient, il n'y avait point d'ais, mais un voile suspendu à cinq colonnes dorées, dont les cha"piteaux étaient d'or et les bases d'airain. Autour de cette sainte demeure régnait une enceinte ou parvis de cent coudées de long sur cinquante de large, fermé par des rideaux que soutenaient des colonnes plaquées d'argent, avec des chapiteaux de même métal et des bases d'airain. Tout Israël pouvait entrer dans le parvis où s'offraient les sacrifices sur l'autel des holocaustes, placé à l'entrée du tabernacle. Les prêtres seuls entraient dans le lieu saint. Pour le saint des saints, il n'y avait que le grand prêtre à y pénétrer, une fois par an, le

1 Exod., 25, 8..

jour de l'expiation; seulement alors il passait derrière le voile mystérieux, suspendu à quatre colonnes de bois de sétim couvertes de lames d'or, avec des chapiteaux d'or et des bases d'argent. C'est ce voile devant le saint des saints qui se déchira du haut en bas lorsquenotre Sauveur expira sur la croix, lorsque le pontife éternel entra dans l'éternel saint des saints.

Faites le tout suivant le modèle qui vous a été montré sur la montagne. C'est un ordre souvent répété à Moïse. Ce que Moïse a fait en conséquence de cet ordre, le tabernacle, en particulier, n'est donc qu'une ombre, qu'un obscur indice de quelque chose de plus réel et de plus grand, d'un tabernacle plus divin. Mais quel est-il, ce tabernacle-modèle? Saint Paul nous dit qu'il n'est pas de main d'homme, mais l'ouvrage de Dieu, et que son saint des saints est le ciel même. Cette parole nous fait entendre que le tabernacle de Moïse était un symbole de tout ce qui est. Il y avait comme trois parties: le parvis ou l'enceinte extérieure, pour tout le monde ; le sanctuaire des prê-Į tres, le saint des saints ouvert au grand prêtre seul. Ainsi, dans le chrétien, tabernacle vivant, il y a les sens, qui s'arrêtent à l'extérieur ;

il

y a la raison, qui pénètre à travers ce premier voile et s'approche de Dieu; il y a la foi ou la grâce, qui passe au dedans du second voile, celui qui sépare la créature du Créateur, et elle unit à Dieu immédiatement. Dans l'univers, ce temple immense, il y a le monde des corps, où Dieu a imprimé son vestige; il y a le monde des intelli gences, où Dieu a gravé son image; il y a ce monde ineffable, le ciel, où Dieu se manifeste à ses élus tel qu'il est. Dans l'humanité entière, il y a une partie, les enfants du siècle, qui s'arrête au dehors; une autre, les enfants de la lumière, l'Église militante, pénètre au dedans: une troisième, les Saints, l'Église triomphante, est arrivée près de Dieu et jouit de sa claire vue. Tant que le pontife éternel, le Christ, passant par le tabernacle de son corps, ne fut pas entré avec son propre sang dans le céleste sanctuaire, la voie n'en était pas découverte, mais cachée encore. C'est ce que signifiait le pontife de la figure, n'entrant qu'une fois par an dans l'intérieur du tabernacle temporel.

La gloire du tabernacle figuratif était l'arche d'alliance. C'était une espèce de coffre de bois de sétim, dont la longueur avait deux coudées et demie, la largeur et la hauteur une coudée de moins. Revêtue au dehors et au dedans d'un or pur, elle renfermait les tables de la loi, un vase de la manne du désert, et la verge d'Aaron qui fleurit miraculeusement. Son couvercle, appelé propitiatoire, d'un or très-pur, avait à ses deux extrémités deux chérubins d'or qui l'ombrageaient de leurs ailes. C'est de là, du haut du propitiatoire, du milieu des deux chérubins, que l'Éternel rendait ses oracles, et

que, par Moïse, il faisait connaître ses volontés aux enfants d'Israël. Non, disait ce grand homme, il n'y a point de nation qui ait des dieux s'approchant d'elle comme notre Dieu s'approche de nous 1. C'était l'accomplissement de ce que le Seigneur avait annoncé : J'établirai ma résidence au milieu de vous, je serai au milieu de vous, j'y habiterai et je m'y promènerai 2, allant et venant, pour ainsi dire, et ne vous quittant jamais. Ainsi le fruit de notre alliance avec Dieu et de notre union avec lui, est qu'il soit et qu'il habite au milieu de nous, et même qu'il y habite d'une manière sensible. Ainsi habitait-il dans le paradis terrestre, allant et venant, et comme se promenant dans ce saint et délicieux jardin; ainsi a-t-il paru visiblement à nos pères, Abraham, Isaac et Jacob; ainsi a-t-il paru à Moïse dans le feu du buisson ardent. Mais depuis qu'il s'est fait un peuple particulier à qui il a donné une loi et prescrit un culte, sa présence s'est tournée en chose ordinaire dont il a établi la marque sensible et perpétuelle dans l'arche d'alliance.

Par sa figure, elle est le siége de Dieu : Dieu repose sur les chérubins et dans les natures intelligentes comme dans son trône. Aussi y a-t-il dans l'arche deux chérubins d'or qui couvrent de leurs ailes le propitiatoire, c'est-à-dire la plaque d'or fin qui est regardée comme le trône de Dieu. Il n'y paraissait dessus aucune figure, marque de l'invisible majesté de Dieu, pur esprit qui n'a ni forme ni figure, mais qui est une vérité purement intellectuelle où le sens n'a aucune prise. La présence de Dieu se rendait sensible par les oracles qui sortaient intelligiblement du milieu de l'arche entre les deux chérubins; l'arche, en cet état, était appelée l'escabeau des pieds du Seigneur 3. On lui rendait l'adoration qui était due à Dieu, conformément à cette parole: Adorez l'escabeau de ses pieds 4; parce que Dieu y habitait et y prenait sa séance. C'était sur l'arche qu'on le regardait quand on lui faisait cette prière : Écoutez-nous, vous qui gouvernez Israël, qui conduisez tout Joseph comme une brebis, qui êtes assis sur les chérubins 5. Quand le peuple se mettait en marche, on élevait l'arche en disant: Que le Seigneur s'élève, et que ses ennemis soient dissipés, et que ceux qui le haïssent prennent la fuite devant sa face 6. Quand on allait camper, on descendait l'arche et on la reposait, en disant: Descendez, Seigneur, à la multitude de votre peuple d'Israël 7. Dieu donc s'élève avec l'arche, et il descend avec elle; l'arche est appelée le Seigneur, parce qu'elle le représentait et en attirait la présence. C'est pourquoi on disait aux anges, en introdui

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2 Levit., 26, 11 et 12.

1. 31. Paral., 28, 2. Thren., 2, 5 Ibid., 79. 2. 6 Num., 10, 35. Ps. 27, 2. 7 Num., 10, 36.

sant l'arche en son lieu: O princes, élevez vos portes; élevez-vous, portes éternelles, et le Seigneur de gloire entrera 1; et encore: Entrez, Seigneur, dans votre repos, vous et l'arche de votre sanctification 2.

Et tout cela en figure du Seigneur Jésus, dont saint Paul a dit: Qui est celui qui est monté dans les cieux, sinon celui qui auparavant est descendu dans les plus basses parties de la terre 3? Le même Seigneur Jésus, en montant aux cieux, laisse parmi nous son corps et son sang, et toute son humanité sainte, dans laquelle sa divinité réside corporellement ; et ce que l'ancien peuple disait en énigme et comme en ombre, nous le disons véritablement en regardant avec la foi le Seigneur Jésus: Vraiment, il n'y a point de nation dont les dieux s'approchent d'elle, comme notre Dieu s'approche de nous.

C'est donc le caractère de la vraie Église et du vrai peuple de Dieu, d'avoir Dieu en soi. Aimons l'Église catholique, vraie Église de Jésus-Christ, et disons-lui avec le prophète : Il n'y a que vous où Dieu est; vous êtes la seule qui se glorifie de sa présence. Rendonsnous dignes de son approche et pratiquons ce que dit saint Jacques : Approchons-nous de Dieu, et Dieu s'approchera de nous; approchons-nous-en par amour, et il s'approchera de nous par la jouissance qui se commence en cette vie et se consomme dans l'autre. Amen, amen ".

Moïse dressa donc le temple saint, au premier jour du premier mois de la seconde année. Aussitôt la nuée couvrit le tabernacle du témoignage, et la gloire de l'Éternel remplit la demeure. Et Moïse ne pouvait entrer dans la tente du témoignage, parce que la nuée reposait dessus et que la gloire de l'Éternel remplissait la demeure entière 5. Cette nuée couvrait la tente pendant le jour, le soir elle devenait comme du feu jusqu'au matin. Il en fut ainsi constamment. Lorsque la nuée s'élevait, alors les enfants d'Israël se mettaient en marche; où elle s'abaissait, là ils dressaient leur camp. Iis marchaient à l'ordre de l'Éternel, et à l'ordre de l'Eternel ils campaient; tant que la nuée demeurait sur le tabernacle, ils s'arrêtaient dans le même lieu; s'il arrivait qu'elle y demeurât longtemps, les enfants d'Israël attendaient les ordres de l'Éternel, et ils ne partaient point. Quelquefois la nuée n'y demeurait que peu de jours; comme ils campaient au commandement de l'Éternel, ils partaient aussi à son commandement. Si la nuée était là depuis le soir jusqu'au matin, et que tout à coup, au point du jour, elle s'élevât, ils partaient. Quelle

1 Ps. 23, 7. 21. Paral., 6. 41. Ps. 131, 8. suet, 9. serm., 8. élévat. - 8 Exod., 40, 31-33.

3 Eph., 4, 9 et 10.

4 Bos

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