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Mais avec ce bien, le vrai mal, l'abus du bien, est nécessairement possible.

Alors, que pouvait Dieu pour nous détourner de cet abus, pour nous porter à user bien de cette liberté nécessaire? Il ne pouvait la violenter, c'eût été la détruire. Il ne pouvait que la solliciter par des motifs et des attraits. Or, quels sont les motifs les plus puissants? Ne sont-ce pas ceux-là mêmes qu'il a mis devant nous? La vie etla mort, le paradis et l'enfer, afin de nous attirer à la vertu par le bonheur éternel et nous détourner du vice par l'éternel malheur?

Finalement, voici la base fondamentale de la vraie société, de la société de Dieu avec les hommes, et des hommes avec Dieu.

L'univers a été créé pour deux fins : une première et principale, la gloire de Dieu, par la manifestation de ses perfections infinies; une seconde et secondaire, l'éternelle félicité des créatures libres. Cette dernière dépend de la libre volonté de ces créatures mêmes. Mais, qu'elles le veuillent ou ne le veuillent pas, elles contribueront toutes à la première; elles contribueront toutes à manifester éternellement les adorables perfections de Dieu, sa magnificence à récompenser la vertu fidèle, sa miséricorde à pardonner au repentir, sa justice à punir le crime impénitent, sa sagesse et sa puissance qui font servir à ses desseins les obstacles mêmes. Tout, du côté de Dieu, sera bien, même le mal ou le péché de la créature libre : car ce péché sera ou expié par la créature ou puni par le Créateur; et un péché expié ou puni n'est plus un désordre, mais le rétablissement éternel de l'ordre, le bien. Lors donc que dans l'éternité nous pourrons contempler avec Dieu l'ensemble de ses œuvres, éternellement nous répéterons : « Et voilà que tout était très-bien et très-bon, et voilà que tout est très-bon et très-bien. »>

Chose qu'on ne remarque point assez la bonté infinie de Dieu et le libre arbitre de l'homme ne sont enseignés que dans l'Église catholique et que par elle. Le mahométisme,

le lutheranisme, le calvinisme, le jansénisme, nous donnent de Dieu et de l'homme une idée toute contraire.

Selon le faux prophète de la Mecque, tout arrive par une nécessité inévitable, il n'y a point de libre arbitre dans l'homme, Dieu opère en nous les mauvaises actions, non moins que les bonnes; en sorte qu'il punit dans les méchants les crimes qu'il a opérés lui-même en eux. A ceux qui se récriaient contre ce blasphème, Mahomet disait pour toute réponse : C'est un mystère! Oui, le mystère de Satan, l'auteur de tout mal, qui veut faire retomber tous les crimes sur Dieu lui-même, l'auteur de tout bien.

Or, le même mystère d'impiété se révèle dans le luthéranisme. Selon le faux prophète de Wittemberg, comme selon le faux prophète de la Mecque, tout arrive à l'homme par une nécessité inévitable, il n'y a pas de libre arbitre en nous, Dieu opère en nous le mal comme le bien; et il nous punira, non-seulement du mal que nous n'aurons pas pu éviter, mais encore du bien que nous aurons fait de notre mieux1 en quoi Luther l'emporte de beaucoup sur Mahomet, qui n'a jamais dit que Dieu nous punirait du bien. même, et que les bonnes œuvres fussent autant de péchés.

Calvin, dans son livre de l'Institution chrétienne, enseigne les mêmes dogmes impies que Luther et Mahomet; il dit, par exemple: «< que les réprouvés sont inexcusables, quoiqu'ils ne puissent éviter la nécessité de pécher, et que cette nécessité leur vient de Dieu; que Dieu leur parle, mais que c'est pour les rendre plus sourds, qu'il leur envoie des remèdes, mais afin qu'ils ne soient point guéris, etc. »

Ainsi, le Dieu de Luther, de Calvin, de Mahomet, est l'auteur et l'approbateur de tous les crimes; c'est lui qui opère en nous le mal, sans que nous puissions l'éviter, et puis qui nous en punit dans le temps et dans l'éternité : en un mot, le Dieu de Luther et de Calvin, comme celui de Mahomet,

1 Voir Luther, du Serf arbitre.

.2 Calv., Instit., 1. III, c. xxin et xxiv.

est un Dieu que les athées auraient raison de nier; de sorte que la religion de ces grands réformateurs est pire que l'a

théisme 1.

Le jansénisme n'est qu'un calvinisme déguisé. Comme Calvin, Jansénius enseigne que l'homme déchu n'a plus de libre arbitre, qu'il fait le mal nécessairement, et que cependant Dieu le punit justement. En sorte que, pour le fond, Jansénius, Calvin, Luther, Mahomet, ne font qu'un : inspirés du même esprit, ils se donnent tous la main pour nier le libre arbitre de l'homme, et faire Dieu auteur du péché; ou plutôt pour nier le Dieu véritable, le Dieu essentiellement libre, qui a créé l'homme à son image, et pour nous faire adorer à sa place, comme notre modèle, le premier des faux dieux, Satan, l'ange déchu, qui n'a plus de libre arbitre que pour le mal.

En résumé, c'est ici ce puits de l'abîme, toujours béant, d'où sont sorties, d'où sortent incessamment l'impiété et la corruption modernes, pour entraîner les hommes à méconnaître Dieu et à se plonger sans remords dans tous les crimes. Car, comment croire, comment aimer, comment ne pas haïr, au contraire, un être qui nous punit du mal que nous n'avons pas pu éviter, du mal qu'il fait lui-même en nous ? Si nous n'avons pas de franc arbitre, si nous faisons le mal nécessairement, si c'est Dieu même qui l'opère en nous sans que nous soyons libres de ne pas y consentir, livronsnous au mal sans regrets : les actions les plus damnables sont des actions divines. Tel est le fond de la réforme de Mahomet, de Luther et de Calvin, quant à Dieu et à l'homme, quant à la foi et à la morale: fond satanique qui s'est transvasé plus ou moins dans la philosophie ou les philosophies modernes.

C'est sur ce plan et à cette œuvre de l'enfer que travaillent les gnostiques anciens et modernes, contre lesquels

1 Bossuet, Variat., l. II, n. 153.

saint Pierre nous prémunit dans sa seconde épître. Leur nom signifie éclairés, illuminés. Tout consiste, suivant eux, dans la science: la foi et la vertu ne sont que pour le vulgaire. Se regardant comme plus savants que les autres, ils renient Jésus-Christ comme Seigneur et dominateur suprême; le bonheur de leur vie, c'est la volupté ; leurs yeux sont pleins d'adultère et insatiables de crimes; ils attirent à eux les âmes légères et inconstantes; leur cœur s'est exercé dans l'avarice. Tenant des discours pleins d'orgueil et de vanité, ils amorcent, par les désirs de la chair et les voluptés sensuelles, ceux qui ne s'éloignent que médiocrement des gens qui vivent dans l'erreur. Ils leur promettent la liberté, étant eux-mêmes esclaves de la corruption 1. Ce portrait convient, trait pour trait, à tant de séducteurs modernes, qui trompent les pauvres peuples, les poussent à la destruction de la propriété et de la famille, sous les noms de communisme, socialisme, phalanstère, etc., comme si le bonheur suprême de l'homme consistait dans le vol et le libertinage.

Il est impossible de témoigner aux hommes un plus profond mépris, que de leur proposer, et cela publiquement, comme le point culminant de la perfection et de la félicité humaines, de s'organiser tous en bandes de voleurs ou de libertins; car c'est les supposer au-dessous de la brute, et pour l'esprit et pour le cœur. Voilà cependant ce que font les faux prophètes du communisme, du socialisme, du phalanstère, surtout ces derniers. Le phalanstère n'est qu'une contrefaçon du paradis de Mahomet. Honte au siècle et au pays, où ces prédications infâmes ont pu trouver de l'écho jusque parmi les élèves et les maîtres de l'instruction publique !

Le communisme, ou socialisme français, n'est qu'une contrefaçon du communisme allemand des anciens anabap

1 2 Petr., 2.

tistes de Thuringe et de Westphalie. Muncer, disciple de Luther, fut leur premier chef. Le peuple de Mulhausen le regardant, sur sa parole, comme un prophète, le nomma juge, chassa les magistrats et mit les biens en commun. Muncer alluma la sédition dans la plus grande partie de l'Allemagne. Dieu, disait-il, lui avait ordonné d'exterminer tous les tyrans, et de faire gouverner les peuples par des gens de bien, c'est-à-dire par des anabaptistes. Une guerre effroyable éclata. Les prisonniers, quand il en restait, étaient pendus le long des routes, ou périssaient dans d'affreux supplices; plusieurs villes furent saccagées et livrées au feu. Menzel, historien protestant, évalue à cent mille le nombre des victimes de cette insurrection. Muncer, pris et mis à la question, déclara que le but de son entreprise était d'établir l'égalité parmi les chrétiens, et d'expulser ou de tuer les princes et les seigneurs qui refuseraient d'accéder à la confédération. Il prêchait surtout la communauté des biens et le partage de tout entre tous, suivant les occasions et les besoins; car, disait-il, si les luthériens ne voulaient autre chose que vexer les prêtres et les moines, ils auraient mieux fait de rester tranquilles. Cela se passait en 1525. Les anabaptistes révolutionnaires ne périrent pas de ce coup; s'étant réunis de tous les coins de l'Allemagne à Munster en West

phalie, ils Ꭹ fondèrent un royaume, sorte de phalanstère. Parmi leurs soi-disant prophètes, il y avait, Rothman, prêtre apostat, Jean Bockels, tailleur, puis aubergiste de Leyde, et Jean Mathison, boulanger de Harlem. Ils chassèrent de la ville quiconque ne pensait pas comme eux, confisquèrent les biens des émigrés, commandèrent d'apporter à l'hôtel de ville tout l'or et l'argent monnayés ou non, avec tous les bijoux des femmes. Le prophète Bockels destitua le bourgmestre électif Knipperdolling, et le réduisit à la fonction de bourreau. Au commencement de juillet 1534, il annonça que les saints de Munster, lui et les siens, devaient prendre plusieurs femmes, à l'imitation des patriarches et des rois

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