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la grâce. Ce poëme est, à proprement parler, l'abrégé de tous les écrits de saint Augustin sur la grâce. Il est divisé en quatre parties, qui sont précédées d'une petite préface. Il contient mille vers tous hexamètres, outre l'exorde, qui est comme une seconde préface. Les ouvrages de saint Prosper ont été imprimés à Paris, 1711 in-fol., par les soins de M. Maujeant, prêtre, et dans le Patrologia Cursus completus (tom. LI) publié par M. l'abbé Migne. Les critiques conviennent que les trois livres de la vie contemplative, qu'on a attribués à saint Prosper, sont de Julien Pomère. Ils soutiennent aussi que les deux livres de la Vocation des gentils, que quelques-uns lui ont attribués, sont de Prosper, Africain, qui, fuyant la persécution des Vandales, vint en Italie.

PRUDENCE.

Aurelius Clemens Prudentius, poëte chrétien, florissait dans le iv siècle, sous l'empire de Théodose. Après avoir été successivement avocat, juge, homme de guerre et courtisan, il se lassa du monde, qu'il avait trop connu, et consacra tous ses loisirs aux belles-lettres. Quelques historiens en font, à tort, un personnage consulaire; mais il est certain qu'il avait exercé des emplois considérables. Il mit en vers l'abrégé de l'Ancien et du Nouveau Testament, à la suite d'un grand poëme de la Création, qui n'est point parvenu jusqu'à nous. Cette œuvre capitale de Prudence a été répétée et renouvelée sur un nouveau plan, à l'époque de la Renaissance, par le sieur GuilJaume de Salluste, seigneur du Bartas, qui a intitulé son poëme de la Création: La première Semaine, et son abrégé de l'Ancien Testament: La seconde Semaine, ouvrages qui eurent le plus grand succès dans leur temps. Prudence a aussi composé un poëme du Combat de l'esprit. Ce pouvait être le sujet d'une grande et magnifique épopée, trop belle peut-être et d'un sentiment trop élevé pour être facilement comprise du plus grand nombre. Les triomphes des martyrs étaient alors tout récents, et la Thébaïde commençait à se peupler de solitaires; mais on chante toujours imparfaitement un combat qui dure encore, et Prudence n'a pu saisir qu'imparfaitement le vaste ensemble de son sujet. Ses hymnes pour tous les jours sont quelquefois plus heureuses, et toute l'Eglise admire encore sa belle hymne des saints Innocents: Salvete, flores martyrum.(Voy. HYMNES.) Les Couronnes des martyrs contiennent la légende de plusieurs saints, entre lesquelles 'histoire du martyre de saint Laurent nous a paru particulièrement remarquable. Nous avons regretté seulement d'y trouver parfois le ton déclamatoire des poëtes de la décadence, et nous préférons de beaucoup, à ce style ampoulé de la latinité corrompue, la naïveté gothique des légendaires du moyen age. Le traité de la Divinité contre les hérétiques, et celui de l'Origine des péchés se ressentent de ce goût des disputes théologiques qui signala les progres rapides de la décadence sous le règne des successeurs de Théodose Quoi qu'il en soit, Prudence n'était DICTIONN. DE Littérature ChrÉT.

pas un homme sans talents, et malgré le mauvais goût de l'époque où il écrivait, il a trouvé plus d'une fois des inspirations qui révèlent chez lui un goût en quelque sorte instinctif des véritables beautés littéraires.

Son œuvre poétique avait un plan qui dénote du génie chez son auteur. C'était une conception encyclopédique, à laquelle devaient se rattacher non-seulement toutes les notions religieuses, mais encore toutes les connaissances humaines de son temps. Dieu et ses œuvres, la sainte Bible et les annales du christianisme naissant, la théologie et la philosophie étudiées dans les faits, soit divins, soit humains, les plus remarquables, tel était le plan de Prudence. Mais pour remplir ce cadre il lui restait trop à faire. Le christianisme n'avait pas encore sa littérature formée, et la poésie surtout, trop pleine encore des souvenirs impuissants du paganisme, manquait à cette époque de caractère et de chaleur.

En lisant le poëme de la Création du monde, de du Bartas, qui est comme une épopée des sciences naturelles au XVIe siècle, on peut juger de ce que pouvait être celui de Prudence, qui écrivait douze siècles auparavant. Il est vrai que, dans l'histoire de la science, ces douze siècles peuvent à peine compter pour douze jours; mais ce que le monde avait manqué ou négligé d'acquérir en savoir, il y avait suppléé par beaucoup de cette véritable poésie qui vient de la foi et des espérances éternelles; puis était venu le siècle de la prétendue réforme les idées païennes avaient eu leur renaissance, et le crépuscule du soir avait reproduit les douteuses lueurs de celui du matin.

Nous avons diverses éditions des ouvrages de Prudence, entre autres celle de 1667, à Amsterdam, avec des notes de Nicolas Heinsius, celle de 1687, à Paris, à l'usage du Dauphin, par les soins du P. Chamillard, jésuite, et celle publiée par M. l'abbé Migne dans le tome LIX du Patrologia Cursus completus, qui peuvent passer pour les plus belles. La dernière surtout est précédée de magnifiques prolégomènes sur la vie et les ouvrages de Prudence.

PRUDENCE (LE JEUNE), Prudence le Jeune, autrement appelé Galindon, était un savant espagnol du ix siècle, qui, s'étant retiré en France pour se soustraire à la tyrannie des Maures, fut élevé sur le siége de Troyes à cause de sa science et de son mérite. On le consultait de toutes parts au commencement de son épiscopat, et il passait pour une des lumières de l'Eglise gallicane. il contribua puissamment à conserver et à transmettre en France le goût de l'Ecriture sainte et des Pères, dont il faisait sa lecture et sa méditation habituelles. Il s'opposa avec énergie aux subtilités de Jean Scot, et contribua à conserver intactes, au milieu des orages de la scolastique, les dogmes imposants et les formes anciennes de la théologie positive. Il avait recueilli les maximes des principaux Pères sur la grâce, et, joignant les qualités d'un historien conscien

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cieux à celles d'un docteur éclairé, il composa une Chronique des cinq premiers sièles de la monarchie française, qui a été retrouvée dans l'abbaye de Saint-Bertin, et qui, à cause de cela, est connue, dans la littérature historique, sous le titre d'Annales de Saint-Bertin. Une lettre d'Hincmar nous apprend que saint Prudence de Troyes était l'auteur de cet ouvrage.

Saint Prudence n'avait pas moins de zèle pour la discipline que pour la doctrine. Il cût voulu voir autant de chrétiens parfaits qu'il voyait d'hommes; et tous les abus qu'il pouvait réformer étaient pour lui une occasion d'exercer son zèle. Il en donna des preuves toutes particulières dans la commission que Charles le Chauve lui donna de réformer, avec saint Loup, abbé de Ferrières, tous les monastères de France. Cette réforme, en rappelant les moines à des habiLudes de travail et d'étude, contribua beaucoup à la conservation des lumières intellectuelles qui dans ces époques n'eurent, comme on sait, que les monastères pour refages. Le nom de saint Prudence doit donc être cher aux amis de la civilisation et de la littérature chrétienne, non moins qu'aux défenseurs des saines doctrines de l'orthodoxie catholique.

Cet homme vénérable mourut le 6 avril 861. Ses œuvres théologiques, imprimées à Paris en 1650, dans le recueil des auteurs du x siècle qui ont écrit sur les questions controversées de la prédestination et de la grâce, seront prochainement reproduites (1851) dans le Patrologia Cursus completus de M. l'abbé Migne.

PSAUMES. « Les psaumes, dit saint Ambroise, sont le langage de tous les fidèles; c'est la voix de l'Eglise, c'est la profession de foi la plus distincte, c'est le cri de joie et d'allégresse des enfants de Dieu. Ils chassent la colère, ils nous délivrent de nos inquiétudes, ils dissipent nos chagrins, ils nous défendent, la nuit, contre l'ennemi de notre salut; ils nous enseignent pendant le jour la loi du Seigneur; ils sont pour nous un bouclier impénétrable quand nous sommes dans la crainte, et un cantique de joie quand nous sommes dans la paix. Dès le commencement du jour on chante des psaumes, on en chante de même quand le jour finit. L'Apôtre ordonne aux femmes de se taire dans l'église, mais elles peuvent rompre le silence pour chanter un psaume. Les psaumes conviennent à tout âge, à tout sexe. Les vieillards quittent, pour les chanter, cet air grave et sérieux qui accompagne la vieilJesse; ceux qui sont dans l'âge le plus tendre les chantent sans appréhender que leur chant les porte à la mollesse; on les chante dans un age plus avancé sans ressentir les atteintes de la volupté. Les jeunes filles ne courent aucun risque pour leur pudeur, quand, d'une voix tendre et délicate, elles chantent ces saints cantiques; et, quoique les enfants aient ordinairement de la répugnance à apprendre, ils apprennent néanmoins un esaume avec plaisir. L'incarnation

de Jésus-Christ, sa naissance, sa passion, sa résurrection, son ascension sont prédites dans les psaumes. On y apprend à éviter le péché, à ne pas rougir de la pénitence. L'exemple d'un si grand roi et d'un si grand prophète me retient et m'empêche de tomber; si j'ai eu le malheur de pécher, il m'anime à le confesser et à me relever de mes chutes.» Nous ne pouvions mieux commencer notre étude littéraire sur les psaumes que par ce beau passage du plus docte et du plus éloquent des Pères de l'Eglise latine. Les psaumes, en effet, sont la grande poésie lyrique de l'Eglise, et rien de plus beau n'a jamais paru dans le monde. On trouve dans le livre des psaumes des modèles pour tous les genres lyriques, des hymnes d'abord, puis de grandes odes d'enthousiasme, des odes historiques, des odes morales et dogmatiques, des élégies nationales, des épithalames, des chants de triomphe et de deuil, des actions de grâces et des prières. Le livre des psaumes est donc le véritable manuel des litté– rateurs, et surtout des poëtes chrétiens : c'est là qu'ils doivent chercher toujours des inspirations et des modèles.

Les psaumes sont un dialogue sublime entre Dieu et l'humanité. C'est la grande physiologie de l'âme, et rien n'en prouve d'une manière plus évidente l'immortalité et les destinées divines. C'est une théologie mystique et une philosophie poétique auxquelles rien ne ressemble dans aucune littérature. On appelle le Sauveur du monde fils de David, et il l'était selon la nature; mais on peut dire en vérité que David a été le père du Messie selon la grâce; car toutes les tendres inspirations de l'Evangile se font pressentir dans les hymnes du roi-prophète. Quel amour des petits et des faibles dans ce prince si longtemps fugitif et persécuté ! Quelle mélancolie pénitente et quel sentiment exquis de la divine miséricorde dans le cœur de cet homme si passionné, si coupable, mais si soumis à la main qui le châtie! On a pu dire de David aussi, comme de la Madeleine: Beaucoup de péchés lui sont remis parce qu'il a beaucoup aimé; et aussi, parce qu'il lui a été pardonné beaucoup, il aime encore davantage! Si David n'avait jamais péché, sa gloire serait trop grande, mais sa vie serait moins instructive et moins touchante. Quelle légende évangélique, en effet, que l'histoire du roi David! Jusqu'au péché exclusivement on la prendrait pour une parabole qui représente le Sauveur du monde. Cet enfant délicat qui frappe le géant blasphémateur et le tue avec ses propres armes, ce libérateur salué par les enfants et par les femmes, symbole des âmes simples et tendres, rend jaloux le roi du vieux monde, l'Hérode de ce temps-là, le réprouvé Saül, que David régénère et soulage pourtant dans ses fureurs par l'harmonie de sa harpe et de ses cantiques. Si Saül eût voulu a lopter David comme il le lui avait promis, David eût protégé les dernières années du vieux roi, et le salut d'Israël se fût accompli sans secousses et sans effort. Mais l'or

gueil humain ne transige pas avec la grâce divine. Saül veut tuer David, et le royaume légitime s'en va errer dans le désert. Quelles analogies avec l'histoire du Sauveur d'abord, fuyant en Egypte, puis du christianisme persécuté à son tour au berceau et fuyant dans les solitudes! David est poursuivi comme un chef de bandits, et il épargue deux fois la vie de son persécuteur. Jésus-Christ se cache, on le surprend par trahison, on le condamne à mourir entre deux voleurs, et sur la croix il s'écrie: Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. David, dans son exil, se nourrit des pains sacrés du temple; Jésus mange avec ses disciples des épis le jour du sabbat, et proclame au nom de David que la loi est faite pour l'homme plutôt que l'homme pour la loi, tant sa divinité se fait humaine pour rendre l'humanité divine! David est toute une synthèse religieuse, et il allie dans son caractère les traditions du judaïsme à des pressentiments chrétiens. Il s'irrite comme Jéhova, mais il pardonne comme Jésus. Absalom! mon fils Absalom! puissé-je mourir pour te rendre la vie! A ce cri, dont le vieux judaïsme se scandalise, on reconnaît l'inspiration plus que paternelle du Rédempteur. Une mère aurait-elle plus de miséricorde et de tendresse? David a recouvré son trône, mais il a perdu son fils, son fils le rebelle et le parricide, son fils le violateur sacrilége du lit nuptial de son père, son fils l'incestueux vengeur d'un inceste, son fils le meurtrier de ses frères ! Mais plus Absalom est coupable, plus amèrement David le pleure car plus il était méchant, plus il avait besoin de miséricorde et d'amour! Absalom, mon fils, 6 mon fils Absalom!

Le génie évangélique de David éclate tout entier dans les psaumes: aussi l'Eglise place-t-elle dans la bouche de Jésus-Christ les plus belles paroles du psalmiste; le génie du christianisme respire dans ces hymnes sublimes, dans ces prières si tendres, dans

ces entretiens si intimes de l'âme avec Dieu.

De plus, on y retrouve toute l'histoire de la religion, et la Bible tout entière s'y résume depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse. Commençons par le psaume ci, qui est l'hymne de la création; ajoutons-le aux deux premiers chapitres de la Genèse, et nous verrons s'il n'en est pas le complément nécessaire. Ce psaume commence par un cri d'ad

miration et d'enthousiasme : « Mon âme, bénis le Seigneur. Seigneur mon Dieu, vous avez révélé votre grandeur avec une infinie puissance! vous vous êtes revêtu de gloire et de beauté, vous vous couvrez de la lumière comme d'un vêtement.

prête sa rapidité aux pas immenses de celui qui mesure l'étendue. Il passe, et les tempêtes l'écoutent; les tonnerres sont ses messagers. Qui facis angelos tuos spiritus, et ministros tuos ignem urentem.

La création commence : la terre s'est assise sur son immobilité, et le torrent des siècles ne l'ébranlera même pas. La mer profonde l'enveloppe comme un manteau, les flots couvrent la cime des montagnes : Dieu parle, et la mer s'enfuit, les vagues ont peur du tonnerre de sa voix, les montagnes surgissent et les vallées s'abaissent à leur place prédestinée.

David colore vigoureusement la grande esquisse de Moïse, et décrit en poëte ce que le patriarche du Sinaï amonçait en révélateur. La mer mugit engaînée dans ses limites, les sources s'inftrent à travers les rochers, et vont source dans les vallons pleins de fraîcheur et d verdure; mille for mes d'animaux gracieues et étranges, ut un peuple bigarré d'iseaux animest la terre et le ciel, et renvient de rogers en rochers la voix répée de leurs ris et de leurs chansons; l'homie enfin aparaît dans cette solitude, et y viet conm/un maître. La terre obéit à son tavail tui donne le pain de la force, le vii de joie et l'huile de la réjouissance. LeLib fait chanter ses grands cèdres, dont les biches sont des cités pour les passereaure cerf bondit à travers les sinuosités de montagne, le héus de la pierre, risson se cache dans les Son maître. Dieu l'univers entier reconn assigne à la lune ses Joù il doit se couet ses heures, et montre au soleil la Es ténèbres dans le cher à l'horizon. Il Ples brigands des fo ciel, et la nuit est fibre, les lions avec rêts passent dansant leur prière et deleurs lionceaux Le jour qui renait les mandent leur pâtre, l'homme reparait chasse dans leuruêtes par le travail deet continue ses au soir. « Oh! que vos puis le matin ies, Seigneur! s'écrie le euvres sont le tableau qu'il vient de prophète exa tout fait avec sagesse, et peindre. Vome un domaine que vous la terre estotre pouvoir! Que la mer remplissezu'elle déploie ses bras imest grandepcuplé d'innombrables poismenses, é par les vaisseaux ! Là se sons et agite toute une création nou

multipl'empire du dragon qui joue

velle des vagues. Tous les êtres atavec l'vous leur nourriture et la reçoitendare de leur besoin; vous ouvrez ventt ils sont comblés de bienfaits. la rétournez vos regards, tout se conSi vie manquera tout à coup, et les fovants retomberont dans leur pouslais laissez échapper un souffle, et Jute une création nouvelle, la face de e est changée !

« Vous étendez le ciel comme une tente, vous .ui donnez pour toit les eaux supérieures; vous abaissez la nuée pour monter sur elle, vous marchez sur les ailes des vents.»> Voilà le Créateur qui se met en marche et que la gloire du Seigneur soit éternelle, qui va commencer son œuvre : il a jeté l'il triomphe dans ses œuvres! Il relumière comme un voile blanc sur ses épaule la terre, et elle tremble; il touche les les; il monte et descend sur une échelle ntagnes et elles fument! nuages, et le souffle qui plane sur les er

«Ma vie entière sera un cantique au Scigneur; tout mon être sera un hymne à sa louange. Puisse ma parole lui plaire! car il est toutes mes délices... Que les pécheurs disparaissent de la terre et qu'ils ne soient plus !.. Mon âme, bénis le Seigneur ! »

L'enthousiasme est ici à son comble: ce ne sont plus des phrases poétiques, ce sont des cris d'adoration, d'admiration et de prière. Quelle poésie a jamais approché de celle-là? Les puissances du ciel ont-elles pu, le jour où la création fut achevée, trouver un cantique plus sublime? Ne voit-on pas le temps éclore au sein de l'éternité, dont le cercle commence et se ferme, dans la pensée du prophète, pir une bénédiction répétée par un Amen oujours nouveau et toujours le même, parin Alpha et un Oméga de louange et d'amour! N'avons-nous pas traversé les fraîches vllées d'Eden? N'avonslous pas assisté à l première aurore et enteblu les innombrales concerts des solitudesmonde? Vnez donc maintenant nous parler de Pilare et des coursiers d'Hiéron, de Jupiter t de son aigle qui s'endorment a son dela lyre! Taisez-vous: écoutez les eiseaux qui chantent, les cèdres qui murmurent comme les grandes eaux, la voix du premier homne qui prie. Mais quoi! déjà les chants joeux ont cessé... Pourquoi ces larmes, et quelest donc celui qui pleure?

« Ayez pitié de toi, mon Dieu! selon votre immense miséicorde, et selon la grandeur de votre clémene effacez mon iniquité.

« Du profond de l'abîme j'ai crié vers vous, Seigneur; Seigeur, entendez ma voix.

<< Seigneur, ne me châtiez pas dans votre fureur, et ne me punissez pas dans votre colère.

« Je suis devenu malheureux, et je m'incline vers la mort... Mon cœur est troublé, ma force m'a abandonné, la lumière a délaissé mes yeux. Je suis comme une victime préparée aux coups de votre coière, et la douleur assiste à chaque instant de mes jours. »

Est-ce David ou l'humanité tout entière qui se lamente? Est-ce le péché du roi d'Israël ou le péché d'Adam qui coûte tant de pleurs et de soupirs?

La race d'Adam est exilée, et la postérité de Ca ̈n opprime les enfants d'Abel. « Pourquoi te glorifier dans ta malice, toi qui es puissant en iniquité? Enfants de Nemrod, race des géants, vous vous partagez laterre... Insensés! Dieu dans le ciel vient de couronner roi éternel celui qui doit sauver le monde !

« Le Seigneur a dit à mon Maître : Assiedstoi à ma droite et attends; car je donnerai pour escabeau à tes pieds les superbes qui te font la guerre.

«Je t'ai enfanté avant l'aurore du premier jour : tu es l'aîné de Lucifer, et il n'usurpera pas ton empire.

« Pourquoi les nations ont-elles frémi, et les peuples ont-ils médité de vains complots? Dieu regarde du haut du ciel; il voit tous les enfants des hommes; le monarque ne se

sauvera point par sa puissance, ni le géant par la grandeur de sa force... Vos chevaux ne serviront pas pour la fuite. Dieu tient les eaux de la mer renfermées comme dans une outre, et cache l'abîme dans les trésors de sa colère. Le déluge gronde déjà dans les profondeurs du ciel et de la terre. >>

Enfin il éclate, et le psaume xvu nous en retrace l'effrayant tableau (v. 8–17).

La terre s'est agitée et tremble': les fondements des montagnes ont tressailli et se remuent; les vapeurs montent comme ds colonnes de fumée devant le visage de Dieu, qui étincelle de foudres et d'éclairs; la détonation des volcans annonce le cataclysme universel; une pluie de feu se mêle aux pierres calcinées et à la grêle. Le vengeur abaisse le ciel et descend, il presse sous ses pieds une nuit pleine de tempêtes, il s'environne des masses d'eau qui flottent dans l'air, et s'en fait une retraite d'où il lance les flèches de son tonnerre. La terre montre à nu ses abîmes et les sources de ses fleuves d'où l'eau se précipite comme le sang d'une artère blessée. La colère de Dieu agite en tout sens cette mer, et cependant il se penche encore pour chercher le dernier des justes; il lui tend la main et le porte suspendu sur l'effrayant abîme des eaux !

Mais le déluge est passé ; les princes de la terre se rassemblent: Astiterunt reges terræ, et principes convenerunt in unum adversus Dominum et adversus Christum ejus. La tour de Babel s'élève... Dieu sourit et se moque d'eux : Qui habitat in cœlis irridebit eos, et Dominus subsannabit eos.

« C'est moi, dit le Verbe éternel, que Dieu a fait roi sur la montagne sainte pour annoncer aux peuples sa volonté.

« Le Seigneur m'a dit: Tu es mon Fils, je t'ai engendré aujourd'hui au grand jour de l'éternité. Demande-moi la terre, et je t'en donnerai toutes les nations pour héritage.» (Psal. 11.)

A cette voix les Titans se dispersent, et la confusion de leurs langages n'arrive même pas jusqu'à nos oreilles; mais voici Abraham qui prie et fait entendre sur cette terre maudite une parole aimée du Seigneur.

(Psal. XXII.) « C'est le Seigneur qui me conduit, et rien ne pourra me manquer.

« Il m'a établi au milieu des pâturages, il m'a conduit aux sources qui désaltèrent, il a tourné mon âme vers lui seul...

« Quand je marcherais au milieu de l'ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, ô mon Dieu! parce que vous êtes avec moi! >>

Bientôt David fait entendre les plaintes de Joseph trahi par ses frères, et d'Israël dans la servitude; ce n'est plus un homme, c'est un ver de terre qu'on foule aux pieds, l'opprobre des hommes et l'abjection de la populace. « Que Dieu se lève donc, et que ses ennemis soient dissipés; que ceux qui le haïssent disparaissent devant sa face ( Psal. LXVII.) »

« Qu'ils s'évanouissent comme la fumée, qu'ils fondent comme la cire devant un bra

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« Voilà Israël qui échappe à ses maîtres barbares, voilà la famille de Jacob qui sort de la terre de servitude; la mer le voit et s'enfuit, le Jourdain retourne en arrière, les montagnes ont tressailli et lui font passage en bondissant.... Ce n'est pas à nous, Seigneur, ce n'est pas à nous qu'il faut donner la gloire... afin que les nations ne puissent jamais dire: Où donc est leur Dieu ? - Notre Dieu! il est dans le ciel et tout ce qu'il veut il le fait. »>

Les psaumes civ, cv et cvi, rappellent et retracent à grands traits les miracles du désert; enfin la terre de Chanaan est conquise, Dieu s'assied en maître au milieu du conseil des dieux, et il juge les maîtres du monde.

« Israël est sorti vainqueur des piéges des nations: Anima nostra sicut passer erepta est de laqueo venantium (Psal. cxxш, 7.)

« La montagne de Sion est reine au milieu des montagnes, et le juste sera inébranlable comme elle (Psal. cxxiv).

«Heureux ceux qui craignent le Seigneur et qui marchent dans ses voies (Psal.cxxvII). Vous mangerez le fruit de votre travail, ét vous serez heureux. Votre épouse sera comme une vigne féconde aux côtés de votre demeure. Vos fils seront comme de jeunes plants d'olivier et fleuriront autour de votre table.

«Oh! qu'il est bon et délicieux aux frères d'habiter ensemble ! (Psal. cxxxII.)

«La paix descend des grands aux petits, comme l'huile sainte, versée sur la tête d'Aaron, baigne sa barbe majestueuse et se ré pand jusqu'aux franges de son vêtement. Ainsi la rosée d'Hermon descend sur la montagne de Sion. »

Les psaumes sont remplis des contrastes entre la vie des bons et celle des méchants.. David exalte le génie d'Israël, et rabaisse la gloire des nations étrangères : c'est un patriotisme ardent, mais plus élevé dans ses motifs que le patriotisme vulgaire. La cité sainte, aux yeux du roi-prophète, n'est pas seulement Jérusalem, c'est l'Eglise, dont il entrevoit d'avance la sainteté et les splendeurs. Ses soupirs et ses prières traduisent et expriment admirablement la soif ardente de l'humanité pour les sources du salut. a Comme le cerf désire les fontaines, ainsi mon âme vous désire, ô mon Dieu! Mon âme a eu soif du Dieu fort, du Dieu vivant:

oh! quand viendrai-je et paraîtrai-je devant la face du Seigneur?

« Mon âme est devant vous comme une terre sans eau; ma pensée est pleine de trouble, mais vous, Seigneur, jusques à quand ?... >>

être son fils, et il chante ses fiançailles avec Il voit dans l'avenir ce Sauveur qui doit la céleste épouse; il le voit beau entre tous les enfants des hommes (Psal. XLIV), conduisant la race humaine hors des ténèbres et de l'ombre de la mort, rassasiant ceux qui cvI); il change les sacrifices de sang en saont faim, désaltérant ceux qui ont soif (Psal. crifices de louanges; il visite dans sa miséricorde ceux qui étaient dans la mendicité et dans les fers. Sa parole guérit toutes les maladies (Ibid., v. 20); il rassemble toutes les familles dans le même bercail (v. 41); il apaise la mer irritée; le souffle de la tempête était accouru, les flots montaient, enlevant la barque jusqu'au ciel, puis se creusaient en la replongeant dans les abimes. Ils chancelaient dans leur trouble comme des hommes ivres, la crainte avait dévoré leur raison. Ils crient vers le Seigneur... la tourmente expire dans un souffle léger, et les vagues ont fait silence. Et statuit procellam ejus in auram: et siluerunt fluctus ejus (Ibid. v. 29.)

Il aime les enfants: car David les invite à le bénir: Laudate, pueri, Dominum. Il relève de terre le pauvre, et vient trouver sur leur fumier les hommes que Dieu éprouve comme Job; il les prend par la main et les fait asseoir parmi les princes de son peuple (Psal. cxu, v. 8); il proclame heureux celui qui donne et qui prête, celui qui met son espérance dans le Seigneur, et distribue ses biens aux pauvres (Psal. cx1, v. 5 et 9).

David, après avoir peint de si frappantes couleurs le caractère du Messie, raconte tout ce qu'il aura de cruel à souffrir de la part des faux frères et des juges hypocrites; il se plaint surtout avec amertume de la trahison de Judas.« Si un ennemi m'avait traité ainsi, dit-il, je l'aurais supporté; mais toi, l'homme de mon âme; toi, mon compagnon de voyage et mon ami! Nous avons prié ensemble dans la maison du Seigneur, et nous avons mangé ensemble!» (Psal. LIV).

Il est devenu la fable du peuple: De me loquebantur qui sedebant in porta, et in me psallebant qui bibebant vinum.

« Tous ceux qui m'ont vu ont ri de mon abjection; ils ont murmuré des lèvres, et ils ont branlé la tête (Psal. xx1).

« Il a espéré dans le Seigneur, que le Seigneur maintenant le sauve !

« Et ils étaient autour de moi comme des taureaux furieux. Ma vie a été répandue comme l'eau; mes os ont été disloqués : mon cœur a défailli dans mes entrailles comme la cire qui se fond.

« Mes ennemis m'entouraient comme des chiens altérés de sang, et le conseil des méchants avait assiégé mon innocence.

« lis ont troué mes mains et mes pieds, et ils ont compté mes os; puis ils me regar

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